RAPPORT DE LABORATOIRE DE PHYSIQUE Expérience de Millikan Benjamin Frere & Pierre-Xavier Marique 2ème candidature en sciences physiques, Université de Liège Année académique 2003-2004 1 1 Théorie de l’expérience Schéma : Le principe général de cette expérience est l’utilisation des lois de Newton par la détermination des différentes forces agissant sur une gouttelette de paraffine chargée, flottant dans une différence de potentiel connue. La charge électrique étant impliquée dans une des forces, la connaissance de tous les autres paramètres de l’ensemble des forces et une étude du mouvement de la gouttelette permettraient de déterminer la charge. De là, en sachant que la charge est quantifiée, il serait alors possible de retrouver la charge unitaire d’un électron. 2 On commence par vaporiser de la paraffine liquide de masse volumique connue à l’intérieur d’une chambre cylindrique. On obtient alors des minuscules gouttelettes que l’on assimile à des petites sphères dont le diamètre est de l’ordre du micron. Le chargement se fait aussi dans cette petite chambre par ionisation grâce à une source radioactive d’américium surmontant celleci. C’est un rayonnement β − qui charge alors négativement les gouttelettes. Chambre d’ionisation : Après le séjour dans la chambre d’ionisation, les gouttelettes passent alors par un petit canal, vers l’intérieur d’un condensateur perpendiculaire à la direction vertical. Ses plaques ne sont séparées que de quelques millimètres pour assûrer un champ électrique uniforme et élevé. Condensateur : Nos petites gouttelettes se trouvent maintenant soumises à plusieurs forces dont voici leur nature et leur expression : – Force de pesanteur 4 Fp = mg = − πr3 ρge3 3 3 – Force électrostatique produite par le champ électrique du condensateur V Fe = ±qEe3 = ± e3 d le signe dépendant du sens du champ électrique – Force de Stockes qui est la force de frottement due à la viscosité de l’air Fs = −6πηrve3 – Poussée d’Archimède de l’air 4 FA = πr3 ρ0 ge3 3 où m r g ρ q V d η v ρ0 la masse de la gouttelette le rayon de la gouttelette l’accélération de la pesanteur la masse volumique de la paraffine la charge portée par la gouttelette la tension appliquée aux bornes du condensateur la distance entre les deux plaques du condensateur le coefficient de viscosité de l’air la vitesse de la gouttelette la masse volumique de l’air La gouttelette ainsi soumise à ces quatre forces, décrit un mouvement rectiligne uniforme dans la direction verticale. En appliquant Newton et en désignant la vitesse de montée et de descente par respectivement v1 et v2 , nous obtenons – lorsque la force du champ électrique et dirigée vers le haut V 4 3 πr (ρ − ρ0 )g − q + 6πηrv2 = 0 3 d (1) – lorsque la force du champ électrique et dirigée vers le bas 4 3 V πr (ρ − ρ0 )g + q − 6πηrv1 = 0 3 d 4 (2) Par sommation de (1) et (2), on obtient 8 2 r (ρ − ρ0 )g − 6η(v2 − v1 ) = 0 3 De là, on tire v u 3 u η(v2 − v1 ) r= t 2 g(ρ − ρ0 ) (3) Par soustraction de (1) et (2), on obtient V (4) d En remplaçant la valeur de r de la relation (3) dans (4) et après un petit développement, on trouve finalement 3πηr(v2 + v1 ) = q 3/2 9πη d q= q 2 g(ρ − ρ0 ) q (v2 − v1 )(v2 + v1 ) V (5) pour facilité dans les calculs, on peut désigner le facteur constant par 9πη 3/2 d K= q 2 g(ρ − ρ0 ) (6) qui sera calculé en temps utile. Pour observer le mouvement des gouttelettes, nous disposions d’un microscope muni d’un réticule gradué. L’éclairage n’avait pas une direction opposée à la direction d’observation. En effet, nous n’aurions pas pu apercevoir les gouttelettes de cette manière. La lumière venait alors en biais et nous voyions les gouttelettes par diffusion. Il ne fallait pas oublier, pour le calcul des vitesses, que le microscope renvoyait une image inversée. Le signe du champ du condensateur pouvait être changé à notre guise pour que l’on puisse faire voyager la gouttelette de haut en bas et de bas en haut. La tension pouvait être ajustée afin de trouver la meilleure valeur qui imprimait à une gouttelette le plus lent mouvement possible pour accroı̂tre la précision d’observation. Deux chronomètres se déclanchant et s’arrêtant automatiquement avec le changement de polarité du condensateur nous permettaient de mesurer le temps d’ascension et de chute d’une gouttelette. 