4
La problématique de ce travail s’inscrit aussi dans le prolongement des travaux de
Jean-Claude Chamboredon sur les mutations de l’école maternelle, où s’est développée une
pédagogie nouvelle et active qui s’appuie sur l’activité de l’enfant, sur sa curiosité et son
envie de grandir. Ces changements ont été impulsés par les milieux supérieurs. Par ailleurs,
comme le souligne Philippe Perrenoud
10
les principes pédagogiques de l’éducation nouvelle
présentent de fortes ressemblances avec les changements survenus au niveau de l’école
maternelle, qui ont cependant la particularité d’essaimer à tous les niveaux.
Il apparaît alors d’autant plus pertinent de s’appuyer sur la démarche de recherche de
Jean-Claude Chamboredon. Celui-ci précise qu’elle ne doit pas procéder d’une simple
comparaison des attentes que livrent les opinions des utilisateurs et de l’offre qu’énonce la
définition officielle ou les programmes de l’institution. Il est nécessaire de mettre en
perspective les attentes qui découlent des déterminations objectives régissant dans chaque
milieu social les formes de traitement et perception de l’enfant avec l’offre de ces écoles ; en
restituant les conditions sociales de l’utilisation de celles-ci. Cela suppose de dégager la
définition dominante de l’enfance que tend à façonner l’institution, et d’étudier comment
cette définition s’inscrit dans le programme et les pratiques pédagogiques.
Or, le préalable d’une analyse sociologique des fonctions différentielles de l’école maternelle
qu’il pose, est d’une part l’analyse de la constitution de la définition dominante de l’enfance,
les conditions sociales qui rendent possible la reprise de cette définition dans certains groupes
sociaux, et d’autre part l’analyse de l’histoire maternelle comme histoire de cette définition
dans le programme de l’institution.
La problématique centrale de ce travail s’appuie sur cette démarche mais la spécificité
de l’objet étudié suppose des interrogations préalables différentes.
Les travaux de recherche portant sur les écoles nouvelles s’avèrent très réduits. C’est
sur l’école des Roches, considérée comme l’école pionnière et archétype du courant de
l’éducation nouvelle en France, que se concentre l’essentiel des productions écrites. Elle est
surtout saisie par le regard de l’historien
11
qui retrace et s’intéresse aux précurseurs de
l’éducation nouvelle à la fin du XIX siècle. Elle est aussi évoquée comme l’école
internationale de la haute bourgeoisie dans les travaux de Michel Pinçon et Monique Pinçon-
Charlot
12
.
10
Perrenoud (Philippe), La pédagogie à l’école des différences, Paris, ESF éditeurs, 1995, 205p
11
On peut citer la thèse en cours de Nathalie Duval sur l’école des Roches sous la direction de et les écrits de
Antoine Savoye dans la revue études sociales.
12
Pinçon (Michel), Pinçon Charlot (Monique), Sociologie de la Bourgeoisie, Paris, collection repères la
découverte, 2000.