Les Pages de la Psychiatrie
Angevine
Les normes collectives sont étudiées par l’anthropologie et la
psychosociologie des conduites alimentaires qui nous ont introduit au
concept d’une régulation culturelle de nos perceptions et de nos
choix alimentaires. Ceux-ci, loin de se porter à l’aveugle sur des
objets indifférenciés et commutables, seraient contrôlés par des
codes dont la « grammaire » (C. Fischler) serait énonçable. Le
problème reste cependant entier de l’articulation entre sociogenèse
et psychogenèse de certains grands troubles de l’alimentation et des
rapports que peut par exemple entretenir l’anorexie mentale, en tant
que conduite alimentaire singulière et aberrante, avec les stéréotypes
ou les paradigmes alimentaires dominants d’un groupe culturel donné
à un moment donné de son évolution.
L’exploration sémiologique du comportement alimentaire
repose essentiellement sur l’entretien clinique, rarement sur
l’observation directe, en dehors du contexte de situations
d’hospitalisation. L’investigateur doit tenir compte dans son
évaluation de la tendance à la banalisation ou à la minimisation, voire
à la réticence ou au déni. Vu la difficulté et la complexité du recueil
d’informations, l’entretien clinique peut être répété avec profit. En
tous les cas, il s’inscrit dans le cadre d’une relation de confiance avec
le patient et il doit être complété par une investigation des modes
relationnels du patient avec sa famille et avec son entourage.
Certaines échelles d’évaluation peuvent aider au recueil des
symptômes, quand elles sont utilisées comme des instruments
sémiologiques, qui contraignent le clinicien à renseigner un certain
nombre de questions qu’il n’aurait peut-être ni évoquées ni posées
systématiquement. Parmi ces outils d’aide à l’investigation clinique,
deux échelles d’auto-évaluation de passation facile ont été traduites
et validées en France :