Étude d’un laser à modes synchronisés accordable en longueur d’onde dans une cavité fortement dispersive Mémoire Jean Filion Maîtrise en Physique Maître ès sciences (M.Sc.) Québec, Canada © Jean Filion, 2013 Résumé Les travaux décrits dans ce mémoire portent sur l’étude d’un laser à fibre impulsionnel accordable en longueur d’onde. La majorité des lasers accordables actuels utilisent des pièces mécaniques pour réaliser la sélection de la longueur d’onde laser. Le schéma décrit dans ce mémoire est basé sur un contrôle purement électronique de la fréquence d’émission ; la fréquence laser est accordée en insérant une ligne dispersive dans une partie de la cavité à l’air libre et en opérant le laser en régime de synchronisation modale active. Le modulateur d’amplitude produisant la synchronisation modale est activé par un train d’impulsions électriques ; la cadence de ces impulsions règle la fréquence de l’émission laser. La ligne dispersive est constituée d’une paire de réseaux de diffraction qui introduisent une dispersion anomale importante. Le milieu laser est une fibre dopée à l’erbium qui fournit un gain sur une plage spectrale s’étalant de 1500 nm à 1600 nm. Des dispositifs interférométriques ont été insérés dans la partie à l’air libre afin de simuler une modulation périodique du délai et des pertes pour un trajet dans la cavité en fonction de la fréquence laser. Nous avons déterminé la relation entre la puissance laser et la puissance pompe ainsi que la sensibilité à l’alignement de la paire de réseaux. Le laser a été accordé sur une plage continue allant de 1524 nm à 1564 nm. Des caractéristiques de la cavité ont été analysées, dont la dispersion induite par la paire de réseaux ainsi que la forme et la durée des impulsions émises. Le réglage du signal de modulation électrique permet une accordabilité rapide de la fréquence laser et l’ajustement de la durée des impulsions entre 40 et 100 ps. En insérant un interféromètre de Gires-Tournois, nous avons constaté l’impact d’une modulation du délai en fonction de la fréquence optique sur l’accordabilité du laser. L’accordabilité n’est plus continue, mais elle ressemble à un escalier comportant des sauts plutôt réguliers. Cette modulation a aussi un impact négatif sur la puissance crête, la forme et la durée de l’impulsion qui ne sont plus stables dans le temps. Nous présenterons une solution qui corrige ces instabilités par une optimisation du signal électrique de modulation, dont la durée doit descendre à quelques centaines de picosecondes ou moins. iii Table des matières Table des matières v Liste des tableaux vii Liste des figures Introduction 1 Les lasers à fibre : Un bref aperçu 1.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.2 Lasers à fibre accordables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.3 Fibre amplificatrice dopée à l’erbium . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 Synchronisation modale active avec une cavité dispersive : considérations théoriques 2.1 Modèle du laser à modes synchronisés avec dispersion . . . . . . . . . . . . . 2.2 Accordabilité d’un laser à synchronisation modale active muni d’un milieu dispersif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.3 Solitons et compression solitonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.4 Dispersion induite par une paire de réseaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.5 Effet physique d’une composante interférométrique . . . . . . . . . . . . . . . ix 1 7 7 8 11 15 15 21 23 25 28 3 Montage expérimental et caractérisation des composantes 3.1 Description des composantes fibrées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 35 4 Modélisation d’un laser à synchronisation modale active muni d’une cavité dispersive 4.1 Représentation schématique de la cavité laser . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.2 Description de la cavité laser modélisée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.3 Limitations du modèle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.4 Résultats numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 46 46 51 52 5 Résultats expérimentaux pour un laser accordable muni d’une cavité dispersive 5.1 Sélection spectrale et régime impulsionnel stable . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.2 Sélection spectrale et régime impulsionnel avec composantes interférométriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A Modulateur d’amplitude 71 71 77 91 v Bibliographie vi 93 Liste des tableaux 4.1 Conditions expérimentales d’opération du laser en régime permanent . . . . . . 52 5.1 Conditions d’opération du laser en régime permanent . . . . . . . . . . . . . . . . 72 vii Liste des figures 1.1 1.2 1.3 1.4 1.5 1.6 1.7 1.8 2.1 2.2 a) Représentation de la réflexion totale interne dans une fibre optique. b) Structure d’une fibre optique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Fibre à maintien de polarisation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . a) Schéma d’une cavité accordable avec un étalon Fabry-Perot (FFP). b) Schéma d’une cavité à balayage avec polygone. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Schéma de la cavité d’un laser accordable en longueur d’onde avec une fibre dispersive (DCF). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Schéma d’un laser accordable en longueur d’onde de Genia Photonics Inc.. . . . a) Schématisation d’un réseau de Bragg modulé et de la réflexion parasite due au procédé de fabrication. b) Mesure expérimentale du délai de groupe d’une réseau de Bragg ”chirpé” et des oscillations du délai de groupe (GDR) [49]. . . . . . . . Représentation des niveaux d’énergie de l’erbium avec les temps de vie des niveaux excités correspondants. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . a) Courbe d’absorption en fonction de la longueur d’onde pour une fibre dopée erbium. b) Courbe de gain de l’erbium après excitation. . . . . . . . . . . . . . . . Schématisation de la synchronisation modale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Schéma d’une cavité en anneau comprenant un élément dispersif et un modulateur en amplitude. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.3 Durée de l’impulsion en fonction de la durée du signal de modulation tm pour différentes valeurs de φ2 (en ps2 ). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.4 Durée de l’impulsion en fonction de la dispersion de la paire de réseaux pour différentes durées du signal de modulation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.5 a) Fréquence laser en fonction du désaccord fractionnaire ’x’ pour une valeur de φ2 = 15.4 ps2 . b) Transmission du modulateur en fonction du désaccord ’x’. . . . 2.6 Deux réseaux placés parallèlement pour introduire la dispersion. . . . . . . . . . 2.7 Délai induit par la paire de réseaux de diffraction en fonction de la longueur d’onde pour différentes valeurs de la séparation entre les réseaux. . . . . . . . . . 2.8 Dispersion d’ordre deux induite par une paire de réseaux. . . . . . . . . . . . . . 2.9 Schéma d’un interféromètre de Gires-Tournois. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.10 a) Déphasage et b) délai en fonction de la longueur d’onde pour différentes valeurs de réflectivité R et une distance d = 0.01m. c) Déphasage et d) délai en fonction de la longueur d’onde pour différentes valeurs de distance d et une réflectivité R = 25% . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 9 9 10 11 12 12 13 16 16 20 21 24 26 27 28 29 30 ix 2.11 a) Longueur d’onde en fonction du délai introduit par les réseaux de diffraction (φ2 = −15.4 ps2 ) et l’IGT (d = 0.001 m et R = 5 %). b) Schématisation de la transmission du modulateur pour trois fenêtres de modulation en fonction du délai en lien avec la figure montrée en a). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.12 Intensité réfléchie par un interféromètre de Fabry-Perot avec L = 0.1 mm pour différentes valeurs des réflectivités R1 et R2 en fonction de la fréquence. . . . . . 2.13 a) Déphasage en fonction de la fréquence pour différentes valeurs des réflectivités R1 et R2 . b) Délai en fonction de la fréquence pour pour différentes valeurs des réflectivités R1 et R2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.1 3.2 3.3 Schéma du montage expérimental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Schéma de la diode pompe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . a) Puissance de la diode pompe en fonction du courant appliqué. b) Spectre de la diode pompe. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.4 Coupleur fibré qui permet de combiner dans une même fibre des faisceaux à deux longueurs d’onde différentes. Ce coupleur permet aussi la séparation de ces deux longueurs d’onde pour la propagation en sens inverse. . . . . . . . . . . . . . . . 3.5 Puissance transmise après le WDM PM qui sera connecté à la fibre amplificatrice. 3.6 Courbe d’émission spontanée amplifiée de l’erbium observée après le coupleur 90/10. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.7 Schéma du coupleur de sortie qui sépare le signal incident en deux signaux avec des puissances différentes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.8 Schéma du circulateur fibré PM. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.9 Monture d’injection à trois axes pour la fibre optique. . . . . . . . . . . . . . . . . 3.10 a) Schéma du modulateur en transmission maximale. b) Schéma du modulateur en transmission minimale. c) Transmission du modulateur selon la tension appliquée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.11 Transmission expérimentale du modulateur en fonction de la tension appliquée pour un Vbias de -4.75 V. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.12 Signal de modulation après l’amplificateur de JDSU pour une impulsion électrique de 195 ps provenant du générateur fournie par la compagnie Genia Photonic Inc.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.1 4.2 4.3 4.4 4.5 4.6 x Schéma de la cavité laser utilisée dans le modèle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . a) Intensité du bruit initial dans le laser dans le domaine temporel. b) Densité spectrale de puissance du bruit initial. Noter que la phase des composantes spectrales est aléatoire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Représentation schématique de la méthode ”Split-Step Fourier” pour la propagation dans une fibre optique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Signal de modulation mesuré avec un oscilloscope de 50 GHz. . . . . . . . . . . . Test d’accordabilité numérique dans la cavité dispersive avec une fenêtre de modulation de 185 ps. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Formes temporelle et spectrale de l’impulsion avec une fenêtre de modulation de 185 ps sans IGT et sans tenir compte des effets NL. a) Forme temporelle de l’impulsion en régime permanent. b) Forme spectrale de l’impulsion. c) et d) Évolution temporelle de l’impulsion pendant 6000 tours de cavité. Une pompe de 130 mA (58 mW) a été utilisée pour cette simulation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 33 34 35 36 37 38 38 39 39 40 41 42 43 44 46 47 49 50 52 53 4.7 4.8 4.9 4.10 4.11 4.12 4.13 4.14 4.15 4.16 4.17 Durée à mi-hauteur en fonction de la puissance pompe avec différentes durées du signal de modulation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Test d’accordabilité avec différentes durées du signal de modulation : a) 185 ps, b) 155 ps et c) 105 ps, avec un IGT où d=1 cm et R=20 %. Une pompe de 170 mA (82 mW) a été utilisée pour ces simulations. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Formes temporelle et spectrale de l’impulsion avec une fenêtre de modulation de 185 ps, un IGT avec d=1 cm et R=20 % et sans effet NL. a) Forme temporelle après 6000 tours de cavité. b) Forme spectrale de l’impulsion. c) et d) Évolution temporelle de l’impulsion pendant 6000 tours de cavité. Une pompe de 170 mA (82 mW) a été utilisée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Formes temporelle et spectrale de l’impulsion avec une fenêtre de modulation de 155 ps, un IGT avec d=1 cm et R=20 % et sans effet NL. a) Forme temporelle en régime permanent. b) Forme spectrale de l’impulsion. c) et d) Évolution temporelle de l’impulsion pendant 6000 tours de cavité. Une pompe de 130 mA (58 mW) été utilisé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Formes temporelle et spectrale de l’impulsion avec une fenêtre de modulation de 105 ps et un IGT avec d=1 cm et R=20 %. a) Forme temporelle après 6000 tours de cavité. b) Forme spectrale de l’impulsion. c) et d) Évolution temporelle de l’impulsion pendant 6000 tours de cavité. Une pompe de 170 mA (82 mW) a été utilisée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Formes temporelle et spectrale de l’impulsion avec une fenêtre de modulation de 105 ps, un IGT avec d=1 cm et R=20 %. On tient compte des effets non-linéaires. a) Forme temporelle en régime permanent. b) Forme spectrale de l’impulsion. c) et d) Évolution temporelle de l’impulsion pendant 6000 tours de cavité. Une pompe de 170 mA (82 mW) a été utilisée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Test d’accordabilité avec différentes durées du signal de modulation ; a) 185 ps, b) 155 ps et c) 105 ps, avec un IGT où d=2 cm et R=20 %. Une pompe de 170 mA (82 mW) a été utilisée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Formes temporelle et spectrale de l’impulsion avec une fenêtre de modulation de 185 ps et un IGT avec d=2 cm et R=20 % sans tenir compte des effets non linéaires. a) Forme temporelle après 6000 tours de cavité. b) Forme spectrale de l’impulsion. c) et d) Évolution temporelle de l’impulsion pendant 6000 tours de cavité. Une pompe de 170 mA (82 mW) a été utilisée pour ces simulations. . . . Formes temporelle et spectrale de l’impulsion avec une fenêtre de modulation de 155 ps et un IGT avec d=2 cm et R=20 % sans tenir compte des effets non linéaires. a) Forme temporelle après 6000 tours de cavité. b) Forme spectrale de l’impulsion. c) et d) Évolution temporelle de l’impulsion pendant 6000 tours de cavité. Une pompe de 170 mA (82 mW) a été utilisée. . . . . . . . . . . . . . . . . Formes temporelle et spectrale de l’impulsion avec une fenêtre de modulation de 105 ps et un IGT avec d=2 cm et R=20 % sans tenir compte des effets non linéaires. a) Forme temporelle en régime permanent. b) Forme spectrale de l’impulsion. c) et d) Évolution temporelle de l’impulsion pendant 6000 tours de cavité. Une pompe de 170 mA (82 mW) a été utilisée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Formes temporelle et spectrale de l’impulsion avec une fenêtre de modulation de 105 ps, un IGT avec d=2 cm et R=20 %, en tenant compte des effets non-linéaires. a) Forme temporelle en régime permanent. b) Forme spectrale de l’impulsion. c) et d) Évolution temporelle de l’impulsion pendant 6000 tours de cavité. Une pompe de 170 mA (82 mW) a été utilisée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 55 56 57 57 58 59 60 61 62 63 xi 4.18 Courbes d’accordabilité avec différentes durées de signal de modulation ; a) 185 ps, b) 155 ps et c) 105 ps, avec un interféromètre de Fabry-Perot avec d=2 cm, R1 = 20% et R2 = 80%. Une pompe de 170 mA (82 mW) a été utilisée. . . . . . . 4.19 Formes temporelle et spectrale de l’impulsion avec une fenêtre de modulation de 185 ps et un interféromètre de Fabry-Perot avec d=2 cm, R1 =20 % et R2 =80 %. a) Forme temporelle après 6000 tours de cavité. b) Forme spectrale de l’impulsion. c) et d) Évolution temporelle de l’impulsion pendant 6000 tours de cavité. Une pompe de 170 mA (82 mW) a été utilisée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.20 Formes temporelle et spectrale de l’impulsion avec une fenêtre de modulation de 155 ps et un interféromètre de Fabry-Perot avec d=2 cm, R1 =20 % et R2 =80 %. a) Forme temporelle après 6000 tours de cavité. b) Forme spectrale de l’impulsion. c) et d) Évolution temporelle de l’impulsion pendant 6000 tours de cavité. Une pompe de 170 mA (82 mW) a été utilisée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.21 Formes temporelle et spectrale de l’impulsion avec une fenêtre de modulation de 105 ps et un interféromètre de Fabry-Perot avec d=2 cm, R1 =20 % et R2 =80 %. a) Forme temporelle en régime permanent. b) Forme spectrale de l’impulsion. c) et d) Évolution temporelle de l’impulsion pendant 6000 tours de cavité. Une pompe de 170 mA (82 mW) a été utilisée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.22 Formes temporelle et spectrale de l’impulsion avec une fenêtre de modulation de 105 ps, un interféromètre de Fabry-Perot avec d=2 cm, R1 =20 % et R2 =80 %, en tenant compte des effets non-linéaires. a) Forme temporelle en régime permanent. b) Forme spectrale de l’impulsion. c) et d) Évolution temporelle de l’impulsion pendant 6000 tours de cavité. Une pompe de 170 mA (82 mW) a été utilisée . . . 5.1 5.2 5.3 5.4 5.5 5.6 5.7 5.8 5.9 xii Longueur d’onde sélectionnée en fonction de la fréquence de modulation d’un laser à synchronisation modale active sans élément interférométrique. . . . . . . a) Impulsion optique provenant du laser accordable. b) Spectre optique de l’impulsion. c) Enveloppe du train d’impulsions pendant 1750 tours de cavité. d) Spectre RF. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Trace d’autocorrélation de l’impulsion optique générée par le laser. . . . . . . . . Durée à mi-hauteur de l’impulsion en fonction du courant de la pompe pour différentes durées de la fenêtre de modulation. a) Résultats expérimentaux et b) numériques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Sélection spectrale dans une cavité laser avec un IGT où d = 1 cm et R = 20% et trois durées de la fenêtre de modulation : a) 185 ps, b) 155 ps et c) 105 ps. . . . . . a) Enveloppe du train d’impulsions pendant 1750 tours de cavité lorsqu’un IGT est introduit dans la cavité laser. b) Profil temporel de l’impulsion optique dans une cavité avec IGT. c) Spectre RF de l’impulsion optique. . . . . . . . . . . . . . Spectres optiques en présence d’une modulation du délai causée par un IGT avec d = 1 cm et R = 20%. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Courbe d’accordabilité en fonction de la fréquence de modulation pour différentes fenêtres de modulation. À gauche : a) 185 ps c) 155 ps et e) 105 ps. La courbe noire est la sélection spectrale obtenue sans IGT dans la cavité laser. À droite, spectre RF pour différentes fenêtres de modulation : b) 185 ps d) 155 ps et f) 105 ps. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Spectre optique d’une impulsion affectée par une modulation rapide du délai causée par un IGT avec d = 2 cm et R = 20%. Une fenêtre de modulation de 185 ps est utilisée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 66 67 68 69 73 74 75 76 77 78 79 80 81 5.10 Courbe d’accordabilité dans une cavité laser avec un interféromètre de FabryPerot avec d = 2 cm, R1 = 20% et R2 = 80% et trois fenêtres de modulation de durée : a) 185 ps, b) 155 ps et c) 105 ps. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.11 Forme temporelle de l’impulsion et spectre optique dans une cavité laser avec un interféromètre de Fabry-Perot où d = 2 cm, R1 = 20% et R2 = 80% et une fenêtre de modulation de 185 ps. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.12 Forme temporelle de l’impulsion et spectre optique dans une cavité laser avec un interféromètre de Fabry-Perot où d = 2 cm, R1 = 20% et R2 = 80% et une fenêtre de modulation de 105 ps. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82 83 84 xiii à ma famille xv Remerciements Cette maîtrise a pu être possible grâce à plusieurs personnes que je voudrais remercier pour leur aide, support et patience. Premièrement, je voudrais remercier mon directeur de recherche M. Michel Piché pour sa patience avec mes multiples questions et pour m’avoir ramené vers les bons raisonnements physiques. Mon co-directeur M. Alain Villeneuve qui, avec la collaboration de M. Michel Piché, m’a trouvé un projet de maîtrise très intéressant touchant plusieurs aspects de la physique. La compagnie Genia Photonics Inc. pour son prêt d’équipement électronique et pour le savoir des ses employés, en particulier Bryan Bourgoyne avec qui j’ai pu échanger sur plusieurs aspects du fonctionnement du laser et sur les composantes électroniques. J’aimerais aussi remercier mes collègues, en commençant par Michel Olivier qui m’a grandement aidé dans la partie théorique du projet et pour ses explications avec les simulations numériques. Mes collègues de bureau, en particulier Jérôme Leclerc-Perron, avec qui j’ai discuté du projet en général et qui m’a aidé avec mon programme de simulation numérique. Les techniciens m’ont aussi beaucoup aidé pour le côté expérimental du projet. Pour cette raison, je voudrais remercier Stéphan Gagnon pour son aide avec toutes les commandes et son expertise en laboratoire. Il y a aussi Philippe Chrétien et Patrick Larochelle pour leur soutient avec l’électronique utilisée pour le montage expérimental et Marc D’Auteuil pour ses conseils en général et la fabrication de composantes optiques. Pour n’oublier personne, je voudrais aussi remercier tout le monde avec qui j’ai pu discuter de mon projet, de près ou de loin, et qui ont pu m’aider, me faire réaliser de nouvelles idées... Merci ! xvii Introduction Depuis la mise au point du premier laser [1] il y a plus de 50 ans, tant le domaine scientifique que le secteur industriel ont trouvé des applications à cette nouvelle source de rayonnement optique. L’intérêt porté aux lasers a permis une évolution rapide qui a abouti à différents types de lasers [2–6] adaptés aux besoins scientifiques et industriels. Il est possible de classer les lasers selon différents critères ; pour ne pas nous étendre, nous allons énumérer seulement quelques caractéristiques qui permettent de les différencier. On peut classer les lasers selon leur longueur d’onde d’émission, ou s’ils sont opérés en régime continu ou impulsionnel. Lorsque les lasers sont opérés en régime impulsionnel, la cadence et la durée des impulsions deviennent importantes. On peut aussi effectuer une classification selon le milieu de gain qui peut être soit solide, gazeux, liquide ou semi-conducteur. Peu après la découverte du laser, la recherche de nouveaux milieux actifs a mené à la mise au point des lasers à colorants, lesquels possèdent une bande d’émission étendue [7–11]. On peut se servir d’un laser accordable dans plusieurs domaines comme instrument d’analyse, particulièrement en physique, en chimie et en médecine. Le premier laser accordable a été opéré en 1966, il était un laser impulsionnel à colorant [12] composé de rhodamine 6G diluée dans une solution d’alcool. Ce laser était accordable sur une plage de 552 nm à 595 nm. Selon les molécules présentes dans la solution d’un laser à colorant, il y aura différentes plages sur lesquelles il est possible d’accorder la longueur d’onde laser [13]. Par la suite, plusieurs scientifiques ont essayé de développer de nouveaux milieux de gain. Un milieu de gain bien connu faisant partie des lasers à l’état solide est le saphir dopé titane. Le Ti:saphir peut être utilisé comme milieu de gain dans une cavité laser [14] avec une configuration dite de Littman-Metcaff [15], où un réseau de diffraction et un miroir rotatif en permettent l’accordabilité en longueur d’onde. Dans ce travail [14], le Ti:saphir a été pompé par un laser Nd:YAG qui a été doublé en fréquence ; il a ainsi été possible d’obtenir une accordabilité sur une plage allant de 746 nm à 918 nm. Ce laser opérait en régime impulsionnel avec des impulsions monomodes d’une durée de 2 ns avec une énergie atteignant 2 mJ [14]. Plus récemment, il a été possible d’obtenir une plage d’accordabilité couvrant un peu plus de 300 nm ; cette plage s’étend d’en deçà de 700 nm à un peu plus de 1000 nm [16]. Il existe plusieurs autres lasers à l’état solide, certains utilisant des matériaux dopés ytterbium, tel 1 qu’il sera discuté un peu plus loin. Les oscillateurs paramétriques optiques (OPO) peuvent être utilisés comme des sources laser accordables. Pour faire fonctionner un OPO, il faut avoir un laser pompe, souvent un laser à l’état solide, et un cristal inséré dans une cavité résonante. Lorsqu’un laser de haute puissance pompe le cristal, des effets non-linéaires généreront de nouvelles fréquences optiques. Le signal de sortie sera défini selon la règle ω1 + ω2 = ω3 où ω1 est la fréquence du signal de sortie, ω2 est la fréquence de l’onde idler et ω3 est la fréquence de la pompe. L’accordabilité peut être réalisée en tournant le cristal ou en variant la température, ce qui change l’accord de phase, ou en changeant la fréquence de la pompe [13]. Il n’y a pas d’inversion de population pour obtenir le signal de sortie, mais le signal de sortie doit respecter les règles du changement de fréquence et de l’accord de phase. On a évidemment besoin de miroirs disposés de chaque côté du cristal pour constituer un oscillateur. Bien sûr, il y a une limite pratique, comme le montre l’un des premiers OPO accordables [17] qui a été réalisé. Cet oscillateur a pu être accordé de 960 nm à 1150 nm en changeant la température du cristal ; le cristal utilisé était le LiNbO3 . Plus récemment, un amplificateur optique paramétrique (OPA) accordable dans le proche infrarouge pouvant produire des impulsions de l’ordre de quelques dizaines de