CONTROLE OPTIQUE EXTERNE DANS LES LASERS A CASCADES QUANTIQUE POUR APPLICATIONS A LA SPECTROSCOPIE DE GAZ ET DE POLLUANTS Lieu de la thèse : Institut Mines-Télécom, 46 rue Barrault, 75013 Paris Frédéric grillot : +33 145 817 064, [email protected] Financement demandé : DGA I. Contexte Le domaine du moyen infrarouge (MIR), associé à la fenêtre de transparence de l’atmosphère (pas d’absorption par les molécules d’eau ou de C02) comprise entre 3-µm et 5-µm, est aujourd’hui fortement sollicité pour un grand nombre d’applications. En effet, outre les communications optiques directes que ce domaine permet d’établir, le MIR présente également de nombreux champs d’applications [1] en analyse de gaz (contrôle de la pollution atmosphérique, suivi de procédés industriels), en médecine (aide au diagnostic, chirurgie reconstructrice) [2], ainsi que dans le domaine militaire (radars laser, contremesure) [3]. Beaucoup de ces applications reposent sur la spectroscopie des molécules gazeuses qui se caractérise par l’existence de pics d’absorption discrets associés à des longueurs d’onde précises. Ce phénomène est utilisé pour détecter, identifier et mesurer des traces de gaz polluants comme le monoxyde d’azote, le méthane, le dioxyde de soufre ou certains acides. La finesse des raies d’émission du laser permet alors de sonder les pics d’absorption spécifiques de ces gaz et d’obtenir ainsi tout à la fois la sélectivité recherchée, et la très grande sensibilité de détection. L’objectif de la thèse vise à comprendre les mécanismes physiques régulant la raie de luminescence des lasers à cascade quantique (LCQ) et à proposer des solutions innovantes et non-explorées pour la réalisation de dispositifs à très faible bruit et à grande pureté spectrale. II. Objectifs Le LCQ est une diode laser semi-conductrice pouvant émettre de l’infrarouge moyen à l’infrarouge lointain. Bien que le principe d’émission par cascade quantique ait été initialement proposé par Kazarinov et Sursis en 1971, la réalisation pratique d’une telle structure fut réellement mise œuvre pour la première fois par J. Faist et ses collaborateurs aux Laboratoires Bell en 1994 [4]. Contrairement aux diodes lasers « conventionnelles », pour lesquelles la radiation électromagnétique provient de la recombinaison d’une paire électron-trou à travers l’énergie de bande interdite (transition inter-bandes), les LCQ se comportent comme des structures unipolaires pour lesquelles l’émission laser est obtenue par transition inter-sous-bande d’une structure à confinement quantique (puits quantique) couplée à une multitude d’hétéro-structures (lesquelles permettent un « recyclage» efficient des électrons). Ainsi, un électron de haute énergie de la bande de conduction tombe dans le puits quantique sur la sous-bande supérieure, puis relaxe vers la sous-bande inférieure, en émettant un photon d’énergie équivalente à l’énergie entre ces deux sous-bandes. Les possibilités offertes par l’ingénierie quantique permettent au LCQ d’émettre dans des gammes spectrales allant de 2-µm jusqu’à plus de 100-µm. Les performances actuelles des LCQ révèlent une large plage de fonctionnement allant de 3,5-µm à 13-µm à température ambiante (les longueurs d’onde supérieures demandant encore des refroidissements cryogéniques). L’utilisation d’un réflecteur de type DFB (Distributed Feedback Laser) ou d’une cavité externe permet une réduction de la largeur spectrale de ces dispositifs vers des valeurs sub-MHz. Dans ces deux architectures, on peut en sus accorder la longueur d’onde soit par variation de la température dans les DFB (qqs cm-1), soit par le biais d’un réseau de diffraction dans une cavité externe (plusieurs dizaines de cm-1) [5] [6]. On obtient ainsi une source laser assez fine et accordable sur les transitions d’absorption dans les gaz. Un axe original d’amélioration des propriétés spectrales repose sur l’injection directe d’un faisceau externe (maître) dans la cavité optique du laser (esclave). Cette méthode communément appelée injection optique (Injection-Locking) a déjà été utilisée avec brio pour réduire significativement les bruits de phase et d’intensité ainsi que la largeur de raie dans les structures semi-conductrices inter-bandes [7]. L’objectif de la thèse consistera en l’étude de la physique des LCQ injectés optiquement et ce en vue de tirer profit des effets bénéfiques du contrôle externe pour purifier l’ensemble des propriétés électro-optiques (réduction du courant de seuil, augmentation du rendement, réduction du bruit, finesse de la largeur de raie, manipulation du facteur de couplage phase-amplitude (facteur-α) [8], …). Le premier axe reposera sur le déploiement de modèles numériques fondés sur l’utilisation d’équations différentielles couplées. La prise en compte de la structure fine (matériau, cascade quantique) et du faisceau externe (injection optique) dans les équations d’évolution permettra de dégager des règles de sélection afin d’optimiser les propriétés statiques et dynamiques. Les paramètres remarquables contrôlant la largeur de raie et la qualité du faisceau (facteur-α, paramètre M) seront étudiés. La deuxième partie de la thèse consistera en une validation expérimentale. Les problématiques liées au dimensionnement du dispositif d’injection (configuration maître/esclave M/S) ainsi que les conditions liées au contrôle externe (déviation de fréquence M/S, puissance de l’injection) devront être rigoureusement pris en considération. L‘objectif final sera de démontrer que l’application d’un faisceau maître peut conduire à une réduction substantielle (<<500 kHz) de la largeur de raie, des bruits de phase et d’intensité voire à un contrôle efficient du facteur de couplage phase-amplitude du laser (α=0). A cette fin, la mise en cavité externe du LCQ injecté optiquement (contrôle externe dual) aboutira à la génération d’une raie d’électroluminescence hyperfine et accordable. Enfin, l’étude de l’injection optique dans les structures à cascade quantiques permettra également d’exploiter certains régimes stables (variétés dynamiques P1 ou P2) pour la réalisation d’oscillateurs photoniques à très faible bruit. Mots-Clés : physique des semi-conducteurs, photonique quantique, lasers unipolaires, dynamique non-linéaire. [1] M. Koch, “Terahertz Communications : A 2020 Vision,” in Terahertz Frequency Detection and Identification of Materials and Objects, R. E. Miles, X. –C. Zhang, H. Eisele, A. Krotkus, Springer, New York, (2007). [2] P. H. Siegel, “Terahertz technology in biology and medicine,” IEEE Transactions on Microwave Theory and Techniques, Vol. 52, pp. 2438–2447, (2004). [3] C. Baker, T. Lo, W. R. Tribe, B. E. Cole, M. R. Hogbin, and M. C. Kemp, “Detection of concealed explosives at a distance using terahertz technology,” in Proceedings of IEEE on T-Ray Imaging, Sensing, and Retection, Institute of Electrical and Electronics Engineers, New York, pp. 1559–1565, (2007). [4] J. Faist, F. Capasso, D. L. Sivco, C. Sirtori, A. L. Hutchinson and A. Y. Cho, "Quantum Cascade Laser", Science, Vol. 264, pp. 553–556, (1994). [5] G. Wysocki, R. Curl, F. Tittel, R. Maulini, J. Bulliard, and J. Faist, “Widely tunable modehop free external cavity quantum cascade laser for high resolution spectroscopic applications,” Appl. Phys. B, Vol. 81, pp. 769–777, (2005) [6] G. Wysocki, R. Lewicki, R. Curl, F. Tittel, L. Diehl, F. Capasso, M. Troccoli, G. Hofler, D. Bour, S. Corzine, R. Maulini, M. Giovannini, and J. Faist, “Widely tunable mode-hop free external cavity quantum cascade lasers for high resolution spectroscopy and chemical sensing,” Appl. Phys. B, Vol. 92, pp. 305–311 (2008). [7] D. M. Kane and K. A. Shore, Unlocking Dynamical Diversity, Wiley, (2005) [8] M. Osinski and J. Buus, “Linewidth broadening factor in semiconductor lasers : An overview,” IEEE Journal of Quantum Electronics, Vol. 23, pp. 9-29, (2008)