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Les concepts clé de l’économie sociale et solidaire page 3/11
Economie plurielle
Le concept d’économie plurielle renvoie à la lecture tripolaire de l’économie que
propose Karl Polanyi (voir bibliographie). Il se base pour cela sur de nombreuses études
ethnologiques pour distinguer trois grands principes de comportement économique chez
l’individu, que l’on retrouve dans toute société :
! le principe de marché (rencontre entre l’offre et la demande de biens, en vue de
réalisations d’échanges et sur une base de contrat, à des fins d’intérêt financier).
! le principe de redistribution (présence d’une autorité centrale qui a la responsabilité
de répartir la production en fonction de mécanismes de prélèvement et d’affectation).
! le principe de réciprocité (prestations entre individus en vue de créer ou manifester
un certain lien social entre eux).
En se référant à ces principes, l’économie contemporaine peut-être décomposée en trois
pôles complémentaires :
1) une économie marchande, dans laquelle la distribution de biens et de services est
essentiellement (mais pas uniquement) établie par le principe de marché. La pensée
libérale résume l’économie à cette seule économie marchande, qui a tendance à
devenir autonome vis-à-vis des dimensions sociales de la société. Cette
autonomisation peut être dangereuse car elle s’érige ainsi en principe régulateur de la
société contemporaine.
2) une économie non-marchande, dans laquelle la distribution de biens et de services
est essentiellement (mais pas uniquement) établie par redistribution. C’est très
souvent le rôle de l’Etat dans nos sociétés contemporaines. Cette économie non-
marchande a tendance à pallier les manques de l’économie marchande, en agissant
en tant que « pansement social » aux conséquences néfastes du marché.
3) une économie non-monétaire, dans laquelle la distribution de biens et de services
est essentiellement (mais pas uniquement) établie par réciprocité. L’économie non-
monétaire est souvent considérée comme la part « résiduelle » de l’économie, celle
qui n’est ni prise en compte par le marché, ni par l’Etat. On retrouve ici les activités
de bénévolat, de don et de troc, qui sont totalement négligés par la vision libérale de
l’économie contemporaine.
L’économie plurielle est une vision de l’économie « avec marché », en se démarquant
d’une « société de marché » dans laquelle le marché serait le seul principe de régulation
des échanges. Les trois grands pôles de l’économie cités juste au-dessus s’y rencontrent,
s’hybrident et se complètent harmonieusement pour une meilleure construction