Vaisseaux, Coeur, Poumons n Numéro Spécial n 2009
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et une diminution de l’élasticité chez les patients
âgés avec IC-FEP par comparaison à une popula-
tion de contrôle saine du même âge (16).
Les résultats ci-dessus peuvent aussi expliquer les
tensions labiles associées à l’insuffisance IC-FEP à
la suite d’une augmentation ou d’une diminution
du volume intravasculaire.
Les hausses respectives de la rigidité ventriculaire
systolique et de la rigidité du lit artériel peuvent
à leur tour influencer négativement la fonction
diastolique via l’accroissement de la charge sys-
tolique, ce qui se traduit par un allongement de la
relaxation, des difficultés de remplissage et une
hausse de la pression télédiastolique (17).
Cette approche pathophysiologique permet d’en-
visager des thérapies visant à améliorer la rigidité
ventriculaire systolique et la rigidité du lit arté-
riel, en recourant respectivement aux inotropes
négatifs et aux vasodilatateurs artériels (18).
Autres mécanismes
Peuvent également jouer un rôle une surcharge
volumique significative, un dysfonctionnement
atrial, une activation neurohormonale, une di-
minution de la réserve vasodilatatrice et une
diminution de la réserve chronotrope à l’effort
(19). Tout comme pour l’insuffisance IC-FED, il
existe des indications montrant que l’activation
du système rénine-angiotensine (SRA) constitue
un facteur favorisant l’apparition d’une insuffi-
sance IC-FEP, essentiellement en raison des effets
tropiques de l’angiotensine II sur le lit vasculaire
et le myocarde, mais aussi, potentiellement, en
raison d’une fibrose myocardique médiée par
l’aldostérone (19).
Du point de vue morphologique
Au nombre des caractéristiques de l’insuffisance
IC-FEP (hormis quelques rares exceptions tel-
les que la cardiomyopathie restrictive idiopa-
thique) figure la présence d’une hypertrophie
concentrique du ventricule gauche avec cavité
ventriculaire gauche de dimension normale ou
réduite, et ce, pour une FE normale ou légère-
ment diminuée. Il s’agit d’un contraste frappant
avec l’insuffisance IC-FED, caractérisée par une
hypertrophie excentrique et une FE fortement
diminuée.
Diagnostic
Le diagnostic de l’insuffisance IC-FEP est établi en
présence de symptômes et/ou d’indices d’insuffi-
sance cardiaque en cas de FE du ventricule gauche
(FEVG) > 40-50%. Il n’existe aucun consensus au
sujet de la valeur cut-off pour la FE au-delà de
laquelle on parle d’insuffisance IC-FEP.
Les critères diagnostiques suivants en ce qui
concerne l’insuffisance IC-FEP ont été proposés
par Paulus et al. en 2007 au nom de la Société
européenne de Cardiologie (20). Trois conditions
doivent être remplies (Figure 4): 1) présence de
symptômes ou d’indices d’insuffisance cardiaque,
2) présence d’une fonction ventriculaire gau-
che systolique normale ou légèrement altérée,
3) dysfonctionnement ventriculaire gauche dias-
tolique manifeste.
Indices ou symptômes d’insuffisance
cardiaque
Les indices et les symptômes d’insuffisance IC-
FEP, qui sont analogues aux indices et symp-
tômes constatés en cas d’insuffisance IC-FED,
incluent notamment: crépitations pulmonaires,
œdème pulmonaire, œdème des chevilles, hé-
patomégalie, dyspnée et fatigue. L’anhélation
constitue souvent le premier symptôme chez les
patients atteints d’insuffisance IC-FEP, la fatigue
musculaire se révélant plus fréquente chez les
patients avec insuffisance IC-FED (21).
Fraction d’éjection ventriculaire gauche
systolique normale ou légèrement altérée
Une FEVG > 50% a été proposée, conformément
à l’étude Framingham Heart Study du National,
Heart, Lung and Blood Institute et autres cher-
cheurs (22, 23). Une augmentation significative
du ventricule gauche semble également exclue:
indice de volume télédiastolique ventriculaire
gauche < 97ml/m
2
et indice de volume télésysto-
lique ventriculaire gauche < 49ml/m2. Il apparaît
difficile d’établir avec certitude dans quelle me-
sure la détermination de la FE dans les 72 heures
suivant l’épisode d’insuffisance cardiaque s’avère
nécessaire, le suivi échocardiographique des pa-
tients avec œdème pulmonaire hypertensif ayant
indiqué une FEVG et un volume télédiastolique
du ventricule gauche stables lors des journées
consécutives à l’hospitalisation (24).
Altérations manifestes de la relaxation,
du remplissage, de la distensibilité et
de la rigidité du ventricule gauche
Un dysfonctionnement diastolique du VG peut
être révélé par des mesures hémodynamiques
invasives ou par échocardiographie doppler,
complétées le cas échéant par la détermination
de biomarqueurs. Bien que les mesures hémo-
dynamiques invasives constituent à cet égard
l’étalon généralement appliqué, la stratégie dia-
gnostique préconisée pour des raisons pratiques
inclut essentiellement une échocardiographie
doppler avec recours au doppler tissulaire, com-
plétée le cas échéant par un dosage de peptides
natriurétiques.
Mesures hémodynamiques invasives
Les critères proposés sont: constante de temps
de la relaxation ventriculaire gauche (τ) > 48ms,
pression ventriculaire gauche télédiastolique
> 16mmHg et pression capillaire pulmonaire
bloquée moyenne > 12mmHg.
La distensibilité diastolique ventriculaire gau-
che renvoie à l’emplacement sur la courbe de la
relation pression-volume ventriculaire gauche.
La rigidité diastolique du ventricule gauche ren-
voie au rapport de la modification de la pression
pour un changement de volume donné (dP/dV)
et correspond à l’inclinaison de la relation pres-
sion-volume diastolique du ventricule gauche. La
réciproque de la rigidité diastolique du ventricule
gauche correspond à la compliance diastolique
du ventricule gauche (dV/dp). Une constante de
rigidité ventriculaire gauche diastolique (b) > 0,27
est également un signe diagnostique de dysfonc-
tionnement ventriculaire gauche diastolique.
Echocardiographie doppler du ux
sanguin
En raison de l’éventualité d’un phénomène de
pseudonormalisation, l’échocardiographie dop-
pler du flux sanguin ne constitue plus l’unique
examen de première ligne préconisé pour la vi-
sualisation d’un dysfonctionnement diastolique
du ventricule gauche. La présence conjointe d’un
ratio E/A peu élevé (E = pic de vélocité au doppler
du remplissage protodiastolique au niveau de la
valve mitrale; A = pic de vélocité au doppler du
remplissage atrial au niveau de la valve mitrale)
et d’un prolongement du temps de décéléra-
tion (DT) ou d’un allongement de l’indice Ard-Ad
(Ard = durée du flux inverse pendant la systole
atriale à hauteur de la veine pulmonaire;
Ad = durée du flux de l’onde A mitrale) peut
uniquement fournir des informations diagnostiques
en vue de la détermination d’un dysfonctionnement
diastolique en cas de vélocités anormales au