créées. Il faut deux à trois ans aux
associations qui les mettent en place
pour convaincre les différents partenaires
(usagers, entreprises, commerçants,
banques locales) et imprimer les billets
qui doivent être infalsifiables, comme
pour une monnaie nationale. Les asso-
ciations doivent également définir des
cadres stricts pour éviter la spéculation
financière et faire en sorte que la mon-
naie circule pour favoriser l’économie.
Ainsi, la plupart de ces monnaies alter-
natives sont dites «fondantes», c’est-à-dire
qu’elles perdent de leur valeur avec le
temps. Un billet non utilisé pendant
trois mois peut perdre 2% de sa valeur.
Voilà de quoi inciter les personnes
à consommer plutôt qu’à épargner.
Enfin, tout utilisateur doit aussi être
adhérent de l’association. Cela protège
le système des fraudes possibles.
Dimension éthique importante
Il y a aussi une dimension citoyenne
de la monnaie locale, avec un rôle
actif à jouer pour tous. C’est aussi un
moyen de tisser du lien social. En effet,
si elles aident l’économie et les emplois
locaux, ces monnaies permettent aussi
de financer d’autres projets d’entraide,
comme des microcrédits pour des
personnes en situation d’exclusion
financière.
Des développements limités
Même si leur succès est bien réel, ces
monnaies parallèles ont un impact limité.
Pour se développer, elles ne devraient
pas être cantonnées à financer certains
services ou à payer dans les com-
merces ; elles devraient également
permettre de payer des fournisseurs et
des salariés. Cela implique que les
prestataires et les partenaires soient plus
nombreux, sans pour autant que ces
monnaies perdent leur indépendance
et soient récupérées par des personnes
peu scrupuleuses. Impossible ? Non. Il
suffit de regarder ce qui se passe dans
d’autres pays.
Cinq mille monnaies
alternatives dans le monde
Ces monnaies alternatives ne datent pas
d’hier. Déjà dans les années 1930, les
expérimentations ont été nombreuses
pour lutter contre la crise écono-
mique. Elles ne sont pas non plus
l’apanage de la France. Le Brésil, les
États-Unis et le Canada sont des pays
pionniers dans ce domaine, et cinq
mille monnaies alternatives sont déjà
en circulation dans le monde. En
Europe, elles existent aussi depuis
longtemps au Royaume-Uni, en
Allemagne, en Autriche et en Suisse.
Le plus beau succès européen est sans
doute celui de la Chiemgauer, une
monnaie locale de Bavière lancée par
un professeur et ses élèves en 2003.
Dix ans plus tard, trois mille personnes
l’utilisent dans six cents commerces et
entreprises. Elle représente aujourd’hui
un chiffre d’affaires de six millions
d’euros. Autre exemple : celui du Wir,
créé en 1934 et utilisé par soixante
mille PME en Suisse aujourd’hui, soit
une PME suisse sur cinq. Plutôt un bel
exemple à adopter pour les monnaies
alternatives françaises. Alors adieu
l’euro, bonjour les monnaies locales
en France ? On n’en est pas encore là,
mais l’affaire est à suivre, notamment
par le gouvernement et la Banque de
France qui interviendraient certaine-
ment si ce mouvement venait à prendre
de l’ampleur ou, qui sait, à être trop
efficace.
bien-dire n°89 juillet-août 2013 9
un usager
infalsifiable
éviter
faire en sorte que
ainsi
fondant
un billet
épargner
tout
user
impossible to duplicate
to avoid
to ensure that
thus, so
melting
note (UK)/bill (US)
to save
each
être adhérent de
citoyen
tisser du lien social
l’entraide
être cantonné à
un fournisseur
un prestataire
nombreux
sans pour autant que
to be a member of
civic
to build social ties
mutual aid
to be confined to
supplier
provider
numerous
which doesn’t mean that
être récupéré
il suffit de
être l’apanage de
lancé
un chiffre d’affaires
plutôt
à suivre
venir à
prendre de l’ampleur
to be taken over
you only have to
to be limited to
started
turnover
quite
to watch, to keep an eye on
to come to
to grow
© Rémi Rivière
© Rémi Rivière
L’eusko chez les commerçants
L’eusko, adhésion et échange
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