Calluno vulgaris - Ulicetea minoris

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Photo : F. Hendoux
Vég
332
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Végétations associées aux forêts
étations associées
aux forêts
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
333
Landes médio-européennes
Calluno vulgaris - Ulicetea minoris
Photo : C. Blondel
Calluno vulgaris - Ulicetea minoris
Description de la classe
Végétations de landes dominées principalement par
des chaméphytes ou “bruyères” au sens large et des
nanophanérophytes appartenant surtout aux Fabacées (Ulex,
Cytisus), ponctuées par les touffes de diverses herbacées. Les
sols sont très pauvres en éléments nutritifs et le plus souvent
acides. L’humus est épais, voire très épais (de type mor).
Ces végétations sont essentiellement d’origine anthropique et
seules des pratiques agricoles complexes et très extensives,
actuellement en voie de disparition, ont assuré pendant
longtemps le maintien de leur composition floristique originale.
Dans le Nord-Pas de Calais, on observe principalement les
landes en contexte forestier (lisières, coupes) ainsi que sur
certains anciens “communaux” dont l’usage historique a
favorisé ces végétations. Selon DECOCQ (1997), “la pratique
des coupes à blanc sur des sols pauvres en éléments nutritifs
favorise la podzolisation secondaire et l’installation de landes
secondaires”. ELLENBERG (1988) précise que le pâturage très
extensif favorise les espèces peu appétantes, telles que les
334
chaméphytes. Nous avons là sans doute les deux principaux
moteurs de l’apparition des landes dans le nord de la France.
Par la suite, certaines pratiques ont pérennisé ces landes
en bloquant la colonisation forestière : fauche (fourrage en
période de disette, litière), pâturage, étrépage (terre de bruyère,
combustible).
Flore caractéristique
Végétations d’arbrisseaux et de sous-arbrisseaux dominés
par les Ericacées (Calluna vulgaris, Vaccinium myrtillus, Erica
cinerea et Erica tetralix) et les Fabacées (Ulex europaeus,
Genista sp., Cytisus scoparius). Entre ces espèces ligneuses
s’insinuent un certain nombre d’hémicryptophytes, souvent
cespiteuses, issues des Molinio caeruleae - Juncetea acutiflori
et des Scheuchzerio palustris - Caricetea fuscae pour les landes
hygrophiles ou des Nardetea strictae pour les landes plus
mésophiles. La strate bryolichénique peut être assez fournie et
des sphaignes peuvent parfois coloniser ces végétations mais
elles ne sont jamais dominantes.
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
3
1
5
4
2
1 Calluna vulgaris, 2 Genista anglica, 3 Erica cinerea, 4 Vaccinium myrtillus, 5 Erica tetralix.
Distribution géographique
et statut régional
La classe des Calluno vulgaris - Ulicetea minoris a une répartition
atlantique à subatlantique avec des irradiations ouest-méditerranéenne depuis l’Italie jusqu’au Portugal.
Les landes en général sont très rares dans la région. Elles représentent des surfaces très réduites et ne couvrent pas plus de quelques
hectares au total. Les landes hygrophiles sont encore plus rares.
Les landes étaient autrefois présentes sur des superficies plus
importantes comme en témoignent certaines données botaniques
du début du XXe siècle. L’arrêt de certaines pratiques agropastorales, la dynamique de colonisation forestière et dans certains
cas, la destruction des sites ont fait disparaître nos plus beaux
fleurons régionaux. Les landes sont en régression importante dans
le Nord-Pas de Calais et méritent une attention toute particulière
des gestionnaires. Cette classe se révèle être incontestablement
d’intérêt patrimonial exceptionnel pour la région. Ce constat doit
toutefois être nuancé par l’état de conservation souvent médiocre
des habitats concernés (en dehors de quelques sites majeurs) et les
faibles superficies qu’elles occupent (CHOISNET et al, 1999).
Analyse synsystématique
Les landes sont classées selon l’hydromorphie des sols sous l’influence de la nappe phréatique sous-jacente (GÉHU, 1973). Celle-ci
peut inonder la surface et maintenir le sol humide toute l’année ou, dans d’autres cas, le sol peut se révéler sec à très sec en période
estivale. Le niveau trophique différencie aussi certaines landes plutôt liées à des sols mésotrophes. La différenciation de ces landes peut
également être d’ordre géographique : affinité atlantique ou subatlantique à médio-européenne.
La classe regroupe deux ordres, l’un cantabro et méditerranéo à nord-atlantique (Ulicetalia minoris), l’autre subatlantique à continental,
planitiaire à montagnard (Vaccinio myrtilli - Genistetalia pilosae). Si le rattachement des landes de la façade atlantique de la région à
l’ordre des Ulicetalia minoris pose généralement peu de difficultés, celui des landes du domaine subatlantique à l’ordre des Vaccinio
myrtilli - Genistetalia pilosae se révèle souvent délicat, dans la mesure où les landes sont fréquemment fragmentaires et ne contiennent
ni les espèces atlantiques des Ulicetalia minoris ni les espèces subatlantiques des Vaccinio myrtilli - Genistetalia pilosae.
G u i d e d e s v éGgué itdaet idoenss vféogréetsattiièorness deets pzroé nf eo sr ehsutmi èi dr e s d e l a r é g i o n N o r d - P a s d e C a l a i s
335
Calluno vulgaris - Ulicetea minoris
v
Calluno vulgaris - Ulicetea minoris Braun-Blanq. & Tüxen ex Klika in Klika & Hadac 1944
Ulicetalia minoris Quantin 1935
Communauté basale à Calluna vulgaris
Communauté monospécifique de lande, soit pionnière, soit relictuelle, l’absence des chaméphytes diagnostiques
rares associées (comme Genista pilosa, Genista anglica, Erica tetralix, etc.), ne permettant pas de caractériser le
type de lande hygrophile ou mésophile concerné. Présent au sein de systèmes landicoles susceptibles d’accueillir
plusieurs types de landes.
