AGENCE FRANÇAISE POUR LA MAITRISE DE L'ÉNERGIE A.F.M.E. BUREAU DE RECHERCHES GÉOLOGIQUES ET MINIÈRES B.R.G.M. DEUX CHAMPS GEOTHERMIQUES DE RIFTS OCÉANIQUES ÉMERGÉS : KRAFLA (Islande) et ASAL (République de Djibouti) UNE ÉTUDE COMPARTIVE DES CONTEXTES GÉOLOGIQUES ET DES MÉTHODES D'EXPLORATION INSTITUT MIXTE DE RECHERCHES GÉOTHERMIQUES SERVICE GÉOLOGIQUE NATIONAL Rapport du B . R . G . M . 84SGN 216 IRG i BUREAU DE RECHERCHES GÉOLOGIQUES ET MINIÈRES B.R.G.M. AGENCE FRANÇAISE POUR LA MAITRISE DE L'ÉNERGIE A.F.M.E. B.P. 6009 45060 ORLÉANS Cedex 27, rue Louis Vicat 75737 PARIS Cedex 1 5 DEUX CHAMPS GEOTHERMIQUES DE RIFTS OCÉANIQUES ÉMERGÉS : KRAFLA (Islande) et ASAL (République de Djibouti) UNE ÉTUDE COMPARTIVE DES CONTEXTES GÉOLOGIQUES ET DES MÉTHODES D'EXPLORATION par A. GADALIA (Géothermie-Hydroénergie) H. TRAINEAU (I.M.R.G.) avec la collaboration de V. BARTHES - B. BOUNIOL - P. DELPRETTI - Ph. MARIE INSTITUT MIXTE DE RECHERCHES GÉOTHERMIQUES SERVICE GÉOLOGIQUE NATIONAL B.P. 6009 - 45060 Orléans Cedex - Tél.: (38) 63.80.01 Rapport du B.R.G.M. 84 SGN 216 IRG Réalisation : Département Applications Graphiques S O M M A I RE RESUME AVANT-PROPOS INTRODUCTION 1 Fiche 1 : STRUCTURE 3 1.1. - Le rift islandais 1.1.1. - Evolution géodynamique 1.1.2. - Les méc'anismes d'accrétion du rift islandais 1.1.3. - La tectonique active du champ géothermique de Kraf la 1.2. - Les rifts de l'Afar 1.2.1. - Evolution géodynamique 1.2.2. - Les mécanismes d'accrétion du rift "Aden-Asal".... 1.2.3. - Le champ géothermique d'Asal : aspects tectoniques 4 4 6 11 16 16 18 25 1.3. - Synthèse sur la tectonique des zones d'Asal et Krafla Fiche 2 : GEOLOGIE 30 2.1. - Le volcanisme islandais et ses produits 2.1.1. 2.1.2. 2.1.3. 2.1.4. 2.1.5. 29 - Histoire du volcanisme islandais La dualité "faisceau de dykes/volcan central" Pétrologie des laves d'Islande Le problème de l'origine des basaltes Les formations de Kraf la 2.2. - Le volcanisme de l'Afar 2.2.1. - Histoire du volcanisme de l'Afar 2.2.2. - Les formations géologiques de la zone "Asal-Ghoubbat" 2.3. - Synthèse sur le volcanisme des deux rifts 31 31 32 32 33 34 39 39 42 45 Fiche 3 : HYDROTHERMALISME 3.1. - Le contexte hydrothermal islandais 3.1.1. - Le flux de chaleur 3.1.2. - Aspects hydrogéologiques 3.1.3. - L' hydrothermal i sme fossile 3.2. - L'hydrothermalisme du champ de Krafla 3.2.1. - Méthodes d'études 3.2.2. - Résultats 3.3. - Le contexte hydrothermal du S.E. de l'Afar 3.3.1. - Méthodes employées 3.3.2. - Résultats 3.4. - Synthèse sur les conditions hydrothermales des deux rifts Fiche 4 : GEOPHYSIQUE 46 47 47 47 50 50 50 51 54 54 55 59 60 4. 1. - Exploration gravimétrique à Krafla 64 4.2. - Exploration gravimétrique à Asal 67 4.3. - Exploration magnétique à Krafla 69 4.4. - Exploration magnétique à Asal 72 4.5. - Exploration électrique à Krafla .....75 4.6. - Exploration électrique à Asal 79 4.7. - Exploration sismique à Krafla 81 4.8. - Exploration sismique à Asal 81 4.9. Synthese et comparaison des méthodes d'exploration géophysiques 82 Fiche 5 : GEOCHIMIE 86 5.1. - Exploration géochimique de surface à Krafla 89 5.2. - Exploration géochimique de surface à Asal 92 5.3. - Géochimie des fluides de forage à Krafla 95 5.A. - Géochimie des fluides de forage à Asal 97 5.5. - Synthèse et comparaison des méthodes d'exploration géochimiques 98 6 - CONCLUSIONS Comparaison des méthodologies d'exploration des champs géothermique géothermiques de Krafla et d'Asal 99 BIBLIOGRAPHIE des fiches "structure", "géologie" et "hydrothermalisme" 105 BIBLIOGRAPHIE des fiches "géophysique et "géochimie" 113 LISTE DES FIGURES Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. 