femtosecondes (fs) a été mis en opération. Cet OPA utilise un cristal de BiB3 O6 avec une pompe à 800 nm émettant à une cadence de 1 KHz provenant d’un laser Ti:saphir, ce qui a permis d’obtenir une accordabilité sur une plage allant de 1.15 µm à 1.6 µm [18]. Dès l’invention du laser, ses utilisateurs tentent d’en diminuer le volume tout en ne sacrifiant pas son efficacité. Ainsi, ils ont réussi à opérer un laser de très faible volume ayant comme milieu actif un semi-conducteur, lequel est couramment appelé diode laser. La diode laser est composée d’un semi-conducteur très mince placé à une jonction p-n ; ce semi-conducteur agit comme milieu actif (i.e. fournissant du gain). En injectant du courant dans le milieu de gain, on obtient une émission laser guidée par la différence d’indice entre le milieu de gain et la jonction p-n. La découverte de l’émission de lumière cohérente provenant d’un semi-conducteur remonte à l’année 1962 [19]. Ce genre de laser peut être très petit, avec une longueur variant de 250 µm à 1000 µm et avec une zone active de moins de 1 µm d’épaisseur. Une ou deux faces de la diode pourront avoir des antireflets, dépendamment de son utilisation ; la plupart des diodes laser utilisent des cavités résonantes Fabry-Perot ou du type DFB. Il est aussi possible d’accorder la longueur d’onde d’émission d’une diode laser en changeant sa fréquence de résonance au moyen d’un changement de température ou de courant. Si on opère la diode laser avec une cavité externe, un changement de la longueur de la cavité (par exemple, avec un déplacement piézoélectrique) mène à un changement de la longueur d’onde laser. Ces approches produisent une syntonisation fine de la longueur d’onde ; la variation de la fréquence laser sera au maximum de c/2Lcav , soit l’espacement entre les modes longitudinaux. On peut obtenir une syntonisation si la diode laser est opéré 2 avec une cavité externe munie d’un réseau de diffraction en configuration Littrow ou en configuration Littman-Metcalf ; il faut alors déposer une couche antiréflectrice sur une face de la diode laser. On peut aussi utiliser un interféromètre de Fabry-Perot comme filtre spectral. Les diodes laser munies d’un guide d’onde avec une grande extension latérale opèrent en régime multimode. Les diodes laser ont de larges raies d’émission causées par un court temps de vie des photons dans la cavité. En ajoutant une cavité externe à la diode, la cavité sera effectivement plus longue, ce qui rétrécit la raie d’émission laser. Avec une cavité externe où l’on a placé un résonateur Fabry-Perot comme élément dispersif, le groupe de C. Voumard a accordé une diode laser sur une plage de 10 nm [20]. Le groupe de C. Voumard a aussi montré une accordabilité plus fine en variant la longueur de la cavité externe [20]. Les différentes plages d’accordabilité de longueur d’onde pour les diodes sont le résultat des différents matériaux utilisés [13]. Dans les dernières années, un laser accordable basé sur une diode avec une cavité externe et un réseau de diffraction à pas variable en configuration Littrow a produit une accordabilité de 23 nm sans saut de mode [21]. Plus récemment, le même groupe [22] à réussi à faire une accordabilité sur 66 nm avec la même configuration de cavité Littrow. La fibre optique est un support physique qui peut guider la lumière selon le principe de la réflexion totale interne. Ceci a mené à de nouvelles configurations de cavités laser et à de nouveaux champs d’expertise. Les lasers à fibre peuvent être compacts et présentent l’avantage de ne pas avoir besoin d’alignement. Par exemple, le groupe de R.A. Perez-Herrera a mis au point un laser avec une fibre amplificatrice à l’erbium et deux réseaux de Bragg centrés à 1553.33 nm [23]. Ce laser pouvait être opéré avec une longueur d’onde ou deux longueurs d’onde d’émission. Il existe aussi des cavités fibrées qui sont accordables soit par la dispersion interne de la cavité, par une sélection à l’aide d’un filtre spectral ou par un effet Fabry-Perot modulant les pertes en fonction de la fréquence optique. D’autres lasers sont composés d’un étalon Fabry-Perot et d’une fibre dopée à l’erbium insérés dans une cavité en anneau [24]. L’accordabilité est possible sur une plage qui s’étend de 1525 nm à 1586 nm et ce, en variant l’angle d’incidence du faisceau sur l’étalon Fabry-Perot ; ceci change indirectement la longueur effective de l’étalon Fabry-Perot [24]. D’autres lasers accordables basés sur des fibres dopées erbium ont été opérés avec différents schémas. Le groupe de C.-H. Yeh a assemblé un laser à fibre dopée erbium qui est accordable avec un filtre Fabry-Perot syntonisable et avec trois cavités externes qui stabilisent la puissance et la longueur d’onde sélectionnée. La couverture spectrale ainsi obtenue s’étend de 1481 nm à 1513 nm [25]. Un autre schéma de cavité présente un laser accordable sans partie mécanique. Il se base sur un étalon Fabry-Perot dont la fréquence de résonance est ajustée thermiquement ; la plage de syntonisation est cependant limitée à 1.2 nm [26]. D’autres schémas se basent sur un filtre acousto-optique accordable pour sélectionner la longueur d’onde [27, 28]. Un schéma différent développé pour les applications d’imagerie par la méthode d’OCT utilise une cavité fibrée avec un amplificateur à semi-conducteur servant de milieu actif ; ce schéma comprend 3 aussi une partie à l’air libre avec un réseau de diffraction et un polygone qui tourne à haute vitesse pour effectuer le balayage [29]. L’accordabilité s’étend sur 73 nm, allant de 1282 nm à 1355 nm. Avec une fibre dopée ytterbium et une cavité Littrow [30]¸ l’accordabilité peut s’étendre sur une plage allant de 1027 nm à 1105 nm. En placant une fibre dopée ytterbium dans une cavité contenant un réseau de Bragg qui sera comprimé pour changer la longueur d’onde réfléchie, le groupe de V.A. Akulov a réalisé une sélection de la longueur d’onde [31]. Une accordabilité sur 45 nm a été obtenue, allant de 1063 nm à 1108 nm ; une puissance de sortie stable sur 40 nm a été observée. Le dopage de fibre optique avec du thulium a été utilisé dans les dernières années pour faire des lasers à fibre accordables [32]. Avec une configuration de cavité Littrow, un laser à fibre de fluorure dopée thulium a été accordé sur une plage de 140 nm, allant de 2275 nm à 2415 nm avec une largueur de raie de 210 MHz [33]. En gardant cette même configuration Littrow, et ce avec un fibre de silice dopée thulium, la plage d’accordabilité obtenue s’étale de 1860 nm à 2090 nm [30]. L’intérêt du thulium est qu’il peut servir, entre autres, pour détecter des hydrocarbures gazeux à cause de sa plage spectrale [33]. L’ensemble des lasers présentés jusqu’ici étaient des lasers accordables opérant en régime continu (CW) [19–21, 24–33] ou pulsé [12, 14, 17]. Ils comportaient des pièces mécaniques [12, 14, 21, 26, 29–33], se basaient sur la dispersion interne de la cavité avec une modulation spectrale dont la période est ajustable ou un filtre fréquentiel [19–21, 24, 25, 27, 28] ou utilisaient un contrôle par la température [17,26] pour réaliser l’accordabilité. Une classe de lasers qui est en forte demande dans les milieux scientifique et industriel est un laser accordable qui opère en régime impulsionnel. Par exemple, pour la recherche en physique médicale, on utilise les lasers accordables pour la microscopie par diffusion Raman anti-Stokes cohérente (CARS). Pour ce faire, le groupe de Feruz Ganikhano a utilisé l’onde ”idler” et l’onde signal d’un OPO pour obtenir les deux longueurs d’onde nécessaires [34]. L’accordabilité a été obtenue en faisant varier la température du cristal de l’OPO, ce qui permet une différence de fréquence continue entre les deux ondes émises par l’OPO. Cependant, cette approche demeure trop lente pour présenter un intérêt pratique en microscopie CARS. L’étude de ce mémoire porte sur les lasers accordables. Pour opérer en régime impulsionnel nous avons choisi une technique bien connue, soit la synchronisation modale active (”active mode-locking”). En faisant fonctionner le laser en régime de synchronisation modale, on obtient un train stable et répétitif d’impulsions de courte durée. Un des impacts du régime impulsionnel est que, selon la puissance des impulsions, il peut y avoir des effets non linéaires dus à l’interaction entre les impulsions et les matériaux de la cavité. En général, les lasers accordables à synchronisation modale sont peu flexibles lorsque l’on veut changer soit la longueur d’onde d’émission laser, la durée des impulsions ou la puissance de sortie ; ces 4 lasers font intervenir des pièces mobiles qui rendent leur utilisation compliquée et l’accordabilité lente. Avec une demande croissante pour ce type de laser dans plusieurs domaines, il serait intéressant d’augmenter les degrés de liberté du laser afin d’augmenter la vitesse d’accordabilité, et de varier la durée des impulsions et la puissance de sortie. Grâce à une collaboration entre Genia Photonics Inc., qui a introduit un laser qui répond aux besoins actuels du marché, et l’Université Laval, il a été possible d’effectuer l’étude de la dynamique d’un tel laser. Le laser de Genia Photonic Inc. est tout fibré ; il comprend une fibre amplificatrice à l’erbium, un réseau de Bragg à pas variable (”chirpé”) pour introduire de la dispersion et un modulateur d’amplitude dont la fréquence de modulation est ajustable. Ce laser opère en régime de synchronisation modale active et, en variant la fréquence de modulation, on sélectionne la longueur d’onde. Lors du développement de ce laser, les concepteurs ont été confrontés à des instabilités. Le but de cette collaboration est d’étudier et d’éliminer les instabilités d’accordabilité qui sont dues à un défaut de fabrication des réseaux de Bragg chirpés, partie importante du montage. Dans le cadre de la collaboration, une analyse numérique et théorique du problème, réalisée par M. Olivier [35], montre qu’il est possible d’éliminer ces instabilités si les paramètres de modulation sont bien choisis. L’étape suivante, qui fait l’objet de ce mémoire, en est l’étude expérimentale ; on s’est concentré sur l’effet que peuvent causer des perturbations de phase et/ou d’amplitude sur l’accordabilité en fonction de la longueur d’onde et la qualité des impulsions. Depuis déjà plusieurs années, il existe des lasers accordables qui se basent sur la dispersion interne de la cavité pour produire l’accordabilité. En opérant un laser qui a une grande dispersion en régime de synchronisation modale active, il devient assez simple de sélectionner une longueur d’onde par un faible changement de la fréquence de modulation. Il y a quelques années, un laser accordable se servant d’une longue fibre dispersive, d’une fibre dopée à l’erbium et d’un modulateur en amplitude a été mis au point [36]. Le groupe de Shenping Li a obtenu un laser accordable sur une plage de 37 nm, et ce en variant la fréquence de modulation autour de 1 GHz. Ils ont aussi réalisé une cavité accordable doublement résonante, et ce, de façon continue sur 17 nm. La durée des impulsions se situait autour de la centaine de picosecondes et la cadence variait autour de 3 GHz. Quelques mois plus tard, le même groupe de recherche a réalisé un laser accordable avec un montage semblable, dont le milieu dispersif était un réseau de Bragg chirpé linéairement et le milieu de gain était une fibre de silice dopée erbium [37]. Cette fois, ils ont obtenu un accordabilité continue sur 7.2 nm ou 5.8 nm en faisant varier la fréquence de modulation autour de 2.48 GHz ou 6.3 GHz. La durée minimale des impulsions obtenue était de 20 ps. Un autre laser muni d’un réseau de Bragg chirpé a été mis au point, et ce, avec des résultats semblables, toujours en utilisant la synchronisation modale active opérée à des harmoniques d’ordre élevé [38]. Plus récemment, un laser accordable basé sur une diode laser avec une cavité externe comprenant un réseau de Bragg chirpé a été réalisé ; un signal RF modulant la diode laser a mené à une 5 accordabilité sur 27 nm, i.e. de 1537.6 nm à 1564.52 nm [39]. La plupart de ces lasers accordables utilisaient des contrôleurs de polarisation pour s’assurer que le modulateur puisse fonctionner de façon optimale et employaient des harmoniques élevés de la fréquence fondamentale de la synchronisation modale, ce qui mène à des taux de répétition très élevés. Il y a la compagnie Genia Photonics Inc. qui a réussi à concevoir un laser accordable tout fibré en fibre à maintien de polarisation, avec un modulateur en amplitude, un réseau de Bragg modulé et une fibre à l’erbium comme milieu de gain. La laser est accordable sur 80 nm, i.e. de 1520 nm à 1600 nm et avec la possibilité d’une grande rapidité de balayage (10 Mλ/s) [40, 41]. Ce mémoire portera sur la caractérisation d’un laser à fibre dopée à l’erbium muni d’une cavité très dispersive et opéré en régime de synchronisation modale active. La dispersion de la cavité est produite dans une partie à l’air libre où l’on insère une paire de réseaux de diffraction. Ce laser est accordable en longueur d’onde et il peut générer des impulsions de durée variable, autour d’une centaine de picosecondes. L’ensemble de la cavité est construite avec des fibres à maintien de polarisation. L’étude portera sur l’effet de perturbations périodiques au délai de groupe ou aux pertes en fonction de la fréquence sur l’accordabilité du laser. Les perturbations du délai de groupe seront obtenues avec un interféromètre de Gires-Tournois ; cet élément provoque une modulation périodique du délai en fonction de la longueur d’onde. La paire de réseaux induit une dispersion anomale, la durée d’un trajet dans la cavité devenant une fonction de la longueur d’onde ; ceci rend la longueur d’onde d’émission laser dépendante de la fréquence de modulation de la synchronisation modale. L’utilisation du modulateur en amplitude permet de varier la durée des impulsions en changeant la durée du signal de modulation. La puissance des impulsions peut être simplement changée par une variation de la puissance pompe, jusqu’à une certaine limite où la synchronisation modale devient instable dû aux effets non linéaires trop importants. Dans les chapitres qui vont suivre, on présentera l’étude qui a été réalisée sur le laser à fibre accordable en régime de synchronisation modale. Le chapitre 1 décrira les propriétés des lasers à fibre, des lasers à fibre accordables et de la fibre amplificatrice à l’erbium. Le chapitre 2 portera sur la physique des lasers en général, couvrant la physique du laser à modes synchronisés avec dispersion, l’accordabilité d’un laser à synchronisation modale active, les solitons et la compression solitonique, la dispersion induite par la paire de réseaux et l’effet de composantes interférométriques. Dans le chapitre 3, on décrira le montage expérimental et on effectuera la caractérisation des composantes présentes dans la cavité. Dans le chapitre 4, on présentera une modélisation numérique de la cavité laser à l’aide d’un programme qui suit l’évolution de l’impulsion dans la cavité, et ce en partant de bruit jusqu’à l’obtention d’une impulsion stable ou non. Le chapitre 5 portera sur les résultats expérimentaux de l’accordabilité de la longueur d’onde laser et sur la caractérisation des impulsions laser obtenues. Pour terminer, il y aura une conclusion avec une proposition de travaux futurs. 6 Chapitre 1 Les lasers à fibre : Un bref aperçu 1.1 Introduction La fibre optique est un support à base de verre ou de plastique recouvert d’un polymère qui sert à guider la lumière. Elle fut popularisée il y a environ une quarantaine d’années par Corning Glass Works qui a réussi à en réduire les pertes à 7dB/km pour une longueur d’onde de 632 nm [42]. Le guidage dans la fibre optique est basé sur le principe de réflexion totale interne, lequel permet à la lumière de se propager à l’intérieur du guide de verre (voir figure 1.1a). La réflexion totale interne est possible lorsque l’indice du coeur est plus élevé que celui de la gaine (nc >ng ) et que l’angle d’incidence est plus élevé que l’angle critique répondant à la loi de Snell-Descartes : θl = sin−1 (n g /nc ). Il y a plusieurs avantages à former une cavité laser avec de la fibre optique ; la fibre optique permet de ne plus se soucier de l’alignement entre les composantes, la cavité laser devient donc moins sensible aux vibrations mécaniques et il est facile d’apporter des changements à la cavité. (a) (b) F IGURE 1.1 – a) Représentation de la réflexion totale interne dans une fibre optique. b) Structure d’une fibre optique. Pour obtenir un effet laser, il faut un milieu amplificateur ainsi qu’une cavité résonante. Pour réaliser l’amplification de la lumière, il faut doper le verre de la fibre avec de l’erbium, de l’ytterbium ou d’autres terres rares. Les fibres optiques sont des guides très petits, avec un coeur de l’ordre de quelques micromètres ; le fort confinement du faisceau dans le coeur 7 ainsi que la grande longueur des fibres amplificatrices permettent une amplification importante du signal incident. La forme allongée de la fibre, ainsi que sa faible section permettent un excellent échange thermique lors du pompage, empêchant la fibre de trop chauffer. La puissance qui circule dans la cavité fibrée peut être très élevée ; cette puissance peut même être comparable, voire supérieure à celle de lasers munis de cavités à l’air libre. Le groupe de M. Baumgartl a réussi à opérer un laser fibré pulsé avec une puissance moyenne de 27 W et une puissance crête de 3.2 MW, pour des impulsions de 100 fs [43]. Le groupe de J. Limpert a réussi à opérer un laser déclenché (”Q-switched”) capable de fournir des impulsions d’environ 100 ns avec une énergie de 4 mJ et 100 W de puissance moyenne [44]. Pour les lasers CW, la compagnie IPG a conçu un laser à fibre qui peut fournir une puissance jusqu’à 50 kW en continu [45]. Dans les lasers à fibre, la distance d’interaction entre le milieu amplificateur et le signal laser est plus longue. Ceci peut créer des effets non-linéaires, certains désirés, comme la compression solitonique que l’on verra plus tard, ou d’autres qui peuvent s’avérer nuisibles, comme des modifications spectrales et des instabilités de puissance [46]. La durée des impulsions fournies par les lasers à fibre est maintenant semblable à celle de lasers à l’air libre. L’équipe de recherche de K. Kie a réalisé un système laser à fibre pouvant générer des impulsions de 14 fs avec une largeur spectrale s’étendant de 1000 nm à 1500 nm au moyen d’un oscillateur laser fibré muni d’un absorbant saturable constitué de nanotubes de carbone, suivi d’un amplificateur à fibre [47]. Il existe plusieurs catégories de fibres permettant de guider la lumière ; nous allons nous restreindre à deux types particuliers. Premièrement, il y a la fibre monomode très utilisée dans le domaine des télécommunications, par exemple la fibre SMF-28. Ce type de fibre a un coeur de silice avec un faible coefficient de perte pour un signal dont le spectre est centré à 1550 nm. En apportant une légère modification à ce type de fibre, on peut la rendre biréfringente, ce qui est le deuxième type de fibre. Pour ce faire, on peut insérer deux petits barreaux de verres différents de chaque côté du coeur de la fibre ; on rend le milieu biréfringent par le stress imposé par les barreaux. La polarisation de la lumière est alors décomposée selon les axes rapide et lent du milieu. Ce type de fibre est souvent appelé ”fibre PANDA” (voir figure 1.2) ; cette fibre, dite à maintien de polarisation (PM) permet de préserver l’état de polarisation lors de la propagation. La fibre PM est nécessaire avec certaines composantes optiques, comme les modulateurs qui ont besoin d’une lumière polarisée ou l’étude de phénomènes physiques et régimes dynamiques (dont certaines configurations de synchronisation modale). 1.2 Lasers à fibre accordables Depuis que des fibres optiques performantes sont disponibles commercialement, plusieurs types et configurations laser basés sur celles-ci ont été mis au point pour divers usages com- 8 F IGURE 1.2 – Fibre à maintien de polarisation. merciaux ou de recherche. Les lasers à fibre accordables sont le résultat de plusieurs développements dans les lasers à fibre et les composants fibrés. Les lasers accordables permettent de choisir la longueur d’onde d’émission laser ou de balayer les longueurs d’onde comprises dans la plage de gain. Il se développe un intérêt grandissant pour les lasers fibrés accordables en longueur d’onde et il en existe déjà quelques configurations permettant un balayage spectral intéressant. S’il faut sélectionner une longueur d’onde d’émission laser bien précise, il est possible d’utiliser une cavité en anneau, avec un milieu de gain tel que l’erbium ou l’ytterbium, où l’on insère un interféromètre Fabry-Perot (figure 1.3a) ou un filtre interférentiel [24]. Il suffit de faire varier la longueur de l’interféromètre pour favoriser une longueur d’onde particulière par effet de résonance et ainsi accorder le laser de la façon désirée. L’utilisation d’un élément piézo-électrique pour varier la longueur de l’interféromètre permet une sélection précise et rapide. Une autre configuration permettant un balayage de la longueur d’onde d’émission laser comprend un réseau de diffraction, un télescope et un miroir en forme de polygone qui tourne à haute vitesse [29]. L’angle d’incidence sur le réseau de diffraction et la direction de rotation du polygone déterminent si le balayage est positif (vers les hautes longueurs d’onde) ou négatif ; dans le cas de la figure 1.3b, c’est un balayage positif. (a) (b) F IGURE 1.3 – a) Schéma d’une cavité accordable avec un étalon Fabry-Perot (FFP). b) Schéma d’une cavité à balayage avec polygone. La première cavité présentée à la figure 1.3a base son accordabilité sur une modulation spectrale effectuée par un interféromètre de Fabry-Perot et la deuxième base son accordabilité sur 9 un réseau de diffraction combiné à un système mécanique. Il peut en résulter des problèmes de vibration ou une limite à la vitesse d’accordabilité. Il est aussi possible d’opérer un laser accordable en insérant un filtre interférentiel dans une cavité en anneau et en accordant le laser en tournant le filtre interférentiel. Cette méthode a été utilisée par la compagnie EXFO pour obtenir une accordabilité sur 100 nm [48]. Une autre configuration de laser accordable utilisant une cavité fibrée incorporant une fibre dispersive très longue, un modulateur en amplitude et des contrôleurs de polarisation est présentée à la figure 1.4 [36]. La fibre dispersive, dont la longueur peut atteindre des centaines de mètres, introduit un délai qui dépend de la longueur d’onde ; tout signal de longueur d’onde différente subit donc un délai temporel différent lors d’un tour de cavité. Si on veut en faire un laser à modes synchronisés, il suffit d’ajouter un modulateur d’amplitude qui formera les impulsions à un taux de répétition fixé par la fréquence de modulation. Comme les signaux de différentes longueurs d’onde prennent des temps différents pour compléter un tour de cavité, la longueur d’onde laser devient dépendante de la fréquence de modulation. Ce laser ne contient aucune pièce mécanique, ce qui est déjà une amélioration, mais la fibre dispersive doit être très longue, ce qui ne permet pas d’opérer une source laser à des taux de répétition de la dizaine de MHz ou plus (sauf en régime de synchronisation modale harmonique). F IGURE 1.4 – Schéma de la cavité d’un laser accordable en longueur d’onde avec une fibre dispersive (DCF). Il serait bien de disposer d’un laser qui ne contient aucune pièce mécanique pour l’accordabilité et qui permet une certaine flexibilité sur les paramètres de l’émission laser. C’est ce que propose Genia Photonics Inc. avec un laser tout fibre et dont le contrôle est électrique (figure 1.5) [40]. Le laser de Genia Photonics Inc. est muni d’un réseau de Bragg fibré à pas variable (”chirped fiber Bragg grating”, i.e. CFBG) qui sert de milieu dispersif, d’un circulateur, de fibres à maintien de polarisation et d’un modulateur d’amplitude. Ce laser fonctionne sur le même principe que le laser montré à la figure 1.4, mais le milieu dispersif est beaucoup plus court, car sa dispersion est très élevée. La cavité est entièrement fibrée et ne possède aucune pièce 10 F IGURE 1.5 – Schéma d’un laser accordable en longueur d’onde de Genia Photonics Inc.. mécanique ajustable ; il est donc approprié de lui porter un intérêt particulier. La méthode de fabrication du CFBG est sujette à diverses irrigularités. Ceci se manifeste par de petites oscillations dans le délai de groupe d’une impulsion réfléchie [49]. L’impact est visible sur l’accordabilité qui n’est plus continue (linéaire) et ressemble à un escalier [40], car on note des réflexions parasites dans le réseau de Bragg à pas variable (voir figure 1.6) [50]. Ces réflexions parasites ont comme impact d’égaliser la durée du parcours optique pour plusieurs signaux centrés à différentes longueurs d’onde [49]. Il serait donc important d’étudier ce phénomène et de pouvoir le diminuer ou de l’éliminer pour obtenir un laser accordable de façon continue. Il faut mentionner que les réseaux de Bragg à pas variable n’ont pas une réflectivité parfaitement uniforme en fonction de la longueur d’onde ; on note de légères ondulations dans la courbe de réflectivité, avec des périodes d’oscillation qui correspondent qualitativement à celles du délai de groupe ; la courbe de réflectivité et celle des pertes sont complémentaires. Les résultats de l’étude effectuée par M. Olivier [35] sur les instabilités d’accordabilité et de la forme des impulsions ont montré qu’il serait possible de contourner le problème. Pour y arriver, il suffisait de choisir une durée de signal de modulation électrique optimale pour une perturbation de phase donnée ; en procédant ainsi on diminue également les instabilités des impulsions. Comme le problème a été contourné, il serait intéressant de caractériser ces instabilités en choisissant le type et l’importance des perturbations qu’il faudrait créer dans un laser légèrement différent pour reproduire les défauts des réseaux de Bragg à pas variable. La différence majeure de la cavité que nous utiliserons réside dans le choix d’un élément dispersif à l’air libre ; c’est aussi à cet endroit que l’on implante des éléments optiques interférométriques qui produiront les oscillations dans le délai de groupe. 