ressources mondiales par quelques-uns. Malheureusement il y a, chez les gouvernants, peu de
volonté politique de s’attaquer aux racines du mal. Au contraire, le point de vue du marché est
favorisé, attribuant une valeur commerciale à l’environnement et développant des mesures qui
font rentrer de l’argent, le traitement du changement climatique est devenu une grosse affaire.
C’est pourquoi les peuples autochtones s’opposent à beaucoup des mesures proposées.
Réduire les émissions de gaz dues à la déforestation et à la dégradation des forêts
En 2007, lors de la Conférence de Bali sur le changement climatique, les gouvernements ont
décidé que le plan Réduire les Émissions de gaz à effet de serre due à la Déforestation et à la
Dégradation des forêts (Reducing Emissions from Deforestation and Degradation / REDD)
(), (3) ferait partie du plan d’action à mettre en œuvre à partir de 2012. Cette décision est
inspirée par l’idéologie des pays du nord selon laquelle ils doivent payer les pays du sud pour
qu’ils protégent leurs forêts. Le REDD est un exemple classique de l’approche mercantile des
questions de l’émission de gaz et de la conservation de la biodiversité. Puisque la
déforestation et la dégradation des forêts représentent environ 20 à 25 % du total des
émissions de gaz, il est sensé de mettre un terme à l’exploitation effrénée des forêts en la
soumettant à des intérêts financiers. Mais plusieurs problèmes se posent alors.
Ces propositions ayant été conçues sans consultation des autochtones, elles ne tiennent aucun
compte de leurs droits fonciers. Ces peuples craignent donc d’être expulsés de leurs forêts
quand les gouvernements auront reçu l’argent destiné à les protéger. Les autochtones, dont les
droits sur leurs terres et leurs ressources, en particulier sur les forêts, ne sont pas reconnus
risquent d’être alors marginalisés et appauvris.
En outre, quand les gouvernements auront été dédommagés pour protéger les forêts, on peut
craindre que l’usage durable que savent en faire les autochtones soit remplacé par des modes
d’exploitation qui tiennent peu compte, ou pas du tout, de l’imbrication des relations entre ces
peuples et la forêt. Dans la Cordillère des Philippines, la reforestation a été pilotée, au début
des années 1980, par des bailleurs de fonds comme la Banque mondiale, la Banque de
développement asiatique et la Commission européenne. Ces projets ne remplissaient pas les
objectifs, assignés à l’origine, de replanter les forêts dénudées et ont, de plus, ouvert la voie à
la corruption.(4)
L’idéologie sous-tendant cette initiative a suscité des inquiétudes. Les pays ou les
communautés reçoivent des subventions pour accomplir des tâches soi-disant
environnementales, c’est-à-dire protéger leurs forêts, Il y a risque que ces opérations suscitent
des chantages à l’environnement parce que les gouvernements peuvent dire : « nous abattrons
les arbres si nous ne recevons pas les fonds ». La République Démocratique du Congo a déjà
réclamé un complet dédommagement pour ses forêts qu’elle menace d’abattre si elle n’est pas
payée. Il n’est pas surprenant que beaucoup de pays en développement soient en faveur de ce
processus.
L’accent mis sur l’importance de la conservation des forêts pour contrer le réchauffement
climatique a donné à la Banque mondiale la volonté de jouer un rôle dirigeant dans les
opérations de REDD. Elle a lancé le Forest Carbon Partnership Facility pour renforcer les
capacités des pays en voie de développement et leur faciliter les activités de reboisement. La
Norvège a aussi annoncé son soutien financier aux pays en développement pour combattre la
déforestation.