1 2 3 4 5 6 7 8 - 9 - Fig. 10 Fig. 11 Fig. 12 Fig. 13 Fig. Fig. Fig. Fig. 14 15 16 17 - Fig. 18 Fig. 19 Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. 20 21 22 23 24 25 26 27 28 - Fig. 29 Fig. 30 - Localisation des ensembles structuraux de l'Atlantique Nord .. Evolution des zones d'expansion récentes d'Islande Localisation des axes d'expansion actuels Carte structurale des zones néovolcaniques d'Islande Essaim de fissures du rift septentrional Modèle d'injection de dykes Carte tectonique de la zone de Krafla Représentation du bombement et de la subsidence dans la zone de Krafla Esquisse des trois grands systèmes tectoniques affectant l'Afrique orientale et la Péninsule arabique Frontières de plaques actuelles de la zone Asal-Golfe d'Aden . Processus d'écartement du rift Asal-Ghoubbet Coupes schématiques interprétatives des rifts d'Afar et d ' Islande Données géochronologiques sur fond géologique simplifié (alentours du rift d'Asal et du Golfe de Tadjoura) Mouvements du plancher du rift d'Asal lors de la crise de 1978 Coupe transversale du rift d'Asal Ghoubbet Bombement longitudinal du rift d'Asal Microsismicité du golfe de Tadjoura et des régions avoisinantes de 1974 à 1977 Evolution des laves actuelles de la zone de Krafla Schéma du volcan central de Krafla et de la chambre magmatique sous-jacente Coupe géologique de la zone de forage de Krafla Carte géologique simplifiée de l'Afar Evolution des laves du rift Asal Ghoubbet dans le diagramme AFM Schéma du flux énergétique pour l'Islande Répartition des champs géothermiques de haute énergie en Islande Données du Log n° 10 à Krafla Modèle simplifié du champ géothermique de Krafla Modèle de champ géothermique à Asal Domaine de stabilité thermique des principaux minéraux hydrothermaux dans le champ géothermique d'Asal Carte générale de l'anomalie de Bouguer de l'Islande Modèle de densité crustale et mantellique de la zone IslandeFaeroe 5 7 7 8 8 10 12 15 17 19 20 21 23 24 26 28 28 35 36 38 40 44 48 49 52 53 57 58 61 61 Fig. 31 - Anomalie de Bouguer à Krafla 62 Fig. 32 - Carte résiduelle de l'anomalie de Bouguer 63 Fig. 33 - Carte de l'anomalie de Bouguer du Nord de l'Ethiopie 65 Fig. 34 - Carte gravimétrique du rift d'Asal 66 Fig. 35 - Carte aéromagnétique des champs géothermiques de Krafla et Namafjall 68 Fig. 36 - Carte des anomalies magnétiques en République de Djibouti et en Ethiopie 70 Fig. 37 - Carte du champ magnétique réduit au pôle du rift Asal Ghoubbet 71 Fig. 38 - Schéma de répartition des résistivités au niveau du champ géothermique de Namafjall 73 Fig. 39 - Carte de résistivité à 600 m de profondeur du champ géothermique de Krafla 74 Fig. 40 - Carte des résistivités apparentes du rift d'Asal (MELOS) . 16 Fig. 41 - Carte des résistivités apparentes du rift d'Asal ("rectangle") 77 Fig. 42 - Carte des conductances longitudinales du rift d'Asal (MT-5EX) 78 Fig. 43 - Activité sismique associée à l'épisode éruptif du volcan Krafla en Septembre 1977 80 Fig. 44 - Cartographie des zones de flux thermique maximum à Krafla 87 Fig. 45 - Localisation des différentes sources et fumerolles du rift Asal-Ghoubbet Fig. 46 - Modèle d'alimentation des différentes sources du rift 90 Asal-Ghoubbet 91 Fig. 47 - Modèle simplifié du réservoir géothermique de Krafla 93 Fig. 48 - Modèle de champ géothermique à Asal 