Question 56 : Quelles valeurs toxicologiques employer pour le

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Question 56 : Quelles valeurs toxicologiques employer pour le formaldéhyde selon le
type d’exposition?
Conditions d’exposition aiguë
Les informations disponibles chez l’homme pour caractériser les effets irritants mettent en
évidence des symptômes d’irritations oculaires ressentis pour des concentrations de 120 µg.m3
et au-delà. Une faible proportion de la population développe des symptômes irritants pour
des expositions inférieures à cette concentration. D’après les études réalisées, il semblerait
que l’irritation oculaire soit l’effet le plus sensible (apparaissant aux plus faibles
concentrations).
Deux VTR aiguës sont proposées par l’OEHHA (Office of Environmental Health Hazard
Assessment) et l’ATSDR (Agency for Toxic Substances and Disease Registry).
L’OEHHA a proposé en 1999 un RELa (acute Reference Exposure Level) de 94 µg.m-3
(1999), pour une exposition d’une heure, provenant de l’analyse de données humaines
contrôlées chez des sujets sains et non fumeurs exposés dans une chambre expérimentale
pendant 3 heures.
L’ATSDR a proposé en 1999 un MRLa (acute Minimal Risk Level) de 50 µg.m-3 (1999), pour
une exposition inférieure à 14 jours, provenant de l’analyse de données humaines contrôlées
chez des volontaires non fumeurs.
Organisme (année)
Valeur VTR
Effet critique
ATSDR (1999)
50 µg.m-3
Irritation des yeux et du nez (homme)
OEHHA (1999)
94 µg.m-3
Irritation des yeux et du nez (homme)
Voie aérienne aiguë
Conditions d’exposition subchronique
Les effets irritants locaux sont également observés pour des expositions subchroniques encore
appelées « intermédiaires » et sont retenus là encore comme effet critique.
L’ATSDR a proposé en 1999 un MRLi (intermediate Minimal Risk Level) pour des
expositions intermédiaires de 30 µg.m-3. Cette VTR provient de l’analyse d’une
expérimentation chez des singes Cynomolgus.
Organisme (année)
Valeur VTR
Effet critique
Voie aérienne intermédiaire
ATSDR (1999)
30 µg.m-3
Irritation nasopharyngée et lésions de l’épithélium nasal
(singe Cynomolgus)
Conditions d’exposition chronique
Effets non cancérogènes
Des irritations locales au niveau des sites de contact (œil, gorge, nez) sont observées pour des
expositions chroniques.
L’OEHHA a proposé en 1999 un RELc (chronic Reference Exposure Level) de 3 µg.m-3
(1999), construit par exploitation de données épidémiologiques humaines en milieu
professionnel (66 travailleurs de l’industrie chimique dont 24 fumeurs).
L’ATSDR a proposé en 1999 un MRLc (chronic Minimal Risk Level) de 10 µg.m-3, construit
à partir de l’exploitation antérieure des mêmes données épidémiologiques que celles reprises
par l’OEHHA.
Organisme (année)
Valeur VTR
Effet critique
OEHHA (1999)
3 µg.m-3
Irritation oculaire et nasale, lésions histopathologiques de
l’épithélium nasal (homme)
ATSDR (1999)
10 µg.m-3
Lésions histopathologiques de l’épithélium nasal (homme)
Voie aérienne chronique
Effets cancérogènes
Il est également démontré que le formaldéhyde est un composé cancérogène chez l’homme à
l’origine de cancers du nasopharynx. Il est génotoxique local à fortes doses et agit directement
sur l’ADN par induction de liaisons covalentes ADN-protéines au niveau de l’épithélium
respiratoire nasal, aussi bien chez l’animal que chez l’homme. L’analyse et la compréhension
du mécanisme d’action indiquent que le formaldéhyde est cancérogène à des concentrations
induisant d’abord des réponses prolifératives associées à une cytotoxicité. En effet, les
niveaux d’exposition qui induisent des tumeurs nasales chez le rat sont également
responsables de rhinites, nécroses ou encore hyperplasie de la muqueuse nasale. Ces effets,
apparaissant à des doses plus faibles seraient des effets précurseurs des tumeurs apparaissant à
de plus fortes doses. Ces analyses convergent vers l’hypothèse d’effets critiques précurseurs
du cancer à seuil pour le cancer du nasopharynx.
Par ailleurs, il existe un modèle de relation dose-réponse du formaldéhyde publié par le CIIT
(Chemical Industry Institute of Toxicology) en 1999 pour le cancer du nasopharynx, et repris
dans de nombreuses monographies dont celles de Santé Canada (2001). Le modèle utilisé est
un modèle de croissance clonale à deux étapes (de type Moolgavkar-Vendson-Knudson). Il
est supposé que le formaldéhyde est un mutagène direct et que son effet est fonction de la
concentration tissulaire estimée des liaisons ADN-protéines. La formation de ces liaisons
covalentes est linéaire aux faibles doses. Le second mode d’action mis en jeu est la
cytotoxicité et la prolifération régénératrice cellulaire, pour lesquelles la relation dose-réponse
présente un seuil de toxicité. Ainsi, ce modèle permet de décrire le risque additionnel de
cancer du nasopharynx chez l’homme pour divers scénarios d’exposition pour la totalité des
gammes de concentration. Par exemple, pour une population exposée pendant 80 ans à des
concentrations allant de 1,2 à 120 µg.m-3, les risques additionnels estimés sont respectivement
de 2,3.10-10 et 2,7.10-8 autrement considérés comme négligeables.
Pour le choix des VTR par voie aérienne, dans un contexte d’exposition chronique et pour
protéger des effets irritants et cancérogènes, il semble plus pertinent de retenir les effets
locaux comme effets critiques précurseurs d’effets plus sévères en particulier des cancers.
Cela revient à sélectionner les VTR à seuil pour une durée d’exposition aiguë et chronique.
Ainsi, d’après cette démarche, les excès de risque unitaire ne sont pas à retenir.
En cas de dépassement de ces VTR, la relation dose-réponse pour le cancer du nasopharynx
reste insuffisamment caractérisée. Pour autant, le risque apparait négligeable pour des
concentrations inférieures induisant une irritation.
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