271 L. GUIGNARD sinon le p r e m i e r composé organique azoté qui se forme. D'autre part, en étudiant les feuilles à différents âges, il a vu que le composé cyanique d i m i n u e au furet à m e s u r e qu'elles vieillissent, pour disparaître au m o m e n t de leur chute. 11 se comporte donc c o m m e une matière de réserve pour la plante. En 1905, j ' a i constaté, au contraire, n o n sans quelque surprise, que, d a n s le Sureau noir ( 1 ) , les feuilles c o n t i e n n e n t encore, au m o m e n t de leur chute, à l'arrière-saison, à peu près a u t a n t de glucoside cyanhydrique qu'à une époque a n t é r i e u r e . Ici, le glucoside ne paraît p a s , au p r e m i e r a b o r d , pouvoir être considéré c o m m e une matière de réserve, puisqu'il est éliminé avec les feuilles qui t o m b e n t . Toutefois, il est p e r m i s de supposer q u e , dans le cours de la végétation du Sureau, il subit une m é t a m o r phose encore i n c o n n u e , au fur et à mesure qu'il est élaboré d a n s les tissus chlorophylliens. Cette observation ayant conduit M. T r e u b (2) h rechercher si d'autres plantes se c o m p o r t e n t c o m m e le S u r e a u , le m ê m e fait fut constaté par lui d a n s Y Indigo fera galegoides, tandis q u e , chez les autres plantes examinées (une q u a r a n t a i n e a p p a r t e n a n t à 2 0 genres différents), le principe cyanhydrique quitte à peu près complètement les feuilles avant leur chute. 11 paraît donc certain que, chez ces plantes, les glucosides cyanhydriques sont bien des substances de réserve. Le Sambucus migra et Y Indigo fera galegoides constituent des exceptions, qui sont peut-être plus a p p a rentes que réelles. Il est possible, d'ailleurs, que le m o d e d'utilisation des glucosides cyanhydriques p a r les plantes qui les renferment varie suivant là constitution de ces corps (3). Chez les Rosacées, qui ne sont pas comprises d a n s le n o m b r e des plantes étudiées p a r M. T r e u b (sauf une seule espèce, le Prunus javanica) , le rôle des glucosides en question n ' a pas encore été (1) L. Guignard, Nouvelles observations sur la formation et les variations quantitatives duprincipe cyanhydrique du Sureau noir <G. R. Acad. des S e , t. GXL1, p . 1193, 1903). (2) M. Treub, Nouvelles recherches sur le râle de l'acide cyanhydrique dans les plantes vertes, 11 (Ann. du Jardin bot. de B u i l e n z o r g ; 2 série, vol. VI, 1907). (3) Le glucoside retiré du Ph. lunutus, d a n s ces dernières a n n é e s , et appelé p h a s é o l u n a t i n e , est identique à la l i n a m a r i n e , découverte a n t é r i e u r e m e n t dans le Lin. Des r e c h e r c h e s récentes o n t déjà m o n t r é qu'il est assez r é p a n d u . P a r sa constitution, il diffère des glucosides des Rosacées, d o n t l ' a m y g d a l i n e est le plus a n c i e n n e m e n t c o n n u . e