96 LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 - Composition des fumerolles de la région de Krafla 88 Tableau 2 - Age relatif du fluide dans différents puits de Krafla 93 Tableau 3 - Composition chimique des fluides de la zone inférieure du champ de Krafla 94 RESUME Cette étude s'est attachée à caractériser et à comparer les contextes généraux des deux rifts océaniques d'Islande et d'Asal, ainsi que les contextes géologiques locaux des deux champs géothermiques d'Asal et de Krafla, avec notamment : - position structurale du champ géothermique dans le rift, - nature de l'édifice volcanique associé, - pétrologie des produits émis, - localisation, volume de la chambre magmatique et fréquence des éruptions, - manifestations hydrothermales (fumerolles, sources chaudes,...) Dans la comparaison des contextes géologiques, ont été mis en évidence les lPl?2. 2^es_pe_ct_if_s_de_ ¿a_tec^tojiique_ £t_du^ magmatijsme dans le processus d'extension de chacun des rifts ainsi que dans l'individualisation des deux champs géothermiques : - Dans__le_ £i^t_is_landa^_s, portion de rift océanique émergé, le processus d'extension est contrôlé par une exceptionnelle production de magma en profondeur. Le volcanisme s'y exprime à la fois de façon fissurale et centrale. Le champ de KRAFLA, situé au sein d'une caldera, correspond à une intense anomalie thermique localisée, résultant de la concentration de matériel magmatique (sous forme d'intrusions, dykes, de chambre magmatique) à faible profondeur dans la caldera, et s'exprimant en surface par des éruptions magmatiques fréquentes et une activité hydrothermale intense. - Dans le rift d'Asal, portion de rift émergé en voie d'océanisation, le processus d'extension est contrôlé par une tectonique d'ouverture (fissuration, basculement de blocs), et le volcanisme uniquement sous forme fissurale. s'exprime Le champ d'ASAL, situé à la croisée de 2 directions tectoniques majeures, correspond â une anomalie thermique résultant de la coïncidence entre fracturation tectonique importante et gradient thermique élevé. Dans le même temps, ont été comparées les différentes méthodologies d'exploration (géologiques, géophysiques, géochimiques) mises en oeuvre dans chacun des deux champs, en séparant : - d'une part, les travaux d'exploration à finalité spécifiquement géothermique, réalisés par des organismes géothermiques. - d'autre part, les travaux relatifs à la connaissance générale des rifts menés par diverses équipes scientifiques. - A - L'exploration du champ de KRAFLA résulte avant tout de travaux à finalité géothermique, avec la mise en oeuvre de méthodologies spécifiques par des équipes de géothermiciens islandais, assurant une bonne continuité et coordination des travaux. Elle a été largement déterminée (et facilitée) par le contexte à priori favorable : (1) l'abondance des manifestations hydrothermales de surface, (2) leur localisation au sein d'une structure délimitée (caldera). - B - L'exploration du champ d'ASAL a été dominée par les travaux scientifiques portant sur la connaissance générale du rift. La diversité des objectifs et des équipes a été préjudiciable et a souvent nécessité la réinterprétation de données trop générales. Elle a de plus souffert de l'absence de structure favorable délimitant la zone à prospecter. En conclusion, sur trois points généraux au moins, les similitudes entre ces deux champs géothermiques de rift océanique émergé ont valeur de référence, et donc une incidence sur la méthodologie de l'exploration. 