1.3 Fibre amplificatrice dopée à l’erbium Lorsque l’on assemble un laser, il est important de bien choisir les composantes pour obtenir un fonctionnement optimal afin d’atteindre les performances requises pour les utilisation vi- 11 (a) (b) F IGURE 1.6 – a) Schématisation d’un réseau de Bragg modulé et de la réflexion parasite due au procédé de fabrication. b) Mesure expérimentale du délai de groupe d’une réseau de Bragg ”chirpé” et des oscillations du délai de groupe (GDR) [49]. sées. Une composante clé est la fibre amplificatrice qui permet de choisir la longueur d’onde d’émission laser selon sa plage de gain. Dans le cas présent on utilisera un fibre dopée à l’erbium comme milieu actif. Ce choix est motivé par le fait que cette fibre est très utilisée dans le domaine des télécommunications. C’est aussi le type de fibre amplificatrice qui est utilisée par Genia Photonics Inc. dans plusieurs de ses lasers. Cette fibre active a un coefficient de conversion de la pompe qui dépend de la quantité de dopant, de la longueur de fibre amplificatrice et de la longueur d’onde de pompe utilisée. Le choix judicieux de la longueur d’onde de pompe permettra un meilleur coefficient de conversion de celle-ci et améliora l’efficacité laser. Il est connu que cette fibre de gain est bien représentée par un système à trois niveaux, comme montré à la figure 1.7. F IGURE 1.7 – Représentation des niveaux d’énergie de l’erbium avec les temps de vie des niveaux excités correspondants. Ce milieu amplificateur possède une transition à 1550 nm avec un niveau supérieur dont le 12 temps de vie est d’une dizaine de millisecondes. Ce temps de vie favorise l’établissement d’une inversion de population, donc du gain laser. Il est important de choisir une diode pompe qui a un haut coefficient d’absorption, pour atteindre le meilleur taux de conversion possible dans la plage de gain. La fibre dopée à l’erbium possède un pic d’absorption pour des longueurs d’onde de 980 nm ou de 1480 nm ; sa courbe de gain s’étale de 1510 nm à au-delà de 1580 nm comme le montre la figure 1.8 tirée de la référence [51]. (a) (b) F IGURE 1.8 – a) Courbe d’absorption en fonction de la longueur d’onde pour une fibre dopée erbium. b) Courbe de gain de l’erbium après excitation. On peut constater que la réponse de l’erbium à une excitation [52] ne produit pas un gain uniforme pour toute la plage de gain. On peut donc s’attendre à ce que la puissance laser varie lorsque l’on balaie la longueur d’onde d’émission. 13 Chapitre 2 Synchronisation modale active avec une cavité dispersive : considérations théoriques 2.1 Modèle du laser à modes synchronisés avec dispersion Les lasers à modes synchronisés sont couramment utilisés pour produire de courtes impulsions de durée picoseconde ou femtoseconde avec un taux de répétition constant. Il en résulte un train d’impulsions stable dans le temps. Cette méthode est basée sur la synchronisation de la phase de plusieurs modes oscillant dans la cavité et ce tour après tour. Le milieu de gain présent dans la cavité laser possède une certaine largeur spectrale en fréquence, i.e. une plage de gain sur laquelle l’impulsion peut s’amplifier. Selon les caractéristiques de la cavité, il y aura excitation de modes longitudinaux situés dans la plage de gain ; certains de ces modes se maintiendront après plusieurs allers-retours (voir la figure 2.1). Grâces à l’interférence constructive des modes synchronisés, il se crée une ou plusieurs impulsions dans la cavité. La synchronisation modale peut-être réalisée de façon active ou passive. Pour réussir la synchronisation modale active, il faut s’assurer que lors de chaque aller-retour, l’impulsion qui circule dans cavité reste synchronisée avec la modulation externe ; ceci exige que la fréquence de modulation soit reliée directement à la longueur de la cavité selon : fm = 2∗ n co f ibre Lcavité (2.1) où f m est la fréquence de modulation, co est la vitesse de la lumière dans le vide, n f ibre est l’indice de groupe de la fibre, 2∗ = 1 pour une cavité en anneau ou 2 pour une cavité à ondes stationnaires et Lcavité est la longueur de la cavité. Dans ce projet, nous avons utilisé la méthode de la synchronisation modale active pour générer des impulsions. Pour avoir une idée de la durée des impulsions, il est possible de 15 F IGURE 2.1 – Schématisation de la synchronisation modale. développer un modèle analytique qui considère chacune des parties du laser avec lesquelles l’impulsion va interagir. Ce modèle supposera une impulsion gaussienne circulant dans la cavité. On montre à la figure 2.2 la cavité qui sera analysée avec ce modèle analytique. F IGURE 2.2 – Schéma d’une cavité en anneau comprenant un élément dispersif et un modulateur en amplitude. Considérons en premier la situation où un faisceau de faible puissance circule dans la cavité, ce qui permettra de supposer une opération dans le régime linéaire des lasers à modes synchronisés. Pour ce faire, on se base sur le modèle de Kuizenga-Siegman [53], lequel suppose que l’impulsion circulant dans la cavité sera de forme gaussienne. On va considérer l’effet de chacun des éléments de la cavité sur l’impulsion initiale pour 16 déterminer les paramètres de l’impulsion en régime permanent. Le champ incident dans le domaine spectral est défini comme la transformée de Fourier [54] de l’impulsion dans le domaine temporel : n o e1 (ω ) = F E e1 (t) E = F A1 exp(−Γ1 t2 ) exp( jω0 t) (2.2) (2.3) où Γ1 = α − jβ. L’impulsion traverse en premier un élément dispersif. Dans le cas que nous étudierons expérimentalement, l’élément dispersif utilisé sera une paire de réseaux de diffraction qui produira une dispersion anomale. Les réseaux de diffraction feront en sorte que le parcours optique variera selon la fréquence et donc il s’en suivra un délai temporel différent pour chacune des longueurs d’onde composant le spectre de l’impulsion. On peut exprimer l’effet du milieu dispersif par la fonction de transfert suivante : φ2 2 r (ω ) = exp − j ω 2 (2.4) où φ2 est le coefficient de dispersion d’ordre 2 (ps2 ) associé à la paire de réseau de diffraction qui induit un glissement en fréquence linéaire tout au long de l’impulsion et ω est la fréquence angulaire optique. La fréquence ω est mesurée à partir de la fréquence ω0 de la porteuse de l’impulsion initiale. Voyons l’effet du milieu dispersif sur l’impulsion incidente en lui appliquant la fonction de transfert : e2 (ω ) = E e1 (ω )r (ω ) E r π −ω 2 φ2 2 e exp exp − j ω E2 (ω ) = A1 Γ1 4Γ1 2 r 2 e2 (ω ) = A1 π exp −ω E Γ1 4Γ2 1 1 = + 2jφ2 Γ2 Γ1 (2.5) (2.6) On constate que la dispersion produit une impulsion avec un déphasage dépendant de façon quadratique de la fréquence angulaire optique. L’impulsion va ensuite passer dans le modulateur en amplitude. Cet élément module les pertes de l’impulsion circulant dans la cavité selon une fréquence ajustée à la longueur du parcours optique de la cavité. D’après Kuizenga et Siegman [53], on peut exprimer la fonction de transmission du modulateur par : m(t) = exp [−∆m (1 − cos(ωm t))] (2.7) où ∆m est la profondeur des pertes de modulation et ωm = 2π/Tm est la fréquence de modulation, i.e. le taux de répétition (fois 2π). Il faut donc que cette fréquence de modulation soit accordée à l’inverse de la durée d’un trajet dans la cavité. 17 On suppose que la durée des impulsions est petite par rapport à la période de modulation (Tm ), ce qui signifie que la relation (2.7) se réduit à : ∆m 2 m(t)≈ exp − ( ωm t ) 2 (2.8) On peut réécrire l’équation (2.8) comme : t2 |m(t)| = exp −4 ln 2 2 tm 2 (2.9) où tm est la durée totale à mi-hauteur (FWHM) du signal de modulation en intensité. On trouve facilement que tm est relié aux paramètres de la fonction de modulation définie à (2.7) : s tm = 4 ln 2 2 ∆m ωm (2.10) Pour analyser l’effet du modulateur d’amplitude sur le profil de l’impulsion, on doit revenir dans le domaine temporel, en effectuant une transformée de Fourier inverse de (2.5) : Ẽ3 (t) = F −1 Ẽ2 (ω ) m(t) r r π Γ2 ∆m 2 2 Ẽ3 (t) = A1 exp −Γ2 t exp − ( ωm t ) Γ1 π 2 s Γ2 exp −Γ3 t2 Ẽ3 (t) = A1 Γ1 Γ3 = Γ2 + (2.11) ∆m 2 ω 2 m On peut constater que le modulateur d’amplitude apporte une contribution à la partie réelle de l’argument de la gaussienne. Il a donc un effet direct sur l’amplitude de l’impulsion selon la fréquence et la profondeur de modulation choisies. Il faut aussi considérer l’effet du gain sur le signal circulant dans la cavité, ce qui est défini par : s Ẽ4 (t) = A1 Γ2 Gρ Γ1 (2.12) où G est le facteur de gain saturé en amplitude et ρ est le coefficient de rétroaction. Les pertes en puissance par trajet dues à l’absorption, au couplage externe ou aux interfaces sont égales à (1 − ρ2 ). Dans cette analyse, on néglige l’effet du gain sur le spectre des impulsions ; on considère que le profil de gain est beaucoup plus large que le spectre des impulsions, celuici étant fixé par les autres effets en jeu dans la cavité. 18 Maintenant que l’on connaît les effets de chacune des composantes sur l’impulsion circulant dans la cavité, on peut en déterminer la durée et le glissement en fréquence (chirp). Il est bien connu que la durée à mi-hauteur en intensité d’une impulsion gaussienne est donnée par la relation suivante : r τp = 2 ln 2 α (2.13) En posant la condition de régime permanent Γ3 = Γ1 , on peut retrouver la valeur de α. ∆m 2 ω = Γ1 2 m Γ1 1 + 2jφ2 Γ1 2 ∆m 2 ∆m 2 ∆m ωm Γ1 + ωm −→ Γ1 Γ1 − ωm = Γ1 = 1 + 2jφ2 Γ1 2 2 4jφ2 Γ3 = Γ2 + où Γ2 = (2.14) Il est possible de procéder à quelques approximations qui vont simplifier le modèle, telles que : – On suppose de faibles changements par trajet dans la cavité – Dans l’équation (2.14), on suppose que Γ1 >> ∆m 2 2 ωm , puisque la correction effectuée par le modulateur à chaque trajet sur l’impulsion est très faible en régime permanent. On peut réécrire (2.14) de façon simplifiée : s Γ1 ≈ 2 ∆m ωm ≈ 0.3535(1 − j) 4jφ2 s ∆m ωm φ2 (2.15) On peut maintenant extraire l’information voulue sur les paramètres de l’impulsion en retournant aux équations (2.2), (2.13), (2.15) et en équilibrant les différents effets agissant sur l’impulsion. On trouve ainsi que α = β avec s α= ∆m ωm 8φ2 (2.16) Avec l’aide de l’équation (2.13) on peut déterminer la durée de l’impulsion selon les paramètres du laser, soit la dispersion due à la paire de réseaux, la profondeur de la modulation et la fréquence de la modulation. On trouve que la durée à mi-hauteur en intensité est donnée par : s s r r q p 2 ln 2 8φ2 ln 2 2φ2 τp = =2 = 2 tm φ2 ln 2 ωm ∆m ωm ∆ m (2.17) 19 Les paramètres qui affectent la durée de l’impulsion optique n’ont pas tous le même impact et il serait bon de voir leur influence pour plusieurs situations d’intérêt. La figure 2.3 montre comment varie la durée de l’impulsion optique en fonction de la durée du signal de modulation, pour diverses valeurs du coefficient de dispersion de la paire de réseaux. F IGURE 2.3 – Durée de l’impulsion en fonction de la durée du signal de modulation tm pour différentes valeurs de φ2 (en ps2 ). On peut constater que la durée de l’impulsion varie selon la racine carrée de la durée du signal de modulation. Le changement du signal de modulation a un effet direct sur la durée de l’impulsion et il faut rester dans la limite où les impulsions sont stables en présence du bruit d’émission spontanée et de non-linéarités optiques. À l’aide de simulations numériques et de vérifications expérimentales en laboratoire, on pourrait déterminer la zone de stabilité des impulsions face à ces effets perturbateurs. La dispersion de la paire de réseaux affecte aussi la durée de l’impulsion optique. On montre à la figure 2.4 comment varie la durée de l’impulsion optique en fonction du coefficient de dispersion φ2 , pour diverses valeurs de la durée du signal de modulation tm . On peut observer que l’impulsion est affectée par la dispersion, mais de façon moins sensible que pour la durée du signal de modulation. En effet, selon (2.17), la durée de l’impulsion varie selon la puissance 1/4 du paramètre de dispersion φ2 , alors qu’elle varie selon la puissance 1/2 de la durée tm du signal de modulation. Pour cette raison, lors de nos expériences, la durée de l’impulsion sera variée en changeant tm (ce qui présente des avantages pratiques par rapport à changer la dispersion de la paire de réseaux). Il est important de constater que, lorsque la dispersion tend vers zéro, le modèle mathématique ne peut plus prédire la durée des impulsions ; il faut alors retourner au modèle de Kuizenga-Siegman et considérer la largeur de la bande de gain pour déterminer la durée des impulsions. 20 F IGURE 2.4 – Durée de l’impulsion en fonction de la dispersion de la paire de réseaux pour différentes durées du signal de modulation. 2.2 Accordabilité d’un laser à synchronisation modale active muni d’un milieu dispersif Dépendamment comment la cavité laser est constituée, il est possible d’accorder la longueur d’onde d’émission laser sur toute la plage de gain. Tel que décrit à l’introduction, le balayage de la longueur d’onde laser peut être réalisé au moyen d’un interféromètre de Fabry-Perot, d’un filtre interférentiel ou d’un réseau de diffraction. Dans chaque cas, on doit procéder à l’ajustement mécanique d’une ou plusieurs pièces optiques insérées dans la cavité laser. Pour ce mémoire, l’accordabilité ou la sélection de la longueur d’onde laser sera obtenue par un montage sans déplacement de pièce mécanique. Dans la section précédente, on a exposé le fonctionnement de la synchronisation modale active ; c’est en se basant sur cette description qu’il sera possible d’expliquer la sélection spectrale. Les impulsions sont générées par un modulateur en amplitude, lequel est activé à une fréquence de modulation précise. Si on introduit dans la cavité un milieu très dispersif, la durée d’un parcours optique à travers toute la cavité sera différente pour chaque fréquence optique. On peut exprimer mathématiquement l’effet du milieu dispersif en posant qu’un signal centré à une fréquence ω1 prendre un temps différent pour faire le tour de la cavité qu’un signal centré à une fréquence ω2 . Ce temps supplémentaire est calculée à partir de la phase de l’onde circulant dans la cavité. La phase totale par trajet complet dans la cavité laser peut être écrite comme : Φ(ω ) = ∑ Φi ( ω ) = ∑ β i ( ω ) Li , i (2.18) i où Φi (ω ) est la phase associée au passage dans l’élément i de la cavité laser. Cette phase est exprimée comme le produit de la constante de propagation β i (ω ) du milieu i et de sa longueur Li . On peut développer chaque constante de propagation β i (ω ) comme une série 21 de Taylor autour de la fréquence centrale ω0 : 1 β i (ω ) = β i0 + β i1 (ω − ω0 ) + β i2 (ω − ω0 )2 + ... 2 avec β i0 = β i (ω0 ), β i1 = d dω β i ( ω )|ω =ω0 , β i2 = d2 β (ω )|ω =ω0 . dω 2 i (2.19) On a exprimé ce développe- ment jusqu’à l’ordre deux en fréquence ; en principe des termes supérieurs pourraient être ajoutés à cette série, si besoin est. Le coefficient β i0 est égal à ω0 /viφ , où viφ est la vitesse de phase à ω = ω0 dans le milieu i. On trouve aussi β 1i = 1/vig , où vig est la vitesse de groupe à ω = ω0 dans le milieu i. Quant au paramètre β i2 , il définit la dispersion de la vitesse de groupe dans ce même milieu. À partir de ces résultats, on peut donc poser : 1 Φ(ω ) = B0 + B1 (ω − ω0 ) + B2 (ω − ω0 )2 , 2 avec B0 = (2.20) ∑ βi0 Li , B1 = ∑ βi1 Li , B2 = ∑ βi2 Li . La durée Tcav (ω) d’un trajet dans la cavité i i i optique dépendra donc de la fréquence ω à cause de la dispersion des divers milieux insérés dans la cavité. Tcav (ω ) est trouvé à partir de la dérivée de la phase Φ(ω ) : Tcav (ω ) = d Φ(ω ) = B1 + B2 (ω − ω0 ) dω (2.21) On note qu’à la fréquence centrale ω0 , la durée d’un trajet se réduit à : Tcav (ω0 ) = B1 (2.22) Pour changer de longueur d’onde laser, il faut changer la fréquence de modulation. Pour l’exprimer mathématiquement, considérons un changement fractionnaire ’x’ de la période de modulation (Tmod = (1 + x ) Tcav (ω0 )). Ceci a pour effet de changer la relation Tcav(ω ) = Tmod pour B2 (ω − ω0 ) = xTcav (ω0 ) (2.23) En isolant le terme de fréquence, on pourra constater que la fréquence laser est donnée par : ω = ω0 + xTcav (ω0 ) B2 (2.24) D’après cette dernière relation, on constate que la fréquence laser peut être changée en modifiant la dispersion présente dans la cavité ou par un changement fractionnaire ’x’ de la période de modulation. On peut donc affirmer que le laser sera accordable tout simplement en syntonisant la fréquence de modulation. De façon graphique, on peut exprimer la sélection spectrale en fonction du changement ’x’ de la période de modulation, et supposer les autres paramètres constants. La valeur donnée à ’x’ représente la position temporelle périodique où la fenêtre de modulation va mener à une transmission maximale, permettant ainsi à un signal laser d’osciller à la fréquence ω fixée par (2.24). Pour le laser considéré dans notre 22 modèle (voir la figure 2.2), la principale source de dispersion provient d’un milieu fortement dispersif (une paire de réseaux), de sorte que B2 = φ2 . On peut voir sur la figure 2.5 que, pour différentes valeurs de ’x’, on peut obtenir différentes fréquences d’émission laser. Ces calculs sont effectués pour un laser à fibre dopée erbium. Sur la figure 2.5b, on a, pour la courbe verte une fréquence de 180 THz et un désaccord de -0.4, pour la courbe rouge une fréquence d’oscillation laser 194 THz et un désaccord nul et, pour la courbe bleue, une fréquence d’oscillation laser de 207 THz et un désaccord de 0.4. Il a été démontré expérimentalement que ce type de laser peut être accordable selon un changement de la période de modulation [55] ; le modulateur agit à la fois comme une porte temporelle et un filtre spectral qui a un maximum de transmission pour une période de modulation donnée, donc pour une fréquence laser correspondant à cette période. 2.3 Solitons et compression solitonique Lorsque des impulsions se propagent dans une fibre optique, il y a interaction entre les impulsions et le verre composant la fibre ; à faible puissance cette interaction se limite aux effets dispersifs. Pour des impulsions de haute puissance, cette interaction peut mener à des effets non-linéaires qui affectent le contenu spectral et la forme temporelle de l’impulsion (en combinaison avec la dispersion). Lorsqu’il y a un équilibre lors de l’interaction entre les effets non-linéaires (NL) causant l’élargissement spectral et la dispersion anomale, l’impulsion deviendra de type solitonique. L’effet non-linéaire dominant considéré ici est l’automodulation de phase (SPM), qui élargit le spectre de fréquences de l’impulsion. L’automodulation de phase aura pour effet que des basses fréquences seront formées dans la montée de l’impulsion (i.e. un décalage vers le rouge) et des hautes fréquences seront générées dans la descente de l’impulsion (i.e. un décalage vers le bleu) [56]. En ajoutant l’effet d’une dispersion anomale (GVD), il pourra y avoir une compression de l’impulsion, ce qui en augmentera la puissance crête. Un point important est que seulement la partie centrale de l’impulsion pourra être comprimée, car c’est à cet endroit que la modulation en fréquence due à l’auto-modulation de phase est linéaire et sera compensée par la dispersion. Lorsque le soliton fondamental se propage, il conserve sa durée optique pour une très grande distance de propagation et donc sa forme temporelle reste inchangée [57]. Si la puissance de l’impulsion est augmentée, il y aura création d’un soliton d’ordre supérieur, qui mènera à un déséquilibre entre la dispersion et la non-linéarité. Cela peut mener à une compression solitonique qui permet de diminuer la durée optique jusqu’à une valeur minimale [58]. Cette valeur minimale dépend des effets relatifs entre la GVD et la SPM. Voyons comment obtenir une solution de type solitonique à partir de de l’équation de Schrödinger non-linéaire (NLS) normalisée selon les longueurs de non-linéarité et de dispersion. On traitera en premier du soliton fondamental pour ensuite aborder les solitons d’ordres su- 23 (a) (b) F IGURE 2.5 – a) Fréquence laser en fonction du désaccord fractionnaire ’x’ pour une valeur de φ2 = 15.4 ps2 . b) Transmission du modulateur en fonction du désaccord ’x’. périeurs. L’équation de Schrödinger non-linéaire selon des variables normalisées s’exprime ainsi : i où N 2 = LD L NL ,U = √A P0 ∂U sgn( β 2 ) ∂2 U = − N2 |U|2 U ∂ξ 2 ∂τ 2 ,ξ = Z LD et τ = T T0 . LD = T02 | β2 | (2.25) est la longueur de dispersion, L NL = (γP0 ) est la longueur non-linéaire, Z est la longueur physique, T0 est la durée de l’impulsion optique et T est le temps. N est l’ordre du soliton. À partir de la dernière équation, il faut savoir que l’on ne considère pas les pertes et que sgn( β 2 ) = −1, car une dispersion anomale est requise pour obtenir un soliton. En se basant sur le développement exposé dans le manuel de G. P. Agrawal [57] et la méthode de diffusion inverse, il est possible de trouver 24 une solution à l’équation (2.25) de la forme suivante : U(ξ, τ ) = p ξ P0 sech(τ ) exp i 2 (2.26) Cette solution est celle du soliton du premier ordre (ou soliton fondamental) où N = 1 et où il y a un équilibre entre les effets non-linéaire et dispersif. Pour trouver la puissance d’un soliton fondamental, on pose N=1, on isole P0 et on obtient : P0 = 3.11 | β 2 | | β2 | ≈ 2 2 γT0 γTFWHM (2.27) En augmentant la puissance de l’impulsion (PN = N 2 P0 ), il y aura création d’un soliton d’ordre supérieur. Le développement pour les ordres supérieurs ne sera pas présenté ici [57], mais il existe un type de solution particulière avec U(0, τ ) = Nsech(τ ). Comme les solitons d’ordres supérieurs sont le résultat de l’interaction non balancée entre les effets non-linéaire et dispersif, on n’obtient pas une impulsion stable dans le temps et l’espace, mais plutôt une impulsion dont la forme et la durée varieront de façon périodique. La période z0 de ces oscillations est donnée par z0 = T2 π L D ≈ FWHM 2 2 | β2 | (2.28) Ce comportement périodique est causé par un couplage entre l’auto-modulation de phase et la dispersion ; l’auto-modulation de phase crée une modulation de fréquence qui entraîne un effet plus important de la dispersion, comprimant ainsi l’impulsion. Cette augmentation de l’intensité comprime encore plus l’impulsion jusqu’à un point où ce comportement s’inverse et l’impulsion s’élargit, la dispersion ne parvenant plus à synchroniser les différentes fréquences qui composent l’impulsion. 