Art, Yasmina Reza Résumer l`intrigue de la pièce, ainsi que le

Art, Yasmina Reza
1. Résumer l’intrigue de la pièce, ainsi que le dénouement. Présenter chaque personnage (15
lignes environ)- 5 Points
2. Quelle est la position de Marc, Serge et Yvan au sujet du tableau ? - 10 points
3. Quels sont les sujets de la pièce ? - 5 points
Correction
1. Trois amis de longue date séparés par leurs professions aiment se retrouver. Serge achète un tableau
blanc avec des lisières blanches, non-figuratif qui devient le sujet de dispute et discussion. Serge est un
dermatologue divorcé de Françoise et a deux enfants. Il fréquente le monde de l’Art et obtient pour
200000 euros une toile d’un certain Antrios, des années 1970. Ses amis le traitent de « rat
d’exposition ». Marc est un ingénieur dans l’aéronautique, il a la quarantaine et sort avec Paula. Il est
intelligent mais n’a pas d’humour selon ses amis, c’est « un adepte du bon vieux temps », un
intellectuel conformiste. Yvan vient de trouver un emploi de représentant en papeterie dans l’entreprise
de l’oncle de son amie avec qui il doit se marier. Sa vie semble être une succession d’échecs : ses
parents sont divorcés, il n’a pas de bonnes relations avec la nouvelle femme de son père, son mariage
l’angoisse et lui a fait perdre 4 kg. Ses amis lui reproche d’être « un être hybride et flasque » incapable
d’avoir un avis. Il ne peut choisir son camp entre Serge et Marc aux avis opposés sur le tableau et ils
lui reprochent de les avoir entraînés dans cette dispute. La rupture semble inévitable mais Serge fait
semblant de sacrifier sa toile en demandant à Marc de dessiner dessus : l’amitié l’emporte mais ils
restaurent ensuite la toile ; ils ont sauvé les apparences d’une amitié factice comme le sont toutes les
relations humaines.
2. Marc :
Marc se définit au départ comme un homme qui ne peut aimer ce qu’il ne comprend pas. C’est de ce
point de départ, que l’on comprend l’origine de sa colère :
=> l.87-88 son incompréhension lui rend intolérable le fait que son ami l’ait achetée
Son côté, ingénieur, rationnel se trouve mis à mal par un objet (et donc un événement, l’achat de cet objet)
dont il ne parvient pas à saisir le sens
Pour lui, ce tableau est une absence. Le blanc est pour lui l’indice d’une non-peinture, celle de la
toile avant que l’artiste y ait apposé quoi que ce soit.
=>l.6-7 « on ne peut détester l’invisible, on ne déteste pas le rien ». Noter le rythme binaire qui renforce
l’effet de sentence ou d’aphorisme des deux affirmations.
Etant une absence, une non peinture, il est donc logique pour lui que cela ne veuille rien dire : l.38
« il ne peut pas y avoir de pensée »
Dès lors, le jugement de cet homme pragmatique, terre à terre tombe dans toute la brutalité de son
registre vulgaire, le tableau est « une merde » l.33, terme qui avait déjà constitué son jugement lors de
la scène 2
Ce que Marc reproche à l’art contemporain se trouve résumé dans sa colère l.35-38 « tu crois qu’il y
a une pensée derrière ce paysage ? (il désigne le tableau accroché chez lui) Non, hein ? Top évocateur,
trop dit. Tout est sur la toile ! il ne peut pas y avoir de pensée !... ». Marc ne supporte pas que ce
qu’il aime dans l’art (être accessible, compréhensible) soit précisément ce que Serge méprise. Il aime
l’art réaliste, le style « hipo-flamand »
Serge :
L’avis de Serge concernant le tableau ne se trouve que dans la scène 11, celle d’un monologue l.70-
83.
L’appréciation du tableau évolue tout au long du monologue. Il y a une gradation manifeste :
« il n’est pas blanc » l.71. Affirmation paradoxale pour un tableau blanc sur fond blanc et
parcouru de liserés blancs mais qui peut encore s’accepter pour peu que l’on accorde un
caractère fantasque et irrationnel à Serge.
« Objectivement, il n’est pas blanc » l.73. Le glissement sémantique qui s’opère à partir de
l’adverbe rend le propos inacceptable. On pouvait tolérer que du point de vue de Serge (
subjectivement) le tableau ne soit pas blanc mais « objectivement » est une contre rité. => Il
faut donc placer le discours de Serge sur le plan d’un délire verbal voire intellectuel.
