L'Aiguillon-sur-mer
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L'estuaire du Lay et la baie de l'Aiguillon constituent la façade maritime du marais Poitevin partagé entre deux
régions administratives, Pays-de-Loire et Poitou-Charentes. Ce secteur s'impose par la taille de ses composants
et l'activité toute particulière des processus naturels qui continuent de nos jours à le modeler.
Morphologie
Formation et évolution du site (anciennes îles et chenaux)
Le comblement de l'ancien golfe des Pictons "dû à l'apport considérable des vases de la Gironde" (5) a donné le
plus grand marais d'un seul tenant du territoire français, le marais Poitevin. L'avancée du trait de côte sur la mer
tend à se ralentir de nos jours autant pour des raisons naturelles (remontée du niveau marin) qu'humaines
(renonciation aux grands travaux d'endigage). Le littoral moderne est composée de deux domaines
morphologiquement très différents :
l'estuaire du Lay, plus grand fleuve proprement vendéen dont le débouché, fixé à l'est (pointe de
l'Aiguillon), est accompagné à l'Ouest par le libre développement de la plus belle pointe à crochets du
littoral atlantique, la pointe d'Arçay ;
la baie de l'Aiguillon traversée par le chenal de la Sèvre Niortaise, fleuve drainant pour parties trois
départements ; cette baie constitue l'exemple le plus achevé du travail de poldérisation poursuivi sur
nos côtes depuis le XIIème siècle.
Depuis la reprise des grands travaux en 1950, seuls deux nouveaux polders ont été conquis sur la baie
(l'Aiguillon, les Corsives) en 1965 ; le prolongement de l'endiguement vers l'est a été ensuite interrompu pour ne
pas nuire à la conchyliculture ; de même le projet de fermeture de la baie pour en faire un "lac d'eau douce" (13)
n'a pas abouti.
Particularités topographiques (pentes et zones dépressionnaires)
Dans les marais littoraux existent quelques zones déprimées : Nouveau desséché de Champagné, Maison
Neuve et Montifaut (Charron), parties déprimées du marais de Villedoux à 1,90 m NGF (18).
Types de bassins unitaires rencontrés (formes et systèmes hydrauliques )
Cette zone est la plus riche en marais naturels (schorres) du littoral atlantique (environ 1 000 ha).
Les marais salés endigués sont surtout représentés par les claires de l'estuaire du Lay, les bassins du polder
ostréicole de la pointe de l'Aiguillon et les salines en voie de comblement de Champagné-les-Marais.
Hydrographie
Bassins versants (régimes et hydraulicité des cours d'eau, sols, types d'activités,
aménagements et ouvrages)
Bassin du Lay
Le haut bassin dans le bocage vendéen est composé de terrains métamorphiques et le cours moyen suit la
bordure nord du bassin sédimentaire aquitain, coulant dans les calcaires marneux liasiques (St-Hermine-
Mareuil) avant d'entrer dans le marais où il reçoit son principal affluent, l'Yon. Dans le marais, le cours est
endigué et barré par l'écluse de Moricq et, en aval, par celle du Braud.
Le haut bassin reçoit entre 800 et 850 mm de précipitations, le bassin moyen entre 750 et 800, le marais de 750
à moins de 700.
Les conditions peu perméables du haut bassin génèrent des crues relativement brutales qui ne sont que
partiellement tempérées par la traversée des terrains calcaires du cours moyen. Ces formations restituent
d'ailleurs leurs eaux au marais par les sources (6). Par contre, les débits d'étiage du Lay à Mareuil sont
extrêmement réduits.
Bassin de la Sèvre Niortaise
En amont, la Sèvre ne traverse que des régions sédimentaires, systèmes karstiques oxfordien et bajocien en
amont, calcaires marneux liasiques jusqu'à Niort où se fait l'entrée dans le marais à 50 km de la mer et à 4 m
d'altitude ; jusque là les débits d'étiage restent relativement soutenus.
Dans le marais, le cours est constitué de biefs successifs endigués dont le niveau est réglé par des barrages.
Isolée hydrauliquement des marais, elle reçoit cependant plusieurs affluents dont "les régimes hydrauliques sont
différents : rive droite (Autize, Vendée) drainant des terrains schisteux (Gâtine) qui conduisent à des étiages
sévères dès la fin des pluies, rive gauche (Mignon, Courance et autres ruisseaux) drainant de nombreuses
sources des plateaux calcaires moyennement arrosés" (11).