2.4 Dispersion induite par une paire de réseaux L’utilisation de paires de réseaux de diffraction est devenue courante dans les montages optiques. Ils peuvent être utilisés pour répartir spatialement le contenu spectral d’une impulsion et ainsi rallonger temporellement l’impulsion et diminuer sa puissance crête ; l’impulsion peut ensuite être amplifiée et comprimée temporellement [59]. Cette technique permet d’éviter les effets non-linéaires nuisibles (autofocalisation, automodulation de phase) qui se produisent lors de l’interaction entre l’impulsion et le milieu de propagation. Ils peuvent aussi servir pour mettre en opération des lasers accordables, et ce, en agissant comme des filtres spectraux que l’on accorde en variant leur position angulaire. Une paire de réseaux peut aussi introduire une dispersion de vitesse de groupe pour tout signal qui s’y propage. En intégrant cet effet dans une cavité à synchronisation modale active, il sera possible de sélectionner la longueur d’onde laser avec un modulateur en amplitude, en variant la fréquence de modulation [40]. La figure 2.6 illustre géométriquement comment un délai est 25 créé par la paire de réseaux en fonction de la fréquence Ω qui est une fréquence arbitraire du signal centré à ωl . Sur la figure 2.6 b est la distance perpendiculaire entre les deux réseaux, β est l’angle d’incidence par rapport à la normale sur le réseau 1 (G1 ), β0 est l’angle de diffraction d’ordre -1 par rapport à la normale à la fréquence ωl et d est le pas des réseaux. La figure 2.6 sert de repère géométrique pour bien se représenter l’effet des réseaux de diffraction et pour définir les équations qui résultent de cette analyse géométrique. Il est important de noter que pour nos calculs théoriques et dans nos expérimentation, nous avons utilisé l’ordre -1. F IGURE 2.6 – Deux réseaux placés parallèlement pour introduire la dispersion. La paire de réseaux rend le parcours optique dépendant de la fréquence optique, à cause de l’angle de diffraction différent pour chaque fréquence. Il serait important de connaître comment le parcours optique dépend de la fréquence après avoir traversé la paire de réseaux. Dans un premier temps, rappelons la réponse des réseaux de diffraction selon l’angle d’incidence et la fréquence optique. Voici l’équation qui régit l’angle de diffraction : 2πc 0 −1 + sin( β) β = sin − ωl d (2.29) où c est la vitesse de la lumière dans le vide et le − indique que l’ordre est négatif. Ainsi, on peut déterminer le chemin optique parcouru par la composante du signal à la fréquence Ω. Ce chemin optique dépend de l’angle de diffraction (avec l’aide de la figure 2.6 il est facile de le constater). La longueur du chemin ACP sera la base pour une fréquence Ω ; cette longueur est donnée par : ACP = b 1 + cos( β0 + β) 0 cos( β ) (2.30) Sachant le parcours effectué à la fréquence centrale ωl , il est possible de trouver la différence de parcours optique entre les faisceaux aux fréquences Ω et ωl , laquelle correspond à la 26 distance ACP − AC0 P0 . On peut en déduire le déphasage entre les deux faisceaux de la figure 2.6 et dans le plan P0 P. Ψ(Ω) = Ω b ACP(Ω) − 2π tan( β0 ) c d (2.31) On obtient le délai de groupe introduit par la paire de réseaux en effectuant la dérivée de la dernière équation : dΨ b 1 + cos( β + β0 ) = dΩ c cos( β0 ) (2.32) L’équation (2.32) montre un comportement important de la paire de réseaux ; il est possible de produire de grand délai de groupe selon la période des réseaux, l’angle d’incidence et leur séparation b. La figure 2.7 montre comment varie le délai de groupe selon la longueur d’onde pour un angle d’incidence de 62 degrés, une période de 909.09 nm et différentes séparations b entre les réseaux. F IGURE 2.7 – Délai induit par la paire de réseaux de diffraction en fonction de la longueur d’onde pour différentes valeurs de la séparation entre les réseaux. On peut constater que la variation du délai en fonction de la longueur d’onde n’est pas linéaire loin de la fréquence centrale, ce qui est causé par des termes de dispersion d’ordre supérieur. Il est aussi possible d’augmenter le délai en préservant les paramètres de l’équation (2.32) et ce en faisant passer le faisceau un nombre 0 Nr0 fois sur la paire de réseaux ; le délai sera 0 Nr0 fois plus grand. Sur le plan pratique, il faut faire attention à l’étalement produit par le premier réseau, car le deuxième réseau devra être assez grand pour réfléchir tout le contenu spectral du signal diffracté ; cet effet pourra limiter la plage de fréquence qui sera utilisable par la paire de réseaux, compte tenu de la distance entre ceux-ci. Si la distance est trop grande, une partie du spectre diffracté passera à côté du deuxième réseau et ne sera pas retournée dans la cavité. Pour minimiser les pertes, il faut utiliser les réseaux de façon à en maximiser la réflectivité. La réflectivité des réseaux dépend de la polarisation de l’impulsion incidente ; pour maximiser 27 la réflectivité des réseaux, la polarisation doit être dans un seul plan et son orientation doit être perpendiculaire aux lignes inscrites sur le réseau. En effectuant la dérivée de l’équation (2.32) par rapport à la fréquence Ω, on obtient une équation déterminant la dispersion causée par la paire de réseaux : d2 Ψ 4πbc = dΩ2 Ω3 d2 cos3 ( β0 ) (2.33) Voyons comment la dispersion est influencée par la longueur d’onde incidente (il faut que l’équation (2.33) soit réécrite selon λ). Les paramètres utilisés sont les mêmes que pour la figure 2.7. F IGURE 2.8 – Dispersion d’ordre deux induite par une paire de réseaux. La dispersion ne varie pas de façon purement linéaire en fonction la longueur d’onde incidente. Si on augmente la distance entre les réseaux, la dispersion va augmenter ; si l’on augmente le nombre de lignes/mm du réseau, cela va aussi augmenter la dispersion. 2.5 Effet physique d’une composante interférométrique Les composantes interférométriques sont très utilisées dans le domaine de l’optique et trouvent des usages variés. En optique ultra-rapide, elles permettent de connaître la durée d’une impulsion de très courte durée (ps ou fs) en utilisant un auto-corrélateur, lequel est basé sur la génération du deuxième harmonique dans une configuration de type interféromètre de Michelson [60]. Un interféromètre de Fabry-Perot aura comme effet d’introduire une modulation de l’amplitude et de la phase dans le domaine spectral ; avec une variante de l’interféromètre Fabry-Perot, soit l’interféromètre de Gires-Tournois (IGT), on peut obtenir seulement une modulation de la phase. Dans le cadre de ce mémoire, on s’intéressera aux interféromètres de Fabry-Perot et de GiresTournois, car ils permettent de reproduire des défauts typiques des CFBG sur le délai de 28 groupe et la transmission et ils peuvent être intégrés dans la partie à l’air libre d’une cavité laser. Revenons brièvement sur ces effets indésirables visibles sur le délai de groupe qui étaient causés par les réseaux de Bragg à pas variable (CFBG). Dû à la méthode de fabrication, à des erreurs sur le masque de phase qui sert à inscrire le réseau de Bragg dans la fibre et aux inhomogénéités de la fibre, il se crée des réflexions parasites dans le CFBG (voir la figure 1.6). Ces réflexions parasites affectent la dispersion du CFBG, ce qui se manifeste par plusieurs signaux de différentes longueurs d’onde qui prendront le même temps pour effectuer un tour de la cavité. Pour un laser accordable par la dispersion, cette situation va causer des instabilités lors d’un balayage spectral, ce qui ne serait pas le cas sans ces réflexions parasites. En d’autres termes, la réponse du réseau de Bragg module de façon quasi périodique la phase du faisceau réfléchi en fonction de la fréquence. L’étude de M. Olivier [35] démontre bien cet effet indésirable. Pour analyser et mieux comprendre l’impact des réflexions parasites dans une cavité fibrée du type de celles utilisées par Genia Photonics Inc., nous avons assemblé un laser muni d’une cavité avec une partie à l’air libre où on introduira la paire de réseaux de diffraction et éventuellement un IGT, ainsi qu’un interféromètre de Fabry-Perot. Ceci va permettra de choisir l’amplitude et le type de modulation que l’on veut insérer dans la cavité. L’insertion de l’interféromètre de Gires-Tournois permettra de moduler la phase en fonction de la fréquence [61]. Un interféromètre de Gires-Tournois est semblable à un interféromètre FabryPerot, mais dont le deuxième miroir est 100% réflectif (figure 2.9). Un point important de l’IGT est qu’il n’y a pas de perte dans l’énergie de l’impulsion, car le deuxième miroir est 100% réflectif et donc toute l’énergie sera réfléchie dans la cavité. F IGURE 2.9 – Schéma d’un interféromètre de Gires-Tournois. L’effet de l’IGT sur l’impulsion incidente est une modulation de la phase en fonction de la fréquence laser. Le déphasage causé par l’IGT en considérant une incidence normale sur le 29 miroir M1 est donné par : (r2 − 1) sin(δ) Ψ(ω ) = − arctan 2r − (r2 + 1) cos(δ) où δ(ω ) = −2k (ω )d et k (ω ) = 2 n(ω )ω c , (2.34) r est le coefficient de réflexion en amplitude du miroir 1 avec R = R1 = |r | , δ est le délai de phase associé à un aller-retour dans l’IGT. La phase dépendra très sensiblement de la réflexion du premier miroir et de la distance entre les miroirs. Si on augmente la distance entre les miroirs, la modulation de la phase sera plus rapide avec une pente plus élevée ; si on augmente la réflectivité du miroir 1, les changements de phase seront plus abrupts, mais sans changement sur la pente moyenne. Pour connaître le délai induit par l’IGT, il faut effectuer la dérivée de l’équation (2.34) : r4 − 1 − 2r r2 − 1 cos(δ) dΨ dδ = (2.35) 2 2 2 dω dω (1 + r ) + 4r cos(δ) [r cos(δ) − (1 + r )] Voyons de façon graphique l’impact du changement de certains paramètres sur le déphasage et le délai. Commençons par le déphasage, où l’on va faire varier les valeurs de r et de δ indépendamment l’une de l’autre. (a) (b) (c) (d) F IGURE 2.10 – a) Déphasage et b) délai en fonction de la longueur d’onde pour différentes valeurs de réflectivité R et une distance d = 0.01m. c) Déphasage et d) délai en fonction de la longueur d’onde pour différentes valeurs de distance d et une réflectivité R = 25% La figure 2.10a) montre le déphasage dû à l’IGT pour différentes valeurs de réflectivité R. Plus la valeur de R augmente, plus la forme du déphasage tend vers un escalier où les transitions deviennent plus abruptes. Pour ce qui est du délai (figure 2.10b), plus R augmente, plus 30 le délai devient élevé pour certaines longueurs d’ondes, car la pente du déphasage pour ces longueurs d’onde est très abrupte. Ces longueurs d’onde correspondent aux résonances de l’IGT. Lorsque l’IGT est en résonance, la lumière y est confinée plus longtemps, ce qui augmente le délai effectif. En faisant varier la distance d, on observe un autre comportement sur la figure 2.10c. Plus la valeur de d est grande, plus la période de modulation du déphasage devient petite et plus le déphasage devient élevé. On observant la figure 2.10d on constate que le délai maximal devient plus élevé et la période de modulation du délai devient plus courte lorsque d est élevée. On peut constater que l’IGT change de façon importante le délai causé par la paire de réseaux de diffraction, et ce, en ajoutant une modulation du délai selon la longueur d’onde ; ceci fait en sorte que plusieurs signaux de longueurs d’onde différentes pourront subir le même délai. Lorsque l’on sélectionnera une longueur d’onde par la synchronisation modale active dans un laser accordable, il en résultera une instabilité. Elle sera due au fait que plusieurs signaux différents seront centrés dans la fenêtre de modulation, car ils prennent tous le même temps pour effectuer un tour de cavité. D’autres effets auront de l’impact lors de la sélection, tels le gain nécessaire pour qu’un signal puisse osciller dans la cavité ; plus les pertes sont faibles, plus ce signal sera favorisé par rapport à un autre signal ayant besoin de plus de gain pour osciller. On peut voir sur la figure 2.11a l’effet de l’IGT sur le délai causé par une paire de réseaux pour un intervalle de longueur d’onde et la sélection spectrale par une fenêtre de modulation. L’IGT produit une modulation du délai selon la longueur d’onde ; lorsque l’on sélectionne une longueur d’onde, on se rend compte que plusieurs autres longueurs d’onde subiront un délai identique. Des signaux oscillant à toutes ces longueurs d’onde auront un gain élevé et pourront s’établir dans la cavité. Ce type de modulation a un autre effet sur la sélection spectrale ; même si certaines longueurs d’onde n’ont pas une transmission maximale au modulateur, mais proche de celle-ci, elles pourraient osciller quand même. Cette situation dépend du gain minimal nécessaire pour osciller, des pertes induites dans la cavité selon chacune des longueurs d’onde ou de l’énergie échangée entre les modes voisins. Ce n’est pas le cas pour un montage sans IGT ni modulation du délai. Avec un interféromètre de Fabry-Perot, on peut obtenir une modulation de l’amplitude et de la phase selon la longueur d’onde, car le deuxième miroir n’est pas totalement réflectif. L’expression de la réflectivité en puissance de l’interféromètre lorsque les pertes internes sont négligeables est donnée par : r2 + r2 − 2r1 r2 cos(ωL/c) Irefl = 1 2 22 Iinc 1 + r1 r2 − 2r1 r2 cos(ωL/c) (2.36) où r1 et r2 sont les coefficients de réflexion en amplitude des miroirs 1 et 2, respectivement 31 (a) (b) F IGURE 2.11 – a) Longueur d’onde en fonction du délai introduit par les réseaux de diffraction (φ2 = −15.4 ps2 ) et l’IGT (d = 0.001 m et R = 5 %). b) Schématisation de la transmission du modulateur pour trois fenêtres de modulation en fonction du délai en lien avec la figure montrée en a). (voir la figure 2.9), ω est la fréquence angulaire optique, L est la distance entre les deux miroirs et c est la vitesse de la lumière dans le vide. On constate que la modulation de l’amplitude dépend des coefficients de réflexion ainsi que de la distance entre les miroirs. À la figure 2.12 on montre l’effet des coefficients de réflexion pour un intervalle de fréquence optique. On observe qu’à certaines fréquences, la réflectivité de l’interféromètre de Fabry-Perot est très faible ; l’intensité réfléchie est modulée périodiquement, selon la fréquence optique. En gardant constante la réflectivité du miroir 1 à 50% et en variant celle du miroir 2, qui reste plus haute ou égale a celle du miroir 1, on peut voir que la profondeur de la modulation varie ainsi que le maximum en réflexion. Plus le miroir 2 a une réflectivité élevée, plus la profondeur de la modulation est faible, et plus la réflexion de certaines fréquences optiques 32 F IGURE 2.12 – Intensité réfléchie par un interféromètre de Fabry-Perot avec L = 0.1 mm pour différentes valeurs des réflectivités R1 et R2 en fonction de la fréquence. tend vers 1. Dans le cas extrême où le miroir 2 est réflectif à 100% il n’y a plus de modulation en intensité (c’est alors un IGT). Le cas où les deux miroirs ont le même coefficient de réflexion est bien particulier ; c’est le seul cas où la réflectivité descend à 0 % ; certaines longueurs d’onde sont alors en résonance dans la cavité et la transmission est optimale. Le déphasage du faisceau réfléchi par un interféromètre de Fabry-Perot est donné par Ψ = − tan où ξ = ωL c , r1,2 −1 (r2 − r12 r2 ) sin(ξ ) r1 + r1 r12 − (r12 r2 + r2 )cos(ξ ) (2.37) est le coefficient de réflexion en amplitude des miroirs 1 et 2 respectivement, ω est la fréquence angulaire optique, L est la longueur du Fabry-Perot et c est la vitesse de la lumière dans le vide. En posant r2 = 1 on retrouve la réponse de l’IGT, qui est un cas particulier de l’interféromètre de Fabry-Perot. Il est aussi possible de trouver le délai en prenant la dérivée de la phase selon la fréquence : " # r1 r2 cos(ξ ) r12 r22 + r12 − r21 − 1 + r22 1 − r14 dΨ L = 2 2 4 2 2 dω 2 cos(ξ ) (1 + r1 ) + (r2 − r1 )(r1 − r2 ) + r1 (1 + r2 + r2 ) + r2 c (2.38) Voyons l’effet de différents coefficients de réflexion sur le déphasage et le délai introduit par un interféromètre Fabry-Perot. Le déphasage semble ne pas être trop être affecté par un changement de réflectivité du miroir 2, les deux courbes pour des réflectivités de 70% et 90% étant presque superposées. Le cas où la réflectivité est de 50% est différent, le déphasage est moins grand en amplitude tout comme ses variations. La figure 2.13b) montre qu’un délai minimal est obtenu lorsque les deux miroirs ont une réflectivité de 50 % ; une infime augmentation de réflectivité du miroir 2 donnera un maximum de délai, si on continue d’augmenter sa réflectivité, il y aura diminution du délai. 33 (a) (b) F IGURE 2.13 – a) Déphasage en fonction de la fréquence pour différentes valeurs des réflectivités R1 et R2 . b) Délai en fonction de la fréquence pour pour différentes valeurs des réflectivités R1 et R2 . 34 Chapitre 3 Montage expérimental et caractérisation des composantes Dans cette section, on décrira le montage expérimental qui sera utilisé lors des expériences. On décrira aussi le fonctionnement des composantes fibrées et de celles à l’air libre. Il sera aussi question des défis rencontrés lors de l’implantation du montage final. Nous allons aussi aborder les pertes introduites par les composantes et les fusions entre les fibres. 3.1 Description des composantes fibrées Pour réaliser le montage expérimental nécessaire pour les expériences, il faut réunir plusieurs composantes optiques, tant fibrées que non-fibrées. Pour avoir une meilleure idée des éléments qui composent la cavité laser et pour mieux visualiser celle-ci, on trouve un schéma illustrant le montage expérimental à la figure 3.1. F IGURE 3.1 – Schéma du montage expérimental 35 Dans le montage de la figure 3.1, une diode de Bookham sert à pomper le milieu amplificateur à une longueur d’onde de 976 nm. Le faisceau de la diode laser est injecté dans la cavité par le coupleur de pompe, lequel sera décrit un peu plus loin. Lorsque la lumière émise par la pompe de façon continue excite le milieu amplificateur, celui-ci répond à l’excitation en établissant une plage de gain s’étalant environ de 1500 nm à 1600 nm. Ensuite, il y a le coupleur de sortie qui permet d’extraire 10 % de la puissance laser circulant dans la cavité. Il y a aussi un circulateur qui rend possible la circulation du faisceau laser dans un seul sens, soit celui indiqué par la flèche sur la figure 3.1 ; par le fait même cette composante agit comme isolateur dans la cavité. Après avoir traversé le circulateur, le faisceau sortira de la fibre pour se propager dans l’air où est située la paire de réseaux de diffraction. La paire de réseaux fixera la dispersion de la cavité. Le faisceau continuera son parcours et il atteindra le miroir de bout de cavité (HR) ; ce miroir plan permet de retourner le faisceau dans la cavité fibrée. Il est aussi possible de placer un IGT ou un interféromètre de Fabry-Perot pour induire une modulation de la phase ou de l’amplitude du contenu spectral incident. Après avoir été réfléchi sur le miroir de bout, le faisceau revient dans la cavité fibrée en effectuant un deuxième passage à travers la paire de réseaux de diffraction. Ensuite, il repasse dans le circulateur qui dirige le faisceau vers le modulateur d’amplitude, lequel permet de former les impulsions selon la méthode de synchronisation modale active. Le modulateur laissera seulement passer le faisceau à un taux de répétition bien précis, qui est celui correspondant au temps requis pour un tour de cavité. La durée du signal de modulation aura un impact direct sur la durée des impulsions formées. Le processus itératif se répète jusqu’à la formation d’une impulsion stable. Passons à la description et à la caractérisation de chacune des composantes de la cavité dans l’ordre présenté plus haut. Commençons par la diode pompe de Bookham, qui émet à une longueur d’onde de 976 nm et qui est terminée par une fibre à maintien de polarisation (PM). F IGURE 3.2 – Schéma de la diode pompe Il a été possible de caractériser le spectre d’émission de la diode ainsi que la puissance de celle-ci en fonction du courant appliqué. Pour caractériser la puissance pompe, nous avons 36 utilisé un détecteur de puissance qui est étalonné pour la longueur d’onde de la diode. Nous avons progressivement augmenté le courant de la diode laser afin de déterminer son seuil d’oscillation et d’établir une relation puissance courant. Voici ce que l’on a obtenu pour la diode de Bookham. (a) (b) F IGURE 3.3 – a) Puissance de la diode pompe en fonction du courant appliqué. b) Spectre de la diode pompe. On constate que le seuil d’oscillation laser de la diode est d’environ 30 mA et que la relation puissance optique en fonction du courant possède une pente de 0.66 mW/mA ; cette relation reste linéaire sur toute la plage de puissance, soit de 0 mW à 610 mW, que la diode peut fournir. On peut aussi voir que la longueur d’onde d’émission laser de la diode est de 977 nm ; en comparant avec la figure 1.8a, qui montre l’absorption de l’erbium, on constate que ça ne correspond pas au maximum d’absorption, tout en étant satisfaisant pour opérer le laser. Par la suite, on fusionne le bout de la fibre PM de la diode pompe avec le premier coupleur qui sert d’isolateur. La fusion permet aux deux fibres d’être soudées ensemble par le moyen d’un arc électrique, qui les fait fondre rapidement ; le cœur de chaque fibre est aligné et soudé avec celui de l’autre fibre, permettant au faisceau pompe de se propager comme s’il n’y avait qu’une seule fibre. Cette technique [62] est déjà très utilisée et permet la conception de montages optiques fibrés avec de faibles pertes. Avant d’aborder les pertes d’insertion du coupleur dans la cavité, nous allons décrire un peu son principe. Le coupleur fibré est une composante qui possède deux branches d’entrée avec une partie centrale qui permet de coupler dans une seule fibre deux faisceaux de longueurs d’onde différentes (voir la figure 3.4). Le coupleur fibré qui suit permet d’injecter le faisceau pompe dans la cavité, mais il sert aussi d’isolateur pour la pompe au cas où il y aurait des signaux circulant à sens inverse dans la cavité. Lorsqu’il y a une impulsion ou une émission continue qui provient de la branche simple du coupleur, les longueurs d’onde présentes seront séparées, selon les caractéristiques du coupleur. La séparation des longueurs d’onde n’est pas complète et le coupleur agit en fait comme un filtre avec un coefficient de réjection. Pour le coupleur utilisé dans 37 F IGURE 3.4 – Coupleur fibré qui permet de combiner dans une même fibre des faisceaux à deux longueurs d’onde différentes. Ce coupleur permet aussi la séparation de ces deux longueurs d’onde pour la propagation en sens inverse. notre montage, nous avons injecté la longueur d’onde pompe (λ1 = 977 nm) dans la branche simple du coupleur et nous avons comparé la puissance mesurée dans chacune des branches à la sortie. Cette procédure a permis de trouver un coefficient de réjection d’environ 20 dB en mesurant la puissance dans la branche à 1550 nm. La diode pompe PM a donc été fusionnée avec un premier coupleur SM qui sert d’isolateur pour la pompe et ce coupleur SM a été fusionné à un coupleur de pompe PM. La figure 3.5 montre la puissance transmise dans la branche simple du coupleur de pompe (juste avant de le fusionner à la fibre amplificatrice) en fonction du courant appliqué aux bornes de la diode. F IGURE 3.5 – Puissance transmise après le WDM PM qui sera connecté à la fibre amplificatrice. Il peut sembler y avoir des pertes significative causées par la fusion entre les deux fibres, si l’on compare la relation puissance optique en fonction du courant pompe de la figure 3.3 avec la figure 3.5. Par contre, les pertes de la fusion sont évaluées à 0.01 db par la fusionneuse, ce qui est très faible. Le reste des pertes peut provenir du fait que l’on a utilisé une fibre PM pour la pompe, et qu’ensuite on lui a fusionné un coupleur composé de fibres monomodes (SM) qui ne préservent pas l’état de polarisation. En faisant la fusion avec un coupleur PM, nous n’avons pas tenu compte du diamètre modal qui est différent pour ces deux fibres. Nous aurions pu tourner la fibre PM pour optimiser la transmission. 