1 - La tectonique d'extension est toujours structurale doit donc avoir une place 2 - Les champs géothermiques y ont une dominante et l'analyse privilégiée. certaine symétrie axiale (l'axe d'expansion), dont doivent tenir compte les méthodes d'exploration. 3 - Les appareils émissifs étant â dominante fissurale, l'étude pétrologique des laves est importante dans la localisation des zones de différenciation magmatique. AVANT-PROPOS Les champs géothermiques de haute énergie ne se répartissent pas au hasard à la surface du globe. D'une façon générale, ils coïncident avec les zones où se superposent volcanisme, tectonique et hydrothermalisme actifs. Cela correspond à des zones localisées aux frontières des plaques lithosphériques et sur quelques "points chauds"* intra-plaques. L'essort pris par l'exploration géothermique ces dernières années a pleinement conforté cette observation. Néanmoins, si des méthodologies générales d'exploration ont été élaborées et développées sur divers champs indépendamment de leur contexte géodynamique, les stratégies de, recherche divergent souvent en fonction du pays ou de l'organisme chargé de l'exploration géothermique. L'un mettra davantage l'accent sur les apports de l'hydrogéochimie, l'autre sur ceux de la volcanologie et le troisième insistera sur les aspect géophysiques. Le Département Géothermie du B.R.G.M. s'est efforcé depuis plusieurs années déjà de mettre au point une méthodologie rationnelle globale** combinant toutes ces techniques d'approche de champ. La présente étude vise à affirmer et enrichir cette démarche, tout en recherchant une adéquation maximale de notre méthodologie aux diffé- rents types de contextes géodynamiques mondiaux. Dans ce but, nous nous sommes appuyés sur une comparaison des travaux d'exploration géothermique réalisés par deux organismes (l'Orkustofnun*** et le département Géothermie du B.R.G.M.) dans deux champs géothermiques de contexte géodynamique similaire. * L'utilisation commode du terme "point chaud" n'implique pas un accord avec les hypothèses expliquant leur formation. ** Tenant largement compte en particulier de la méthodologie OLADE (1978) *** Commission Nationale de l'Energie, Reykjavik, Islande. Deux champs géothermiques de rifts océaniques émergés : Krafla (Islande) et Asal (République de Djibouti) Une étude comparative des contextes géologiques et des méthodes d'exploration INTRODUCTION La géodynamique globale a conduit les géologues à définir de grands types de contextes tectoniques en privilégiant certains critères. Ainsi les rifts océaniques ont-ils été individualisés par de nombreuses propriétés communes : - ^n_géO£hy^ÍC|Ue : croûte plus mince et plus dense, "manteau anormal" peu profond, anomalies magnétiques symétriques de part et d'autre de l'axe du rift et flux géothermique élevé (près de 30 % de la chaleur perdue par la terre se dissipe le long des rides océaniques qui ne représentent qu'l % de la surface terrestre. (HERMANCE, 1982 ; LILWALL, 1982 ; MORGAN, 1982 ; OXBURGH et TURCOTTE , 1968 ; SCHEIDEGGER , 1973 ; TALWANI et al, 1965 ; VINE et MATTHEWS 1963 ; WATTS, 1982 ; ...) ~ SP— £éochimie_ _e^t jjtrojogie^ : magmas basaltiques primaires (MORB) appauvris en éléments hygromagmatophiles, générés par un processus de fusion partielle du manteau puis évoluant sous faible pression (KAY et al, 1970 ; BARBERI et al, 1982 ; TREUIL et JORON, 1976 ; ...) " £n_t£Cjtoni_que £t_VOl£aj1o2ogij[ : tectonique