Ulicion minoris Malcuit 1929
Ulici minoris - Ericenion ciliaris (Géhu 1975) Géhu & Botineau in Bardat et al. 2004
Carici trinervis - Callunetum vulgaris de Foucault & Géhu 1978
Groupement à Genista anglica et Erica tetralix Duhamel & Catteau in Catteau, Duhamel et al. 2009
Ulicenion minoris Géhu & Botineau in Bardat et al. 2004
Calluno vulgaris - Ericetum cinereae (Allorge 1922) Lemée 1937
Vaccinio myrtilli - Genistetalia pilosae Schubert 1960
Genistion tinctorio - germanicae de Foucault 2008
Groupement à Calluna vulgaris et Genista tinctoria Duhamel & Catteau 2009
Il existe très ponctuellement, sur certains substrats oligomésotrophes riches en bases du Boulonnais et de la
Fagne, un type de lande à Calluna vulgaris et Genista tinctoria. Des recherches approfondies seraient nécessaires
pour définir si ces végétations rarissimes et dégradées dans le Nord-Pas de Calais appartiennent à une même
association originale ou si les communautés du Boulonnais et de la Fagne relèvent respectivement d’une association atlantique et d’une association subatlantique.
Genisto pilosae - Vaccinion uliginosi Braun-Blanq. 1926
Calluno vulgaris - Genistetum anglicae Tüxen (1928) 1937
Genista anglica est très rare dans la région Nord-Pas de Calais. Certaines de ses stations pourraient correspondre
à la lande médio-européenne mésohygrophile du Calluno vulgaris - Genistetum anglicae. Toutefois, ces landes
sont si fragmentaires que le diagnostic en est difficile (sablière de Bassy, mont des Bruyères notamment).
Lonicero periclymeni - Vaccinietum myrtilli de Foucault 1994
Sieglingio decumbentis - Callunetum vulgaris Heinemann 1956
Lande dunaire à Laîche trinervée
et Callune commune
Carici trinervis - Callunetum vulgaris
de Foucault & Géhu 1978
Calluna vulgaris (Callune commune), Carex arenaria (Laîche
des sables), Carex trinervis (Laîche trinervée), Viola canina
subsp. canina var. dunensis (Violette des chiens (var.))
CORINE biotopes
Genista anglica (Genêt d’Angleterre), Juncus acutiflorus (Jonc à
fleurs aiguës), Nardus stricta (Nard raide), Carex panicea (Laîche
bleuâtre), Aira praecox (Aïra précoce), Luzula campestris (Luzule
champêtre), Potentilla erecta (Potentille tormentille), Hieracium
pilosella (Épervière piloselle), Danthonia decumbens (Danthonie
décombante (s.l.)), Veronica officinalis (Véronique officinale)
16.242
2150*
UE
50-1
Cahiers d'habitats 21
Calluno vulgaris - Ulicetea minoris
Photo : F. Duhamel
Physionomie
Végétation basse dominée par les chaméphytes
(Callune commune, Genêt d’Angleterre, rarement
l’Ajonc d’Europe (Ulex europaeus)). Entre les callunes
pointent essentiellement des espèces à morphologie
de graminées (Laîche trinervée, Laîche des sables,
Fétuque à feuilles ténues, Luzule champêtre, etc.).
Bien qu’il s’agisse d’une végétation de faible hauteur,
on perçoit trois strates : un niveau supérieur très ouvert
formé par les chaumes des graminées, un niveau
moyen fermé dominé par la Callune commune et un
niveau inférieur de mousses, de recouvrement variable
(discret ou très fermé). L’ensemble recouvre densément
le sol.
Floraison typique de la Callune à la fin de l’été.
Végétation très relictuelle n’occupant plus que quelques
surfaces ponctuelles sur le littoral.
Développement optimal : été
Écologie
336
Vieux systèmes dunaires décalcifiés.
Sol sableux acide oligotrophe à oligomésotrophe.
Nappe(s) superficielle(s) perchée(s) dont les résurgences et
l’écoulement dépendent de la pluviométrie, d’où des variations
de niveau très importantes selon les saisons et les années.
Situations ensoleillées.
Végétation dont le déterminisme écologique est complexe ;
sa différenciation semble naturelle mais le pâturage extensif
pourrait favoriser son extension, en bloquant notamment la
dynamique arbustive vers les fourrés à Ulex europaeus et en
accentuant l’acidification du substrat.
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
Végétation dépendante de conditions édaphiques particulières,
dont la permanence dans le temps paraît aléatoire (conditions
climatiques et conditions écologiques dont les fluctuations
jouent, semble-t-il, un rôle important dans l’évolution dynamique
de cette lande dunaire, sans que l’on puisse aujourd’hui dire
quels sont les facteurs déterminant la conservation optimale de
cet habitat, face à l’agressivité actuelle de l’Ajonc d’Europe).
Dériverait pour partie du Festuco tenuifoliae - Galietum maritimi
par décalcification des sables et acidification du milieu dunaire.