38 Par la suite, la fibre amplificatrice PM dopée à l’erbium (EDFA) a été fusionnée avec le coupleur de pompe. Il faut mentionner que cette fusion n’est pas facile et les pertes causées par cette fusion sont plus élevées que si l’on fusionne des fibres SMF-28 et PM ensemble. Les pertes dues à la fusion avec la fibre amplificatrice sont de l’ordre de 1 db, alors que pour la fusion de fibres SMF-28 et PM, ces pertes sont de l’ordre de 0.01 dB. Les pertes de 1 dB sont dues à la différence des diamètres du cœur de la fibre amplificatrice et de la fibre SMF-28 et à la différence des matériaux qui les composent, ce qui influence la température de fusion et rend la fusion plus difficile. Pour connaître la puissance pompe qui atteint la fibre amplificatrice, on peut se baser sur la relation montrée sur la figure 3.5. Après effectué la fusion, on a évalué l’émission spontanée amplifiée (ASE) à la fin de la fibre amplificatrice, avec une fibre amplificatrice d’une longueur de 2 m. F IGURE 3.6 – Courbe d’émission spontanée amplifiée de l’erbium observée après le coupleur 90/10. Ensuite, nous avons fusionné le coupleur de sortie qui est physiquement semblable au coupleur de pompe ; cependant, au lieu de séparer les longueurs d’onde, il va diviser la puissance incidente. Ceci est très pratique pour caractériser l’impulsion qui circule dans la cavité et insérer des pertes de façon contrôlée dans la cavité. Dans notre montage, nous avons placé un coupleur de sortie avec une branche qui transmettra 10 % de la puissance incidente et l’autre branche 90 % de la puissance incidente, pour une plage de longueurs d’onde centrée à 1550 nm. F IGURE 3.7 – Schéma du coupleur de sortie qui sépare le signal incident en deux signaux avec des puissances différentes. Le coupleur de sortie permet aussi d’atténuer de façon importante, soit d’environ 20 db, la puissance pompe qui pourrait subsister dans la cavité. La séparation de la puissance est optimale pour la longueur d’onde choisie (1550 nm) ; les autres longueurs d’onde en dehors 39 de la plage spectrale iront en grande majorité dans la branche de 10% qui servira de signal de sortie. Pour isoler le signal à 1550 nm de la pompe résiduelle, nous avons installé un WDM avec une branche pour 980 nm et 1550 nm, permettant ainsi d’analyser seulement le signal voulu sans bruit provenant de la pompe. Ceci permet de sortir la puissance pompe résiduelle de la cavité. Expérimentalement, nous avons obtenu une perte de 1 db pour la fusion et la séparation de la puissance est de 9 % et de 91 % pour un spectre centré à 1550 nm. Une pièce essentielle du montage est le circulateur fibré montré à la figure 3.8. Il permet la circulation d’une impulsion dans une seule direction de la branche 1 vers la branche 2 ; lorsque l’impulsion revient vers le circulateur à partir de la branche 2, elle sera dirigée vers la branche 3. Cette pièce permet de mettre en opération des cavités en anneau pour obtenir une opération unidirectionnelle ; elle peut aussi être utilisée comme isolateur. La réjection du faisceau circulant en sens inverse est très satisfaisante ; elle est de l’ordre de 40 dB s’il y a un signal qui proviendrait de la branche 3 et serait dirigé vers la branche 2. On a la même isolation de la branche 2 vers la branche 1. Lorsque le circulateur a été fusionné au montage, les pertes dues à la fusion et à la transmission entre les branches 1 et 2 ont été évaluées à moins de 1 db. Encore une fois, les fibres du circulateur sont du type PM. F IGURE 3.8 – Schéma du circulateur fibré PM. Ensuite, nous avons ajouté une partie à l’air libre où les réseaux de diffraction et les composants interférométriques ont été insérés. Pour ce faire, nous avons utilisé une monture ajustable sur trois axes pour assurer une injection efficace dans la fibre, ainsi qu’une lentille d’injection et de collimation. La monture d’injection utilisée est présentée à la figure 3.9. Le choix de la lentille était important afin de s’assurer que le faisceau soit bien focalisé dans la fibre et que l’injection soit optimisée. La même lentille a été utilisée pour collimer le faisceau sortant de la fibre optique et pour s’assurer que le faisceau soit le moins divergent possible. Le faisceau incident sur la paire de réseaux doit avoir la plus grande taille possible pour englober le plus de périodes du réseau, ce qui va augmenter la définition de la figure de diffraction du réseau. Il faut aussi que le diamètre du faisceau qui sera réinjecté ne soit pas plus grand que celui de la lentille d’injection. On doit donc optimiser la distance focale de la lentille avec le rayon du cœur de la fibre et l’ouverture numérique (NA) de celle-ci. 40 F IGURE 3.9 – Monture d’injection à trois axes pour la fibre optique. Lorsque la collimation du faisceau est complétée, on passe à la paire de réseaux de diffraction qui induit de la dispersion dans la cavité. Il a fallu sélectionner des paramètres bien précis pour la paire de réseaux, choisis à partir de l’équation (2.32). Pour le montage expérimental, la période des réseaux est de 909 nm (réseaux de 1100 lignes/mm selon les spécifications), la distance entre ceux-ci est de 10 cm et la longueur d’onde centrale est de 1550 nm. Il a été nécessaire de trouver un angle optimal pour obtenir un délai de 10 ps avec une différence de longueur d’onde d’un nanomètre après un aller-retour sur la paire de réseaux. L’angle d’incidence (β) optimal est de 62 degrés. Pour optimiser la réflexion sur la paire de réseaux, il faut avoir une polarisation incidente perpendiculaire aux lignes du réseau ; à cette fin, nous avons utilisé une lame demi-onde placée avant la paire de réseaux. Nous avons utilisé un miroir en coin placé après la paire de réseaux, ce qui a permis d’effectuer quatre passages sur la paire de réseaux au lieu de deux, doublant ainsi la dispersion de la cavité. Les pertes introduites par la paire de réseaux sont de 12 % par passage. Lorsque la cavité laser a été complétée, nous avons pu déterminer la dispersion d’ordre 2 induite par les réseaux de diffraction ; à cette fin nous avons réalisé un test d’accordabilité. Pour ce faire on a enregistré la longueur d’onde de l’oscillation laser en fonction de la fréquence de modulation pour une plage de fréquences de modulation. En changeant la fréquence de modulation (délai) et la fréquence optique angulaire (ω), on peut tracer un graphique du délai en fonction de ω. Il reste simplement à prendre la pente du graphique, qui nous donne la dispersion d’ordre deux globale de la cavité ; celle-ci est essentiellement due aux quatres passages sur la paire de réseaux. La valeur expérimentale de la dispersion pour un passage sur la paire de réseaux est de : β 2 = −3.85 ps2 (3.1) La valeur théorique est de -4.325 ps2 . La différence entre les deux valeurs peut être due à un angle d’incidence qui n’est pas exactement de 62 degrés ; il se peut que la distance entre les réseaux diffère légèrement de 10 cm. 41 Pour terminer la cavité à l’air libre, un miroir de haute réflectivité (HR) a été placé pour retourner le faisceau dans la cavité fibrée. Ce miroir introduit de faibles pertes dans la cavité (de l’ordre de 2 %), mais son alignement est crucial pour avoir le même parcours optique lorsque le faisceau retourne dans la cavité fibrée. C’est aussi à cet endroit que l’on va insérer soit un interféromètre de Gires-Tournois ou de Fabry-Perot. L’IGT utilise le miroir HR comme miroir de bout, mais on insère un miroir avec une réflexion partielle juste avant le miroir HR. Pour le cas de l’interféromètre de Fabry-Perot, on place deux miroirs partiellement réfléchissants et on enlève le miroir HR (voir la figure 2.9). Après que le faisceau ait parcouru la partie à l’air libre, il revient dans la cavité fibrée et passe par le circulateur de la branche 2 vers la branche 3 pour ensuite traverser le modulateur d’amplitude. Le modulateur divise l’impulsion incidente en deux, selon deux branches indépendantes, et recombine les deux impulsions dans une branche (voir la figure 3.10). Dans les deux branches on introduit un milieu électrooptique soumis à une tension continue Vbias ; cette tension permet de changer la phase relative entre les signaux qui traversent chaque branche. Dans notre cas, Vbias est ajusté pour obtenir une interférence destructive lors de la recombinaison des signaux provenant de chaque branche. On applique une seconde tension V(t), laquelle servira à moduler le signal formé par la recombinaison des deux branches. Lorsque V(t)=Vπ , il y a interférence constructive et transmission maximale. En changeant la tension appliquée au modulateur entre 0 V et Vπ , il se crée un déphasage relatif entre les signaux provenant de chaque branche et, dû à l’interférence, il y a une diminution ou augmentation de la puissance de sortie, comme le montre la figure 3.10. F IGURE 3.10 – a) Schéma du modulateur en transmission maximale. b) Schéma du modulateur en transmission minimale. c) Transmission du modulateur selon la tension appliquée. Lors de cette expérience, il a été possible d’observer cette variation de puissance selon la tension continue appliquée au modulateur. Comme la théorie le prédit, il a été possible de trouver une valeur de Vbias qui donnait une transmission minimale et une tension Vπ qui donnait une transmission maximale. Voici ce que l’on a obtenu pour la transmission d’un modulateur dont le faisceau incident est un laser continu centré à 1550 nm (voir figure 3.11). 42 F IGURE 3.11 – Transmission expérimentale du modulateur en fonction de la tension appliquée pour un Vbias de -4.75 V. On peut constater que la réponse n’est pas centrée à zéro, ce qui indique qu’il faut une tension non-nulle pour obtenir un maximum de transmission. Ce comportement est propre au modulateur, et il faut donc le caractériser pour trouver sa valeur de Vπ et la tension de transmission maximale. Pour activer le modulateur, il faut disposer d’un générateur de fonction ; pour les besoins du montage, il faut que ce générateur produise de signaux électriques de très courte durée dont le taux de répétition est ajustable. La compagnie Genia Photonics nous a prêté un tel générateur de fonction. Leur instrument permet de générer des impulsions électriques dont la durée varie de 75 ps à 180 ps. Pour que le modulateur fonctionne optimalement, il faut passer de Vbias à Vπ , ce qui exige une différence de tension d’environ 6 volts. Le générateur prêté par Genia Photonics donne une tension maximale d’environ 505 mV ; il faut donc un amplificateur qui permettra une amplification de 10 db. Nous avons donc utilisé un amplificateur de JDSU avec une bande passante de 10 GHz. Cet amplificateur permet d’obtenir une tension appropriée d’environ 5.5 V, mais il allonge l’impulsion électrique de sortie d’une dizaine de picosecondes en moyenne selon la durée de l’impulsion électrique d’entrée ; il faut donc tenir compte de la durée du signal électrique après l’amplificateur. Le signal électrique observé après l’amplificateur est montré à la figure 3.12. La forme de l’impulsion n’est pas parfaitement gaussienne et elle change faiblement selon sa durée ; plus l’impulsion électrique est courte et plus elle tendra vers une forme gaussienne. Il faut dire que le générateur d’impulsions est conçu pour générer des impulsions de forme rectangulaire mais, lorsque l’impulsion est de courte durée, elle tend vers une forme gaussienne, dû à la bande passante finie du générateur d’impulsions. Ceci affecte la forme du signal de modulation qui agit sur le faisceau optique. Plus le signal électrique devient court, plus il faut une tension élevée pour atteindre Vπ , car l’impédance du circuit dépend de la fréquence du signal électrique envoyé, causant un changement dans la tension requise. Par exemple, une impulsion de 185 ps avec une tension maximale de 5.5 V permettra de passer 43 F IGURE 3.12 – Signal de modulation après l’amplificateur de JDSU pour une impulsion électrique de 195 ps provenant du générateur fournie par la compagnie Genia Photonic Inc.. de Vbias à Vπ . Par contre, une impulsion de 100 ps avec une tension de 5.5 V ne permettra pas d’atteindre Vπ ; il faut donc augmenter la tension pour compenser ce phénomène. Ceci s’explique par le fait que le front de l’impulsion électrique est trop abrupt pour le modulateur et donc il ne peut suivre la variation complète de tension. Ceci implique que le modulateur ne perçoit pas la même tension maximale, laquelle n’atteint pas Vπ . Il est difficile d’évaluer ce phénomène, mais on peut voir son impact sur la stabilité des impulsions optiques qui sont moins stables lorsque l’on diminue la durée de l’impulsion électrique, car Vπ n’est pas atteint. Ce chapitre nous a permis décrire les composantes de la cavité et les pertes introduites par ces composantes. Les difficultés d’implantation ou d’utilisation de certaines composantes ont aussi été mentionnées, ce qui pourrait servir à l’amélioration de montages futurs ou à amener des changements dans le présent montage. Les points importants sont : porter attention à la polarisation et au diamètre modale lorsque l’on joint une fibre SM à une fibre PM, la fusion entre une fibre non-dopée et une fibre amplificatrice qui cause des pertes et la tension appliquée au modulateur qui doit être suffisante pour que le signal de modulation électrique atteigne la valeur Vπ . Les connaissances acquises lors de la conception de ce montage sont importantes et améliorent la compréhension du fonctionnement des composantes, ainsi que de leur effet sur le signal optique circulant dans la cavité. 44 Chapitre 4 Modélisation d’un laser à synchronisation modale active muni d’une cavité dispersive Ce chapitre abordera la modélisation, au moyen de simulations numériques, d’un laser à synchronisation modale active muni d’une cavité dispersive. Nous allons discuter de chacune des parties du montage qui seront représentées numériquement par des fonctions de transfert ainsi que du choix des paramètres utilisés. Lors de la propagation d’une impulsion dans un laser à synchronisation modale active muni d’une cavité dispersive, il faut considérer les interactions et les effets des composantes optiques sur le signal optique. Les effets importants à considérer sont les effets dispersifs de la paire de réseaux de diffraction, la forme ainsi que la durée de la fenêtre de modulation et la fréquence de modulation du modulateur, l’amplification de la fibre dopée à l’erbium, les pertes insérées par les composantes de la cavité et la puissance pompe qui vient influencer la puissance de l’impulsion et ainsi les effets non-linéaires intrinsèques à la propagation dans la fibre optique. Dans le modèle numérique, nous avons considéré les effets de la dispersion des réseaux, des pertes et du modulateur comme étant discrets. Les effets non-linéaires (NL) et dispersifs de la fibre ont été considérés de façon itérative par la méthode des pas alternés de Fourier ou ”split-step Fourier” [57]. Les effets NL dépendent de la puissance crête de l’impulsion [57] ; plus la distance parcourue dans la fibre est grande, plus l’impact de ces effets est important. Le modèle qui a été développé se base sur l’évolution du champ électrique dans la cavité et nous donne l’information sur la durée temporelle de l’impulsion. Il est aussi possible de connaître le changement relatif de la fréquence optique selon la fréquence de modulation, ce qui sera démontré par la simulation d’un test d’accordabilité, et de voir l’impulsion se stabiliser dans le temps. Nous présenterons les effets de composantes interférométriques, soit les interféromètres de Gires-Tournois et de Fabry-Perot, sur 45 la sélection de la fréquence optique et sur la stabilité temporelle des impulsions. Nous avons aussi déterminé la plage de puissance pour un régime stable ; la compression solitonique sera aussi discutée lorsque nous aborderons le régime non-linéaire. 4.1 Représentation schématique de la cavité laser La cavité laser réalisée en laboratoire sera modélisée numériquement et nous allons la représenter de façon à pouvoir suivre chacune des étapes effectuées lors des simulations. La simulation commence par l’insertion du bruit dans la cavité en anneau, suivi du passage dans l’élément dispersif (paire de réseaux) ; il y aura aussi considération des pertes de couplage dans la fibre et de la réflexion sur les réseaux, le passage au travers du modulateur en amplitude, du gain de la fibre amplificatrice et du coupleur de sortie. Selon l’information que l’on désire extraire au sujet de l’évolution de l’impulsion, nous allons considérer ou pas les effets non-linéaires. Dans nos simulations, nous avons conservé en mémoire l’information sur l’impulsion circulant pour pouvoir suivre son évolution. F IGURE 4.1 – Schéma de la cavité laser utilisée dans le modèle. 4.2 Description de la cavité laser modélisée Puisque le laser qui sera utilisé en laboratoire est muni d’une cavité en anneau, ceci facilite la conception du code de simulation puisque l’on pourra appliquer l’effet de chaque partie l’une après l’autre. Lorsque l’impulsion aura complété un tour de cavité, elle va recirculer dans la cavité par le moyen d’un boucle numérique jusqu’à l’obtention d’une impulsion stable. Pour bien représenter ce qui se passe dans le laser lorsque l’impulsion est en train 46 de se former, nous avons choisi de débuter avec une représentation du bruit optique. Nous avons défini une fonction aléatoire de la phase dans le domaine spectral avec une puissance uniformément distribuée sur 5.39 THz ou 40 nm. Dans le domaine temporel, ceci représente les fluctuations de puissance dues au bruit optique. Ainsi, en introduisant le bruit dans le laser muni d’une cavité en anneau, il y aura amplification de ce bruit et aucune impulsion stable ne sera formée en l’absence de modulation. La figure 4.2 représente le bruit optique. F IGURE 4.2 – a) Intensité du bruit initial dans le laser dans le domaine temporel. b) Densité spectrale de puissance du bruit initial. Noter que la phase des composantes spectrales est aléatoire. Après plusieurs passages complets dans la cavité, ce bruit devrait évoluer vers une impulsion optique de forme gaussienne selon le modèle de Kuizenga-Siegman. La formation de cette impulsion est grandement affectée par la durée et la forme de la fenêtre de modulation ; cet effet sera discuté plus tard dans ce chapitre. Ensuite, on considère l’effet de la paire de réseaux de diffraction, qui créera la dispersion de la cavité. Cet élément sera implanté dans la simulation en ajoutant une dispersion localisée. Elle influencera le champ incident de la façon décrite au chapitre 2 ; nous allons donc considérer son effet dans le domaine spectral selon l’équation suivante : 1 2 e e E2 (ω ) = E1 (ω ) exp − j( B1 ω + B2 ω ) 2 (4.1) e1 (ω ) représente le champ incident et E e2 (ω ) le champ transmis, B1 est le temps où le terme E que prend la fréquence centrale pour effectuer un tour de cavité, le paramètre B2 représent la dispersion d’ordre 2 induite par la paire de réseaux pour la fréquence centrale (ω = 0) et ω représente la différence relative de fréquence optique. La durée d’un trajet dans la cavité expérimentale s’élève à B1 ≈ 57 ns. Après avoir mesuré la dispersion interne de la cavité, nous avons obtenu une valeur de dispersion interne totale B2 = −15.4 ps2 . Selon le cas étudié, nous pouvons ajouter un interféromètre de Gires-Tournois qui crée une modulation du délai qui dépend de la fréquence optique. Son effet sera implanté dans la 47 simulation en même temps que la dispersion due aux réseaux. Les équations décrivant le phénomène seront les mêmes que dans la partie théorique du chapitre 2 sur les composantes interférométriques. Voici comment on l’ajoute au code numérique, en considérant son effet sur la phase de chaque fréquence : e3 (ω ) = E e2 (ω ) exp [− jφGTI ] E (4.2) où φ IGT est le déphasage périodique dû à l’interféromètre de Gires-Tournois. Après avoir traversé les réseaux et l’interféromètre, il faut tenir compte des pertes introduites par chaque réflexion sur les réseaux, par l’impulsion sortant de la fibre et de son injection dans la fibre. Nous avons estimé la perte par injection et par l’impulsion sortant de la fibre à 20 % en puissance et une perte de 12 % en puissance pour chaque réflexion sur la paire de réseaux. Comme on considère l’évolution du champ, il faut prendre la racine carrée de la puissance p qui traverse la composante ou 1 − pertes pour pouvoir les intégrer à la simulation. Le e4 (ω ) qui tient compte des pertes diverses est donné par : champ E e4 (ω ) = E e3 (ω ) E q (0.884 × 0.8) (4.3) Par la suite, l’impulsion retourne dans la fibre pour une distance d’environ 2 mètres où les effets non-linéaires (NL) et dispersifs de la fibre doivent être considérés. Plus tard dans la simulation, il y aura d’autres parties fibrées dont les effets NL et dispersifs sont importants ; le même code sera alors utilisé, mais avec une longueur de fibre différente. Pour simuler les effets NL, nous tenons compte de la puissance incidente de l’impulsion et du facteur de non-linéarité γ de la fibre utilisée. Premièrement, il faut évaluer γ qui dépend de l’indice de réfraction non linéaire (n2 ≈2.77 ∗ 10−20 m2 /W pour la silice), de l’aire effective du mode (Ae f f ) et de la longueur d’onde (λ) du faisceau qui s’y propage. γ= 2πn2 λAe f f (4.4) où Ae f f de la fibre à l’erbium est de 28.3 µm2 et celle de la fibre SMF-28 est de 78µm2 . On obtiendra donc, pour la fibre SMF-28, γ f ibre = 1.43 ∗ 10−3 (Wm)−1 et pour la fibre dopée erbium, γerbium = 4 ∗ 10−3 (Wm)−1 . Pour les effets dispersifs, nous allons considérer que les deux fibres ont la même dispersion, soit β 2 = −0.012ps2 /m. En fait la dispersion de la fibre a peu d’effet en comparaison à celle de la paire de réseaux. Pour simuler les effets NL et dispersifs de la fibre, nous allons diviser la distance parcourue dans la fibre en plusieurs segments de même longueur. Il faut exprimer le champ incident dans le domaine spectral pour tenir compte des effets de la dispersion et dans le domaine temporel pour tenir compte des effets NL. Premièrement, il faut avoir l’information sur l’impulsion incidente au premier segment où les effets dispersifs sont pris en considération. Ensuite, quand l’impulsion a parcouru ce segment, l’information 48 F IGURE 4.3 – Représentation schématique de la méthode ”Split-Step Fourier” pour la propagation dans une fibre optique. sur l’impulsion est conservée et transformée dans le domaine temporel pour qu’elle se propage sur un autre segment où les effets NL sont considérés. Cette boucle se répète jusqu’à ce que l’impulsion ait parcouru toute la fibre. Il est important de diviser la fibre en suffisamment de segments pour bien représenter tous les effets. Il faut porter attention à ne pas mettre trop de segments car, au-delà d’un certain nombre de segments, on n’obtient pas plus de précision sur l’impulsion finale ; cela rallonge considérablement la durée des simulations. Ce type de simulation à pas alternés est appelé ”Split-Step Fourier”. Voici comment on procède pour le premier segment : β 2 (ω ) 2 E5 (ω ) = E4 (ω ) exp − j ω ∆z 2 h i 2 E6 (t) = E5 (t) exp − jγ∆z | E5 (t)| (4.5a) (4.5b) où E4 (ω ) est le champ incident dans le domaine spectral, E5 (ω ) est le champ résultant tenant compte des effets dispersifs, E6 (t) est le champ résultant après les effets non-linéaires, | E5 (t)|2 est la puissance dans le domaine temporel, γ est le facteur NL et ∆z = z/N est la longueur du segment parcouru dans une étape de la boucle ; cette procédure est répétée ’N’ fois. Après avoir parcouru une distance de 2 mètres dans de la fibre SMF-28, l’impulsion traversera le modulateur en amplitude qui fixera la forme de l’impulsion selon la durée et la forme de la fenêtre de modulation. Il faut que l’effet du modulateur soit implanté dans le domaine temporel. Pour représenter le modulateur nous allons prendre une approche différente de celle présentée dans la théorie (chapitre 2) où on fait une approximation de la fenêtre de modulation comme une gaussienne. Pour la simulation, nous ne ferons pas d’approximation et nous allons utiliser une représentation mathématique connue pour le modulateur que nous avons explicitement appliquée pour la cavité (voir en annexe pour le développement) : π V (t) V (t) E7 (t) = E6 (t) cos 1− exp − j0.1 1 + (4.6) 2 Vπ Vπ 49 où E6 (t) est le champ incident, V (t) est le signal de modulation transmis au modulateur normalisé par rapport à Vπ et l’exponentielle avec un argument imaginaire représente le glissement en fréquence causé par le modulateur. La signal de modulation possède un sommet avec deux lobes. Voici une image du signal de modulation prise avec un oscilloscope à échantillonnage dont la bande passante est de 50 GHz. F IGURE 4.4 – Signal de modulation mesuré avec un oscilloscope de 50 GHz. Après avoir traversé le modulateur, l’impulsion va passer par la fibre amplificatrice. Pour simplifier la simulation, nous avons choisi de mettre un gain localisé à l’entrée de la fibre, lequel sera suivi de l’application des effets NL et dispersifs pour la longueur de la fibre dopée erbium. Comme le spectre des impulsions est étroit par rapport à la bande de gain de l’erbium, nous avons négligé tout filtrage spectral dû au gain. Pour reproduire ce que l’on a obtenu dans le laboratoire, nous avons défini un gain saturé, basé sur l’énergie disponible dans le milieu amplificateur, les pertes dans la cavité et la puissance pompe seuil (voir en annexe). Nous avons utilisé l’expression suivante pour le facteur de gain saturé agissant sur le champ du signal : g0 G = exp 1 + E/Esat (4.7) où g0 = gseuil ∗ Ppompe /Pseuil est le coefficient de gain non saturé qui agit sur l’amplitude du champ électrique (variant selon la puissance de la pompe), E est l’énergie de l’impulsion qui sera évaluée après chaque tour dans la cavité et Esat est l’énergie de saturation qui dépend de l’énergie disponible dans le milieu. Ce dernier terme a été évalué selon l’intensité de saturation de la fibre dopée à l’erbium pour une longueur d’onde de 1550 nm. Après cette amplification, l’on considère encore des effets NL et dispersifs de la façon décrite à la figure 4.3, mais pour 7 mètres de fibre SMF-28. Pour terminer, il faut tenir compte des pertes sur le coupleur de sortie ; celles-ci sont évaluées à 10 % de la puissance incidente. E8 (t) = 50 √ 0.9E7 (t) (4.8) Ceci complète le cycle d’opérations représentant un trajet dans la cavité laser. Pour obtenir une impulsion stable, il faut que l’impulsion effectue un nombre de tours de cavité qui s’élève entre 5 × 102 à 5 × 103 , dépendamment des conditions. 4.3 Limitations du modèle Lorsque l’on a bâti le modèle numérique pour représenter la dynamique du laser, nous avons procédé au choix de certains paramètres numériques, tels que les pertes sur le coupleur de sortie, la réflexion sur les réseaux et le couplage dans la fibre. Ces paramètres peuvent influencer la dynamique du laser et ils ne devraient pas être considérés comme étant exacts, mais plutôt à titre indicatif. Ceci a un impact direct sur nos résultats et nous donne une idée générale du comportement du laser plutôt que des prédictions qui se veulent exactes. Nous avons aussi estimé la valeur de la dispersion causée par la paire de réseaux à partir de résultats expérimentaux ; cette valeur semble être assez précise, car elle a été obtenue par deux méthodes différentes avec sensiblement le même résultat. La valeur du paramètre Vπ du modulateur a aussi été approximée, car nous ne savons pas si la tension est suffisante pour atteindre la valeur de Vπ , tel qu’expliqué dans le chapitre 3. Pour la simulation, nous considérons la tension comme étant suffisante, ce qui peut influencer la durée de l’impulsion ainsi que sa stabilité. Finalement, nous avons mesuré le signal électrique qui est transmis au modulateur et nous l’avons implanté dans la simulation. La mesure de ce signal a été réalisée avec un oscilloscope à échantillonnage de 50 GHz, alors que notre modulateur a une bande passante limitée à 10 GHz. Cette limite peut influencer la forme et la durée de la fenêtre de modulation ; pour cette raison nous avons fait un moyennage numérique du signal de modulation pour mieux représenter la forme de la fenêtre de modulation. On ne sait pas exactement comment le modulateur répond à la fenêtre de modulation (atteinte de Vπ et transmission de la forme de la fenêtre de modulation) ; ceci pourrait expliquer des différences avec les résultats expérimentaux en ce qui a trait à la durée de l’impulsion, à la stabilité du laser et au rôle des effets NL. Nous aurions pu mesuré le signal optique par le modulateur avec un signal optique continue. Il y a aussi la précision des calculs qui peut ajouter une incertitude aux résultats ; par exemple, il faut définir une quantité de points dans les domaines temporel et spectral pour effectuer les calculs. En prenant un nombre de points ou une résolution trop faible, certains effets seraient négligés ou tout simplement inobservables. D’un autre côté, un faible nombre de points augmente la vitesse de calcul et permet d’effectuer plus d’itérations. Inversement, si l’on utilise plus de points, on aura une idée plus précise de la dynamique du laser, mais en rallongeant considérablement la durée des calculs. Il faut donc en arriver à un juste milieu entre la résolution et la rapidité des calculs. 