d'extension avec relais transformants ( HARRISON , 1974 ; . . . ) , souvent sous-marines associant dynamisme fissurai, formations hyalo-clastites et pillow-lavas,... (CANN, 1970 ; . . . ) . Les régions d'Asal (Rép. de Djibouti) et de Krafla (Islande) répondent à tous ces critères et peuvent donc être considérées comme des portions de rifts océaniques. En outre, ces régions ont la particularité commune d'être émergées. Cela a focalisé sur elles, à la fois les études à caractère scientifique (fonctionnement des dorsales océaniques) et les travaux d'exploration puis de développement des champs géothermiques. Cette connaissance relativement bonne des contextes permet d'entamer une comparaison des deux champs. géologiques nous Les critères géodynamiques qui ont prévalu à notre choix sont-ils opérationnels au niveau de ces entités ? Peut-on déduire de la caractérisation de ce type d'environnement ( rift océanique émergé) une méthodologie particulière d'exploration (voire de développement) des autres champs géothermiques de ce contexte. FICHE 1 : STRUCTURE TECTONIQUE Géodésie Tectonique 1.1. - LE RIFT ISLANDAIS 1.1.1. Evoliition Le début d1océanisation de l'Atlantique-Nord crétacé ( â la fin du 80 M.A.) est provoqué par un premier rift entre le Labrador et le Groenland, de direction NNW-SSE (ride du Labrador).(Fig 1) Vers -60 M.A. une seconde ride médio-océanique (R.M.O. de Reykjanes) se développe entre le bloc groenlandais et le bloc FäeroeEcosse, suivant une direction NNW-SSE. Entre -60 et -40 M.A., fonctionne un système de 3 axes d'expansion : l'Islande forme un point triple à l'intersection de deux d'entre eux. Il est probable que le caractère émergé de l'Islande a été acquis dès cette époque : des forages sur la ride IslandeFäeroe y mettent en évidence des produits volcaniques subaériens. (NILSEN, 1978). Toutes les roches volcaniques islandaises ont un caractère sùbaerien et les datations remontent au moins jusqu'à 20 M.A. Vers -40 M.A. la direction d'expansion NNW-SSE (rides du Labrador et Islande-Fäeroe) s'éteint. Le pôle de rotation des plaques change, l'axe d'océanisation migre vers le Groenland et prend la direction WNW-ESE. Le "bloc islandais" se constitue. Vers -27 M.A. la partie Nord-Islande de la dorsale médioocéanique migre vers l'ouest, entraînant une réorganisation de la direction d'expansion ; le rift islandais se décompose alors en deux : au Nord il acquiert une orientation méridienne (branche "Skagi-Langjökull") et au Sud une orientation SW-NE (branche "Reykjanes-Langjökull). Ces directions ont été conservées jusqu'à aujourd'hui. Vers -4 M.A., à la faveur d'un jeu du système transformant de Snaefellsnes, la branche Nord (celle de Krafla) du rift islandais migre vers l'Est. La branche Sud (celle de "Reykjanes-Langjökull") est quant à ^«ri^EEäös*' 1 W/ ^? '"«—N^^fy "%&# FIG.1 : LOCALISATION DES ENSEMBLES STRUCTURAUX DE L'ATLANTIQUE NORD ECHELLE : 12 500 000 elle doublée vers 1,5 M.A. d'un segment de rift NE-SW prolongeant la nouvelle branche Nord. C'est vers 0,7 M.A. que la situation du rift se stabilise en l'état actuel.(Fig. 2) La portion islandaise de la ride médio-atlantique est délimitée par deux zones transformantes : - la megazone (senestre N-100) de Reykjanes au Sud - la zone de fracture de Tjörnes (prolongée à terre par la faille de Husavik (dextre, N-100) reliant la zone axiale Nord à la ride de Kolbeinsey en Mer de Norvège.