Cependant, une autre pelouses bryolichénique, le Groupement à
Jasione montana et Carex arenaria, se substituerait au Festuco
tenuifoliae - Galietum maritimi dans des conditions similaires,
les liens entre cette pelouse et la lande dunaire restant à
analyser. Ultérieurement, en l’absence de gestion ou de blocage
de la dynamique arbustive, les fourrés denses à Ulex europaeus
et Rubus div. sp. de l’Ulici europaei - Rubion ulmifolii s’installent,
au détriment de cette lande dunaire et des pelouses qui lui sont
associées.
Le pâturage extensif ou une fauche exportatrice (modalités à
affiner) paraissent préserver cette lande ou du moins retarder
l’évolution vers les fourrés.
Contact avec les végétations xérophiles du Koelerion albescentis
(Festuco tenuifoliae - Galietum maritimi, Violo dunensis Corynephoretum canescentis) ou du Carici arenariae - Festucion
filiformis, et les diverses végétations hygrophiles du Juncion
acutiflori dunaire.
Variations
- sous-association typique (typicum de FOUCAULT et
GÉHU 1978) ;
- sous-association à Aïra précoce et Porcelle glabre
(airetosum praecocis de FOUCAULT et GÉHU 1978),
sous-association mésoxérophile des sables les mieux
drainés et les plus secs ;
Cortège différentiel : Aïra précoce (Aira praecox),
Porcelle glabre (Hypochaeris glabra), Ornithope délicat
(Ornithopus perpusillus), Gaillet jaune (Galium verum
var. maritimum),
- sous-association à Genêt d’Angleterre (genistetosum
anglicae de FOUCAULT et GÉHU 1978), des versants
de vallons humides à inondables avec Genêt d’Angleterre (Genista anglica), Nard raide (Nardus stricta),
Jonc à fleurs aiguës (Juncus acutiflorus) et Laîche
bleuâtre (Carex panicea).
Répartition géographique
et distribution régionale
D’après de FOUCAULT et GÉHU 1978, cette association aurait
une aire limitée aux côtes boulonnaises. Il s’agirait donc d’une
association endémique du Nord-Pas de Calais.
Communauté landicole exclusivement localisée aujourd’hui sur
les systèmes dunaires décalcifiés du communal d’Ambleteuse
et du pré Marly. La station du golf de Wimereux n’a pas été revue
suite à l’ourlification du site et à une certaine eutrophisation des
vestiges de dunes coincés entre le golf et les bas-marais de
la Warenne (bas-Boulonnais), où elle n’avait été observée que
très ponctuellement. Les stations historiquement citées dans
le communal d’Écault (GÉHU, 1983) ont disparu suite à des
dégradations irréversibles d’une partie de ce site.
Moyennant une gestion adaptée et continue, la restauration de
cette lande pourrait voire devrait être envisagée sur ces deux
derniers sites.
Valeur patrimoniale et intérêt
écologique
Végétation rarissime ne couvrant que des surfaces très réduites
(quelques dizaines de m² au plus), unique en Europe.
Milieux potentiels très rares.
Association endémique hébergeant de nombreuses espèces
d’intérêt patrimonial (Carex trinervis, Genista anglica, Nardus
stricta, Hypochoeris glabra, etc.).
Sans gestion adéquate, cette lande très originale est menacée
par l’Ajonc d’Europe, aujourd’hui très dynamique sur les
communaux, ou la densification de la végétation.
Gestion
Conservation optimale par :
- maintien des espaces ouverts par un pâturage extensif très
contrôlé (charges et type de cheptel notamment), accompagné
d’un débroussaillage régulier des ajoncs d’Europe qui
menacent sérieusement cette végétation.
- interdiction de tout nouvel aménagement, quel qu’il soit, là où
cette lande subsistait encore il y a peu, ceci pour préserver les
possibilités de sa restauration (golf de Wimereux et prairies de
la Warenne notamment).).
Restauration par débroussaillage conséquent dans les autres
secteurs potentiels du communal d’Ambleteuse, de la Garenne
d’Ambleteuse et du golf de Wimereux avec ajustement du
pâturage et gestion complémentaire par fauche, à adapter
à chaque cas de figure (Ambleteuse) ou mise en place d’un
pâturage extensif associé à une fauche exportatrice répétée en
été si nécessaire au début (Audresselles).
Dans le cas où un pâturage ne serait pas envisageable (golf
de Wimereux, prairies de la Warenne), se limiter à une fauche
exportatrice dont les modalités seront à affiner au fil du temps
(périodicité, fréquence), dans le cadre du suivi par quadrats qui
serait à prévoir pour tous les espaces gérés, ceci au regard de la
grande préciosité de cette lande dunaire et des autres habitats
qui lui sont associés.
Références
de FOUCAULT & GÉHU 1978
GEHU & GEHU-FRANCK, 1982
DUHAMEL & HENDOUX, 1992
CATTEAU et al., 2002
DUHAMEL, 1986 et 2008 (données inédites)
G u i d e d e s v éGgué itdaet idoenss vféogréetsattiièorness deets pzroé nf eo sr ehsutmi èi dr e s d e l a r é g i o n N o r d - P a s d e C a l a i s
337
Calluno vulgaris - Ulicetea minoris
Dynamique et végétations
de contact
Lande à Genêt d’Angleterre et Bruyère quaternée
Groupement à Genista anglica et Erica tetralix
Duhamel & Catteau in Catteau, Duhamel et al. 2009
Erica tetralix (Bruyère quaternée), Calluna vulgaris
Callune commune), Genista anglica (Genêt d’Angleterre)
CORINE biotopes
Molinia caerulea subsp. caerulea (Molinie bleue), Potentilla
erecta (Potentille tormentille), Danthonia decumbens (Danthonie
décombante (s.l.)), Ulex europaeus (Ajonc d’Europe), Erica cinerea
(Bruyère cendrée), Betula pubescens (Bouleau pubescent),
Agrostis canina (Agrostide des chiens), Carex panicea (Laîche
bleuâtre), Juncus conglomeratus (Jonc aggloméré), Carex binervis
(Laîche à deux nervures)
31.11
4010
UE
10-1
Cahiers d'habitats 40
Calluno vulgaris - Ulicetea minoris
Photo : E. Catteau
Physionomie
Lande dominée par des sous-arbrisseaux,
ponctuée de plantes graminoïdes vivaces parfois
en touffes.
