BD89 [3,50]_BD_58 28/05/13 12:20 Page8 Intermédiaire niveau fort Les actualités B2 Monnaies locales, Un nom poétique « Sol-violette » à Toulouse, « occitan » à Pézenas, « abeille » à Villeneuve-sur-Lot, «muse» à Angers, «eusko» au Pays basque ou encore « sardine » à Concarneau : les monnaies locales ont souvent un nom poétique qui reflète bien la culture et l’identité d’une région. Apparues récemment, près d’une trentaine sont en circulation ou en projet en France. Différentes des banques de temps et des SEL (systèmes d’échanges locaux) apparus dans les années 1990, les monnaies circulant sous un format papier introduisent une dimension supplémentaire. la concurrence competition avoir cours to serve as legal tender à l’échelle de at the level of un engouement keen interest une trentaine around thirty crise… oblige due to the crisis 8 bien-dire n°89 juillet-août 2013 © La muse/aquarelles de Yolande Grandcolas et Réjane Véron Favoriser l’économie locale Pour ceux qui les adoptent, ces monnaies nouvelle génération ont une dimension éthique, sociale et environnementale importante puisqu’elles permettent de maintenir des activités et des emplois dans une région. Crise économique oblige, la volonté de donner un coup de pouce concret à l’économie de sa ville ou de sa région est l’un des éléments moteurs de ce genre d’initiative. En effet, quand un consommateur dépense cent euros dans une grande surface, 95 % de cette somme partent du territoire local, et une seule transaction est enregistrée. La même somme en monnaie locale est utilisée cinq à six fois dans la ville ou la région où elle a cours. De ce fait, les petites entreprises, les artisans et les commerçants locaux en retirent des bénéfices certains. © sol-violette Elles portent souvent un nom poétique faisant référence à l’endroit où elles ont cours. Depuis quelques années, les monnaies locales fleurissent à l’échelle d’une ville ou d’une région. Elles sont une réponse à la crise économique, mais servent-elles uniquement à renforcer l’économie locale ou ontelles d’autres fonctions ? Quelles sont les raisons de l’engouement qu’elles provoquent et peuvent-elles menacer l’euro ? © Association la sardynamique locale © Dana Ward/ Shutterstock.com une concurrence à l’euro ? Un long processus et des cadres stricts Malgré des noms qui peuvent paraître fantaisistes, ces monnaies ont souvent été pensées longuement avant d’être la volonté donner un coup de pouce concret moteur une grande surface une somme desire, wish to help, to boost practical driving supermarket amount de ce fait un commerçant retirer quelque chose de un cadre malgré fantaisiste as a result merchant to reap (of sth) framework in spite of fanciful © Rémi Rivière BD89 [3,50]_BD_58 28/05/13 12:20 Page9 expérimentations ont été nombreuses pour lutter contre la crise économique. Elles ne sont pas non plus l’apanage de la France. Le Brésil, les États-Unis et le Canada sont des pays pionniers dans ce domaine, et cinq mille monnaies alternatives sont déjà en circulation dans le monde. En Europe, elles existent aussi depuis longtemps au Royaume-Uni, en Allemagne, en Autriche et en Suisse. Le plus beau succès européen est sans doute celui de la Chiemgauer, une monnaie locale de Bavière lancée par un professeur et ses élèves en 2003. Dix ans plus tard, trois mille personnes l’utilisent dans six cents commerces et entreprises. Elle représente aujourd’hui un chiffre d’affaires de six millions d’euros. Autre exemple : celui du Wir, créé en 1934 et utilisé par soixante mille PME en Suisse aujourd’hui, soit une PME suisse sur cinq. Plutôt un bel exemple à adopter pour les monnaies alternatives françaises. Alors adieu l’euro, bonjour les monnaies locales en France ? On n’en est pas encore là, mais l’affaire est à suivre, notamment par le gouvernement et la Banque de France qui interviendraient certainement si ce mouvement venait à prendre de l’ampleur ou, qui sait, à être trop efficace. L’eusko chez les commerçants Dimension éthique importante Il y a aussi une dimension citoyenne de la monnaie locale, avec un rôle actif à jouer pour tous. C’est aussi un moyen de tisser du lien social. En effet, si elles aident l’économie et les emplois un usager infalsifiable éviter faire en sorte que ainsi fondant un billet épargner tout locaux, ces monnaies permettent aussi de financer d’autres projets d’entraide, comme des microcrédits pour des personnes en situation d’exclusion financière. Des développements limités Même si leur succès est bien réel, ces monnaies parallèles ont un impact limité. Pour se développer, elles ne devraient pas être cantonnées à financer certains services ou à payer dans les commerces ; elles devraient également permettre de payer des fournisseurs et des salariés. Cela implique que les prestataires et les partenaires soient plus nombreux, sans pour autant que ces monnaies perdent leur indépendance et soient récupérées par des personnes peu scrupuleuses. Impossible ? Non. Il suffit de regarder ce qui se passe dans d’autres pays. Cinq mille monnaies alternatives dans le monde Ces monnaies alternatives ne datent pas d’hier. Déjà dans les années 1930, les être adhérent de user citoyen impossible to duplicate tisser du lien social to avoid l’entraide to ensure that être cantonné à thus, so un fournisseur melting un prestataire note (UK)/bill (US) nombreux to save sans pour autant que each to be a member of civic to build social ties mutual aid to be confined to supplier provider numerous which doesn’t mean that © Rémi Rivière créées. Il faut deux à trois ans aux associations qui les mettent en place pour convaincre les différents partenaires (usagers, entreprises, commerçants, banques locales) et imprimer les billets qui doivent être infalsifiables, comme pour une monnaie nationale. Les associations doivent également définir des cadres stricts pour éviter la spéculation financière et faire en sorte que la monnaie circule pour favoriser l’économie. Ainsi, la plupart de ces monnaies alternatives sont dites «fondantes», c’est-à-dire qu’elles perdent de leur valeur avec le temps. Un billet non utilisé pendant trois mois peut perdre 2% de sa valeur. Voilà de quoi inciter les personnes à consommer plutôt qu’à épargner. Enfin, tout utilisateur doit aussi être adhérent de l’association. Cela protège le système des fraudes possibles. L’eusko, adhésion et échange être récupéré il suffit de être l’apanage de lancé un chiffre d’affaires plutôt à suivre venir à prendre de l’ampleur to be taken over you only have to to be limited to started turnover quite to watch, to keep an eye on to come to to grow bien-dire n°89 juillet-août 2013 9