51 4.4 Résultats numériques Dans cette partie on présentera les résultats obtenus avec notre programme de simulation d’une cavité accordable avec ou sans composante interférométrique, que ce soit en régime purement linéaire ou en considérant les effets NL de propagation. L’intérêt de ces simulations est d’en dégager une indication du comportement du laser. C’est pour cela que les fréquences optiques sélectionnées seront relatives à une fréquence centrale. Premièrement, nous allons présenter les conditions pour lesquelles le laser est stable et ce, pour les régimes linéaire et non linéaire. Ces conditions sont directement prises de la caractérisation de la cavité laser en laboratoire. TABLE 4.1 – Conditions expérimentales d’opération du laser en régime permanent Puissance pompe seuil Plage de puissance pompe stable Perte interne totale Valeur du coefficient du gain seuil 34 mW 55 - 62 mW 57 % 0.35 Commençons par un test d’accordabilité du laser sans les effets non linéaires ; on s’attend à une opération peu sensible à la puissance. Pour ce faire, nous avons fait converger l’impulsion circulant dans la cavité vers une solution stable, ce qui requiert environ 4500 tours de cavité. Ensuite, nous avons pris en note la fréquence optique relative et nous avons recommencé la simulation, mais en changeant la fréquence de modulation et nous avons refait converger la simulation vers une impulsion stable. Nous avons répété cette procédure pour différentes fréquences de modulation, ce qui a permis de simuler un test d’accordabilité. Le résultat est montré à la figure 4.5. F IGURE 4.5 – Test d’accordabilité numérique dans la cavité dispersive avec une fenêtre de modulation de 185 ps. On peut constater que la fréquence optique sélectionnée varie linéairement avec la fréquence 52 de modulation, sans aucun saut ou plateau dans la courbe d’accordabilité. On s’y attendait, car l’accordabilité est basée sur la dispersion interne de la cavité. La source majeure de dispersion est la paire de réseaux de diffraction qui introduit une dispersion de vitesse de groupe linéaire pour l’intervalle de fréquences optiques considéré. Selon notre simulation, la sélection spectrale semble bien fonctionner. Il faut ensuite vérifier que l’impulsion est de forme gaussienne et qu’elle est stable en durée et en amplitude. Avec le code numérique, il est possible d’observer le signal circulant dans la cavité et d’en étudier la convergence vers le régime permanent. Pour tout le chapitre 4, les graphiques qui présentent des formes temporelles et spectrales de l’impulsion ont été pris après 6000 tours de cavité. Des résultats sur la forme temporelle et spectrale de l’impulsion ainsi que sa convergence sont montrés à la figure 4.6. On peut observer sur la figure 4.6 que l’impulsion dans le domaine temporel et (a) (b) (c) (d) F IGURE 4.6 – Formes temporelle et spectrale de l’impulsion avec une fenêtre de modulation de 185 ps sans IGT et sans tenir compte des effets NL. a) Forme temporelle de l’impulsion en régime permanent. b) Forme spectrale de l’impulsion. c) et d) Évolution temporelle de l’impulsion pendant 6000 tours de cavité. Une pompe de 130 mA (58 mW) a été utilisée pour cette simulation. dans le domaine spectral est de forme gaussienne. L’impulsion prend environ 4500 tours de cavité pour être stable et atteindre une durée temporelle de 64 ps en régime permanent avec une fenêtre de modulation de 185 ps. La durée des impulsions est grandement affectée par la dispersion interne de la cavité et par la durée de la fenêtre de modulation. La dispersion étant constante, la fenêtre de modulation devient le degré de liberté avec lequel on peut agir pour varier la durée des impulsions. Avec des fenêtres de modulation de plus courte durée, la durée de l’impulsion sera aussi plus courte. 53 Expérimentalement et numériquement, le laser fonctionne en régime impulsionnel avec une dispersion interne anomale. En augmentant la puissance pompe, il y aura création d’effets NL dus à la puissance crête élevée de l’impulsion. L’interaction entre l’impulsion et le milieu de propagation, soit les fibres optiques constituant la cavité laser, créera de l’automodulation de phase (SPM) qui entraînera un glissement en fréquence à travers l’impulsion. L’équilibre entre le glissement en fréquence causé par la SPM et celui dû à la dispersion anomale de la cavité permettra la compression solitonique qui réduira la durée de l’impulsion. La figure 4.7 présente des résultats illustrant la compression solitonique. F IGURE 4.7 – Durée à mi-hauteur en fonction de la puissance pompe avec différentes durées du signal de modulation. On peut constater, sur la figure 4.7, que la compression solitonique est possible. Plus on augmente la puissance pompe et plus la durée de l’impulsion est réduite, et ce de façon linéaire, en général, avec la puissance pompe. L’intervalle de puissance montré ici est celui pour lequel le laser émet un train d’impulsions stable en régime permanent. Avec un courant de laser pompe plus faible que 120 mA ou plus haut que 140 mA, l’impulsion a des fluctuations de puissance importantes ainsi que des changements dans sa forme temporelle et de la gigue temporelle (”timing jitter”). Selon les simulations on peut obtenir une compression solitonique d’environ 10 % pour les trois durées de la fenêtre de modulation. Pour la fenêtre de modulation de 165 ps, il semble y avoir un rallongement de l’impulsion à faible courant ; en fait, l’impulsion n’était pas tout à fait stable avec un courant de la pompe de 125 mA (55.5 mW) ou moins. Après avoir utilisé le modèle numérique pour simuler les régimes linéaire et non-linéaire, ainsi que pour l’accordabilité, il est maintenant possible de considérer l’effet de composantes interférométriques dans la cavité (interféromètre de Gires-Tournois (IGT) ou de Fabry-Perot). En premier lieu, on considèrera un IGT où différentes distances entre les deux miroirs et différents coefficients de réflexion seront choisis pour évaluer leur effet sur l’accordabilité et la stabilité de l’impulsion. Le premier test sera accompli avec un espacement d = 1 cm entre les miroirs de l’IGT, un coefficient de réflectivité R = 20% et une fenêtre de modulation de 54 185 ps. Cet IGT possède une période de modulation spectrale de 0.12 nm et il induit un délai maximal de 148 ps. (a) (b) (c) F IGURE 4.8 – Test d’accordabilité avec différentes durées du signal de modulation : a) 185 ps, b) 155 ps et c) 105 ps, avec un IGT où d=1 cm et R=20 %. Une pompe de 170 mA (82 mW) a été utilisée pour ces simulations. Tout d’abord, analysons les différents tests d’accordabilité (voir la figure 4.8) pour ensuite voir la forme temporelle et le spectre de l’impulsion. Le test d’accordabilité effectué avec une fenêtre de 185 ps montre plusieurs sauts, ainsi que des plateaux. La courbe de la fréquence sélectionnée prend une forme d’escalier irrégulier ; ceci indique que la fenêtre de 185 ps est trop longue et n’a pas un effet très contraignant sur la fréquence optique sélectionnée. En utilisant une fenêtre de 155 ps, la sélection spectrale comporte encore des irrégularités, tels que des sauts et des plateaux. On peut aussi constater que pour un même délai, mais avec différentes durées de la fenêtre de modulation, la fréquence optique sélectionnée n’est pas la même. Ceci est un autre facteur nous indiquant que la durée de la fenêtre de modulation a un effet sur la sélection spectrale. Si on utilise une fenêtre de modulation de 105 ps, la sélection spectrale n’est pas parfaite et s’apparente encore à un escalier. Par contre, pour un même délai, on peut voir que la fréquence optique sélectionnée est différente des cas précédents et la position des plateaux a aussi changé. Ces facteurs nous indiquent que la durée de la fenêtre de modulation a un effet sur la sélection d’une fréquence optique et qu’en diminuant sa durée, il pourrait être possible de corriger les effets de la modulation du délai. En lien avec le test d’accordabilité, nous allons voir comment l’IGT affecte la forme tempo- 55 relle et spectrale d’une impulsion selon la durée de la fenêtre de modulation. Nous allons commencer par une fenêtre de modulation avec une durée de 185 ps. (a) (b) (c) (d) F IGURE 4.9 – Formes temporelle et spectrale de l’impulsion avec une fenêtre de modulation de 185 ps, un IGT avec d=1 cm et R=20 % et sans effet NL. a) Forme temporelle après 6000 tours de cavité. b) Forme spectrale de l’impulsion. c) et d) Évolution temporelle de l’impulsion pendant 6000 tours de cavité. Une pompe de 170 mA (82 mW) a été utilisée. On peut voir sur la figure 4.9 que l’IGT amène de l’instabilité dans les domaines temporel et spectral, et ce avec une fenêtre de modulation de 185 ps. La forme temporelle de l’impulsion change à chaque tour, ainsi que sa puissance crête. L’impulsion ne semble pas converger vers un régime stable et elle est constituée de lobes qui semblent s’échanger de l’énergie. La forme spectrale de l’impulsion est aussi affectée par l’IGT ; elle n’est plus de forme gaussienne et comporte un petit lobe secondaire. Avec une fenêtre de modulation de 155 ps, l’impulsion a une meilleure stabilité temporelle et elle ressemble beaucoup plus à une gaussienne avec une durée temporelle de 73 ps (voir la figure 4.10). La forme spectrale de l’impulsion est aussi plus stable et ressemble beaucoup à une gaussienne. L’impulsion semble se stabiliser après ≈ 3000 tours de cavité, ce qui permet une meilleure stabilité du laser en général, surtout lorsque l’on balaie le spectre laser. En choisissant une fenêtre de modulation de 105 ps, on peut constater que la forme temporelle de l’impulsion est bien gaussienne avec une durée de 61 ps (voir figure 4.11). Le profil spectral est aussi de forme gaussienne et ne comporte aucun lobe secondaire. Encore une fois la stabilisation de l’impulsion se fait plus rapidement que pour le cas précédent, augmentant ainsi la stabilité du laser en général, mais surtout lors du changement de fréquence optique produit lors d’un test d’accordabilité. 56 (a) (b) (c) (d) F IGURE 4.10 – Formes temporelle et spectrale de l’impulsion avec une fenêtre de modulation de 155 ps, un IGT avec d=1 cm et R=20 % et sans effet NL. a) Forme temporelle en régime permanent. b) Forme spectrale de l’impulsion. c) et d) Évolution temporelle de l’impulsion pendant 6000 tours de cavité. Une pompe de 130 mA (58 mW) été utilisé. (a) (b) (c) (d) F IGURE 4.11 – Formes temporelle et spectrale de l’impulsion avec une fenêtre de modulation de 105 ps et un IGT avec d=1 cm et R=20 %. a) Forme temporelle après 6000 tours de cavité. b) Forme spectrale de l’impulsion. c) et d) Évolution temporelle de l’impulsion pendant 6000 tours de cavité. Une pompe de 170 mA (82 mW) a été utilisée. 57 Lors de ces simulations, nous n’avons pas considéré les effets non-linéaires dans notre code de simulation. La figure 4.12 montre l’évolution de l’impulsion lorsque ceux-ci sont considérés. (a) (b) (c) (d) F IGURE 4.12 – Formes temporelle et spectrale de l’impulsion avec une fenêtre de modulation de 105 ps, un IGT avec d=1 cm et R=20 %. On tient compte des effets non-linéaires. a) Forme temporelle en régime permanent. b) Forme spectrale de l’impulsion. c) et d) Évolution temporelle de l’impulsion pendant 6000 tours de cavité. Une pompe de 170 mA (82 mW) a été utilisée. On peut constater sur la figure 4.12 que les effets non-linéaires n’ont pas d’impact majeur sur la stabilité des impulsions (pour le choix d’une puissance pompe restant dans un régime stable), ainsi que sur la forme temporelle et spectrale de l’impulsion. L’impulsion prend un peu plus de temps avant de se stabiliser temporellement. L’impulsion est un peu plus courte, passant de 61 ps sans les effets non-linéaires à 60 ps avec les effets non-linéaires, ce qui serait causé par la compression solitonique. Avec ces premiers résultats, on peut conclure que l’utilisation d’une fenêtre de modulation plus courte permettra une stabilisation plus rapide des impulsions dans les domaines temporel et spectral. On a pu constater que la réduction de la durée de la fenêtre de modulation avait un effet positif sur la sélection spectrale, mais il faudrait utiliser une très courte fenêtre de modulation pour corriger complètement les effets de modulation du délai de l’IGT. Pour compléter notre analyse sur les effets de l’IGT, nous analyserons le cas où celui-ci cause une plus forte modulation du délai et une période de modulation spectrale plus rapide. L’IGT aura une longueur d = 2 cm et un miroir avec une réflectivité de R = 20%. Ce choix 58 de paramètres donne un délai maximal de 298 ps et une période de modulation spectrale de 0.06 nm pour un spectre centré à 1550 nm. L’analyse portera sur le test d’accordabilité selon la durée de la fenêtre de modulation en premier lieu, et ensuite comment la fenêtre de modulation influence la stabilité temporelle des impulsions. Voici ce que l’on a obtenu avec différentes fenêtres de modulation. (a) (b) (c) F IGURE 4.13 – Test d’accordabilité avec différentes durées du signal de modulation ; a) 185 ps, b) 155 ps et c) 105 ps, avec un IGT où d=2 cm et R=20 %. Une pompe de 170 mA (82 mW) a été utilisée. En observant les trois graphiques de la figure 4.13 ont peut constater que la durée de la fenêtre de modulation a un effet considérable sur la qualité de la sélection spectrale. Pour une durée de fenêtre de modulation de 185 ps, il y a beaucoup d’irrégularités dans la courbe de la fréquence optique sélectionnée en fonction de la fréquence de modulation. La sélection spectrale a une forme générale d’escalier, mais avec des changements vers les plus hautes fréquences pour certains délais, ce qui cause une sélection spectrale désordonnée. Avec une fenêtre de modulation de 155 ps, la courbe de la fréquence optique sélectionnée en fonction de la fréquence de modulation dévie aussi du profil linéaire attendu. Cette courbe présente aussi beaucoup d’oscillations qui pourraient indiquer que la fenêtre de modulation ne parvient pas à corriger complètement la sélection spectrale. On pourrait dire que les irrégularités sont causées par une sélection spectrale entre la courbe en escalier et la sélection linéaire, ce qui pourrait augmenter les instabilités de sélection. Avec une fenêtre de modulation de 105 59 ps, la sélection spectrale prend la forme générale d’une droite avec de très petits plateaux et elle ne présente plus d’oscillation. La courbe tend vers une sélection linéaire, indiquant qu’une diminution encore plus importante de la durée de la fenêtre de modulation pourrait éliminer complètement les irrégularités résiduelles. Si l’on compare les sélections spectrales obtenues pour les deux configurations de l’IGT, soit celles avec d = 1cm et d = 2cm, et R = 20%, on constate qu’une fenêtre de modulation plus courte (105 ps) permet de rendre linéaire la sélection de la fréquence optique en fonction de la fréquence de modulation pour une courte période de modulation spectrale (d = 2cm et R = 20%). Avec une durée de 105 ps, la sélection spectrale de l’IGT avec d = 1cm a une forme d’escalier très prononcée. Il semblerait qu’une courte période de modulation spectrale et une fenêtre de modulation courte (105 ps) permettraient de filtrer les parasites spectraux, ce qui rend la sélection spectrale linéaire. Une période de modulation spectrale plus grande donne une sélection spectrale où le profil en escalier devient plus prononcé, avec de plus grands sauts et plateaux. Ceci est causé par la longue période de modulation spectrale qui augmente l’écart entre les longueurs d’onde centrées dans la fenêtre de modulation, d’où les sauts plus prononcés. Une explication sur la forme temporelle et spectrale suivra. Les prochaines figures montrent l’effet de la fenêtre de modulation sur la forme temporelle et spectrale des impulsions formées dans une cavité avec un IGT où d = 2 cm et R = 20%. (a) (b) (c) (d) F IGURE 4.14 – Formes temporelle et spectrale de l’impulsion avec une fenêtre de modulation de 185 ps et un IGT avec d=2 cm et R=20 % sans tenir compte des effets non linéaires. a) Forme temporelle après 6000 tours de cavité. b) Forme spectrale de l’impulsion. c) et d) Évolution temporelle de l’impulsion pendant 6000 tours de cavité. Une pompe de 170 mA (82 mW) a été utilisée pour ces simulations. 60 Avec une fenêtre de modulation de 185 ps (voir figure 4.14), plusieurs impulsions se forment à l’intérieur de celle-ci, puisqu’il y a plusieurs fréquences optiques qui sont synchronisées dans la fenêtre de modulation ; elle englobe ainsi un grand contenu spectral. L’évolution temporelle du signal est aussi très instable et celle-ci n’arrive pas à converger vers un régime permanent. Les multiples lobes qui se forment à l’intérieur de la fenêtre de modulation rendent le train d’impulsions émis instable ; il semble y avoir échange d’énergie entre les lobes de l’impulsion optique. La forme spectrale est aussi très irrégulière avec quelques paquets spectraux, qui reflètent bien les différents lobes du domaine temporel. (a) (b) (c) (d) F IGURE 4.15 – Formes temporelle et spectrale de l’impulsion avec une fenêtre de modulation de 155 ps et un IGT avec d=2 cm et R=20 % sans tenir compte des effets non linéaires. a) Forme temporelle après 6000 tours de cavité. b) Forme spectrale de l’impulsion. c) et d) Évolution temporelle de l’impulsion pendant 6000 tours de cavité. Une pompe de 170 mA (82 mW) a été utilisée. En utilisant une fenêtre de modulation de 155 ps (voir figure 4.15), le profil temporel de l’impulsion devient moins irrégulier sans converger vers une forme stable et un régime permanent. Il y a encore beaucoup de lobes qui constituent l’impulsion dans le domaine temporel, et ces lobes semblent s’échanger de l’énergie. Par contre, sans atteindre une correction totale du problème des instabilités, on peut noter qu’il y a une diminution dans le nombre de lobes créés dans la fenêtre de modulation. Le contenu spectral possède encore plusieurs paquets spectraux. Si l’on utilise une fenêtre de modulation de 105 ps avec la même configuration d’IGT, on constate sur la figure 4.16 que la forme temporelle de l’impulsion converge vers une gaussienne, ne comportant plus de lobes et avec une durée à mi-hauteur de 43 ps. L’évolution 61 (a) (b) (c) (d) F IGURE 4.16 – Formes temporelle et spectrale de l’impulsion avec une fenêtre de modulation de 105 ps et un IGT avec d=2 cm et R=20 % sans tenir compte des effets non linéaires. a) Forme temporelle en régime permanent. b) Forme spectrale de l’impulsion. c) et d) Évolution temporelle de l’impulsion pendant 6000 tours de cavité. Une pompe de 170 mA (82 mW) a été utilisée. temporelle de l’impulsion converge vers le régime permanent très rapidement (moins de 500 tours de cavité). La forme spectrale de l’impulsion ressemble à une gaussienne, mais avec deux irrégularités, une de chaque coté du centre du contenu spectral. La courte fenêtre de modulation semble, encore une fois, avoir limité le contenu spectral. Voyons l’impact des effets non linéaires sur la configuration d’IGT considéré à la figure 4.16, avec une fenêtre de modulation de 105 ps. Les résultats sont montrées sur la figure 4.17. On y constate que les effets non linéaires ne changent pas la convergence de l’impulsion vers un régime stable ; les profils temporel et spectral de l’impulsion semblent peu affectés par les effets non linéaires. On note une légère réduction de la durée de l’impulsion et un rétrissement de son spectre. Pour bien résumer le tout, nous allons analyser séparément l’effet de la durée de la fenêtre de modulation sur les deux configurations d’IGT. Premièrement, l’IGT avec d = 1cm et R = 20% sera considéré. Cet IGT a une période de modulation spectrale que l’on va considérer lente, par rapport à celle de l’IGT avec d = 2cm, donc il y a moins de fréquences optiques centrées dans la fenêtre de modulation ; celles qui seront centrées seront plus espacées dans le domaine spectral. Dans le domaine temporel, un espacement d plus petit que l’extension spatiale de l’impulsion va simplement rallonger l’impulsion en étalant temporellement son 62 (a) (b) (c) (d) F IGURE 4.17 – Formes temporelle et spectrale de l’impulsion avec une fenêtre de modulation de 105 ps, un IGT avec d=2 cm et R=20 %, en tenant compte des effets non-linéaires. a) Forme temporelle en régime permanent. b) Forme spectrale de l’impulsion. c) et d) Évolution temporelle de l’impulsion pendant 6000 tours de cavité. Une pompe de 170 mA (82 mW) a été utilisée. contenu spectral. Dans notre cas, un IGT avec d = 1cm est plus court que l’impulsion optique et un IGT avec d = 2cm est plus long que l’impulsion. En considérant un élément actif qui forme les impulsions et en limite la durée temporelle (ici un modulateur en amplitude), on peut expliquer l’effet de la fenêtre de modulation sur la sélection spectrale avec un IGT où d = 1cm et R = 20%. L’impulsion va être allongée par l’effet dispersif de l’IGT, mais il y aura aussi d’autres impulsions qui pourront se former, car elles seront aussi centrées dans la fenêtre de modulation. En réduisant la durée de la fenêtre de modulation, on limite le contenu spectral compris dans la fenêtre de modulation et on améliore la convergence vers un régime stable. Il n’y a plus d’impulsions secondaires, tant dans les domaines temporel et spectral, car la modulation spectrale est lente et le contenu spectral reste confiné en une seule impulsion. Par contre, cela n’empêche pas la présence d’instabilités de sélection spectrale, puisque la modulation spectrale est lente et les sauts dans la courbe d’accordabilité sont plus importants et difficiles à contourner. En comparaison, avec un IGT où d = 2cm (qui est plus long que l’impulsion) et R = 20%, le contenu spectral de l’impulsion sera séparé en plusieurs impulsions qui doivent être centrées dans la fenêtre de modulation. En prenant une longue fenêtre de modulation, il peut y avoir plusieurs impulsions parasites dans le domaine temporel et plusieurs paquets spectraux qui passeront sous la fenêtre de modulation, comme le montre la figure 4.14. En réduisant la durée de la fenêtre de modulation, le filtrage spectral est plus efficace et la largeur spectrale des impulsions raccourcit. Avec une fenêtre de mo- 63 dulation de très courte durée, il est possible d’éliminer toutes les impulsions secondaires et limiter la plage spectrale de l’impulsion transmise par le modulateur. En diminuant la durée optique de l’impulsion, la forme spectrale de plus en plus lisse en comblant les irrégularités ; éventuellement, le profil spectral deviendra près d’une gaussienne. Nous avons premièrement analysé un élément interférométrique produisant uniquement une modulation de la phase. Nous allons maintenant considérer un élément interférométrique produisant une modulation de la phase et de l’amplitude du signal circulant dans la cavité. Nous allons considérer l’interféromètre de Fabry-Perot et en étudier l’effet sur l’impulsion. La phase induite par l’interféromètre de Fabry-Perot est semblable à celle de l’IGT ; les fréquences qui sont affectées par un délai maximal seront aussi affectées par une intensité minimale en réflexion. Nous avons analysé une seule configuration d’interféromètre FabryPerot produisant une modulation en intensité allant de 94 % à 10 %. Le délai maximum est de 152 ps et il est obtenu avec les fréquences où l’intensité réfléchie est de 10 % ; la période de modulation spectrale est de 0.127 nm. On présente à la figure 4.18 les tests d’accordabilité effectués avec cet interféromètre de Fabry-Perot. (a) (b) (c) F IGURE 4.18 – Courbes d’accordabilité avec différentes durées de signal de modulation ; a) 185 ps, b) 155 ps et c) 105 ps, avec un interféromètre de Fabry-Perot avec d=2 cm, R1 = 20% et R2 = 80%. Une pompe de 170 mA (82 mW) a été utilisée. Les trois courbes d’accordabilité se ressemblent beaucoup, peu importe la fenêtre de modulation. Il y a quelques éléments nous indiquant que la fenêtre de modulation affecte la 64 sélection spectrale. En changeant la durée de la fenêtre de modulation, on sélectionne différentes fréquences optiques pour un même délai, ce qui est indicatif de l’impact de la durée de la fenêtre de modulation. Pour les trois fenêtres de modulation, la courbe d’accordabilité garde sa forme d’escalier. En ajoutant une modulation de l’intensité à une variation périodique de la phase, ceci rend la sélection spectrale plus difficile et irrégulière. Il y a deux effets à considérer, la variation périodique de la phase qui détermine les fréquences optiques centrées dans la fenêtre de modulation, et la modulation en intensité qui augmente sélectivement