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Les soins de santé sont en pleine évolution et font l’objet de
nombreux changements. Non seulement en raison des progrès
technologiques, mais aussi grâce à de nouvelles approches
des traitements et de la manière dont nous considérons la
maladie, la santé et le vieillissement. Dans le présent numéro,
nous abordons les différentes facettes de cette évolution.
Pour qu’un prestataire de soins puisse offrir partout et tout
le temps des soins de qualité, même à un patient qu’il voit
pour la première fois, il est essentiel qu’il puisse disposer de
toutes les informations médicales pertinentes à son sujet. Elles
sont nécessaires pour pouvoir établir un diagnostic correct
et démarrer un traitement adéquat, mais aussi pour éviter
de répéter des examens qui ont déjà été effectués ailleurs.
Les informations des collègues prestataires de soins sont
importantes, mais également celles des travailleurs du secteur
du bien-être, ainsi que celles fournies par le patient en personne.
Chacun contribue ainsi au réseau qui se met en place autour du
patient et avec ce dernier. Précédemment, nous nous heurtions
à l’obstacle selon lequel cette information était fragmentée
dans des dossiers que les prestataires de soins ne pouvaient
pas s’échanger entre eux. Maintenant, il existe heureusement
la plate-forme eHealth, qui offre des services de base pour
pouvoir échanger cette information de manière sécurisée, sous
forme électronique. De nombreux projets concrets s’y sont
déjà rattachés, émanant tant des autorités fédérales que des
communautés et des prestataires de soins. Le citoyen y sera de
plus en plus souvent confronté et il conviendra de l’informer et
de le former concernant la manière dont il pourra retrouver tout
cela auprès d’un seul partenaire.
Échanger et partager des données transparentes est également
essentiel pour le suivi de la qualité et de la sécurité des soins.
Plusieurs initiatives ont vu le jour en la matière. Pour la première
fois, les mutualités ont publié conjointement des chiffres sur le
nombre d’interventions par hôpital pour le cancer du pancréas
et de l’œsophage, parce que le centre d’expertise (KCE) a
clairement constaté qu’un nombre accru d’interventions mène
à une meilleure qualité. En Flandre, le projet des indicateurs de
qualité VIP² arrive à sa vitesse de croisière, où la qualité des
hôpitaux pourra être comparée pour divers traitements. Nous
discuterons aussi de la Plate-forme d’amélioration continue
de la qualité (PACQS) récemment créée en Wallonie. Outre
les prestataires de soins et les universités, les mutualités
y jouent un rôle majeur. Une information sur l’accréditation
des hôpitaux, la formation, la coordination et un plan d’action
annuel, notamment, rendra tout cela concret. La plupart des
initiatives s’adressent actuellement aux hôpitaux, mais les
soins de première ligne sont également de plus en plus attentifs
au suivi de la qualité.
Le vieillissement et les soins croissants aux personnes âgées
qui en découlent constituent un défi pour tous les acteurs des
soins de santé. La situation est mise en lumière par un article
qui décrit les nouvelles compétences des communautés
et les divers dispositifs de soins. Ici aussi, les évolutions
technologiques apportent leur lot de changements. Le suivi et le
monitoring à distance, via de nouveaux appareils d’assistance,
permettra aux personnes âgées de rester plus longtemps dans
leur environnement familier. L’engagement des aidants proches
et des bénévoles, que l’on qualifie de socialisation des soins,
restera un pilier fondamental. Au Danemark, par exemple, un
citoyen ne peut recevoir des soins du système social que s’il
a lui-même prodigué des soins à d’autres personnes. Voilà
matière à réflexion…
On sait déjà que notre santé peut s’améliorer grâce à un style
de vie sain. Traditionnellement, nous pensons à une activité
physique suffisante (10000 pas /jour), une alimentation saine et
à suffisamment de sommeil. Mais les facteurs psychologiques
tels que le stress jouent également un rôle. Une étude de la
MC a révélé que la manière dont nous gérons nos propres
émotions et celles des autres, ainsi que la façon dont nous les
comprenons, les identifions, les régulons et les utilisons a une
influence sur la santé et peut constituer un déterminant de la
consommation des soins de santé. Il s’agit de la première étude
qui démontre cet effet. Fort heureusement, cette compétence
émotionnelle s’apprend et peut être renforcée.
Pour terminer, nous avons répertorié les « compétences en
matière de santé » ou « health literacy » des Belges. Il en
ressort que 4 Belges sur 10 ont des compétences insuffisantes
en matière de santé que pour pouvoir mener une vie saine.
La formation, le sexe, l’âge et la région jouent un rôle dans ce
contexte. Nos résultats sont au même niveau que de nombreux
autres pays, mais les Pays-Bas sont parvenus à améliorer ces
compétences au sein de leur population. Les mutualités en
Belgique veulent également s’engager pleinement à propos de
cette thématique
Dr. Michiel Callens
Directeur R&D
Éditorial
2MC-Informations 258 • décembre 2014