5 2 Manipulation La première opération consistait à étalonner la graduation du réticule avec un micromètre. Nous avons trouvé qu’une graduation valait 1, 6 · 10−5 m. Ensuite venait la vaporisation de la paraffine dans la chambre d’ionisation. Cette opération devait se répéter durant l’expérience pour alimenter l’intérieur du condensateur en gouttelettes qui disparaissaient avec le temps, sans pour autant le faire trop souvent. Il suffisait ensuite de repérer une gouttelette pas trop rapide et de la faire voyager entre deux graduations du réticule et d’ainsi calculer sa vitesse d’ascension et de chute en mesurant les distances. Les temps étant donné par les chronomètres. Le gouttelettes ne restant pas tout le temps dans un plan vertical, nous étions de temps en temps obligé de remettre au point le microscope pour ne pas les perdre de vue et d’ainsi accroı̂tre le nombre d’aller-retour observés et espérant ainsi d’augmenter la précision de la mesure. Nous pouvons aussi calculer la constante K avec η d g ρ ρ’ = = = = = 1, 855 · 10−5 N.s.m−2 2, 5 · 10−3 m 9,81 m.s−2 880 kg.m−3 1 293 kg.m−3 et obtenir K = 4,436·10−11 N 3/2 .s5/2 .kg 1/2 .m−1 3 Résultats Comme nous n’avions pas assez de valeurs pour pouvoir trouver la quantification des charges, nous avons divisé les charges par la valeur connue de la charge de l’électron, trouvant ainsi le nombre de fois la charge de e sur chaque goutelette en arrondissant cette valeur par un nombre entier. On divise alors la charge par la valeur naturelle associée et trouvant ainsi une valeur pour la charge de l’électron. La valeur connue actuellement de e vaut 1,602 177 33·10−19 C 6 7 Voltage [V ] 160,5 160,5 160,5 160,5 160,5 160,5 160,5 160,5 160,5 162 N2 7 6 4 7 6 5 15 5 10 25 N1 6 6 4 7 7 5 15 5 11 24 Ngrad 50 30 30 50 30 30 40 30 30 30 D2 [m] 0,0056 0,00288 0,00192 0,0056 0,00288 0,0024 0,0096 0,0024 0,0048 0,012 D1 [m] 0,0048 0,00288 0,00192 0,0056 0,00336 0,0024 0,0096 0,0024 0,00528 0,01152 T2 [s] 18,83 20,86 12,31 21,12 32,59 16,41 70,28 7,43 48,25 67,49 T1 [s] 20,81 24,77 32,23 28,03 48,93 18,74 79,56 8,15 59,94 78,75 V2 [m.s−1 ] 0,000297398 0,000138063 0,000155971 0,000265152 8,83707·10−5 0,000146252 0,000136596 0,000323015 9,94819·10−5 0,000177804 V1 [m.s−1 ] 0,000230658 0,00011627 5,95718·10−5 0,000199786 6,86695·10−5 0,000128068 0,000120664 0,000294479 8,80881·10−5 0,000146286 q [C] 1,19·10−18 3,28·10−19 5,85·10−19 1,04·10−18 1,93·10−19 3,23·10−19 2,84·10−19 9,12·10−19 1,75·10−19 4,98·10−19 g/econnu 7,442081822 2,048284273 3,650835817 6,4847343 1,202484801 2,018022567 1,771503148 5,690547434 1,092245462 3,109787131 n 7 2 4 6 1 2 2 6 1 3 e 1,70·10−19 1,64·10−19 1,46·10−19 1,73·10−19 1,93·10−19 1,62·10−19 1,42·10−19 1,52·10−19 1,75·10−19 1,66·10−19 où V N1 N2 Ngrad T1 T2 D1 D2 V1 V2 g n e la tension appliquée au condensateur le nombre de montées le nombre de descentes le nombre de graduation de l’intervalle choisi de voyage de la gouttelette le temps total de montée le temps total de descente la distance totale parcourue en montée la distance totale parcourue en descente la vitesse moyenne de montée la vitesse moyenne de descente charge portée par la gouttelette le nombre supposé de charge(s) e porté par la gouttelette la charge de l’électron calculée avec nos données La valeur moyenne de nos mesures de la charge de e est de 1,643 ·10−19 C 4 Discussion des résultats L’erreur sur la valeur moyenne est de |1, 643 · 10−19 − 1, 602 · 10−19 | 100 = 2, 56% 1, 602 · 10−19 Nous sommes vraiment contents de cette moyenne ainsi que la plupart de nos valeurs. Nous ne pensions pas avoir autant de précision avec notre travail. Il y avait en effet quelques sources d’erreurs plus ou moins importantes. Avions-nous eu beaucoup de chance ? 5 Sources d’erreurs Une importante source d’erreur est le mouvement de la particule. Le déplacement n’est en effet pas spécialement vertical. La particule ne voyageait pas de manière parallèle à la direction verticale de la graduation du microscope et pas non plus strictement dans le plan focal. De plus, lorsqu’on inverse le champ électrique quand une particule arrive à une graduation précise, il n’est jamais certain qu’elle change de direction exactement à l’endroit de cette graduation choisie. Elle n’avait pas non plus un mouvement rectiligne bien uniforme et s’adonnait de temps en temps à quelques vibrations erratiques. 8 Il faut ajouter à cela toutes les imprécisions dans les constantes comme les deux masses volumiques ainsi que la viscosité de l’air dépendant fortement de la température de la pièce. Et il reste bien sûr tous les instruments ayant leur précision propre comme les chronomètres n’ayant qu’une précision de 10−2 seconde. 9