les pertes ; ce dernier effet sera difficile à contourner avec la fenêtre de modulation. Grâce à la figure 2.11a, on peut bien se représenter la problématique. Si on considère que les fréquences ayant un délai minimal et celles qui sont centrées dans la fenêtre de modulation, on peut voir la forme d’escalier. L’interféromètre va fixer la fréquence optique qui a le moins de perte (plus petit délai), laquelle peut être la fréquence optique centrée dans la fenêtre de modulation. Le laser oscillera sur les fréquences optiques ayant le moins de pertes ; comme la modulation en intensité est périodique, il en résulte une forme de sélection spectrale en escalier qui ne peut être corrigée par le choix de paramètres optimaux, comme une courte fenêtre de modulation. En lien avec les courbes d’accordabilité présentées à la figure 4.18, nous allons examiner le profil de l’impulsion dans les domaines temporel et spectral pour une cavité avec un interféromètre de Fabry-Perot. Voici ce que l’on a obtenu pour trois durées de la fenêtre de modulation. Avec une fenêtre de modulation de 185 ps (figure 4.19), on peut constater que la forme temporelle de l’impulsion n’est pas gaussienne ; en fait il semble y avoir trois impulsions qui compétitionnent pour osciller en même temps. La forme temporelle de l’impulsion semble changer tour à tour sans converger vers un régime permanent. Avec cette longue fenêtre de modulation, il est possible que plusieurs fréquences optiques soient centrées dans la fenêtre de modulation et que le filtrage spectral de l’interféromètre Fabry-Perot soit trop faible sur la plage des fréquences qui traversent le modulateur ; cela permet à plusieurs impulsions de survivre. Tel que mentionné un peu plus tôt, lorsque l’interféromètre de Fabry-Perot est plus long que l’impulsion optique, cela décompose l’impulsion en plusieurs impulsions avec différents contenus spectraux. Cette fenêtre de modulation ne permet d’éliminer les impulsions secondaires. Le profil spectral contient deux pics distincts. En réduisant la fenêtre de modulation à 155 ps (figure 4.20), on voit déjà une amélioration dans les formes temporelle et spectrale de l’impulsion. L’impulsion semble converger à long terme vers une forme d’impulsion asymétrique. La diminution de la durée de la fenêtre temporelle supprime les impulsions secondaires et filtre le domaine spectral pour ne conserver qu’un paquet spectral. Pour finir, nous avons utilisé une fenêtre de modulation de 105 ps pour la même configura- 65 (a) (b) (c) (d) F IGURE 4.19 – Formes temporelle et spectrale de l’impulsion avec une fenêtre de modulation de 185 ps et un interféromètre de Fabry-Perot avec d=2 cm, R1 =20 % et R2 =80 %. a) Forme temporelle après 6000 tours de cavité. b) Forme spectrale de l’impulsion. c) et d) Évolution temporelle de l’impulsion pendant 6000 tours de cavité. Une pompe de 170 mA (82 mW) a été utilisée. tion d’interféromètre de Fabry-Perot. Les forme temporelle et spectrale de l’impulsion sont bien définies et elles épousent des profils gaussiens. L’impulsion atteint le régime permanent plus rapidement, ce qui permet une meilleure stabilisation du laser. Encore une fois, c’est grâce à la diminution de la durée de l’impulsion optique et à la sélection plus fine de la fenêtre de modulation qu’il y a une amélioration de la forme temporelle et du contenu spectral de l’impulsion. Par contre, cette stabilisation de l’impulsion ne garantit pas une sélection spectrale linéaire, tel que vu un peu plus tôt. Si l’effet de la modulation en amplitude est assez important, il serait impossible d’éviter le problème. Jusqu’à présent, nous n’avons pas considéré les effets non-linéaires dans les simulations où la cavité dispersive intègre un interféromètre de Fabry-Perot. Nous allons ajouter ces effets et voir leur impact sur la stabilisation des impulsions. On peut voir sur la figure 4.22 que la dynamique de l’impulsion, sa forme temporelle et son spectre optique ne sont pas vraiment affectés par les effets non-linéaires. Dans ce chapitre, nous avons bien illustré le comportement général du laser accordable tant dans les régimes linéaire et non-linéaire, avec ou sans composantes interférométriques et ce pour différentes durées de la fenêtre de modulation. Nous avons montré qu’il était possible de corriger la courbe d’accordabilité et d’améliorer la forme des impulsions lorsqu’un 66 (a) (b) (c) (d) F IGURE 4.20 – Formes temporelle et spectrale de l’impulsion avec une fenêtre de modulation de 155 ps et un interféromètre de Fabry-Perot avec d=2 cm, R1 =20 % et R2 =80 %. a) Forme temporelle après 6000 tours de cavité. b) Forme spectrale de l’impulsion. c) et d) Évolution temporelle de l’impulsion pendant 6000 tours de cavité. Une pompe de 170 mA (82 mW) a été utilisée. élément interférométrique affecte l’amplitude et/ou la phase du signal. Dans le prochain chapitre, les résultats expérimentaux seront présentés et ce présent chapitre servira de comparaison pour vérifier si les expériences concordent avec les simulations. 67 (a) (b) (c) (d) F IGURE 4.21 – Formes temporelle et spectrale de l’impulsion avec une fenêtre de modulation de 105 ps et un interféromètre de Fabry-Perot avec d=2 cm, R1 =20 % et R2 =80 %. a) Forme temporelle en régime permanent. b) Forme spectrale de l’impulsion. c) et d) Évolution temporelle de l’impulsion pendant 6000 tours de cavité. Une pompe de 170 mA (82 mW) a été utilisée. 68 (a) (b) (c) (d) F IGURE 4.22 – Formes temporelle et spectrale de l’impulsion avec une fenêtre de modulation de 105 ps, un interféromètre de Fabry-Perot avec d=2 cm, R1 =20 % et R2 =80 %, en tenant compte des effets non-linéaires. a) Forme temporelle en régime permanent. b) Forme spectrale de l’impulsion. c) et d) Évolution temporelle de l’impulsion pendant 6000 tours de cavité. Une pompe de 170 mA (82 mW) a été utilisée 69 Chapitre 5 Résultats expérimentaux pour un laser accordable muni d’une cavité dispersive Dans ce chapitre, on présentera les résultats expérimentaux du laser fibré accordable à synchronisation modale active muni d’une cavité dispersive. Nous allons montrer des tests d’accordabilité du laser, ainsi que la forme de l’impulsion qui sort de la cavité et la compression solitonique. En comparaison, nous allons aussi présenter des résultats expérimentaux montrant l’effet de composantes interférométriques sur l’accordabilité du laser, sur la stabilité et sur le spectre optique des impulsions. 5.1 Sélection spectrale et régime impulsionnel stable La première partie de ce chapitre portera sur l’accordabilité du laser en condition optimale. Le but de ce premier test est de s’assurer qu’en présence d’une dispersion régulière (sans modulation ou autre effet parasite), l’accordabilité sera continue et linéaire. La dispersion due aux réseaux de diffraction est tout à fait régulière, ce qui veut dire qu’elle introduit une dépendance linéaire et sans oscillation dans le délai de groupe en fonction de la fréquence. Par la même occasion, l’impulsion finale et son spectre devraient être stables dans le temps et posséder une forme gaussienne. Pour réussir à opérer le laser en régime permanent (on entend par cette expression que l’impulsion laser est stable de tour en tour), il faut utiliser des conditions expérimentales bien précises. Certains paramètres du laser sont imposés par le rendement ou les pertes intrinsèques des composantes utilisées. Chaque réflexion sur les réseaux de diffraction introduit des pertes au minimum de 9 % (selon le manufacturier), mais elles ont été évaluées à 12 % dans le laboratoire. Le choix du coupleur 90/10 a été fait en sachant qu’il y a déjà d’im- 71 portantes pertes dans la cavité. Les pertes de sortie et de réinjection dans la fibre sont aussi importantes, car le minimum théorique de perte est d’environ 16 %. Pour notre cavité, ces pertes s’élèvent à 20 %. Ces caractéristiques de notre cavité sont difficiles à modifier, mais nous pouvons avoir le contrôle sur d’autres parties du laser, qui seront décrites plus loin. Voici les conditions d’opération pour le régime permanent. TABLE 5.1 – Conditions d’opération du laser en régime permanent Puissance de pompe seuil Plage de puissance pompe stable Fenêtre de modulation Taux de répétition Plage d’accordabilité Pertes internes totales 34 mW 55 - 62 mW 155 à 185 ps 17.629 à 17.785 MHz 1524 nm à 1562 nm 57 % L’ensemble de ces paramètres est ajustable par l’opérateur du laser, sauf la puissance seuil du laser et les pertes internes totales qui pourraient être modifiées par le changement du coupleur de sortie. La plage d’accordabilité est limitée par la disposition des réseaux de diffraction qui, dû à leur taille limitée, ne peuvent pas être utilisés au-delà de cette plage d’accordabilité. Il y a aussi le miroir en coin placé après la paire de réseaux qui n’est pas assez grand et ne réfléchit pas le contenu spectral au-delà de cette plage. Avec de plus grands miroirs et réseaux de diffraction, il serait possible d’augmenter la plage d’accordabilité. La limite de la fenêtre de modulation est basée sur la stabilité du laser ; en dessous de 155 ps, le train d’impulsions devenait instable. Ceci est causé par la bande passante limitée (10 GHz) du modulateur ; pour une fenêtre de modulation plus courte que 165 ps, le front montant du signal électrique est trop abrupt pour que le modulateur puisse le suivre et il n’atteint pas la valeur Vπ du modulateur, rendant le laser instable. Pour compenser ce phénomène, il faudrait augmenter la tension crête de la fenêtre de modulation ; cependant, nous sommes déjà au maximum de l’amplificateur. Placer deux amplificateurs en série pourrait être une manière simple de contourner le problème. Commençons par le test d’accordabilité et la stabilité du laser sans composante interférométrique. Ce test d’accordabilité a été réalisé avec une fenêtre de modulation de 185 ps, un puissance pompe de 61 mW et pour un intervalle de fréquence de modulation de 17.705 MHz à 17.760 MHz. Comme on s’y attendait, l’accordabilité est linéaire et une seule raie est sélectionnée pour une fréquence de modulation donnée. Ceci est en accord avec ce qui a été établi dans la théorie (chap. 2) et avec les résultats des simulations (chap. 4). À l’aide de ce graphique, il a été possible d’évaluer la dispersion interne totale de la cavité. Un changement de fréquence de modulation ( f m = 1/Tm ) revient à une différence de période de modulation ; ainsi on peut connaître le délai entre deux longueurs d’onde sélectionnées. Pour évaluer la 72 F IGURE 5.1 – Longueur d’onde sélectionnée en fonction de la fréquence de modulation d’un laser à synchronisation modale active sans élément interférométrique. dispersion d’ordre deux, il faut prendre la dérivée du délai en fonction de la fréquence angulaire optique. Nous avons estimé la dispersion interne totale comme étant : β 2 = −15.4 ps2 (5.1) Cette valeur est semblable à la dispersion prédite par nos calculs sur la paire de réseaux, la dispersion théorique étant de β 2 = −17.3 ps2 . Une faible erreur dans l’alignement des réseaux et/ou dans leur distance pourrait expliquer cette différence. Par exemple, si on a une distance b = 0.1 m et un désalignement de deux degrés du faisceau incident, ou tout simplement b = 0.09 m, on retrouve sensiblement la même dispersion que celle mesurée en laboratoire. Voyons maintenant la stabilité de l’impulsion optique dans le temps, sa durée, son spectre RF et son spectre optique. Pour ce faire, nous avons gardé les mêmes caractéristiques que lors du test d’accordabilité, mais nous avons choisi une fréquence de modulation précise de 17.706 MHz, une fenêtre de modulation de 185 ps et une puissance pompe de 59 mW. L’impulsion optique a été caractérisée avec un oscilloscope Infinium 50 GHz d’Agilent muni d’un détecteur optique intégré. Cet oscilloscope acquiert la forme de l’impulsion à partir d’un échantillonnage ; il faut donc un signal stable et répétitif dans le temps. Il est possible d’effectuer un moyennage, mais dans ce cas nous perdons de l’information sur la stabilité temporelle de l’impulsion. L’impulsion obtenue possède une durée de 60 ps et une forme gaussienne. Le profil de l’impulsion dans le domaine spectral est bien gaussien et ne comporte aucun lobe secondaire ; une différence de puissance entre le maximum du spectre optique et le bruit électronique est de 28 dB. L’enveloppe du train d’impulsions est assez stable et n’a pas de fluctuation de puissance importante, tel que montré à la figure 5.2c) pour 1750 tours de cavité. Le spectre RF de l’enveloppe du train d’impulsions possède une composante dominante à la fréquence de modulation, tel qu’attendu. Il y a aussi deux lobes latéraux qui sont dus à une légère fluctuation de l’enveloppe du train d’impulsions. La fréquence de ces 73 (a) (c) (b) (d) F IGURE 5.2 – a) Impulsion optique provenant du laser accordable. b) Spectre optique de l’impulsion. c) Enveloppe du train d’impulsions pendant 1750 tours de cavité. d) Spectre RF. fluctuations est la différence de fréquence entre le pic principal et les pics secondaires ; cette différence est ≈ 0.035 MHz produisant une période de ≈ 30 µs, ce qui correspond qualitativement aux faibles oscillations de la figure 5.2c). La largueur du pic central est de 25 Hz, reflétant la stabilité du taux de répétition des impulsions laser. Pour s’assurer de la validité de la prise de mesures avec l’oscilloscope, nous avons aussi évalué la durée de l’impulsion à l’aide d’un autocorrélateur. Cette mesure est basée sur un effet NL (conversion du deuxième harmonique) pour déduire la durée de l’impulsion optique. Pour bien interpréter la réponse du signal de l’autocorrélateur, il faut supposer que l’impulsion possède une forme analytique (la gaussienne ou la sécante hyperbolique sont souvent utilisées). Le choix de la forme de l’impulsion va directement affecter le calcul donnant la durée de l’impulsion. Dans notre cas, nous avons considéré une impulsion de type sécante hyperbolique, puisque la cavité possède une dispersion anomale. La figure 5.3 montre une trace d’autocorrélation typique : La trace d’autocorrélation est bien en accord avec le durée optique mesurée avec l’oscilloscope à échantillonnage, la faible différence pourrait être causée par le choix du profil de l’impulsion dans la mesure d’autocorrélation ou la bande passante finie du système de détection et/ou de l’oscilloscope. Si nous avions choisi un profil gaussien pour l’impulsion, nous aurions obtenu une durée à mi-hauteur de 60 ps, ce qui est précisément la durée donnée par l’oscilloscope à échantillonnage. Dans la théorie décrite au chapitre 2, l’équation (2.17) prédisait théoriquement la durée de 74 F IGURE 5.3 – Trace d’autocorrélation de l’impulsion optique générée par le laser. l’impulsion selon certains paramètres. Dans le cas présent tm = 185 ps et φ2 = 15.4 ps2 , ce qui donne une durée théorique de 49 ps. La différence entre les résultats théoriques et expérimentaux est surtout causée par l’approximation de la fenêtre de modulation qui a été utilisée pour le modèle théorique. Nous avions approximé la fenêtre de modulation à une gaussienne afin de développer le modèle théorique et avoir une idée des impulsions que l’on allait obtenir. En réalité, l’équation qui définit la réponse d’un modulateur est donnée au chapitre 4 (équation (4.6)). Le code numérique décrit au chapitre 4 prédit une durée de l’impulsion de 64 ps, et ce dans des conditions d’opération semblables à celles de l’expérience. Il y a une bonne concordance entre les résultats expérimentaux et numériques. On obtient un produit ∆ν∆t = 0.95 pour les résultats expérimentaux et ∆ν∆t = 0.71 pour les simulations, montrant que dans les deux cas il y a un glissement en fréquence dans l’impulsion ; selon le modèle gaussien, ce produit vaudrait 0.62. La stabilité du train d’impulsions du laser est très importante et elle dépend, en partie, des pertes de la cavité, de la puissance pompe et des effets non-linéaires. Dans la table 5.1 on peut voir la plage de puissance pompe sur laquelle le laser est opérationnel avec un train d’impulsions stable. La caractérisation des pertes de la cavité a permis d’utiliser ces données pour les insérer dans la simulation et ainsi reproduire le plus fidèlement possible le comportement du laser. La plage de puissance pompe menant à une opération stable, mesurée en laboratoire, est de 55 - 62 mW, pour l’ensemble des fenêtres de modulation. En ajoutant les effets non-linéaires aux simulations, un régime instable s’établit à haute puissance ; la plage de puissance pompe menant à une impulsion stable dans les simulations va de 52 à 67 mW. La différence entre ces deux résultats n’est pas majeure ; il est peu étonnant que l’on ne retrouve pas exactement la même plage de puissance, compte tenu de la complexité du problème, du nombre d’éléments insérés dans la cavité laser et de l’incertitude sur la valeur de plusieurs paramètres. La dispersion anomale de la cavité et des impulsions de courte durée avec une puissance crête assez élevée permettent de mettre en jeu des effets non-linéaires. Ainsi il est possible de mettre en évidence la compression solitonique. La plage de puissance sur laquelle le laser est stable est la région où la compression solitonique sera analysée. La plus faible puissance est 75 celle où l’on considère l’impulsion stable en régime linéaire ; plus on augmente la puissance et plus l’impulsion va se comprimer temporellement, ce qui est la signature du régime nonlinéaire. La figure 5.4 montre bien la compression solitonique pour différentes durées de la fenêtre de modulation ; pour évaluer la durée des impulsions, on suppose un profil en sécante hyperbolique (ce qui est justifié par la compression solitonique). (a) (b) F IGURE 5.4 – Durée à mi-hauteur de l’impulsion en fonction du courant de la pompe pour différentes durées de la fenêtre de modulation. a) Résultats expérimentaux et b) numériques. Les mesures expérimentales (prises avec l’oscilloscope de 50 GHz) montrent bien la compression solitonique qui raccourcit temporellement l’impulsion à mesure que la puissance pompe est augmentée. Si on augmente encore la puissance pompe, les impulsions ne seront plus stables temporellement ; de grandes fluctuations de la puissance crête dues aux effets non-linéaires trop importants sont présentes. L’explication de la compression solitonique ne sera pas redéveloppée ici, car elle a déjà été traitée au chapitre 2, section 3. La compression solitonique est d’environ 10 % pour l’ensemble des fenêtres de modulation. Avec une fenêtre de modulation de 185 ps, la compression solitonique est pratiquement linéaire sur toute la plage de puissance du régime stable. Il y a aussi une réduction de la durée temporelle plus importante qu’avec de plus courtes fenêtres de modulation. Les deux autres fenêtres de modulation (175 ps et 165 ps) montrent une compression solitonique qui n’est pas linéaire. Audelà d’un courant pompe d’environ 135 mA, on peut voir un allongement de l’impulsion. Au-delà de 137 mA, les impulsions commencent à être instables temporellement. En comparant les résultats expérimentaux aux simulations numériques, on se rend compte que les mesures expérimentales concordent assez bien avec le modèle numérique. Les différences majeures sont la plage de stabilité, qui est plus grande dans les simulations et une compression solitonique plus régulière dans les simulations. Ces différences pourraient être causées par le temps de montée du signal électrique dans le modulateur qui est trop rapide pour la bande passante du modulateur et par la limite de la précision de l’acquisition des données expérimentales. 5.2 76 Sélection spectrale et régime impulsionnel avec composantes interférométriques La dernière section faisait état des résultats obtenus avec un laser accordable par la dispersion, dont le délai de groupe variait de façon linéaire et sans oscillation en fonction de la fréquence de modulation. La présente section exposera les résultats expérimentaux obtenus avec une cavité laser accordable par la dispersion, mais dont le délai de groupe sera affecté par des oscillations causées par une modulation du délai. Pour y arriver, nous allons rajouter un IGT dans la cavité ; cet élément module le délai tel que décrit dans le chapitre 2 (équation (2.35)). Lorsque le test d’accordabilité pour une cavité contenant un IGT aura été complété, nous allons le remplacer par un interféromètre de Fabry-Perot qui module le délai et l’amplitude (équations (2.38) et (2.36)). Commençons par les résultats expérimentaux obtenus avec l’IGT en présentant d’abord les tests d’accordabilité suivis de résultats sur la forme temporelle et la stabilité des impulsions. Les premières mesures ont été prises avec un IGT où d = 1cm et R = 20% et différentes fenêtres de modulation (185 ps, 155 ps et 105 ps). La modulation maximale du délai est alors de 148 ps et la période de modulation spectrale s’élève à 0.12 nm. (a) (b) (c) F IGURE 5.5 – Sélection spectrale dans une cavité laser avec un IGT où d = 1 cm et R = 20% et trois durées de la fenêtre de modulation : a) 185 ps, b) 155 ps et c) 105 ps. On peut voir sur la figure 5.10 que les trois courbes d’accordabilité ne sont pas linéaires et que le raccourcissement de la fenêtre de modulation ne permet pas de corriger complètement la forme en escalier de la courbe de sélection spectrale. Tel que présenté au chapitre 4, la modulation du délai imposée par l’IGT est lente ; donc avec une fenêtre de modulation plus longue (185 ps), la sélection spectrale comporte de grands sauts en longueur d’onde, avec des oscillations. Il n’y pas de plage spectrale où la courbe de sélection spectrale est linéaire. 