Émissions directes
L’inventaire des émissions directes a été réalisé en s’appuyant sur les règles employées dans le SNIEPA
7
conformément aux
spécifications des Nations Unies relatives à la CCNUCC.
Le format de restitution dit «CRF»
8
est basé sur la nomenclature de la CCNUCC. C’est le seul format utilisable pour se comparer aux
inventaires des émissions de GES réalisés par les pays signataires du protocole de Kyoto. Par convention internationale, ce format
ne prend pas en compte les émissions liées à l’UTCF9 (présentées à part du fait des phénomènes étudiés dans cette catégorie :
mêlant puits et sources de carbone) ; ni celles de l’aviation internationale (seul le trafic aérien «domestique», c’est-à-dire entre
deux aéroports du territoire, doit être rapporté).
Émissions indirectes du territoire (imports et exports)
Une méthodologie adaptée a été développée pour évaluer les émissions indirectes du territoire, et permettre ainsi de faire ressortir
les spécificités de la Nouvelle-Calédonie (insularité, densité de population, activité métallurgique et minière notamment). Pour
estimer les émissions indirectes, une règle simple a été fixée consistant à multiplier une quantité de produits (importés ou exportés)
par son contenu en CO
2
que l’on appelle facteur d’émission. Ce dernier permet de rendre compte sur le cycle de vie du produit
(extraction, transport, production, commercialisation, utilisation, fin de vie) de l’ensemble des émissions de GES générées. Dans
le cadre de cette étude, les facteurs d’émissions utilisés ont été extraits pour l’essentiel de bases de données reconnues au niveau
international avec dans certains cas quelques aménagements pour tenir compte du contexte spécifique de la Nouvelle-Calédonie.
Le transport lié aux flux de marchandises a également été estimé.
L’économie calédonienne étant fortement ouverte sur l’extérieur, une partie des produits utilisés sur le territoire est importée, et la
fabrication de ces produits importés a également induit des émissions de CO
2
, cette fois à l’étranger. Comptabiliser les émissions de
CO2 induites par la Nouvelle-Calédonie suppose donc d’estimer l’ensemble des émissions «importées», qui sont d’origines diverses.
D’un autre coté, il faut garder à l’esprit que cette demande calédonienne ne satisfait pas exclusivement les besoins des personnes
physiques ou morales du territoire. En effet, une partie des émissions de notre appareil productif est due à la demande de nos
partenaires. Dit autrement, une partie des émissions de CO2, celle liée aux exportations, doit être attribuée aux pays destinataires
de nos exportations.
La réalisation d’un diagnostic d’émissions, de par la quantité
d’informations utilisées et la complexité des relations entre les
activités prises en compte et les émissions calculées, implique
souvent un degré d’incertitude. Les incertitudes peuvent à la
fois concernées les données de base et les facteurs d’émission ;
sans oublier le degré d’incertitude lié à la combinaison des deux
paramètres cités précédemment, et l’impact sur l’incertitude
totale du diagnostic.
Émissions directes
Les secteurs pour lesquels les émissions dépendent majoritairement
des consommations de combustibles sont généralement associés
à une incertitude dite «faible» à «modéré». Les secteurs relevant
d’estimations liées à des déterminants de la consommation
(ex. : agriculture, solvants, etc.) présentes des incertitudes
d’un niveau «modéré» à «très élevé», principalement dues à
l’absence de données de base.
Émissions indirectes du territoire (imports et exports)
La part d’incertitudes pour ce diagnostic réside d’une part
dans le format et la fiabilité des données de base (données
extrapolées, agrégées selon certaines nomenclatures, etc.),
des facteurs d’émission spécifiques à la Nouvelle-Calédonie,
et d’autre part à l’affectation de ces facteurs aux données de
base. Rappelons ici que l’inventaire réalisé était le premier
diagnostic des émissions indirectes du territoire.
Synthèse des émissions directes au format «CRF» et indicateurs
Les chiffres pour se comparer aux émissions des autres pays
signataires du Protocole de Kyoto :
Synthèse des émissions indirectes et directes du territoire en 2008
Seuls les résultats de l’année 2008 sont présentés ci-après,
compte tenu de la proximité des années étudiées et de la
similitude des résultats avec l’année 2005.
Pour permettre une comparaison avec des valeurs officielles
communiquées par les autres pays, il est rappelé que les
résultats sont exprimés sans tenir compte des émissions
dues à l’UTCF et à l’aérien international.
La répartition des émissions par secteur d’activité a nécessité
la prise en compte d’hypothèses, intégrant de ce fait une part
d’incertitudes aux résultats présentés ci-dessous. Des études
sectorielles spécifiques approfondies pourraient permettre
d’améliorer les résultats.
