© AP-HM
février 2009
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L’histoire urbaine doit beaucoup au commerce,
qui en a été le fait générateur. L’évocation de
la richesse des villes hanséatiques reste ainsi
impgnée dule des foires dans la constitu-
tion dun réseau de villes puissant.
Qu’en est-il au XXIe siècle ? La santé n’est-elle
pas devenue, à son tour, l’un des principaux
marqueurs de la ville moderne ? La question
paraît d’autant mieux fondée que celle-ci
joue un rôle toujours plus important dans la
ville, qu’il s’agisse de sa forme urbaine et de
son fonctionnement, de son équilibre social,
de son attractivité ou de son développement
économique. Elle se pose avec d’autant plus
de force, à Marseille, que l’impact de la san
y est particulièrement fort dans tous les do-
maines de la vie collective ou personnelle –
l’o re de soins, notamment, s’impose de plus
en plus comme un critère d’implantation rési-
dentielle
La  lière santé˝ représente ici plus de 46 000
emplois et 14% de lemploi total (330 000). Soit
un taux bien supérieur à celui de la plupart
des autres villes françaises où il oscille entre 8
et 12%. Encore ces chi res ne correspondent-
ils qu’aux emplois daujourd’hui. Car de forts
gisements existent en ce domaine pour faire
face, par exemple, au vieillissement et à laug-
mentation du nombre de personnes dépen-
dantes. Des personnes dont la prise en charge
va nécessiter une augmentation signi cative
des places en institution, de l’aide à domicile
et des professions de santé elles-mêmes.
Projet urbain
Cette  lière représente aussi un secteur clef
d’innovation et de développement pour
l’économie de la connaissance. A cet égard, le
potentiel local est exceptionnel avec la pré-
sence de nombreux laboratoires et instituts
de recherche, d’un tissu hospitalo-universi-
taire parmi les plus denses de France et de
nombreuses entreprises.
Ce n’est pas un hasard si Marseille a reçu la
principale dotation du grand emprunt dans le
LA SANTÉ AU CŒUR
DE LURBANISME DE DEMAIN
Edito
Les enjeux liés à la santé sont multiples. Et le renforce-
ment du lien entre urbanisme et santé interroge des
prérogatives exercées à la fois par les autorités locales
et nationales et par les professionnels.
Même le vocabulaire s’en mêle avec le recours aux
mêmes mots, aux mêmes concepts : à la plani cation
urbaine classique répond aujourd’hui une plani ca-
tion plus récente de l’o re de soins.
Tout le monde est convaincu que le fonctionnement de la
ville et son organisation ont des dimensions sanitaires.
Il ne s’agit pas, pour autant, que l’urbaniste sérige
en médecin. Mais toutes les réponses aux questions
posées en ce domaine ne sont pas apportées par la
médecine. Beaucoup le sont, aujourd’hui, par (ou
en partenariat avec) les collectivités locales. Il en
va ainsi, par exemple, des Ateliers de santé˝ qui
marquent la volonté d’intervenir sur des territoires
infra-communaux que sont les quartiers.
A travers son investissement dans la relation entre
ville et santé, l’Agam entend prendre l’exacte dimen-
sion de la  lière sanitaire. Et apporter son expertise
à ses partenaires, quil s’agisse de déclinaisons
spatiales ou de projet urbain, d’enjeux de société
(les problématiques liées au vieillissement et à la
dépendance notamment), de politique de la ville, de
développement économique, d’insertion de l’hôpital
dans la ville et de son accompagnement en matière
de transports, de services ou de logements.
33
mars 2012
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domaine de la santé pour la construction
d’un Institut Hospitalo-Universitaire sur
plus de 20000m². Dédiée auxmaladies
infectieuses˝, cette structure, unique en
Europe, sera implantée à la Timone.
En termes d’enjeux spatiaux, la santé
occupe aussi une place centrale dans les
villes. Les hôpitaux sont en e et des élé-
ments urbains importants, installés sur
des îlots entiers. Ils génèrent de part leur
fonctionnement, un nombre de  ux im-
portant. Et notamment pour le transport
des personnels, des patients ou de leurs
proches.
Cette prise de conscience conduit ainsi à
concevoir l’hôpital sous l’angle d’un véri-
table projet urbain a n de favoriser la conti-
nuité avec la ville elle-même. Comme on le
ferait pour un véritable quartier, avec ses
espaces spécialisés et ses fonctionnalités.
La preuve ? Les établissements de l’As-
sistance publique des hôpitaux de Mar-
seille dans le secteur Centre (la Timone
et la Conception) jouent un rôle structu-
rant majeur dans le fonctionnement des
quartiers environnants, qu’il s’agisse de
la demande de logements, de loffre de
services et des activités d’accompagne-
ment, mais aussi en matière de circula-
tion et de stationnement.
Il en ira de même en 2013 avec l’ouverture
du nouvel hôpital Desbief-Paré, au cœur
d’Euroméditerranée. Édi é sur un îlot en-
tier à l’angle des rues Peyssonnel et Clary.
