Il existe aussi une conception chrétienne (ou monothéÏste) de la dignité. Cette
conception chrétienne de la dignité va se trouver posée de manière exemplaire, presque
caricaturale, par la contreverse de Valladolid, où le dominicain Bartholoméo de La Casas, va
soutenir, contre l’avis dominant de l’époque, église et université confondues, mais elles le
sont alors, donc contre l’intelligentsia de l’époque, que les indigènes d’Amérique centrale et
du sud, les indiens, disposent d’une dignité, donc d’une âme, donc qu’ils sont par conséquent
des hommes, puisque conçus à l’image et à la ressemblance de Dieu. De fait, la conception
chrétienne, à la différence de la conception bourgeoise, universalise le concept de dignité.
Mais dans cette conception la dignité reste affectée par le péché, qu’il soit originel ou véniel.
D’où l’idée que la dignité n’est pas en soi, par définition, quoiqu’il arrive. Elle peut
disparaître, par la chute, et doit donc être rachetée par le sacrifice et la pénitence. Elle peut
aussi disparaître par degré, du fait de nos fautes, de nos péchés successifs, et doit donc aussi
être rachetée, par la biais du sacrement de confession.
Cette conception, certes universalise l’homme, mais la dignité demeure toujours
contingente, affaire de degrés, de qualités, qui apparaissent et disparaissent, en fonction de
nos péchés, donc de nos conduites, ce qui n’est pas bien loin de la conception bourgeoise. Par
ailleurs cette nécessité du rachat sous-tend l’hypothèse d’un prix de la dignité, d’un prix
différentiel en fonction des qualités en jeu, alors même que l’essence de l’homme est d’être
sans prix..
D’autre part cette conception est doloriste, car c’est la souffrance, la douleur,
l’humiliation, la mortification, l’expiation, la mort, qui réintroduisent la dignité, puisque Le
christ s’est immolé pour le rachat de l’humanité. Il faut donc que l’homme, pour être
totalement à l’image et à la ressemblance de Dieu se sacrifie lui aussi comme étant pour
retrouver son être, ce qui demeure assez contradictoire. C’est en tout cas une conception de
l’universalité qui s’inscrit sur le pathos. C’est donc un universalisme conservateur, voire