Le graphique ci-dessous présente à la fois les émissions de
chaque secteur d’activité, ainsi que la contribution des différents
gaz à effet de serre dans le total des émissions, par secteur
La métallurgie et la mine
52% des émissions directes total de la Nouvelle-Calédonie
correspondent aux émissions de la métallurgie et de la mine
(fig. 1). Les émissions des centrales électriques dédiées
à l’activité métallurgique sont incluses dans ce secteur
(émissions de CO2 majoritairement – fig.2) ; le reste de la
production électrique, dédiée à la distribution publique est
comptabilisée dans le secteur de l’industrie.
Selon les estimations, ce secteur induit des émissions
«importées» non négligeables (mais non quantifiées) compte
tenu de la consommation de combustibles pour la production
d’électricité et les procédés de transformation, et dans
une moindre mesure pour l’alimentation en carburant des
engins sur mine. Les émissions dues à l’importation de biens
d’équipements pour la construction des nouvelles usines seraient
à attribuer à ce secteur, et non au secteur de la «construction
et de la voirie» (BTP) tel qu’il est fait pour le calcul du PIB10.
La métallurgie est le 1er secteur émetteur pour la
partie des émissions directes du territoire, mais
dont le produit principal, issu de l’exploitation des
mines de nickel, est exporté.
La méthodologie et la restitution des résultats
Les résultats et les indicateurs
L’analyse sectorielle des émissions
Les limites du diagnostic des
émissions de gaz à effet de serre
10 PIB : Produit Intérieur Brut
7 SNIEPA : Système National d’Inventaire des Émissions de Polluants Atmosphériques
8 CRF : Common Reporting Format
9 UCTF : Utilisation des Terres, leur Changement, et la Forêt
L’industrie
15,9% des émissions directes ou «générées» sur le territoire
sont dues à l’industrie (fig. 1), principalement induites par
des émissions de CO2 (fig. 2).
Le transport
15,6% des émissions directes total du territoire sont à
attribuer au transport (routier, maritime, aérien domestique)
(fig. 1). Si pour tenir compte de l’insularité de la Nouvelle-
Calédonie, l’on comptabilise les émissions de GES dues à
l’aérien international, le secteur du transport génère alors
17,9% des émissions directes du territoire, devenant ainsi le
2ème secteur le plus émetteur de GES sur le territoire.
Là encore, les émissions sont principalement induites par
des émissions de CO
2
, dues à la combustion de combustibles
fossiles (fig. 2).
L’agriculture et la sylviculture (et l’alimentation)
8,6% des émissions directes du territoire (fig.1) sont à attribuer
au secteur de l’agriculture et de la pêche, conséquence de
leur activité : utilisation d’engrais générateurs de protoxyde
d’azote (fig.2) et de fermentations entériques des animaux
d’élevage, génératrices de méthane (fig.2).
Pour mettre en exergue les spécificités liées à la Nouvelle-
Calédonie, on peut, par extension, ajouter à ce secteur
l’alimentation destinée à l’approvisionnement des ménages
calédoniens.
Selon les premières estimations, les émissions liées aux
importations de denrées alimentaires (émissions indirectes)
sont largement prépondérantes comparées aux émissions
liées à la production agricole locale végétale ou animale
(émissions directes).
Le traitement des déchets
6% des émissions directes du territoire (fig.1) sont générées par
le traitement des déchets ; dont 89% par la mise en décharge
et 11% par le traitement des eaux usées. Les émissions de
ce secteur sont à 97% des émissions de méthane ; les 3%
restant provenant du protoxyde d’azote (fig.2).
L’insularité du territoire et l’élaboration des filières locales
de traitement étant en cours, ce secteur est responsable
d’émissions «exportées» (non quantifiées). Aucune émission
«importée» n’est à comptabiliser pour ce secteur.
Le résidentiel et le tertiaire
1% des émissions directes peuvent être attribuées au résidentiel
et tertiaire (fig.1), principalement dues à la consommation
d’électricité. Il faut rappeler que la production électrique,
dédiée à la distribution publique est comptabilisée dans le
secteur Industrie.
Selon les estimations, ce secteur génère des émissions
«importées» importantes (non quantifiées), dues à
l’importation de biens d’équipement, de vêtements, de
produits ménagers,... compte tenu de la faible production
locale (étroitesse de marché).
2005 2008
Emissions de GES - TOTAL
(hors UTCF1, hors aérien
international 3 499 3 649 kt CO2e
Emissions de GES - TOTAL
(hors UTCF1, hors aérien
international 15,2 14,9 t CO2e/habitants
Emissions de GES - TOTAL
(hors UTCF1, hors aérien
international 5,85 4,87 t CO2e/millions
F CFP
FIG 1
FIG 2
84% des émissions directes sont dues à l’industrie (y compris
métallurgie et mine) et aux transports. Ces secteurs sont donc
des gisements potentiellement importants de réduction des
émissions, et doivent faire l’objet d’un programme de réduction
des émissions.