Végétation bistratifiée assez basse (20-40 cm)
surtout dans sa forme typique et à Bruyère
cendrée. La forme à Carex binervis où la Molinie
est abondante est plus élevée (60-80 cm). La
strate des mousses (sphaignes, etc.) et des lichens
est en général éparse. La diversité floristique est
assez faible, entre 10 et 13 espèces par relevé en
moyenne.
La physionomie estivale est marquée par les
bruyères, voire la Molinie quant celle-ci est
dominante.
Végétation recouvrant en général des surfaces
peu importantes dans le Nord-Pas de Calais.
Développement optimal : fin d’été
Écologie
338
Landes, le plus souvent en situation relictuelle au sein de
systèmes aujourd’hui essentiellement forestiers.
Substrat acide oligotrophe (argiles à silex, sables, etc.) correspondant parfois à des buttes sablo-argileuses relictuelles du
Tertiaire, dont l’impluvium est relativement isolé et indépendant
des nappes phréatiques des terres crayeuses qui les entourent
(cas des landes d’Helfaut et du plateau de Sorrus / St-Josse
notamment).
Nappe d’eau permanente mais à forte fluctuation verticale ;
cette végétation semble donc supporter un assèchement en fin
d’automne.
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
Dynamique et végétations
de contact
Végétation en relation dynamique avec les chênaies pédonculée
sacidiphiles des Quercetalia roboris et plus précisément avec une
Chênaie pédonculée-Bétulaie pubescente du Molinio caeruleae
- Quercion roboris, le plus souvent le Molinio caeruleae Quercetum roboris, végétation forestière hydromorphe potentielle
sur les sites concernés. Dynamique régressive par pâturage
extensif et/ou étrépage superficiel du sol, après défrichement. La
tendance dynamique est redevenue progressive suite à l’arrêt de
ces pratiques agricoles traditionnelles.
Seul le maintien de la fauche exportatrice, de l’étrépage ou
d’un pâturage très extensif, dont les modalités sont encore à
préciser, préservera l’évolution naturelle de cette lande vers la
Chênaie pédonculée à Molinie bleue. L’arrêt de la gestion conduit
à l’apparition d’un fourré oligotrophile acidiphile à Ajonc d’Europe
et Bourdaine (Ulici europaei - Franguletum alni) puis à cette
chênaie hygrophile voire dans certains cas à des boulaies ou des
aulnaies à sphaignes légèrement turficoles (Sphagno palustris Betuletum pubescentis, Sphagno palustris - Alnetum glutinosae).
Les contacts sont multiples : avec la lande mésophile du Calluno
vulgaris - Ericetum cinereae ou la lande turficole de l’Ericion
tetralicis mais aussi avec divers bas-marais et pelouses plus ou
moins hygrophiles, en relation avec la topographie complexe des
sites (Junco acutiflori - Molinietum caeruleae, Polygalo vulgaris Caricetum paniceae, pelouses annuelles amphibies du Radiolion
linoidis, etc.).
Variations
GÉHU & WATTEZ (1975) ont décrit les landes hygrophiles
du nord de la France sous le nom de Calluno vulgaris
- Ericetum tetralicis. Toutefois, ce nom, déjà utilisé par
SCHUBERT (1960), est illégitime et doit être abandonné.
Nous proposons donc d’utiliser le nom “ Groupement
à Genista anglica et Erica tetralix” en attendant des
recherches syntaxinomiques et synnomenclaturales
plus approfondies. GÉHU & WATTEZ (1975) avaient
proposé, pour leur association, trois sous-associations :
- 
sous-association typique (typicum Géhu & Wattez
1975),
- 
sous-association à Bruyère cendrée (ericetosum
cinereae Géhu & Wattez 1975),
Erica cinerea, Hieracium umbellatum.
- sous-association à Laîche à deux nervures (caricetosum binervis Géhu & Wattez 1975),
Carex binervis, Molinia caerulea
et le Poitou”. Hors de France, on trouvera cette végétation en
Belgique et en Grande -Bretagne, peut-être aussi aux Pays-Bas.
Dans le Nord-Pas de Calais, l’association est très ponctuelle ;
elle subsiste, parfois sous une forme fragmentaire ou appauvrie
dans les collines de Flandre intérieure, dans le Boulonnais, dans
le Montreuillois, le Pévèle, la plaine de la Scarpe et de l’Escaut et
la Fagne.
Valeur patrimoniale
et intérêt écologique
Ce type de lande d’intérêt communautaire est en déclin dans
l’ensemble de son aire.
Compte tenu de la géologie régionale, elle est naturellement très
rare dans le Nord-Pas de Calais, et elle a subi de nombreuses
dégradation durant les dernières décennies.
Pourtant, cette végétation a un rôle écosystémique majeur
de structuration des landes sur sols humides : elle permet
l’expression de communautés animales et végétales très
spécialisées. Elle revêt également un rôle paysager remarquable.
Gestion
Protéger les sites contre tout boisement, mise en culture ou
construction. La maîtrise foncière est la meilleure solution.
Proscrire également tout épandage d’intrants, tout drainage ou
creusement de mares et d’étangs.