(Fig. 3) L'histoire tectonique du rift islandais fait donc apparaître une complexité et une instabilité marquées par : - des translations et des rotations de l'axe d'expansion - le fonctionnement simultané de plusieurs rifts plus ou moins bien individualisés. - l'absence de failles transformantes classiques : cellesci étant remplacées en Islande par des zones â failles normales en échelon, avec des structures décrochantes. L'étude des processus et des structures actuels conforme et précise cette analyse. 1.1.2. Les 1.1.2.1. Le processus d'écartement : II s'effectue par l'injection de dykes dans la croûte (l'ouverture de fissures n'étant ici que la résultante en surface de ces dykes), suivant des réseaux lenticulaires larges en leur centre de 2 à 20 km et longs de 70 à 100 km. (Fig. 4) Toutes proportions gardées, un tel réseau (ou essaim, ou faisceau) ressemble â la vallée axiale d'une dorsale océanique. L'orientation de ces fissures et dykes est cons- A) Avant ¿,,5M.A. 1cm/an 1cm/an LEGENDE: *^£~~. Zone de décrochement I i Accretion depuis 4.5M.A. ^ y Axe d1 expansion I \ Volcanisme actif ËZ3 Zone fracturée Synclinal Taux d'expansion absolu < 1cm/an Direction de l'expansion B) Actuel 1cm/an 0 "^~— en accretion depuis <.,Q a 1,0 H . A . SC 100 67»c ISC accretion depuis 1.0M.A. 1cm/an FIG. 2 EVOLUTION DES ZONES D'EXPANSION RECENTES D'ISLANDE 65' Z.F. SNAEFELLSNtí 1cm/an Z.F. REYKJANE?, lé'c en accretion depuis 1.5M.A. accretion négligeable 2BT 0 2C 1ÇI0 200 km JE_ FIG. 3 : LOCALISATION DES AXES D'EXPANSION ACTUELS II« H* -ta* -6Í« <y Zone neovolcanique ê<"^ — - lbrunhes-cO,7M.A.) = » ^ Zone du Rift latéral • " Essain de fissures Volcan central ou complexe voie Caldeira ldi issure vole, ou bouclier de lave -"5*" Lineament décrochant Champ géothermique de H T EHZ3 Couverture de moraines .laves Laves tertiaires M H . A . I Laves pliopléistoeêne (0,7 -3M.A. FIG. U : CARTE STRUCTURALE DES ZONES NEOVOLCANiaUES D'ISLANDE i 16- F1G. 5 : ESSAIM DE FISSURES DU RIFT SEPTENTRIONAL Zone néovolcanique Laves ptio-pléisfocènes Laves tertiaires Essaim de fissures Lineament décrochant O Volcan central ou complexe volcanique tante dans un segment donné du rift actif, mais ils s'agencent suivant des structures "en échelon" dextres ou senestres reproduisant à une plus grande échelle le mécanisme en vigeur au niveau du rift lui-même. L'existence fréquente de structures transverses souligne le caractère non homogène de la déformation (GRELLET, 1983). La zone de production maximum de magma, la plus dense en dykes, est généralement le siège d'une activité volcanique centrale (surmontant un réservoir magmatique Intracrustal) Fig. 5 et corollairement d'une intense activité hydrothermale. 1.1.2.2. Aspects quantitatifs Les mesures géodésiques effectuées dans le rift Nord Islandais montrent que les vitesses de subsidence sont équivalentes aux vitesses d'écartement. Le rejet des failles normales des zones actives du rift est systématiquement compensé par les épanchements volcaniques. Le taux d'accrétion est en moyenne de 1 cm/an. Cette valeur recouvre d'importantes variations suivant l'époque (en une même zone productive) et surtout le lieu (en raison des migrations de l'activité). Les bords du rift ont une tendance à la surrection (rejet de plusieurs mètres à plusieurs dizaines de mètre) relativement à la zone axiale lors des épisodes de "rifting" majeurs ; cela explique le pendage des coulées de laves, augmentant vers l'axe (Fig. 6 ) . A ces mouvements d'écartement par épisode (1 par siècle environ) se surimpose les pulsations pluriannuelles des volcans centraux jalonnant la zone axiale. La production de magma est donc exceptionnellement élevée dans le rift islandais (4 à 5 fois supérieure à celle des autres R.M.O.). Cela explique sans doute : - la position "anormale" émergée de l'Islande ; - la subsidence du plancher du rift à la fois par la surcharge lithostatique de l'empilement de laves et à la fois par l'effondrement de la zone de surface dans les fissures surmontant les dykes. 