Ce dernier permettra de rééquilibrer l’o re
hospitalière dans la partie nord de la ville.
Il jouera aussi un rôle puissant en termes
de développement urbain à travers le coût
des travaux (près de 300 millions d’euros)
et le potentiel demplois. On évalue en
e et à 1 000 emplois directs environ et à
plusieurs centaines demplois indirects
son poids˝ en ce domaine. Sans compter
l’école d’in rmière qui sera construite à
proximité.
La Conception
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Projet BMT : bâtiment médico-technique de la Timone –
AP-HM - Samir FARAH architecte et Bureau d’Etudes JACOBS France
La Conception et La Timone, des ilôts conçus aujourd'hui comme de véritables projets urbains.
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ements, de loffre de
Marseille pionnière avec ses Ateliers santé ville˝
L’accès aux soins constitue de toute évidence
l’un des enjeux majeurs de l’organisation et
du développement des villes de demain. Car
il est sorti˝ des seules zones rurales pour
gagner aujourd’hui les espaces urbains.
La déserti cation médicale, au sein de quar-
tiers densément bâtis, est ainsi une réa-
lité que connaît Marseille. Une situation que
compliquent encore les problématiques com-
plexes de leurs habitants par la combinaison
de facteurs sociaux, urbains, sanitaires, etc.
Dans ce contexte, la construction d’un socle
de connaissance partagée s’impose pour
l’ensemble des acteurs de la politique de
la ville. A ce titre, la montée en puissance
d’une dimension sanitaire dans celle qui est
conduite à Marseille ne doit rien au hasard.
La santé est en e et l’une des thématiques
prioritaires au sein du Contrat urbain de
cohésion sociale.
Au croisement des politiques publiques de
santé et des démarches de développement
local des quartiers, elle s’appuie largement
sur les travaux des Ateliers santé ville˝. Une
démarche dans laquelle Marseille s’est impo-
sée comme une ville pionnière avec trois ate-
liers initiés dès 2002. Lieux d’échanges, de
veille et de mutualisation des connaissances,
ils ont notamment comme mission "d’identi-
er, au niveau local, les besoins spéci ques
des publics en di culté et les déterminants
de l’état de santé liés aux conditions de vie".
Les champs d’investigation y sont à lévi-
dence nombreux et les partenariats consti-
tués ouvrent des voies nouvelles.
© C+T Architectures et Rigal et Bargas Architectes© C
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Futur hôpital Euroméditerranée Desbief-Paré.
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À l’évidence, la santé constitue un enjeu
majeur de cohésion sociale. Si léquilibre
social d’un territoire est une préoccupa-
tion historique des politiques publiques,
son expression en matière de santé se
réinvente en e et. Et les objectifs poursui-
vis sont de deux ordres : une équité dans
l’accès aux soins d’une part et une réponse
aux problématiques spéci ques des po-
pulations fragilisées d’autre part.
Déterminants
De fait, l’accès aux soins repose d’abord
sur la capacité des habitants eux-mêmes
à mobiliser l’o re existante. Une capaci
souvent réduite du fait, notamment, de
freins  nanciers ou d’une éducation à la
santé défaillante. Elle dépend aussi de leur
répartition géographique. Cette préoc-
cupation, qui prévalait naguère dans les
zones rurales, existe désormais aussi dans
les espaces urbains. La déserti cation
médicale dans des quartiers densément
bâtis et habités est une réalité que connaît
Marseille.
Car les déterminants socio-économiques,
culturels, démographiques, politiques et
sanitaires in uent évidemment sur notre
santé. La qualité de lair, la disponibi-
lité d’une eau potable en quantité et en
qualité su santes, l’insalubrité des loge-
ments, le stress urbain, les risques natu-
rels et anthropiques sont porteurs dune
forte dimension sanitaire. Et dépendent
de bien d’autres facteurs que seulement
médicaux. A commencer par la réduction
de l’habitat insalubre.
La connaissance et la maîtrise des risques à
l’intérieur de ces logements constituent des
enjeux majeurs pour la sécurité sanitaire
des personnes. Le manque d’aération et
d’ensoleillement, les problèmes d’humidité
ou de saturnisme peuvent entraîner aussi
des conséquences directes sur la santé de
leurs occupants : allergie respiratoire, crise
d’asthme, saturnisme infantile, notamment.
La mise en œuvre de la loi Hôpital, Patient, Santé et Territoire˝
du 21 juillet 2009 place au même niveau une meilleure approche
territorialisée de l’o re de soins et une plus grande maîtrise des
dépenses de santé. La création des agences régionales de santé,
au mois d’avril suivant, constitue la clef de voûte de cette nouvelle
organisation.
Celle-ci est ainsi devenue pour l'ensemble des partenaires impli-
qués, l’interlocuteur unique chargé du pilotage du système de santé
et de la mise en œuvre de la politique de santé publique dans la
région. Une action qu’elle conduit en tenant compte de ses spéci ci-
tés et de ses territoires. Un diagnostic des inégalités a d’ores et déjà
été engagé par un groupe de travail auquel participe lAgam, a n de
dé nir les objectifs du prochain Contrat local de santé qui sera signé
avec les collectivités territoriales.
