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#10
LA MACHINE
CLIMATIQUE :
SON INERTIE ET
L’EFFET CUMULATIF
DES ÉMISSIONS
- L’inertie :
Les modélisations climatiques permettent de
faire des « projections » de climat futur basées
sur des hypothèses réalistes (les 4 scénarios socio-
économiques du GIEC) ou purement théoriques,
telle la suivante, qui examine les effets d’un arrêt
total et dénitif, en début 2000, de toute émission.
On constate bien que la température décroît dès
cet arrêt, mais à un rythme très lent. Ainsi, il lui faut
environ un millénaire pour décroître de + 0,85°C
(réchauffement actuel) à + 0,7°C, et plusieurs
millénaires pour revenir à la température pré-
industrielle : c’est l’inertie de la machine climatique.
Cette même inertie explique aussi que suite à
l’injection de quantité colossales de CO2 dans
l’atmosphère depuis la révolution industrielle, la
température moyenne n’a cru que très lentement.
- Un point clé quantitatif :
le lien de proportionnalité entre
« cumul » et réchauffement
(et ses conséquences) :
Les modèles climatiques montrent en outre qu’il
existe une stricte proportionnalité entre le cumul
des émissions jusqu’à une date (le poids du passé)
et l’élévation de température qui sera observée
après cette date (le réchauffement futur). Cette
propriété remarquable de la machine climatique
induit plusieurs conséquences redoutables pour la
problématique climatique :
a) En raison de ces émissions cumulées depuis le
XIXème siècle jusqu’à ce jour, on ne peut d’ores
et déjà plus éviter un certain réchauffement
pour les années futures, réchauffement auquel
seront confrontées les générations futures.
Plus précisément, pour ne pas dépasser un
réchauffement choisi, par exemple + 2°C, il faudra
avoir émis au plus une quantité cumulée de CO2
bien connue, qu’on appelle quota10, et dont on a
déjà émis les 2/3 en 2014, après quoi nos sociétés
devront être totalement décarbonées (= zéro
émission après le quota). Ce tiers de quota restant
à émettre pour rester sous les 2°C correspond à
plus de la moitié des réserves fossiles prouvées,
trésorqu’ilfaudraitdoncrenonceràexploiter11, ce
qui constitue, chacun le comprend, un dé majeur
dans l’économie marchande.
b) Une autre conséquence du rôle prépondérant
du cumul percole dans le débat autour de
la formulation onusienne « des responsabilités
communes mais différenciées » (autrement dit,
quel est le degré de responsabilité de chacun ?).
A cet égard, les pays développés, et riches,
ayant assis leur prospérité sur l’emploi précoce
des combustibles fossiles depuis le XIXème siècle
ont mécaniquement « cumulé » davantage de
CO2 que les pays émergents, dont la croissance
ne date que de quelques décennies (Chine12 par
exemple), sans parler des pays les moins avancés,
dont les émissions cumulées ou annuelles restent
négligeables. Le paragraphe suivant donne
quelques éléments de comparaison.
10Lequotacorrespondantà+2°C:environ1000x1015grammesdecarbone(=1000gigatonnesdecarbone).
11Cettecontraintesurlesréservesprouvéesmontrel’inanitédenouvellesexplorations,parexempledans
l’Arctique.
12LaChineestdevenuelepremierémetteur,devantleEtats-Unis,depuis2008;toutefois,enémissionsannuelles
parhabitant,lesEtats-Unisrestentlargemententête.