« un fond blanc avec toute une peinture dans les gris » l.74-75. On voit s’opérer un glissement
vers une autre couleur. Le gris, mélange plus ou moins équilibré de blanc et de noir.
« il y a même du rouge » l.76 = sommet de la mauvaise foi ou du délire verbal. Le rouge ne
peut en aucun cas constituer une variante du blanc. La violence de la couleur ne fait que
souligner l’aberration d’un tel propos.
« on peut dire qu’il est très pale » l.77. léger retour en arrière. Serge a encore conscience
qu’affirmer qu’un tableau blanc est rouge constitue un non-sens, il modère son propos en
caractérisant le rouge de « très pale » ce qui au demeurant est parfaitement contradictoire avec
la couleur rouge.
« il serait blanc, il ne me plairait pas » l.78. Les deux indépendantes qui marquent
l’hypothèse soulignent encore une fois le paradoxe comique et même un peu ridicule de cet
homme qui a acheté un monochrome blanc et qui se félicite que celui-ci ne le soit pas (un
monochrome blanc).
Il semble aimer l’art pour l’investissement qu’il représente et sur la valeur que cela semble lui
donner, avoir une toile moderne permet d’exister dans le cercle des hommes cultivés et riches.
Yvan :
Yvan est avant tout celui qui hésite, celui qui ne parvient pas à oser donner un avis. Cf. la multitude
de points de suspension (l.5, l. 18, l.21) + le raclement de gorge pour prendre la parole « hun, hun » l.1
+ le temps de silence l.1 la didascalie.
Son discours se signale par une abondance d’expressions qui manifestement ne lui appartiennent
pas. Ce sont des expressions de Serge :
=> « il y a une pensée derrière ça » l.14 ; « l’accomplissement d’un cheminement » l.18 ; « ce n’est pas
un tableau fait par hasard » l.20 ; « une œuvre qui s’inscrit à l’intérieur d’un parcours » l.20-21 ; « une
vibration » l.42
Cependant ce discours, Yvan ne le maîtrise pas vraiment et cela se perçoit par l’emploi excessif de
présentatifs vagues :
=> emploi de ce / c’est / « il y a [quelque chose] » l.9
On remarque en outre une propension à reproduire un langage qui se veut pertinent et qui est
totalement creux
=> « il y a quelque chose ce n’est pas rien ».
Au final, Yvan reste celui qui ne sait pas quel parti choisir, celui qui balance toujours entre deux
avis.
=> l.5 « je n’ai pas aimé mais je n’ai pas détesté ce tableau »
Il affirme une émotion : « je ressens » l.42 mais face à Marc, il n’est pas capable de la confirmer : « Tu
es ému par le tableau de Serge ? Non » l.52-53
3.
Au fond le problème d’Yvan (comme celui de Marc ou de Serge) n’est pas tant pour eux de savoir s’ils
aiment ou non le tableau. Il s’agit bien davantage de faire le point sur leurs existences, leurs relations et
l’avenir qu’on peut leur accorder.
Dans cette mesure, on pourrait même affirmer que le tableau n’a pas de réelle importance dans la pièce
« Art », du moins pas en tant que tel. Ce n’est pas une pièce sur l’art contemporain, sur l’accueil ou le refus
du public. Cette pièce traite d’une amitié qui s’est effilochée au cours des ans de manière insidieuse et du
moment chacun prend conscience que quelque chose a changé. L’Antrios est un vide, un blanc, un
espace sur lequel chacun des personnages inscrit ses angoisses, ses frustrations, ses regrets. Il n’est que le
catalyseur de sentiments qui couvaient depuis longtemps.
Cette pièce est l’archétype de la comédie de mœurs transposable à toutes les époques. L’homme dans
toutes les sociétés est confronté aux problèmes de pouvoir et de solitude existentielle. Cette pièce aborde le
thème de l’amitié factice, de la condition humaine ( rapport au monde, aux autres et au temps). Les êtres
humains jouent un rôle en société et ne sont pas vrais. Même lorsque Serge semble sacrifier son tableau au
nom de l’amitié, il sait que cela est faux car les stylos sont effaçables.
Les personnages pourraient être des archétypes de la comédie. L’un est extraverti, curieux,
amateur de nouveauté, snob, l’autre introverti, blasé, passéiste, misanthrope. Les deux types
existent dans les pièces de Molière. Pendant le duel Serge/Marc, Yvan prend la défense de
Paula, donc de Marc, et retire son appui à Serge. Il ne peut donc qu’attirer les coups des deux
autres sur lui, dans la plus pure tradition farcesque (Molière) au théâtre, comme au cinéma
(burlesque).
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