Par ailleurs, lagence régionale de santé est chargée d’organiser
l’o re de soins. Et donc de coordonner laction des hôpitaux, des
cabinets médicaux de ville et des structures médico-sociales. Locca-
sion de resserrer les liens entre deux plani cations, urbaine d’un
côté, spéci que à lo re de santé de l’autre, et d’ouvrir de nouveaux
domaines d’intervention. Sans compter que la santé constitue l’un
des trois piliers du développement durable.
Les Agences régionales de santé au cœur d’un nouveau dispositif
Une offre publique (AP-HM) structurée
en trois pôles avec 3 400 lits :
le pôle Nord : Hôpital Nord et Trauma Center
(urgences de proximité) ;
le pôle Centre : Conception (Maternité Ni-
veau 3) et Timone (hôpital d'enfants)
le pôle Sud : Sainte-Marguerite et Salvator
(santé mentale et gériatrie).
Une offre privée complémentaire :
Institut Paoli Calmettes (traitement du
cancer) ;
futur Hôpital Desbief-Paré qui regrou-
pera deux structures sur Euroméditerranée
pour renforcer l’offre de soin dans le secteur
Centre Nord. Il préfigure la tendance à une
concentration territoriale des équipements
hospitaliers ;
Saint-Joseph : 1er hôpital privé à but non
lucratif de France par l’activi et 2e employeur
privé de Marseille avec ses 2 213 employés
(1 808 équivalents temps plein).
L'o re sanitaire à Marseille
3
Dès 2002, la Ville de Marseille s’est ainsi
engagée dans une démarche ambitieuse
d’éradication de cet habitat avec lappui
de nombreux partenaires. Les succès si-
gni catifs ont permis la reconduction du
protocole en 2008. Le Programme Local
de l'Habitat (PLH) de MPM, arrêté à la mi-
vrier, en a repris les objectifs. Plus de 700
logements ont ainsi été répertoriés – dans
le centre-ville, le IIIe et le sud du XVe arron-
dissement en priorité.
Organisation urbaine
La forme et l’organisation urbaines
constituent un autre levier pour favori-
ser la prise en compte des questions de
santé. À travers sa révision, le Plan local
d’urbanisme entend ainsi privilégier la
compacité et la proximité en matière de
développement, ainsi qu’une approche
nouvelle de la nature en ville.
De même a rme-t-il le lien entre déplace-
ments et urbanisme. L’objectif est clair: ré-
duire la vulnérabilité du territoire et limiter
l’impact des nuisances urbaines à travers
diverses initiatives. À commencer par la
constitution de façades urbaines dactivités
autour des grandes infrastructures a n de
lutter contre le bruit, par la mise en place
d’une organisation urbaine susceptible
d’optimiser les déplacements de proximité
et par une végétalisation permettant d’at-
ténuer les e ets de réverbération.
Quant à la pollution de lair, les moyens
pour la combattre sont connus : réduc-
tion du tra c automobile, gétalisa-
tion destinée à  xer certains polluants,
localisation préférentielle des opérations
résidentielles en retrait des grandes in-
frastructures, mixité fonctionnelle pour
diminuer le nombre et la longueur des
trajets, etc. Leur engagement s’impose
dautant plus ici, que lespace marseillais
reste confronté à un taux dozone élevé.
Une situation qui est le fruit, exacerbé
par les e ets du soleil, de la transforma-
tion des polluants des industries autour
de l’étang de Berre.
Dans le cadre de sa mission d’appui et de
conseil aux politiques publiques mises en
œuvre localement, l’Agam a réalisé un bilan
environnemental des déplacements, à partir
des données issues de l'enquête Ménages
Déplacements 2009˝. Ses enseignements
sont nombreux et porteurs de perspectives
pour l’avenir
La logistique urbaine contribue pour 10%
aux émissions de gaz à e et de serre. D’
la nécessité d’apporter aux marchandises la
même attention qu’aux voyageurs. Avec des
conséquences en termes d’organisation spa-
tiale et de mobilité à inventer.
L’augmentation des émissions de gaz à e et
de serre apparaît nettement plus faible que
la hausse de la mobilité. Ce qui con rme la
pertinence des investissements en matière
de transports (la part de la voiture baisse de
plus de 2% à Marseille malgré un regain dé-
mographique et économique) et l’e et positif
du renforcement des normes européennes
d’émissions.
Ce bilan révèle aussi des territoires urbains
plus vertueux que les territoires périurbains
– où les déplacements se font quasi exclusi-
vement de façon motorisée. Et une exposition
aux dépassements des seuils sonores règle-
mentaires pour 27% de la population.
Un bilan environnemental
des déplacements
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Un périurbain pollue deux fois plus qu'un
citadin pour se déplacer
Louvre et paix - 49, la canebière - BP 41858 – 13222 marseille cedex 01 - Tél : 04 88 91 92 02 - e-mail : [email protected] - http://www.agam.org
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Directeur de la publication : Christian Brunner
Conception / rédaction : Agam
Marseille - Mars 2012
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