10 FIG. 6 MODELE D'INJECTION DE DYKES ( BODVARSSON ET WALKER , 196/, axe du,Rift \ \ HI -QJ \ —' ~ — • z rm o S o c Ol \ \ \ 3 <U -a a o S y y y y 1.0 Intrusions (dykesll 1.5 11 1.0 2.0 3.0 Distancesnormalisées a l'axe du Rift 11 1.1.3. 1.1.3.1. Méthodes d'étude : 1.1.3.1.1. Méthodes géodésiques : De premières mesures ont été effectuées par BERNAUER (1943) sur la vitesse d'ouverture du réseau de fissure de Krafla. Un premier réseau extensif de repères géodésiques a été établi dès 1938, permettant une bonne estimation des mouvements dans le rift Nord (NIEMCZYK et al, 1943). Sur la base de ce réseau, et avec une amélioration des techniques, des précisions ont été obtenues vers 1965 (GERKE, 1969, 1974 ; SPICKERNAGEL, 1966 ; TRYGGVASON, 1968 ; DECKER, 1971 ; SCHLEUSENER et TORGE, 1971). La crise de 197 5 a relancé les travaux de mesure des mouvements du sol et des déformations de la croûte : nivellement de précision (BJÖRNSSON, 1976), inclinométrie (TRYGGVASON, 1978a ; SINDRASON et OLAFSSON, 1978), mesure de la largeur des fissures (BJÖRNSSON, 1979), étude des modifications du cours des rivières et des rives du lacs (TRYGGVASON, 1976), mesure des distances au géodimètre (TRYGGVASON, 1978b; GERKE et al, 1978). 1.1.3.1.2. Autres méthodes : L'observation de l'ouverture d'essaims de fissures est ancienne ; à Krafla, elle remonte à 1724-29. L'implantation de la petite centrale de Namafjall (1967-69) au Sud de Krafla sur le même faisceau de dykes n'a pas donné lieu à une exploration systématique de la région. Le lancement de la campagne d'exploration géothermique â Krafla en 1970 a suscité diverses études (SAEMUNDSSON, 1974, 1978 ; WALKER, 1975 ; JAKOBSSON, 1978 ; BJÖRNSSON et al, 1977, 1979) ; la carte tectonique et géologique de la zone Nord du rift islandais (et donc de la zone de Krafla) a été alors réalisée. La crise de Décembre 1975 a réactivé les campagnes d'étude du rifting par diverses méthodes (géodésiques et géophysiques essentiellement). Les forages ont amené des données supplémentaires 12 I N Parois de la Caldeira Faille ou •^fissure ouverte Q à Zone géothermale > Sites d'éruption (19751977) O i t FIG. 7 CARTE TECTONIdUE DE LA ZONE DE KRAFLA (CALDÊÎR ET~ESSÄIM-DE:FISSURES) 9 4 Ban 13 concernant la position des dykes et de leur fréquence dans les couches traversées. Enfin, des études de tectonique comparative entre les rifts islandais et Afar ont permis de cerner des particularités de chacun et des points communs dans le processus d'extension (MATTAUER, 1980 ; GRELLET, 1983). 1.1.3.2. Résultats : Le champ géothermique de Krafla s'inscrit pleinement dans la zone de rifting Nord, au coeur d'un essaim de dykes, auquel se surimpose un volcan central à caldeira.