16% des émissions directes sont dues aux secteurs de l’agriculture
et de la pêche, aux traitements des déchets, et au résidentiel/
tertiaire. Ces émissions plus «marginales» restent cependant
une cible pour des actions de réductions des émissions, et
concernent plus spécifiquement l’ensemble de la population.
La part de la production d’électricité (métallurgie et distribution
publique) est de 36% mais devrait croitre dans les années futures
due à l’entrée en production des deux usines métallurgiques
(Vale Nouvelle-Calédonie et KNS), et à la centrale de production
d’électricité pour la distribution publique de Prony énergie.
Le CO
2
est le gaz principalement émis (83,7%) sur le territoire,
notamment du aux combustions de combustibles pour la
produition d’électricité et les transports.
Le CH
4
(9,7%) et le N
2
O (5,4%) proviennent principalement
de l’agriculture/sylviculture et du traitement des déchets
(consommations d’engrais, déboisement,...).
Les gaz fluorés (1,2%) sont émis par les procédés industriels.
Le CO
2
reste donc le polluant le plus préoccupant dans les
émissions de gaz à effet de serre, de la part les volumes émis,
et ce malgré un PRG parfois très inférieur aux autres GES.
Le contenu de CO2 de la production d’électricité destinée à la
distribution publique.
En 2008, 1kWh produit pour la distribution publique émet
734,64 grammes de CO2.
Ce calcul a été obtenu à partir des résultats de l’inventaire des
GES et des données disponibles auprès de l’observatoire de
l’énergie de la Nouvelle-Calédonie (DIMENC).
Le secteur du résidentiel est considéré comme le principal poste
émetteur d’émissions «consommées», essentiellement dues aux
importations de biens et produits destinés à la construction et à
l’équipement des ménages. Aucune émission générée par l’export
n’est considéré pour ce secteur.
Part du fret
Que ce soit à l’import ou à l’export, 96% des émissions sont imputées
à la fabrication des produits et près de 3,8% à leur transport. Ce
faible poids peut paraitre surprenant mais il est équivalent à celui
évalué dans les autres collectivités outre-mer.
Notons que le fret aérien génère 300 fois plus de GES que le fret
maritime pour le transport d’une même masse.
L’analyse globale des émissions directes
L’analyse globale des émissions indirectes
Les émissions générées par l’import
L’ensemble des émissions induites par les importations de la
Nouvelle-Calédonie est d’environ 3 217 ktCO2e (fabrication + fret).
L’industrie (y compris métallurgie et mine), le résidentiel/tertiaire,
le transport et l’agriculture, la pêche et l’alimentation représentent
76% des émissions de GES «importées» principalement dus à
l’import de combustibles et de biens d’équipement.
Émissions GES «consommées»
Émissions GES «directes»
+
=-
Émissions GES «importées»
Émissions GES «exportées»
la part «fabrication» seulement, la part «fret»
aval appartenant au pays «expéditeur»
Les émissions générées par l’export
L’ensemble des émissions induites par les exportations de la
Nouvelle-Calédonie est d’environ 2 052 ktCO2e (fabrication +
fret). Les exportations génératrices de GES doivent être très
majoritairement associées à la métallurgie et à la mine. Les
données sources répertoriant principalement des exportations de
ferronickel, mattes de nickel, minerais de nickel et leurs concentrés.
Le secteur de l’agriculture et de la pêche est également concerné
avec des exportations de crevettes, de squashs, de thons, …
Les émissions consommées sur le territoire
Le diagnostic des émissions «indirectes» de la Nouvelle-Calédonie
a également conduit à l’estimation des émissions consommées
sur le territoire, qui correspondent aux émissions induites par
l’activité et la demande calédonienne. Ces émissions sont évaluées
à 4 889 kt CO2
e pour l’année 2008, et ont été calculées à partir de
la formule suivante :
Emissions par gaz pour la production électrique de
la Nouvelle-Calédonie en 2008
Emissions directes, par gaz, pour la Nouvelle-Calédonie en 2008
3 500
3 000
2 500
2 000
kt CO
2
e
1 500
1 000
500
0
CO
2
3054
354
199
42
CH
4
N
2
OGaz
fluorés
300
250
200
150
kt CO
2
e
100
50
0
CO
2
0,2854 20
CH
4
N
2
OGaz
fluorés
264
IMPORTS
(kt CO2e) EMISSIONS
DIRECTES EXPORTS
(kt CO2e)
FRET FABRICATION TOTAL (kt CO2e) FRET FABRICATION TOTAL
TOTAL DES
EMISSIONS 127 3 090 3 217 3 649 74 1 977 2 052
14,9
RATIO PAR HABITANTS
EN NC
(t CO2 e/hab)