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Uncondensateur quantique pour desélectronsàlademande
fournitl’impédancecomplexe ducircuitZ( ω )=R+1/jC ω
oùRest larésistance de relaxation de charge ducircuitet
Csa capacité. Letempscaractéristique du transfert de
charge est donné parτ=RC.
Pour un dispositif décritparlesloislocalesde l’électro-
cinétiqueclassique,larésistanceRetla capacitéCpour-
raientêtre déterminéesindépendammentet séparément.
Comme on l’avu ci-dessus,larésistance d’uncontact
ponctuel isolé est donnée parlaformule de Landauer
R CPQ =h/De 2 .De manièresurprenante,lamesure de la
résistance de relaxation de charge ducircuitRC quantique
fournit unrésultatbien différent:dansle casgénéral,R
ne dépend pasdirectementde latransmission Dmaisdu
tempsmoyen de résidence desélectronsdansla capacité.
De manière encore plus surprenante,dans une géométrie
àuncanal de conduction, comme celle que nous considé-
ronsici, R est constante,indépendante de latransmission
etégale audemi-quantum de résistance h/2e 2=12,9k Ω.
De même Cdiffère fortementde ce que donnerait une
mesure ducondensateur isolé. Comme on le verra ci-des-
sous, ces2effets sontdesmanifestationsdirectesdu
caractère ondulatoire desfonctionsd’onde électroniques.
La non-localité induit une violation desloisclassiques
d’addition desimpédances.
Une capacité d’origine quantique
L’association ducontactponctuel etde l’îlotest appe-
lée boîte quantique,représentée schématiquement
figure2b .Ce dispositif est l’analogue d’une cavitéFabry-
Pérotoptique pour lesélectrons.La nature
ondulatoire du transport électronique
entraîne une quantification desniveaux
d’énergie de la boîtetout àfait similaireaux
résonancesd’une cavité optique:dansce
cadre,on saitqu’un photon incidentne peut
êtretransféré dansla cavité quesi laphase
accumulée lors d’unaller-retour est un mul-
tiple entierde 2π .Cettecondition de réso-
nance est satisfaite pour certaines valeurs
discrètesde l’énergie duphoton incident,
multiplesentiers de h.c/l oùl est lalongueur
de la cavité etcla célérité de lalumière. Il en
vade même pour lesondesélectroniquesen
remplaçantcparlavitesse desélectrons
v≈10 5 m·s–1.Pour une longueur de cavité
de l’ordre dumicron,l’écart Δentre
2niveaux d’énergie de la boîte est de l’ordre
de quelquesKelvin. Cettereprésentation des
états de la boîte en terme de niveaux d’éner-
gie bien résolus n’est valable que lorsque la
transmission Dducontactponctuel est fai-
ble (c’est-à-dire lorsque l’îlotest trèspeu
couplé au réservoirde charge). LorsqueD
augmente,l’énergie desniveaux est moins
bien définie avecun élargissementD Δ , ana-
logueàl’élargissementdes résonancesd’un
interféromètre optiqueFabry-Pérotassocié à
une diminution de laréflectivité desmiroirs.Pour carac-
térisercette évolution,on utilise lanotion de densité
d’états ρ (ε ) (ounombre d’états par unité d’énergie) qui,
comme le montre lafigure2c ,passecontinûmentd’une
distribution de picsbien définisàune valeur uniforme
1/ ΔlorsqueDpassede0à1.
Aladensité d’états ρ ( ε ) est associée une capacité d’ori-
gine quantique dontlasource est le principe d’exclusion de
Pauli qui fixe les règlesde remplissage desniveaux d’éner-
gie. Atempérature nulle,tous lesniveaux d’énergie de la
boîtesituésaudessous de l’énergie de Fermi sontoccupés.
Si le potentiel électrochimique (c’est-à-dire l’énergie de
Fermi) de l’îlot varie d’une quantité infinitésimale dU,
dN=ρ ( ε F )dUniveaux d’énergie seremplissententraînant
ainsiune variation de la charge de l’îlotdQ=eρ ( ε F )dU, oùe
est la charge électronique. Ilenrésulteune capacité quanti-
que (différentielle) C Q=e 2ρ ( ε F ),de l’ordre dufemto-Farad
dansnosexpériences.Celle-cis’ajoute en série àla capacité
électrostatiqueusuelle définie parlagéométrie desélectro-
desducondensateur de sorte que laplus petite descapacités
domine. Pour uncircuitclassique,ladensité d’états est très
grande etjoueunrôle marginal. La capacitétotale s’iden-
tifie alors avecla capacité géométrique. Dans unsystème
mésoscopique,ladensité d’états peut devenir suffisam-
mentfaible etle terme de capacité quantique dominant.
La capacité quantique est au senslittéral la capacité de
la boîteàvoir sa charge varier.Lorsqu’un niveaud’énergie
de la boîte est résonantàl’énergie de Fermi (c’est-à-dire
quand ρ (ε F ) est maximum),l’occupation de ce niveaupeut
varierpar transfert tunnel vers le réservoir,entraînant une
Figure2–(a)Contactponctuel séparantdeux partiesd’un gazélectronique (bleu),reliéesàdes
réservoirs (gris). Letrait rouge représenteuncanal de bordunidimensionnel dontlatransmis-
sion Dpeut êtreajustée àl’aide de grilles(jaune). Lesensde propagation est imposé parle champ
magnétiqueB. (b)Boîte quantique formée d’uncontactponctuel contrôlantle couplage entreun
îlotet unréservoir. (c)Niveaux d’énergie (axevertical etpointillés) etdensité d’états (axe horizon-
tal,distribution grisée) d’une boîte pour deux transmissionsD 1etD 2( >D 1 ) ducontactponctuel.
Onareprésenté2niveaux de la boîteséparésd’une énergie Δ .La largeur despicsde densité
d’états est D Δ .Le niveaude Fermi (tirets bleus) indique le remplissage électronique. Dansle réser-
voiron auncontinuum de niveaux remplis(bleu).