Agir surla posture et le centre
de gravité contre les maux de dos
Un nouvel appareil
de radiographie
permet en un seul
cliché de voir
l'entier du squelette
Franclne Brunschwig
Notre colonne vertébrale est solli-
citée à raison de 1500 à 2000 incli-
naisons par jour! On comprend
dès lors aisément pourquoi le mal
de dos affecte chacun d'entre nous
une fois ou l'autre. Seulement 20%
de la population serait épargnée.
En Suisse, le coût annuel des trou-
bles musculo-squelettiques se si-
tue entre 3 et 4 milliards de francs.
La bonne nouvelle est que,
après quatre à six semaines, près
de 80% des lombalgies disparais-
sent, généralement à l'aide de mé-
dicaments anti-inflammatoires et/
ou de séances de physiothérapie.
«C'est la raison pour laquelle nous
privilégions toujours un traitement
conservateur dans ce laps de
temps. Sauf bien sûr s'il y a des
signes d'appel liés à l'âge, à un pro-
blème tumoral ou infectieux, ou
encore un risque de paralysie», ex-
pliquent les Dr Sylvain Duc et Duc-
cio Boscherini, respectivement ra-
diologue et neurochirurgien à la
Clinique de la Source, à Lausanne.
«Chacun peut faire un petit test
simple, indicateur d'une éven-
tuelle atteinte neurologique: si l'on
parvient à marcher sur la pointe
des pieds et sur les talons, on peut
être rassuré.»
IRM inutile d'emblée
La radiographie reste l'outil de
base dans l'approche des problè-
mes de dos. «Hélas, les patients ré-
clament aujourd'hui une IRM
après trois jours. Notre rôle con-
siste à leur faire comprendre que
cela ne sert à rien», affirme le
Dr Duc. C'est donc d'abord un cli-
ché standard de la colonne qui sera
effectué si les douleurs persistent
au-delà de quatre semaines. «Il
nous donne une vue d'ensemble et
permet notamment de repérer
d'éventuelles fractures dues à de
l'ostéoporose et source des dou-
leurs.»Si la radiographie ne montre
rien de spécial, mais que les dou-
leurs persistent, le médecin optera
alors pour une IRM, seule à même
de détecter, par exemple, une her-
nie discale.
Mais à La Source, même après
une IRM, la radiographie n'a pas
dit son dernier mot. Car la clinique
a acquis en 2015 un nouvel appareil
dit EOS (deux exemplaires en
Suisse romande, avec celui des
HUG). Il permet d'obtenir, en un
seul cliché, une vue du corps entier
debout, de face et/ou de profil. Les
différentes images obtenues du
dos, mais aussi dans le même
temps du bassin, des hanches et
des genoux, rendent possible une
reconstruction tridimensionnelle
de l'entier du squelette pelvi-rachi-
dien. De plus, et ce n'est pas rien,
grâce à une technologie mise au
point par Georges Charpak, Prix
Nobel de physique, l'EOS n'utilise
qu'une faible dose de rayons, de
six à neuf fois inférieure aux radio-
graphies habituelles.
Morphologie
«De très nombreux et récents tra-
vaux mettent en avant le lien entre
douleurs du dos et morphologie de
la colonne vertébrale. L'observa-
tion du centre de gravité du pa-
tient, un trajet qui va de la 7e vertè-
bre dorsale jusqu'au sacrum, joue
un rôle important pour le choix des
stratégies thérapeutiques. Nou-
velle, cette approche par la posture
et le centre de gravité - en bonne
place ou au contraire déplacé à
l'avant ou à l'arrière - est désormais
essentielle pour orienter les traite-
ments, qu'il s'agisse de chirurgie ou
d'infiltrations, par exemple», expli-
que le Dr Boscherini. On sait par
exemple qu'une hernie chez un pa-
tient dont le centre de gravité est
déplacé présente un plus grand ris-
que de récidive. L'opérer sans se
soucier ensuite de sa posture ris-
que de ne servir à rien.
Autre exemple avec un patient
qui se plaint de ses genoux. S'il a un
dos plat, il y a de fortes chances que
son centre de gravité soit déplacé à
l'arrière et qu'il compense en char-
geant ses genoux. L'EOS permet ce
genre d'observation: dans ce cas,
une opération ne serait pas forcé-
ment couronnée de succès et de la
physiothérapie serait plus indi-
quée. «Cette dernière joue un rôle
important dans la correction des
postures et le rééquilibrage d'un
centre de gravité déplacé. Elle per-
met souvent d'éviter une interven-
tion», précise Vincent Liesen-
borghs, responsable de la physio-
thérapie au Centre neuro- orthopé-
dique de La Source.
«Mal de dos: quelles solutions?»
Jeudi 21 avril, de 16 h 45 à 19 h,
visite thématique, Clinique
de La Source, à Lausanne.