semblant de sacrifier sa toile en demandant à Marc de dessiner dessus : l’amitié l’emporte mais ils
restaurent ensuite la toile ; ils ont sauvé les apparences d’une amitié factice comme le sont toutes les
relations humaines.
2. Marc :
Marc se définit au départ comme un homme qui ne peut aimer ce qu’il ne comprend pas. C’est de ce
point de départ, que l’on comprend l’origine de sa colère :
=> l.87-88 son incompréhension lui rend intolérable le fait que son ami l’ait achetée
Son côté, ingénieur, rationnel se trouve mis à mal par un objet (et donc un événement, l’achat de cet objet)
dont il ne parvient pas à saisir le sens
• Pour lui, ce tableau est une absence. Le blanc est pour lui l’indice d’une non-peinture, celle de la
toile avant que l’artiste y ait apposé quoi que ce soit.
=>l.6-7 « on ne peut détester l’invisible, on ne déteste pas le rien ». Noter le rythme binaire qui renforce
l’effet de sentence ou d’aphorisme des deux affirmations.
• Etant une absence, une non peinture, il est donc logique pour lui que cela ne veuille rien dire : l.38
« il ne peut pas y avoir de pensée »
• Dès lors, le jugement de cet homme pragmatique, terre à terre tombe dans toute la brutalité de son
registre vulgaire, le tableau est « une merde » l.33, terme qui avait déjà constitué son jugement lors de
la scène 2
• Ce que Marc reproche à l’art contemporain se trouve résumé dans sa colère l.35-38 « tu crois qu’il y
a une pensée derrière ce paysage ? (il désigne le tableau accroché chez lui) Non, hein ? Top évocateur,
trop dit. Tout est sur la toile ! il ne peut pas y avoir de pensée !... ». Marc ne supporte pas que ce
qu’il aime dans l’art (être accessible, compréhensible) soit précisément ce que Serge méprise. Il aime
l’art réaliste, le style « hipo-flamand »
Serge :
L’avis de Serge concernant le tableau ne se trouve que dans la scène 11, celle d’un monologue l.70-
83.
L’appréciation du tableau évolue tout au long du monologue. Il y a une gradation manifeste :
• « il n’est pas blanc » l.71. Affirmation paradoxale pour un tableau blanc sur fond blanc et
parcouru de liserés blancs mais qui peut encore s’accepter pour peu que l’on accorde un
caractère fantasque et irrationnel à Serge.
• « Objectivement, il n’est pas blanc » l.73. Le glissement sémantique qui s’opère à partir de
l’adverbe rend le propos inacceptable. On pouvait tolérer que du point de vue de Serge (
subjectivement) le tableau ne soit pas blanc mais « objectivement » est une contre vérité. => Il
faut donc placer le discours de Serge sur le plan d’un délire verbal voire intellectuel.
• « un fond blanc avec toute une peinture dans les gris » l.74-75. On voit s’opérer un glissement
vers une autre couleur. Le gris, mélange plus ou moins équilibré de blanc et de noir.
• « il y a même du rouge » l.76 = sommet de la mauvaise foi ou du délire verbal. Le rouge ne
peut en aucun cas constituer une variante du blanc. La violence de la couleur ne fait que
souligner l’aberration d’un tel propos.
• « on peut dire qu’il est très pale » l.77. léger retour en arrière. Serge a encore conscience
qu’affirmer qu’un tableau blanc est rouge constitue un non-sens, il modère son propos en
caractérisant le rouge de « très pale » ce qui au demeurant est parfaitement contradictoire avec
la couleur rouge.
• « il serait blanc, il ne me plairait pas » l.78. Les deux indépendantes qui marquent
l’hypothèse soulignent encore une fois le paradoxe comique et même un peu ridicule de cet
homme qui a acheté un monochrome blanc et qui se félicite que celui-ci ne le soit pas (un