La gestion de la (ou des) nappe(s) qui alimente(nt) cette lande
doit dépasser l’échelle du site : veiller à la qualité physicochimique des eaux à l’échelle du bassin versant et au maintien
du fonctionnement hydrologique ou hydrogéologique superficiel,
notamment pour les landes dépendant de nappes perchées
dont l’intégrité devra être impérativement préservée.
Historiquement, la création et/ou l’extension de sablières sont
à l’origine de la disparition de certaines de ces landes dans le
Nord-Pas de Calais.
Cette lande peut être gérée par fauche exportatrice (cf. fiche).
Le pâturage est délicat à mettre en place, surtout dans des sites
restreints.
L’étrépage permet de régénérer des stades pionniers de cette
végétation de landes hygrophiles. Une étude de la banque de
semences du sol peut permettre de choisir les lieux les plus
adaptés.
Le débroussaillage pourra également s’avérer nécessaire en cas
d’envahissement par l’Ajonc d’Europe et les bouleaux, ce qui
est souvent fréquent dans la région (cf. fiche "Débroussaillage".)
Références
Répartition géographique
et distribution régionale
Selon les Cahiers d’Habitats (2002), “ces landes se développent
sur une grande partie du domaine atlantique, notamment en Basse
et Haute-Normandie, en Picardie, dans le Nord-Pas de Calais, en
Île-de-France, dans le Centre, les Pays-de-la-Loire, le Limousin
GÉHU & WATTEZ, 1975
DUHAMEL, 1996
BLANCHARD et DUHAMEL, 1997
CHOISNET et al., 1998
CHOISNET et al., 1999
BASSO et al., 2002
G u i d e d e s v éGgué itdaet idoenss vféogréetsattiièorness deets pzroé nf eo sr ehsutmi èi dr e s d e l a r é g i o n N o r d - P a s d e C a l a i s
339
Calluno vulgaris - Ulicetea minoris
Situations bien ensoleillées.
Végétation secondaire issue de la dégradation par déboisement
de forêts initiales puis de pratiques agropastorales ancestrales.
Dans certains cas, végétation de recolonisation suite à
l’exploitation de matériaux (argiles à silex notamment).
Lande à Callune commune et Bruyère cendrée
Calluno vulgaris - Ericetum cinereae
(Allorge 1922) Lemée 1937
NB : GEHU et al. (1986) ont considéré que les landes subatlantiques sans Ulex europaeus (massif de Fontainebleau, par exemple, selon
ces auteurs) correspondaient à un autre syntaxon et ont, de ce fait, proposé de changer le nom d’origine alors que celui-ci était tout à fait
valide. Cette proposition nous paraissant illégitime, nous n’avons pas suivi ces auteurs et avons conservé le sens originel de ce syntaxon.
Erica cinerea (Bruyère cendrée), Ulex europaeus (Ajonc
d’Europe), Calluna vulgaris (Callune commune)
Agrostis capillaris (Agrostide capillaire), Galium saxatile (Gaillet
des rochers), Festuca filiformis (Fétuque capillaire), Danthonia
decumbens subsp. decumbens (Danthonie décombante), Pteridium
aquilinum (Ptéridion aigle), Carex pilulifera (Laîche à pilules),
Pleurozium schreberi (Hypne de Shreber), Molinia caerulea subsp.
caerulea (Molinie bleue), Potentilla erecta (Potentille tormentille),
Teucrium scorodonia (Germandrée scorodoine)
Physionomie
4030
UE
30-9
Cahiers d'habitats 40
une strate herbacée peu développée à plus ou moins dense
selon les recouvrements des espèces typiques, les chaumes
de certaines de ces espèces pouvant parfois dépasser les
chaméphytes, et une strate bryolichénique de recouvrement
variable (discret ou très fermé). La diversité floristique est
assez faible avec un nombre moyen d’espèces oscillant entre
10 et 13.
Lande assez basse (30-40 cm), sauf dans les formes
herbeuses ou embroussaillées, non exploitées, voire en phase
de vieillissement (80-100 cm) et de recouvrement assez
important (généralement supérieur à 75 %).
La physionomie estivale est principalement marquée par la
floraison des deux Ericacées :
la Callune commune et la
Bruyère cendrée. L’Ajonc
d’Europe
forme,
dans
l’ensemble, quelques taches
sous-arbustives éparses à
phénologie prévernale et
vernale, parfois sub-hivernale.
Les landes présentent une
extension ponctuelle à
spatiale, mais s’expriment
généralement sur de faibles
surfaces dans le Nord
Pas-de-Calais.
Photo : F. Hendoux
Calluno vulgaris - Ulicetea minoris
Végétation chaméphytique constituée essentiellement
d’espèces ligneuses basses et sempervirentes, telles que
Erica cinerea, Calluna vulgaris et Ulex europaeus, ponctuées
de plantes graminoïdes vivaces en touffe. Cette communauté
de lande basse, plus ou moins herbeuse, apparaît comme une
mosaïque fine de végétations de pelouses maigres et de landes
chaméphytiques à nanophanérophytiques.
Végétation généralement composée de trois strates : une
strate ligneuse basse de 50cm en moyenne dominée par
l’Ajonc d’Europe, la Callune commune et la Bruyère cendrée,
.224
CORINE biotopes 31
Développement optimal : fin d’été/début d’automne
340
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
Écologie
à Racquinghem), dans les landes d’Ecques et à l’ouest de
Montreuil-sur-mer (plateau de Sorrus/Saint-Josse, sous une
forme appauvrie sans Erica cinerea, qui semble n’y avoir jamais
été mentionnée).