Bassin du Curé
Ce bassin sud du marais présente les mêmes caractéristiques que le bassin du Mignon dans sa partie amont.
Son cours aval indépendant à travers le marais est cependant interconnecté à la Sèvre par le canal de Marans à
La Rochelle (écluses d'Andilly).
Les coefficients d'écoulement du Virson, affluent du Curé, montrent un étiage moins prononcé que celui des
cours d'eau du nord (Lay, Autize) (9). Le débit de crue quinquennale à évacuer à l'embouchure est de
25 m3/s (14).
Alimentation en eau de mer (courants et masses d'eaux, circulation en fonction de la
morphologie côtière)
Régime de crue : forte stratification haline au débouché des deux estuaires impliquant que les eaux alimentant
les marais (couche superficielle) sont très dessalées par rapport aux valeurs du pertuis Breton.
Régime d'étiage : alimentation des marais par l'eau de surface du pertuis (possibilité de stratification thermique)
avec sursalure sensible en baie de l'Aiguillon par rapport à l'embouchure du Lay.
Réseaux et ouvrages dans le marais (chenaux et canaux, état d'entretien, projets
d'aménagement)
Cette zone réunit les problèmes et les équipements hydrauliques les plus complexes de l'ensemble littoral
atlantique : en résumé on peut dire que la plupart des ouvrages permettent correctement d'empêcher la
remontée des eaux de mer en étiage normal dans les marais agricoles mais ne peuvent évacuer les crues assez
vite pour éviter la submersion temporaire de la partie interne des marais. Ce système ne convient vraiment ni à
l'agriculture moderne qui exige un plan d'eau bas en hiver, ni aux cultures marines qui redoutent les écarts
brutaux de salinité.
La lutte contre les inondations (dues aux crues du Lay et à l'envasement des embouchures) a commandé les
aménagements récents.
Les équipements des siècles passés avaient été pensés dans un double ou parfois triple but : drainage,
navigation, saliculture.
La navigation disparaissait à la fin du XIXème siècle sur les axes vendéens (Lay, Luçon, Vendée). Il faut
toutefois noter que le canal de Luçon n'était pas encore déclassé en 1955 (13) et que le port de Luçon n'a été
comblé que tout récemment (dans les années 80).
La saliculture ne se poursuivait pas après guerre.
De 1950 à nos jours c'est donc l'objectif unique agricole qui a prévalu :
d'importants travaux de recalibrage et de rectification ont été réalisés sur le cours aval du Lay ;
les vannes du Braud sur le Lay, de La Raque, du Chenal-Vieux, du chenal de Luçon ont doublé en
aval les ouvrages plus anciens, ménageant ainsi des "biefs de chasse" destinés à dévaser les
embouchures. Ces ouvrages motorisés munis de "vannes-segments" permettent soit par levage de
faire écouler la tranche d'eau inférieure (chasse), soit par effacement de laisser entrer la tranche d'eau
supérieure (prise d'eau de mer) (13). Ces prises d'eau de mer sont destinées à ralentir les effets de
dessèchement du marais en été.
Des ouvrages récents complètent la lutte contre les inondations, le drainage des surfaces agricoles et
l'irrigation :
station de relèvement de la Joyeuse à l'Aiguillon-sur-Mer pouvant rejeter dans le Lay jusqu'à 16 200
m3/h,
divers pompages d'eau souterraine.
La Sèvre dans sa partie estuarienne (Marans à Charron) constitue un ensemble hydraulique complexe dont la
gestion doit tenir compte d'impératifs nombreux et contradictoires ; l'utilisation du canal maritime pour évacuer
les excédents de crues pose de nouveaux problèmes : les portes n'étant pas prévues pour cette usage, les
lâchés qui en résultent sont extrêmement brutaux.
Le canal du Curé est muni depuis 1987 d'une nouvelle vanne à la mer (système à double ventelle) permettant
une gestion plus souple des niveaux amont ; les débits instantanés admissibles passent à 25 m3/s (14).
Pour compenser le colmatage intense de cette partie de la baie, le vannage du canal de Villedoux a été
reconstruit en aval de sa position antérieure et son chenal à la mer rectifié (18).
Eaux souterraines
Hydrogéologie (localisation des nappes)
Il existe des aquifères dans les formations jurassiques du bassin Aquitain avec notamment des circulations
d'eau de type karstique (11).
