La stabilité de l’équilibre Corrigé Remarque préliminaire Le prix est à la fois une fonction croissante de la quantité offerte et une fonction décroissante de la quantité demandée. Les deux courbes présentent forcément un point d'arbitrage déterminant les paramètres du marché. Cette situation d'équilibre est-elle stable ? Sur le graphe traditionnel d’Alfred Marshall (prix fonction des quantités), on fait évoluer les variables de l'échange à partir de leur valeur initiale selon un processus itératif symbolisé par les flèches tracées en pointillé : prix p1 pratiqué par l’offre à la suite d’un choc exogène → quantité q1 offerte → prix p2 exigé par la demande pour cette quantité → quantité q2 offerte pour ce prix → prix p3 de la demande pour cette quantité → quantité offerte q3 pour ce prix → ... Réponse 1) En situation d'arbitrage, les prix d’offre et de demande sont égaux : 2 O + 2 = - D + 17. Comme l’offre et la demande sont égales : 2 O + 2 = - O + 17. On obtient : O = D = 5 unités. Pour cette quantité, PO = PD = 12 euros. Pour 20 euros (p1), l’offre se monte à : 20 = 2 O + 2, soit O = 9 (q1). Pour cette quantité, le prix de demande est : PD = - 9 + 17 = 8 euros (p2). Pour ce prix, l’offre se monte à : 8 = 2 O + 2, soit O = 3 unités (q2). Pour cette quantité, le prix de demande est : PD = - 3 + 17 = 14 euros (p3). Pour ce prix, l’offre se monte à : 14 = 2 O + 2, soit O = 6 unités (q3). Pour cette quantité, le prix de demande est : PD = - 6 + 17 = 11 euros (p4). Pour ce prix, l’offre se monte à : 11 = 2 O + 2, soit O = 4,5 unités (q4). Pour cette quantité, le prix de demande est : PD = - 4,5 + 17 = 12,5 euros (p5). Pour ce prix, l’offre se monte à : 12,5 = 2 O + 2, soit O = 5,25 unités (q5). Prix 20 p1 Prix d’offre p3 p5 p4 10 p2 Prix de demande q1 q2 q4 q5 q3 10 Quantités 20 1 2) En situation d'arbitrage, les prix d’offre et de demande sont égaux : O + 2 = - 2 D + 32. Comme l’offre et la demande sont égales : O + 2 = - 2 O + 32. On obtient : O = D = 10 unités. Pour cette quantité, PO = PD = 12 euros. Pour 13 euros (p1), l’offre se monte à : 13 = O + 2, soit O = 11 (q1). Pour cette quantité, le prix de demande est : PD = (- 2 ¯ 11) + 32 = 10 euros (p2). Pour ce prix, l’offre se monte à : 10 = O + 2, soit O = 8 unités (q2). Pour cette quantité, le prix de demande est : PD = (- 2 ¯ 8) + 32 = 16 euros (p3). Pour ce prix, l’offre se monte à : 16 = O + 2, soit O = 14 unités (q3). Pour cette quantité, le prix de demande est : PD = (- 2 ¯ 14) + 32 = 4 euros (p4). Pour ce prix, l’offre se monte à : 4 = O + 2, soit O = 2 unités (q4). Pour cette quantité, le prix de demande est : PD = (- 2 ¯ 2) + 32 = 28 euros (p5). Pour ce prix, l’offre se monte à : 28 = O + 2, soit O = 26 unités (q5). Prix 30 p5 Prix d’offre 20 p3 p1 10 P2 Prix de demande p4 q4 q2 10 q1 q3 20 q5 30 Quantités 3) Dans le premier cas, le prix tend à revenir de lui-même à sa position d'équilibre (stable par conséquent) ; dans le second, il s'en écarte à chaque période (équilibre instable). L'explication réside dans la différence de construction des deux schémas. Dans le premier, la valeur absolue de la pente de la droite du prix d’offre est supérieure à celle de la droite du prix de demande. En termes économiques, cette remarque signifie que le prix d'offre réagit plus fortement à une variation de la quantité que celui de la demande, autrement dit que l'élasticité du prix de l'offre à la quantité est supérieure à celle du prix de la demande (en valeur absolue). Le second schéma représente la configuration inverse. 2 Enseignements à retirer de cette manipulation La configuration « explosive » (prix instable) se trouve souvent illustrée par les marchés agricoles dont la demande est largement incompressible (besoins primaires), d’où d’importantes variations de prix, à la hausse ou à la baisse en cas de pénurie ou de surabondance, alors que la quantité offerte obéit davantage aux aléas climatiques et aux délais liés aux cycles naturels qu’aux fluctuations des prix du marché. Lorsque les deux courbes ont la même pente (en valeur absolue), les augmentations et diminutions successives de prix sont autoentretenues. Pour des raisons graphiques évidentes, cette analyse est connue sous le nom anglais de cobweb (toile d'araignée). On en retiendra la conclusion : le prix est stable si la valeur absolue de l'élasticité du prix de l'offre est supérieure à celle du prix de la demande ; il est instable dans le cas contraire. Le cobweb Prix Offre Prix Prix p1 Offre p5 p3 p1 p2 p4 p3 p5 p4 p2 Offre p1 p2 Demande Demande Demande O q2 q4 q3 E q1 Quantités Prix O q4q2 q1q3 q5 Quantités O E Prix E Temps Equilibre stable (A) q1 E Quantités Prix E O q2 E O Temps Equilibre instable (B) O Temps Oscillations autoentretenues Alfred Marshall propose une analyse d'ensemble pour les activités industrielles. Il postule que l'élasticité du prix de l'offre augmente sous l’effet de la concurrence lorsque le temps de réaction s'allonge : très faible immédiatement (« période infra-courte »), elle s’accroît dès que le délai est suffisant pour utiliser des quantités supplémentaires de facteurs dans les installations existantes (« période courte »), puis devient très élevée quand on peut envisager de bénéficier d’économies d’échelle grâce à un accroissement des dimensions des entreprises (« période longue »). Les trois périodes de Marshall Prix Prix Prix De mande De mande Off re Off re O Off re De mande Quantités Période inf ra-c ourte O Quantités Période c ourte O Quantités Période longue 3