Variations
Dynamique et végétations
de contact
Végétation secondaire de stade intermédiaire après la destruction de la forêt ou l’abandon de l’exploitation traditionnelle
contenant son extension au détriment des pelouses pâturées
(brûlage dirigé pratiqué autrefois pour favoriser la repousse des
graminées).
Cette lande s’inscrit dans la série des forêts caducifoliées acidiphiles de l’Ilici aquifolii - Fagenion sylvaticae notamment l’Ilici
aquifolii - Fagetum sylvaticae ou le Querco roboris - Betuletum
pubescentis sur les sols les plus pauvres. La destruction de la
lande par le retour progressif de la forêt commence généralement avec le développement plus important des ajoncs
d’Europe et des ronces, notamment le Groupement à Ulex
europaeus et Rubus sp. ou, sur sols plus frais, l’Ulici europaei
- Franguletum alni. Puis, diverses essences forestières, dont
les bouleaux et les chênes, peuvent se développer (Lonicero
periclymeni - Salicetum capreae puis jeunes gaulis du Sorbo
aucupariae - Betulion pendulae).
Le pâturage extensif ou une fauche exportatrice paraissent
préserver cette lande ou du moins retarder l’évolution vers les
fourrés.
Le piétinement moyen ou le pâturage maintiennent une forme
pionnière riche en graminées de pelouses maigres telles que
la Fétuque capillaire (Festuca filiformis), l’Agrostide capillaire
(Agrostis capillaris), le Nard raide (Nardus stricta), etc.
Il est fréquent de rencontrer des pelouses oligotrophiles
acidiphiles du Galio saxatilis - Festucion filiformis ou acidiclines
du Violion caninae dans les couloirs herbeux dessinés sous
l’influence du pâturage.
Peut être en contact avec la lande hygrophile à Callune commune
et Bruyère quaternée (Groupement à Genista anglica et Erica
tetralix), qui se trouve à un niveau topographique inférieur.
Au même niveau, cette lande est en contact avec les fourrés
oligotrophiles à mésotrophiles mentionnés précédemment et
avec des ourlets acidiclines à acidiphiles de l’Hyperico pulchri Melampyretum pratensis ou du Holco mollis - Pteridion aquilini.
Répartition géographique
et distribution régionale
Lande nord-atlantique qui s’étend de la Basse-Normandie au
nord des Pays-Bas. Elle semble être présente dans le sud-est
de l’Angleterre et en Irlande. Elle est connue dans le Perche,
le Vexin, le Valois, le massif de Fontainebleau, la Basse et la
Haute-Normandie, la Touraine.
Elle est présente autour de Saint Omer (plateau d’Helfaut
Valeur patrimoniale
et intérêt écologique
Les landes sont des végétations très rares dans le Nord Pas-deCalais et qui ne couvrent que de faibles surfaces.
Cette association héberge de nombreuses espèces d’intérêt
patrimonial (Erica cinerea, Genista anglica, Nardus stricta,
Calluna vulgaris, Danthonia decumbens, etc.). Elle peut accueillir
de nombreuses espèces d’oiseaux (l’engoulevent d’Europe ou
l’alouette lulu) et revêt également un rôle paysager remarquable.
Gestion
Protéger les sites de tout aménagement qui aboutira à sa disparition (plantation ou reboisement, mise en culture, construction,
etc.).
Éviter la fermeture du milieu par le contrôle des ligneux et des
broussailles (cf. fiche "Débroussaillage").
Il est possible d’entretenir cette végétation par un pâturage
extensif adapté (de préférence caprin ou équin) ou par fauche
(cf. fiche "Fauche exportatrice").
Références
LEMEE, 1937 (1)
GÉHU & WATTEZ, 1973
GÉHU et al., 1986
de FOUCAULT, 1994
DUHAMEL, 1996
BLANCHARD et al., 1997
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
341
Calluno vulgaris - Ulicetea minoris
Végétation secondaire issue de la destruction d’anciennes forêts
et favorisée par le pâturage extensif, la fauche ou l’étrépage
pour l’exploitation artisanale de la terre de bruyères.
GEHU et WATTEZ 1973 distinguent quatre sousassociations sur des bases floristiques :
- sous-association typique (typicum) avec une strate
bryolichénique plus dense,
- sous-association nardetosum strictae avec le
Nard raide (Nardus stricta) et le Gaillet des rochers
(Galium saxatile), qui dépend du piétinement, voire du
pâturage,
- ssous-association brachypodietosum pinnati avec
le Brachypode penné (Brachypodium pinnatum), sur
substrat plus riche en bases (argiles sableuses).
Sous-association la plus diversifiée,
- sous-association molinietosum caeruleae avec la
Molinie bleue (Molinia caerulea) qui correspond à des
substrats légèrement plus riches en argiles ou à la
présence d’une nappe perchée.
Lande à Chèvrefeuille des bois et Airelle myrtille
Lonicero periclymeni - Vaccinietum myrtilli
de Foucault 1994
Vaccinium myrtillus (Airelle myrtille), Lonicera periclymenum
(Chèvrefeuille des bois), Deschampsia flexuosa (Canche
flexueuse)
31.21
CORINE biotopes cf.
Calluna vulgaris (Callune commune), Hedera helix subsp.
helix (Lierre grimpant), Dryopteris carthusiana (Dryoptéride
de la Chartreuse), Carex binervis (Laîche à deux nervures),
Pteridium aquilinum (Ptéridion aigle)
4030
UE
30-10
Cahiers d'habitats 40
Physionomie
Calluno vulgaris - Ulicetea minoris
Lande basse, très peu diversifiée sur le plan floristique
et dominée par Vaccinium myrtillus qui lui donne son
caractère sous-frutescent et quasi-sempervirent ;
celle-ci est accompagnée de plusieurs espèces
ligneuses ou semi-ligneuses, principalement Lonicera
periclymenum, plus rarement Calluna vulgaris.