Le marais Poitevin comprend quatre systèmes aquifères principaux :
la nappe du lias inférieur et de l'infralias (100-220 m de profondeur),
la nappe du Dogger (calcaires du Bathonien-Bajocien),
les nappes du Callovien,
les nappes des alluvions sous-flandriennes (5-40 m).
L'existence d'importants chenaux alluvionnaires sous le bri argileux constitue un réservoir aquifère non
négligeable même s'il se trouve actuellement occupé par de l'eau saumâtre (7).
Caractéristiques des eaux disponibles (débit et physico-chimie)
Une nappe aquifère salée a été découverte dans les anciennes alluvions du Lay à La-Faute-sur-Mer (7 forages)
avec des possibilités d'exploitation de 10 à 20 m3/h. Ces eaux ont une faible teneur en sels nutritifs et une
salinité de 30 %o (1).
Les alluvions sous-flandriennes constituent d'ailleurs, dans la partie vendéenne du marais, un réservoir sans
doute très important évalué à 60 millions de m3 au minimum situé à une profondeur maximale de 40 m ; sa
chlorosité atteint 2,1g/l (salinité = 3,6 %o) (7).
L'augmentation très sensible des teneurs en nitrates des eaux souterraines des hauts bassins versants
(> 40 mg/l) (11) risque de se répercuter sur les nappes littorales de même que le fort développement de
l'irrigation (10 000 ha en 1989 et prévision de 25 000 en l'an 2000) (11) pourra entraîner un accroissement de la
salinité de ces mêmes nappes.
Activités du marais
Etat actuel
Saliculture
Cette activité a disparu ; les marais de Champagné en sont les vestiges.
Agriculture
Cette zone se caractérise par une activité agricole de tous temps prépondérante qui a suivi les différents stades
d'innovation technique pour tenir de nos jours encore la première place en culture intensive sur parcelles
drainées de grande taille.
En règle générale, ce sont les polders les plus récents (les plus proches de la baie) qui sont les plus activement
exploités (marais desséchés purs) : la partie ouest (L'Aiguillon, St Michel, Traize) est entièrement cultivée, alors
que, à l'est, les prairies alternent avec les cultures (Champagné, Puyravault) ; la partie sud (charentaise)
comporte quelques zones mal drainées (Villedoux, Esnandes) où les prairies permanentes sont plus
nombreuses.
Les hauts-schorres du pourtour de la baie sont partiellement fauchés (par moitié environ) et fournissent un
apport fourrager appréciable..
Conchyliculture
La mytiliculture, qui produit 4 500 t par an sur 233 km de bouchots, utilise 75 réservoirs à moules totalisant un
peu moins de 1 ha. L'ostréiculture produit 640 t sur 105 ha de concessions (4).
Pour ce qui concerne l'occupation des marais on constate un abandon ou une inexploitation (partielle ou totale)
du lotissement ostréicole de la pointe de l'Aiguillon, ainsi que de la zone de claires du Lay, côté Aiguillon. Par
contre, une certaine demande se dessine pour le lotissement du Prudent à l'extrémité sud de l'estuaire du Lay
ainsi que pour les claires de La Faute-sur-Mer (4).
Marais à Poissons
Les anciens marais-salants de Champagné ont été parfois pêchés.
Aquaculture
Trois exploitations sur 14 ha (sur DPM) se partagent la production de palourdes (22 t) qui a augmenté de 180 %
depuis 1966 (4). Un essai d'élevage de crevettes sur 0,0696 ha de claires a été effectué.
Elevage d'anguilles sur 2,66 ha de claires, La Faute-sur-Mer (4).
Loisirs
La pêche aux écluses des canaux et de la Sèvre est très active (vermaie, carrelet, cibalou).
Marans, important noeud de voies navigables, sert de base au développement de la navigation de plaisance
dans les marais.
Protection
Le Parc Naturel Régional du Marais Poitevin couvre la presque totalité du marais mais, compte tenu de sa
superficie totale (200 000 ha), une assez faible superficie est réellement protégée ; citons :
en Marais doux :
réserve naturelle de St Denis du Payré (27 ha),
réserve naturelle volontaire du Poiré sur Velluire (250 ha).
en Marais salé :
réserve nationale de chasse de la pointe d'Arçay (géré par l'ONF, interdit au public),
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