Récifs coralliens et aires marines protégées
La biodiversité des récifs coralliens est menacée à l’échelle mondiale et constituer des aires marines
protégées (AMP) ne semblent pas intégralement assurer leur préservation. Des travaux menés par
des chercheurs de l’Université d’Auckland (Nouvelle-Zélande) et de l’Université de James Cook
(Australie) en collaboration avec plusieurs institutions, dont l’IRD, ont montré qu’un très faible
pourcentage de récifs coralliens, seulement 2 %, se situe dans des lieux qui répondent aux exigences
de la législation (degré de protection, risques encourus, taille et isolement des récifs). En effet, moins
de 0,1 % des récifs sont vraiment protégés de tous prélèvements licites ou illicites. La mise en place
d’un réseau idéal d’AMP bâti suivant des critères de taille et de distances inter-sites afin de mieux
préserver la biodiversité des récifs coralliens a été proposée. Pour des réserves de 10 à 20 km² de
diamètre, distants de 15 km, il faudrait ainsi créer plus de 2500 nouvelles aires marines protégées
pour prétendre préserver 5 % des récifs mondiaux.
Connectivité larvaire pour mieux comprendre la dynamique des populations marines
Dans les océans, la plupart des animaux commencent leur vie sous la forme d’une larve
microscopique qui peut parcourir plusieurs centaines voire des milliers de km à la faveur des
courants marins. Ceci est vrai aussi bien pour les organismes fixés tels que les coraux, les huîtres ou
les bénitiers, que pour les organismes mobiles tels que les poissons. Ainsi, des échanges d’individus
entre populations, habitats, écosystèmes, îles et parfois même continents ont lieu par le biais de
mouvements de larves planctoniques et/ou de juvéniles et adultes pour les espèces mobiles. Cette
connectivité fait l’objet de recherches nombreuses car elle peut maintenir la diversité, secourir les
populations en déclin, rétablir les populations disparues, et assurer les flux vitaux aux seins des
écosystèmes marins. En biologie de la conservation, l’étude de la connectivité permet d’optimiser le
fonctionnement des réserves marines au sein de réseaux interconnectés. Par exemple, des
scientifiques ont montré que les mangroves sont des écosystèmes nurseries obligatoires pour
certains poissons coralliens du lagon de Nouvelle-Calédonie (Paillon et al., 2012), pour évaluer et
améliorer les réseaux d’aires marines protégées dans le lagon de Nouméa (Cuif et al., 2012), et pour
tester le lien entre dispersion larvaire et endémicité des poissons coralliens des îles Gambiers en
Polynésie Française (Vigliola et al., 2012).
Relations diversité/abondance, une clé pour comprendre les conséquences des changements
globaux sur les écosystèmes : les poissons coralliens comme modèle
Les changements climatiques globaux affectent de plus en plus l’ensemble des écosystèmes
terrestres et marins. Si leur évolution reste encore difficile à prévoir, une question centrale en
écologie subsiste : comment ces changements agiront-ils sur la structure et l’organisation des
communautés récifales ? Comprendre la façon dont les communautés peuvent réagir aux facteurs
environnementaux serait une avancée essentielle pour prédire l’effet des changements globaux.
Pour y répondre, le projet GASPAR, piloté par une équipe IRD et regroupant des équipes scientifiques
brésiliennes, mexicaines, américaines, calédoniennes, etc. propose de se focaliser sur l’étude des
poissons coralliens.
Analyser l’influence des perturbations naturelles et anthropiques sur la structuration des
communautés biologiques (cycles de vie, biodiversité fonctionnelle) et leurs usages
Les capacités de calcification des récifs coralliens peuvent être influencées par le changement
climatique global (en particulier l’acidification et le réchauffement des océans). Dans le contexte de
milieux récifaux anthropisés comme en Nouvelle-Calédonie, le lagon est affecté par des
apports terrigènes riches en métaux. Bien que les métaux jouent un rôle primordial chez les
organismes marins lorsqu’ils sont en concentrations traces, ils peuvent s’avérer toxiques lorsqu’ils
sont en excès dans le milieu. Le but d’expérimentations menées en collaboration avec le Centre
Scientifique de Monaco et l’Agence Internationale à l’Energie Atomique (AIEA Monaco), dont une des
particularités est d'utiliser des radiotraceurs (pour la mesure des taux de calcification des coraux et
des taux d'incorporation en métaux), est de déterminer si les effets du changement climatique ne
vont pas amplifier la détérioration des récifs due aux influences anthropiques plus localisées.