La strate chaméphytique est basse, parfois surmontée
par les frondes de Pteridium aquilinum, et elle domine
une strate herbacée très pauvre constituée principalement par des graminées et des cypéracées.
Végétation atteignant une hauteur moyenne de 30 à
50 cm, de densité variable.
Optimum phénologique estival avec la floraison des
graminées et de la Callune d’une part et la fructification
de la Myrtille et de la Laîche à deux nervures d’autre
part.
Développement le plus souvent spatial sous forme de
nappe ou plus ponctuel.
Photo : B. de Foucau
lt
Développement optimal : été
342
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
Écologie
Répartition géographique
et distribution régionale
Végétation de clairières et de coupes forestières, ou sous
couvert forestier très discontinu.
Sur substrats schisto-gréseux ou sableux, plus rarement sur
formations résiduelles à silex ; sols toujours pauvres en bases
et en éléments nutritifs, sensibles à la podzolisation. L’humus
est un moder ou un mor très peu actif.
Sol plutôt humide mais généralement bien drainé.
Lande sciaphile ou semi-sciaphile à caractère submontagnard
(hygromètre élevée).
Végétation liée à l’exploitation forestière, se développant après
des coupes à blanc qui favorisent la podzolisation secondaire
des sols acides.
De manière générale, il s’agit d’une association possédant
une aire de répartition disjointe en raison de ses exigences
édaphiques. Elle est connue en Picardie (forêt d’Hirson), en
Basse-Normandie et dans la Manche (la Hague).
Dans le Nord, elle a été observée en plaine de la Scarpe et de
l’Escaut (mont des Bruyères près de Saint-Amand) et dans le
Pévèle (forêt de Flines-les-Mortagne). Dans le Pas de Calais,
elle a été notamment relevée en forêt d’Eperlecques. Sa répartition générale et régionale reste toutefois à compléter et préciser
car les forêts pouvant lui être favorables dans le Nord ouest de
la France sont plus nombreuses que les mentions actuelles de
cette lande.
Valeur patrimoniale
et intérêt écologique
Dynamique et végétations
de contact
Variations
Les landes sont des végétations très rares et menacées dans
le Nord Pas-de-Calais où elles ne couvrent plus que de faibles
surfaces. Ce sont aussi des habitats d’intérêt communautaire
représentatifs des régions atlantiques et continentales, notamment.
Cette association peut héberger plusieurs espèces d’intérêt
patrimonial : Airelle myrtille (Vaccinium myrtillus), protégée,
Callune commune (Calluna vulgaris), Gaillet des rochers (Galium
saxatile).
Gestion
Préserver des clairières au contexte favorable à cette lande,
en évitant la fermeture du milieu par le contrôle des ligneux et
broussailles (cf. fiche "Débroussaillage").
Dans le cas où cette lande plus sciaphile serait associée à
d’autres types de landes héliophiles, un déboisement minimal
bien ciblé et une gestion ultérieure adaptée, à objectif patrimonial, pourraient permettre leur coexistence sur une certaine
surface.
Le maintien des sites en l’état de boisements clairiérés, sans
mise en culture ou aménagement des espaces concernés, est
également un préalable indispensable pour la conservation de
cette lande.
Références
Il est possible d’observer deux variations selon l’exposition, d’après DE FOUCAULT :
- une sous-association callunetosum vulgaris plus
héliophile différenciée par la présence plus marquée
de la Callune commune (Calluna vulgaris) et de la
Bruyère cendrée (Erica cinerea).
- une sous-association deschampsietosum flexuosae
plus sciaphile succédant à la précédente lorsque le
couvert forestier se fait plus important.
de FOUCAULT, 1994
de FOUCAULT, 1995 (1)
DECOCQ, 1997
CORNIER et al., 2002
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
343
Calluno vulgaris - Ulicetea minoris
Végétation de stade intermédiaire, pouvant persister assez
longtemps dans la dynamique de diverses forêts du Quercion
roboris.
Il semble que l’éclaircissement par divers mode de gestion
(débroussaillage, pâturage) peut favoriser les landes héliophiles
mésohygrophiles du Calluno vulgaris - Genistetum anglicae ou
du Sieglingio decumbentis - Callunetum vulgaris.
En se refermant et par dynamique forestière naturelle, le
Lonicero periclymeni - Vaccinietum myrtilli évolue progressivement vers une forêt acidiphile du Quercion roboris.
Il est possible de rencontrer des pelouses oligotrophiles du Galio
saxatilis - Festucion filiformis dans les couloirs herbeux fréquenté par la faune sauvage ou divers usagers.
Peut être en contact avec la lande hygrophile à Callune
commune et Bruyère quaternée (Groupement à Genista anglica et Erica tetralix), qui se trouve à un niveau topographique
inférieur. Au même niveau, il est parfois aussi en contact avec
le fourré oligotrophile acidiphile atlantique à Ajonc d’Europe et
Bourdaine (Ulici europaei - Franguletum alni), et de manière plus
générale dans l’ensemble de son aire régionale de répartition,
avec les ourlets oligotrophiles à mésotrophiles des Melampyro
pratensis - Holcetea mollis.