77 En diminuant la durée de la fenêtre de modulation à 155 ps, la courbe d’accordabilité est encore en forme d’escalier, mais avec beaucoup d’oscillations. Ce changement dans la forme de la courbe d’accordabilité est une bonne indication de l’impact de la durée de la fenêtre de modulation sur la sélection spectrale, sans la corriger entièrement. Avec une fenêtre de modulation de 105 ps, la sélection spectrale n’a pas trop changé dans sa forme générale. Il semble que les sauts en longueur d’onde soient plus faibles ; ceci indique qu’une fenêtre de modulation plus courte atténue les effets de la modulation du délai introduite par l’IGT, mais sans les supprimer. Ces résultats expérimentaux de sélection spectrale montrent bien ce que les simulations prédisaient, soit qu’une modulation assez lente du délai est plus difficile à corriger et demande de plus courtes fenêtres de modulation pour y parvenir. Voyons maintenant l’impact de la même configuration d’IGT sur l’enveloppe du train d’impulsions, la forme temporelle de l’impulsion et le spectre RF. Pour prendre ces mesures, nous avons utilisé une fréquence de modulation de 17.695 MHz, une fenêtre de modulation de 185 ps et une puissance pompe de 93 mW. (a) (b) (c) F IGURE 5.6 – a) Enveloppe du train d’impulsions pendant 1750 tours de cavité lorsqu’un IGT est introduit dans la cavité laser. b) Profil temporel de l’impulsion optique dans une cavité avec IGT. c) Spectre RF de l’impulsion optique. On peut voir sur la figure 5.6 que l’enveloppe du train d’impulsions n’est pas vraiment stable en puissance, indiquant l’effet perturbateur de l’IGT. La forme temporelle de l’impulsion en est aussi affectée ; elle comporte deux pics assez approchés. La forme temporelle a été prise par un oscilloscope à échantillonnage de 50 GHz qui moyenne les mesures ; les instabilités rendaient la lecture du signal impossible sans moyennage. Le spectre RF montre aussi plusieurs pics secondaires et un faible contraste (16 dB) entre le pic principal et les pics se- 78 condaires. Les pics secondaires sont dus aux oscillations du signal, lesquelles sont beaucoup plus faibles sans IGT. L’ensemble de ces mesures est en accord avec les simulations ; l’évolution temporelle de l’impulsion ne convergeait pas et la forme temporelle comportait deux lobes suite à l’insertion d’un IGT avec ces paramètres. Le spectre optique peut être aussi grandement affecté par la modulation du délai causée par un IGT, car plusieurs paquets spectraux de fréquences optiques différentes peuvent coïncider avec la fenêtre de modulation et se mettre à osciller. La figure 5.7 montre les spectres optiques obtenus avec une puissance de pompe faible, proche du seuil, ainsi que pour une puissance pompe élevée, soit trois fois la puissance seuil. On utilisait un IGT avec d = 1cm et R = 20% avec une fenêtre de modulation de 185 ps. F IGURE 5.7 – Spectres optiques en présence d’une modulation du délai causée par un IGT avec d = 1 cm et R = 20%. La forme spectrale de l’impulsion est grandement affectée par la modulation du délai ; on peut voir que même à faible puissance pompe, la forme spectrale n’est pas bien définie, montrant plusieurs bosses. En augmentant la puissance de pompe, plusieurs lobes secondaires se forment. Les simulations montraient aussi que le spectre pouvait contenir plusieurs paquets spectraux qui pouvaient mener à des instabilités de l’enveloppe de l’impulsion. Les résultats expérimentaux obtenus pour le spectre optique sont bien en accord avec les simulations numériques. Il serait intéressant d’étudier l’impact d’une modulation spectrale du délai plus rapide et menant à un délai maximal plus grand. Pour y arriver, nous avons utilisé un IGT avec d = 2 cm et R = 20%, ce qui donne une modulation spectrale avec une période de 0.06 nm et un délai maximal de 298 ps. Nous allons montrer les courbes d’accordabilité acquises avec trois fenêtres de modulation de durées différentes et nous montrerons aussi les spectres RF qui donneront de l’information sur la stabilité temporelle du train d’impulsion. Sur la figure 5.8, on constate une amélioration de la sélection spectrale en diminuant la durée de la fenêtre de modulation de 185 ps à 105 ps. On voit que la sélection spectrale obtenue 79 (a) (b) (c) (d) (e) (f) F IGURE 5.8 – Courbe d’accordabilité en fonction de la fréquence de modulation pour différentes fenêtres de modulation. À gauche : a) 185 ps c) 155 ps et e) 105 ps. La courbe noire est la sélection spectrale obtenue sans IGT dans la cavité laser. À droite, spectre RF pour différentes fenêtres de modulation : b) 185 ps d) 155 ps et f) 105 ps. avec une fenêtre de modulation de 185 ps est irrégulière et ne ressemble pas à un escalier. Il y a encore des sauts dans la sélection spectrale ainsi que des plateaux, mais il y a aussi des intervalles de fréquences de modulation pour lesquels la sélection spectrale est linéaire et parallèle à la sélection spectrale sans IGT. Cette linéarité nous indique que la fenêtre de modulation de 185 ps a déjà un effet notable sur la sélection spectrale et corrige en partie les irrégularités. Toujours avec la même fenêtre de modulation, on peut remarquer que le spectre RF possède des pics secondaires ; la faible différence (18 dB) entre le maximum et les pics secondaires de fréquence nous indique que l’enveloppe du train d’impulsions devrait être fortement modulée. On peut noter une amélioration de la courbe d’accordabilité avec une fenêtre de modulation de 155 ps, avec plusieurs parties où la sélection spectrale est linéaire et des sauts plus petits. Le spectre RF est amélioré avec une différence entre le maximum et les pics secondaires de 23 dB. En diminuant la durée de la fenêtre de modulation à 80 105 ps, la courbe d’accordabilité est presque totalement linéaire et parallèle à celle obtenue sans IGT dans la cavité. Le spectre RF est grandement amélioré avec une différence de 35 dB entre le maximum et les pics secondaires. Avec une courte fenêtre de modulation, il est possible de corriger les instabilités de sélection spectrale causées par un IGT qui introduit une modulation rapide du délai en fonction de la fréquence optique. Plus cette modulation du délai est rapide, plus il est facile de corriger ses effets sur la sélection spectrale avec une courte fenêtre de modulation. Les simulations numériques mènent à la même conclusion, sauf que la sélection spectrale obtenue avec une fenêtre de modulation de 105 ps ne montrait pas un comportement aussi linéaire. Le spectre optique d’une impulsion obtenue avec une cavité munie d’un IGT sera grandement affecté par la modulation du délai. La figure 5.9 montre l’impact d’un IGT sur le spectre d’une impulsion. F IGURE 5.9 – Spectre optique d’une impulsion affectée par une modulation rapide du délai causée par un IGT avec d = 2 cm et R = 20%. Une fenêtre de modulation de 185 ps est utilisée. On constate que le contenu spectral de l’impulsion comprend deux lobes secondaires qui illustrent bien que la modulation du délai possède plusieurs pics qui permettent à plusieurs paquets spectraux de longueurs d’onde différentes d’être centrés dans la fenêtre de modulation. La modulation spectrale rapide imposée par l’IGT permet de regrouper les paquets spectraux. La fenêtre de modulation de 185 ps est trop longue pour pouvoir enlever totalement ces lobes secondaires, et par la même occasion, elle ne peut agir comme un filtre spectral assez sélectif. Les simulations montraient aussi un contenu spectral contenant plusieurs pics, ce qui est en accord avec nos résultats expérimentaux. Après avoir caractérisé l’effet de la modulation du délai causée par l’IGT, nous avons changé de composante interférométrique pour un interféromètre de Fabry-Perot qui module non seulement le délai, mais aussi l’amplitude du signal réfléchi en fonction de la fréquence optique. Il y a donc deux degrés de liberté à considérer, ce qui pourrait rendre la sélection 81 spectrale ainsi que la stabilité temporelle de l’impulsion plus difficiles. Nous allons commencer par la sélection spectrale obtenue dans un interféromètre de Fabry-Perot où L = 2cm, R1 = 20% et R2 = 80%. La modulation maximale du délai obtenue avec ces paramètres est de 152 ps, la période de la modulation spectrale est de 0.06 nm et l’intensité réfléchie varie entre 10 % et 94 % de l’intensité incidente. (a) (b) (c) F IGURE 5.10 – Courbe d’accordabilité dans une cavité laser avec un interféromètre de FabryPerot avec d = 2 cm, R1 = 20% et R2 = 80% et trois fenêtres de modulation de durée : a) 185 ps, b) 155 ps et c) 105 ps. On peut noter que la fréquence de modulation pour ce test d’accordabilité a changé d’environ 10 kHz pour obtenir les mêmes longueurs d’onde optiques que lorsque l’on n’avait pas de composante interférométrique puisque, pour ajouter l’interféromètre de Fabry-Perot, nous avons racourci de quelques centimètres la cavité à l’air libre. En observant la figure 5.10, on constate que la courbe d’accordabilité avec une fenêtre de modulation de 185 ps prend la forme d’un escalier présentant à la fois de grandes et petites oscillations ; la partie à la droite de la courbe d’accordabilité montre une pente moyenne linéaire. L’impact de la fenêtre de modulation de 185 ps n’est pas majeur, car la courbe d’accordabilité est difforme avec beaucoup d’oscillations de grande amplitude. Ces grandes oscillations démontrent que la fenêtre de modulation est trop longue, englobant un contenu spectral trop grand qui permet l’oscillation de plusieurs paquets spectraux de longueurs d’onde différentes. Avec une fenêtre de modulation plus courte (155 ps), la courbe d’accordabilité ressemble plus à un escalier qu’avec une fenêtre de modulation de 185 ps. Il y a moins d’oscillations ; les grandes oscillations ont toutes disparues, ce qui indique que la fenêtre de modulation est assez courte pour agir comme filtre spectral. Les grands sauts de sélection spectrale sont surtout dus à la modulation de réflectivité causée par l’interféromètre de Fabry-Perot qui favorise les paquets 82 spectraux dont la longueur d’onde subit la plus faible modulation du délai. Entre les sauts de la courbe d’accordabilité, il y a aussi de longs plateaux avec de petites oscillations qui sont provoquées par l’effet combiné de la modulation du délai et de l’amplitude. Les différences majeures entre ces résultats et ceux obtenus avec l’IGT sont la grandeur des sauts de sélection spectrale et la longueur des plateaux entre ces sauts, qui sont plus grands et plus longs avec un interféromètre de Fabry-Perot. La fenêtre de modulation de 105 ps a un effet plus marquant sur la courbe d’accordabilité qui est rendue pratiquement linéaire avec de très petites oscillations distribuées aléatoirement. Expérimentalement, une courte fenêtre de modulation diminue les sauts de sélection spectrale et les plateaux, sans totalement éliminer les effets des oscillations du délai et de l’amplitude. Cette fenêtre de modulation agit efficacement comme filtre spectral, mais elle semble aussi diminuer les effets de la modulation en amplitude dus à la réponse de l’interféromètre de Fabry-Perot. Les petites oscillations résiduelles seraient possiblement le résultat des oscillations en amplitude dont les effets sont plus difficiles à éliminer ; les pertes importantes à certaines longueurs d’onde empêcheraient celles-ci d’osciller. Si l’on compare les résultats expérimentaux avec les simulations, on constate que les simulations de la sélection spectrale avec un interféromètre de Fabry-Perot semblent peu affectées par la durée de la fenêtre de modulation. Les sauts et plateaux de la sélection spectrale numérique sont peu sensibles à la durée de la fenêtre de modulation. Les résultats expérimentaux montrent une amélioration notable avec une diminution de la durée de la fenêtre de modulation. Il est possible que les oscillations en amplitude dans la réponse de l’interféromètre Fabry-Perot aient été plus faibles en pratique, à cause d’un alignement imparfait des miroirs ; lorsque ces oscillations en amplitude sont profondes, il serait impossible d’éliminer les discontinuités dans la courbe d’accordabilité, selon les simulations. Après avoir constaté les effets de l’interféromètre de Fabry-Perot sur la sélection spectrale, nous allons présenter l’effet de cette composante interférométrique sur l’impulsion laser et sur son spectre optique. (a) (b) F IGURE 5.11 – Forme temporelle de l’impulsion et spectre optique dans une cavité laser avec un interféromètre de Fabry-Perot où d = 2 cm, R1 = 20% et R2 = 80% et une fenêtre de modulation de 185 ps. 83 On remarque à la figure 5.11 que la forme temporelle de l’impulsion est très affectée par la composante interférométrique. L’oscilloscope à échantillonnage de 50 GHz, qui prend la mesure, est incapable de bien définir la forme temporelle de l’impulsion obtenue avec une fenêtre de modulation de 185 ps, indiquant qu’elle n’est pas stable temporellement. Cet oscilloscope a besoin d’un signal répétitif dans le temps pour bien caractériser l’impulsion ; nous avons dû utiliser un moyennage pour observer une impulsion (sinon il y avait beaucoup de fluctuations dans la forme de l’impulsion). Même en utilisant un moyennage, la forme de l’impulsion n’est pas symétrique ; elle a un front montant plus abrupt et un front descendant plus lent. Elle a une durée à mi-hauteur de 150 ps. En lien avec l’impulsion temporelle, on peut observer un spectre optique qui montre plusieurs irrégularités et pics secondaires. Le spectre est aussi affecté par la composante interférométrique qui module le délai et l’amplitude dans le domaine spectral. La réflectivité de l’interféromètre est maximum aux longueurs d’onde où le délai est minimum. Il est donc fort probable que les deux pics principaux subissent le même délai avec une forte réflectivité et qu’ainsi ils sont favorisés. Ces résultats expérimentaux sont en accord avec les simulations. L’impulsion obtenue par simulation numérique dans le domaine temporel n’est pas stable dans sa forme et sa puissance crête change, ce que l’on a obtenu en laboratoire. Le contenu spectral de l’impulsion obtenue numériquement présente deux lobes de forme gaussienne, alors que celle obtenue expérimentalement est un peu plus déformée. Nous avons aussi pris des données avec le même interféromètre Fabry-Perot, mais avec une plus courte fenêtre de modulation (durée de 105 ps). Voyons son effet sur la forme temporelle de l’impulsion et son spectre. (a) (b) F IGURE 5.12 – Forme temporelle de l’impulsion et spectre optique dans une cavité laser avec un interféromètre de Fabry-Perot où d = 2 cm, R1 = 20% et R2 = 80% et une fenêtre de modulation de 105 ps. On observant la figure 5.12, on constate que la forme temporelle de l’impulsion n’est pas lisse ; en fait, il faut utiliser un moyennage de 50 impulsions avec l’oscilloscope à échantillonnage pour observer ce résultat. Les fortes fluctuations de puissance de l’impulsion sont surtout causées par la tension crête du signal de modulation qui n’atteint pas la valeur de Vπ . Le spectre montre une amélioration, avec une courbe beaucoup lisse qu’avec une fenêtre 84 de modulation de 185 ps ; ceci est cohérent avec la courbe d’accordabilité qui s’est améliorée suite à la diminution de la durée de la fenêtre de modulation. 85 Conclusion Le but de ce mémoire était d’étudier les instabilités de sélection spectrale d’un laser accordable à synchronisation modale active. C’est grâce à un partenariat entre Genia Photonics Inc., une entreprise de Montréal, et l’Université Laval que cette étude a été rendue possible. Cette compagnie nous a approchés pour effectuer une étude des irrégularités de sélection spectrale auxquelles ils étaient confrontés (ce qui a été corrigé depuis). Ces instabilités de sélection spectrale sont causées par des oscillations dans la courbe de délai de groupe résultant d’une réponse imparfaite des réseaux de Bragg à pas variable (chirpés) utilisés comme milieux dispersifs. Pour bien comprendre le rôle et l’impact de ces perturbations, nous avons débuté notre analyse avec une cavité laser comportant un élément dispersif n’ayant pas d’oscillation du délai de groupe, soit une paire de réseaux de diffraction à l’air libre. Nous avons développé un modèle théorique pour prévoir la forme et les paramètres des impulsions qui seront obtenues et la qualité de la sélection spectrale. Ce modèle théorique (chap. 2) nous a permis de s’assurer que le laser était accordable par la dispersion de la cavité en changeant la fréquence appliquée au modulateur d’amplitude. Cependant, ce modèle théorique ne tient pas compte des oscillations du délai de groupe, lesquelles rendent la sélection spectrale irrégulière. Avec le même développement théorique, il a aussi été possible de prédire la durée des impulsions que l’on allait obtenir avec ce laser. Les prédictions théoriques sous-évaluaient la durée des impulsions optiques d’une dizaine de picosecondes, ce qui était causé par l’approximation de la fenêtre de modulation par une gaussienne. Avec un élément dispersif qui procure une dispersion anomale, il est possible d’avoir de la compression solitonique. C’est pourquoi un examen de la compression solitonique a aussi été effectué. Nous avons établi les équations déterminant le délai de groupe causé par un interféromètre de Gires-Tournois ; la modulation du délai de groupe en fonction de la fréquence dépend de la distance entre les miroirs et du coefficient de réflexion du miroir d’entrée de l’interféromètre. Ce développement théorique sera utilisé lors des simulations numériques pour reproduire les oscillations du délai de groupe. Une autre composante interférométrique a été utilisée, et ce pour ajouter une modulation d’amplitude à la modulation du délai, soit l’interféromètre de Fabry-Perot. Un autre objectif de ce mémoire est de réaliser des tests expérimentaux avec une cavité 87 dispersive permettant le contrôle des réflexions parasites. Pour y arriver, nous avons dû construire la cavité laser ; par la même occasion, cela nous a permis de caractériser les pièces du montage et d’approfondir le fonctionnement de chacune des composantes (chapitre 3). Les points importants de cette section sont la dispersion causée par la paire de réseaux de diffraction et le fonctionnement du modulateur d’amplitude. La dispersion de la cavité générée par la paire de réseaux de diffraction a été évaluée à −15.4 ps2 . Le modulateur en amplitude a une bande passante de 10 GHz ; pour de courts signaux électriques (< 100 ps), cette bande passante peut devenir problématique et réduire la valeur crête de la tension en deçà de Vπ , laquelle permet une transmission maximale du modulateur. À défaut d’atteindre cette transmission maximale, le train d’impulsions issu de la cavité peut devenir instable temporellement. En lien avec notre modèle théorique, nous avons bâti un programme de simulation permettant d’étudier l’accordabilité en présence d’effets non-linéaires dans une cavité sans composante interférométrique. La courbe d’accordabilité ainsi obtenue est linéaire, tel que prévu ; les effets non-linéaires (SPM) permettent la compression solitonique dans un intervalle de puissance pompe (55-62 mW). Avec le même programme, mais sans tenir compte des effets non-linéaires, nous avons considéré la modulation du délai due à l’interféromètre de Gires-Tournois et par la suite, une modulation du délai et de l’amplitude au moyen d’un interféromètre de Fabry-Perot. Des tests d’accordabilité ont été réalisés pour différentes configurations d’IGT (d = 1 cm et 2 cm et R = 20%) et différentes durées de la fenêtre de modulation (185 ps, 155 ps et 105 ps). Les simulations de la sélection spectrale avec l’IGT où d = 1cm et R = 20% ne sont pas trop affectées par une fenêtre de modulation de courte durée (environ 100 ps). La sélection spectrale conserve sa forme en escalier, ce qui est causé par une faible modulation du délai et une période de modulation spectrale élevée. Cette période de modulation spectrale implique que les longueurs d’onde qui sont centrées dans la fenêtre de modulation sont éloignées et amènent de grands sauts dans l’accordabilité ; une très courte fenêtre de modulation pourrait en corriger l’effet (≤ 100 ps). La forme temporelle et le spectre optique de l’impulsion peuvent être corrigés et devenir de forme gaussienne. Avec une fenêtre de modulation d’environ 100 ps et moins, la stabilité temporelle des impulsions est possible, mais la modulation du délai causée par l’IGT oblige l’impulsion à effectuer plusieurs milliers de tours de cavité pour atteindre un régime stable. En simulant une cavité contenant un IGT avec d = 2cm et R = 20%, on a pu constater que la durée de la fenêtre de modulation avait un impact sur l’accordabilité du laser et sur la stabilité temporelle et spectrale des impulsions. Avec une fenêtre de modulation de 185 ps, la sélection spectrale ressemble à un escalier avec de petites irrégularités. La forme temporelle et spectrale est grandement affectée par l’IGT, les deux comportant plusieurs lobes secondaires menant à une instabilité du train d’impulsions. En diminuant la fenêtre de modulation à 105 ps, il y a amélioration de la courbe d’accordabilité, laquelle est rendue pratiquement linéaire. La forme temporelle des impulsions est devenue gaussienne, mais la forme spectrale comporte 88 encore des bosses qui la déforment. Il faut mentionner que la forme spectrale s’est améliorée avec la diminution de la durée de la fenêtre de modulation ; en raccourcissant cette fenêtre, il y a aussi diminution de la durée de l’impulsion optique. Avec une courte période de modulation spectrale, il s’avère plus facile de corriger les effets de cette modulation. Une longue fenêtre de modulation et une forte modulation du délai favorisent l’oscillation simultanée de plusieurs impulsions avec des contenus spectraux différent qui sont centrés dans la fenêtre de modulation. En diminuant la durée de la fenêtre de modulation, le modulateur agit comme filtre spectral et temporel qui rejette les multiples impulsions dans le domaine temporel et réduit le contenu spectral à une seule raie. Après avoir caractérisé l’effet d’une modulation du délai, nous nous sommes intéressés à une modulation conjointe du délai et de l’amplitude, en remplaçant l’IGT pour un interféromètre de Fabry-Perot. Nous en avons analysé une seule configuration avec L = 2 cm, R1 = 20% et R2 = 80%. Une fois de plus, nous avons utilisé trois durées différentes de la fenêtre de modulation pour effectuer les tests d’accordabilité, de stabilité temporelle et spectrale. Avec les trois durées de la fenêtre de modulation, nous n’avons pas observé d’impact majeur sur la qualité de la sélection spectrale, laquelle conserve la forme d’un escalier avec de petits sauts. Par contre, il y a une amélioration de la forme temporelle et de la stabilité des impulsions avec une plus courte fenêtre de modulation. Le spectre est mieux défini et ne comporte alors qu’une raie de forme gaussienne. La stabilisation du train d’impulsions est réalisée plus rapidement, augmentant ainsi la stabilité du laser lors de la transition entre deux fréquences optiques. Par la suite, nous avons présenté les résultats expérimentaux obtenus dans un laser à synchronisation modale active accordable par la dispersion, sans et avec composantes interférométriques. Des tests d’accordabilité et la caractérisation de l’impulsion dans les domaines temporel et spectral ont été réalisés avec une cavité dont le délai en fonction de la longueur d’onde n’a pas d’oscillation. Ces mesures ont été réalisées avec différentes durées de la fenêtre de modulation allant de 185 ps à 105 ps pour le test d’accordabilité et de 185 ps à 155 ps pour les profils temporel et spectral. Nous avons mis en évidence une compression solitonique d’environ 10 %, ce que les simulations prévoyaient également. Ensuite, nous avons ajouté un IGT et repris les mêmes mesures afin d’évaluer l’impact de cette composante interférométrique sur le comportement de l’impulsion. Nous avons utilisé deux configurations d’IGT : pour la première, d = 1 cm, R = 20%, pour la deuxième d = 2 cm et R = 20%. Les résultats expérimentaux nous ont montré que pour une courte période de modulation spectrale, il est possible de supprimer l’effet des oscillations du délai de groupe avec une fenêtre de modulation de courte durée. Nos résultats sont en accord avec nos simulations numériques, et ce pour l’ensemble des fenêtres de modulation. Les résultats expérimentaux obtenus avec un interféromètre Fabry-Perot montrent une amélioration de la sélection spectrale avec une diminution de la durée du signal de modulation. 89 Avec une fenêtre de modulation de 185 ps, la courbe d’accordabilité a des grands sauts et de longs plateaux indiquant une grande influence des modulations d’amplitude et de phase dues à l’interféromètre Fabry-Perot. En diminuant la durée de la fenêtre de modulation à 100 ps, la courbe d’accordabilité tend à devenir linéaire avec de petites oscillations. L’effet de la modulation du délai avec une longue fenêtre de modulation est notable ; il y a alors de petites oscillations dans la courbe d’accordabilité. L’effet de la modulation en amplitude cause de grands sauts en longueur d’onde et de grandes oscillations. En diminuant la durée de la fenêtre de modulation, les effets de la modulation du délai sont moins notables, mais les effets de la modulation en amplitude restent présents. Il semble être plus difficile d’enlever les effets d’une modulation en amplitude. Le train d’impulsions avec les valeurs de la durée de la fenêtre de modulation testées était instable dans le temps, avec des fluctuations de puissance crête et de la forme temporelle des impulsions. Le spectre optique s’approchait d’un profil gaussien avec une courte durée de la fenêtre de modulation. En comparant les résultats des expériences et ceux des simulations, on constate des différences pour les tests d’accordabilité et pour la forme temporelle et spectrale de l’impulsion. Ces différences peuvent être causées par une représentation incomplète de la dynamique du laser lors des simulations. Les travaux théoriques et expérimentaux accomplis pour la sélection spectrale dans une cavité impulsionnelle dispersive avec une modulation de l’intensité et de la phase montrent qu’il serait possible d’en améliorer les performances avec une fenêtre de modulation temporelle appropriée. Il serait intéressant de continuer l’analyse sur la présence d’une modulation en amplitude et de la phase, mais avec différents paramètres pour voir les limites où il est possible de corriger ces effets. Ainsi, on pourrait concevoir des composantes dispersives pour des cavités accordables en dessous de ces limites et améliorer la stabilité de sélection spectrale. Les lasers accordables utilisant une cavité dispersive ont l’avantage d’être compacts et robustes lorsqu’ils sont tout fibre. Ces avantages peuvent mener à plusieurs utilisations diverses, dans les télécommunications ou en imagerie médicale ; pour ces applications, il faut une source laser stable, ce qui peut être un problème si l’élément dispersif généralement utilisé, soit un réseau de Bragg chirpé, présente trop de fluctuations dans sa réponse en amplitude et en phase. Ce type de laser présente un grand intérêt par ses multiples applications et par les différentes configurations possibles (régimes de dispersion normale et anomale). 90 Annexe A Modulateur d’amplitude Pour représenter le modulateur en amplitude nous allons débuter par une représentation mathématique générale. En posant des conditions, nous allons dériver l’expression utilisée dans le chapitre 4. On suppose que la fonction représentant le modulateur est la suivante : m a (t) = 1 {exp [− jφ1 ] + exp [− jφ2 ]} 2 (A.1) où φ1 et φ2 sont des variables qui dépendent du temps, qui représentent le déphasage des signaux créé dans chacun des bras du modulateur. Il s’en suit le développement suivant : 1 φ1 (t) + φ2 (t) φ1 (t) − φ2 (t) φ (t) − φ2 (t) exp − j exp − j + exp j 1 (A.2) 2 2 2 2 φ1 (t) − φ2 (t) φ1 (t) + φ2 (t) cos (A.3) = exp − j 2 2 m a (t) = On sait que le modulateur ne devrait pas induire un glissement de fréquence dans l’impulsion qui le traverse. Ceci implique que φ1 (t) = −φ2 (t), ce qui annule l’argument de l’exponentielle. En pratique, les composantes qui constituent le modulateur d’amplitude ne sont pas tout à fait identiques et elles introduisent un chirp résiduel. Selon le fournisseur, le paramètre de chirp résiduel est 0.1. Considérons qu’il y a une tension continue appliquée au modulateur qui impose un minimum de transmission. Selon l’équation (A.3), avec φ1 (t) = −φ2 (t), on a alors en l’absence de signal de modulation (V (t) = 0) : φ1 (t) = π 2 (A.4) 91 On peut réécrire la fonction de transmission du modulateur de la façon suivante, en tenant compte du chirp résiduel : π m a (t) = cos 2 92 V (t) 1− Vπ V (t) exp − j0.1 1 + Vπ (A.5) Bibliographie [1] M. Sumetsky, B. Eggleton, and C. de Sterke, “Theory of group delay ripple generated by chirped fiber gratings,” Opt. Express, vol. 10, pp. 332–340, Apr 2002. [2] T. Maiman, “Stimulated optical radiation in ruby,” Nature, vol. 4736, pp. 493–494, 1960. [3] F. J. 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