Lande à Danthonie décombante
et Callune commune
Sieglingio decumbentis - Callunetum vulgaris
Heinemann 1956
Danthonia decumbens subsp. decumbens (= Sieglingia
decumbens ; Danthonie décombante), Calluna vulgaris
(Callune commune), Lycopodium clavatum (Lycopode
en massue)
CORINE biotopes
31.22
4030
UE
Festuca filiformis (Fétuque capillaire), Luzula campestris (Luzule
champêtre), Hieracium umbellatum (Épervière en ombelle),
Polytrichum commune (Polytric commun), Molinia caerulea
subsp. caerulea (Molinie bleue), Carex pilulifera (Laîche à pilules),
Vaccinium myrtillus (Airelle myrtille), Polygala serpyllifolia (Polygala
à feuilles de serpolet), Cytisus scoparius (Cytise à balais commun)
Cahiers d'habitats
4030-10
Physionomie
Calluno vulgaris - Ulicetea minoris
Lande dominée par Calluna vulgaris qui est accompagnée
de quelques hémicryptophytes (Danthonia decumbens,
Molinia caerulea, Carex pilulifera, Festuca filiformis,
etc.). Lycopodium clavatum et Vaccinium myrtillus sont
de bonnes espèces différentielles mais elles sont rares.
La diversité floristique est faible, à la fois par le nombre
d’espèces assez limité (10-15 espèces par relevé)
et par la très forte abondance de Calluna vulgaris.
Dans les landes vieillies, cette éricacée individualise
une strate chaméphytique supérieure, dominant une
strate basse. Les jeunes ligneux sont en principe trop
clairsemés pour former une strate.
Végétation avoisinant 40 cm de haut, généralement
dense.
Végétation assez terne aux espèces florifères rares.
Seule Calluna vulgaris égaye en été les gris-bleu et
les verts cendrés des autres feuillages avec ses fleurs
vieux rose.
Végétation le plus souvent spatiale, formant des taches
plus ou moins étendues dans les clairières.
Photo : B. de Foucau
lt
Développement optimal : fin d’été
344
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
Répartition géographique
et distribution régionale
Clairières et lisières intraforestières.
Substrats à matrice sableuse, plus ou moins riches en limons et
sables ; sols à pH généralement très acide et pauvre en nutriments.
Sols assez secs, avec éventuellement un engorgement très
temporaire.
Lycopodium clavatum et Vaccinium myrtillus révèlent un
microclimat collinéen à tendance submontagnarde. Végétation
héliophile à hémi-héliophile.
Cette végétation peut avoir un caractère naturel, notamment
dans les grands chablis, mais dans la région, elle colonise le
plus souvent les clairières et lisières intraforestières créées par
l’homme.
Dynamique et végétations
de contact
Végétation de stade intermédiaire pouvant persister assez
longtemps dans la dynamique du Querco roboris - Betuletum
pubescentis ou du Vaccinio myrtilli - Fagetum sylvaticae.
La dynamique naturelle à partir de la lande permet le retour
à une végétation forestière par l’intermédiaire d’un fourré du
Lonicero periclymeni - Salicetum capreae.
La lande peut résulter soit de la création d’une grande clairière
par déforestation, soit de la mise en lumière de la lande
sciaphile du Lonicero periclymeni - Vaccinietum myrtilli par
agrandissement d’une petite clairière, soit de l’ourlification et
de la fermeture progressive d’une pelouse du Galio saxatilis Festucion filiformis.
Végétation en contact avec des ourlets des Melampyro pratensis - Holcetea mollis tels que l’Hyperico pulchri - Melampyretum
pratensis ou l’Athyrio filicis-feminae - Blechnetum spicant et,
dans les stades dynamiques ultérieurs, avec les fourrés et les
forêts oligotrophiles acidiphiles mentionnées ci-dessus.
Végétation décrite initialement du district "picardo-brabançon"
de Belgique et identifiée par de FOUCAULT (1995) dans le Nord,
à proximité de la frontière belge. RODWELL et al. (1992) ont
décrit une végétation semblant très proche sous le nom "Nardus
stricta - Galium saxatile grassland, Calluna vulgaris - Danthonia
decumbens sub-community".
Dans la région, végétation connue dans le Pévèle et la plaine de
la Scarpe et de l’Escaut. A confirmer sur les sables acides du
Béthunois (Bois des Dames, collines de Flandre intérieure) et à
rechercher ailleurs.
Valeur patrimoniale
et intérêt écologique
Végétation de grande valeur patrimoniale, révélatrice d’un climat
subatlantique collinéen, indicatrice de sols acides oligotrophes
et hébergeant des espèces de haut intérêt patrimonial comme
Lycopodium clavatum.
Gestion
Préserver des clairières au contexte favorable à cette lande,
en évitant la fermeture du milieu par le contrôle des ligneux
et broussailles (cf. fiche "Débroussaillage"). Il est possible
d’entretenir cette végétation par fauche (cf. fiche "Fauche
exportatrice").
On favorisera l’apparition de cette lande en ne regarnissant pas
certains secteurs subissant un échec de la régénération après
l’exploitation sylvicole, notamment sur sables acides oligotrophes.
Références
Calluno vulgaris - Ulicetea minoris
Écologie
HEINEMANN, 1956
RODWELL et al., 1992
de FOUCAULT, 1995 (1)
Variations
HEINEMANN (1956) distingue une sous-association
typique sur sol sec et une sous association orchidetosum maculatae différenciée par Dactylorhiza maculata
(= Orchis maculata), Pedicularis sylvatica et Drosera
rotundifolia, sur sols plus humides en surface. Il est
assez peu probable que cette deuxième sous-association aux espèces très rares soit encore exprimée dans
le Nord-Pas de Calais.
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
345
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