(Fig. 7) L'essaim de fissures de Krafla, concerné par le dernier épisode d'extension, s'étend sur le plancher du rift sur 5 km de large et 80 km de long. A cet endroit, le rift Nord Islandais comprend au moins 5 faisceaux parallèles comparables à celui de Krafla. (Fig. 5). La zone faillée de Husavik liée â la zone transformante de Tjb'rnes interfère dans la partie Nord sous forme de fractures transverses au rift. La zone de Husavik ne montre pas de décrochements mais est fortement marquée sismiquement. Pour donner un ordre de grandeur des mouvements occasionnés par un épisode de rifting, l'exemple de la période 1975-79 est caractéristique ; il s'est alors produit : - un élargissement total de 5 m sur le segment actif (5 x 80 km) - un soulèvement des flancs de 50 à 100 cm - une subsidence de 2 m environ de la bande centrale de 1 à 2 km de large. - une contraction de 85 % à l'extérieur des flancs du rift. Ces mouvements sont nettement dissymétriques : - écartement plus fort au Sud qu'au Nord (entre 1971 et 1975, 30 cm contre 10 cm) - soulèvement plus important du flanc Est par rapport au flanc Ouest. 14 II faut ajouter â ces mouvements, les déformations dues au volcan central de Krafla. (Fig. 8) La caldeira située à quelques kilomètres au NNE du lac de Myvatn au sein du réseau de fissures a un diamètre de 7 à 8 km. Un cycle volcanique se décompose en : - une période de bombement (1 à 7 mois) avec augmentation de la pression (et remontée du niveau de l'eau dans les forages profonds) - une période d'affaissement ( 1 à 20 jours) durant laquelle des séïsmes affectent la caldeira et la zone faillée - un temps d'effondrement de la partie active du faisceau et d'apparition de nouvelles fissures (et de fermeture d'autres) qui recoupent la caldeira - une phase d'injection de dykes ou de sills s'accompagnant éventuellement d'épanchements superficiels. A l'issue d'un cycle, de nouvelles aires géothermales apparaissent et l'activité des anciennes augmente. L'accumulation de magma dans le réservoir situé sous la caldeira provoque l'inflation du volcan, puis la lave s'injecte dans l'essaim de fissures vers le Nord ou le Sud du volcan et forme un dyke. La vitesse de propagation du magma est de 0,5 m/s au début et décroît quand le dyke s'allonge. Celui-ci peut atteindre 60 km ; le centre de la caldeira peut s'affaisser de 2,5 m pendant un même événement subsident (EINARSSON, 1982) La zone d'implantation de la centrale (Fig. 7) et des forages a été choisie notamment en fonction de critères tectoniques ; bien que centrée sur la zone géothermale, c'est-à-dire une zone de concentration de magma comme l'est la caldeira, les puits et les installations évitent la zone de fracture médiane où se concentrent les derniers épisodes de rifting. A Namafjail par exemple, ces précautions n'ont pas été suivies partout et un puits s'est vu rempli par de la lave en 1975. I Bord "Se la Caldeira • . . -• A) Représentation des mouvements moyens de bombement-subsidence (mars 1976 juillet77 0 I 2 3 4 B) Subsidence en octobre 31,1977 (mm ) C) Vitesse de bombement juin-juillet 1977 (mrn/j. 5 km IfSO1 _J FIG. 8 : REPRESENTATION DU BOMBEMENT ET DE LA SUBSIDENCE DANS LA ZONE DE KRAFLA 16 1.2. - LES RIFTS DE L'AFAR 1.2.1. Evolutiori • Avant le Tertiaire» le socle continental Arabo-Nubien est recouvert par une mer peu profonde déposant des calcaires puis des grès sur une grande surface. • Au Paléocène jusqu'à la fin de l'Oligocène , toute la région est en cours de surrection. Ce bombement arabo-nubien s'accompagne d'un volcanisme abondant : les trapps des plateaux. • Au début du Miocène , le bombement se lézarde dans trois directions qui vont contrôler la formation des rifts "éthiopien", "Mer Rouge + Afar" et "Golfe d'Aden". Durant tout le Miocène (entre -25 et -10 M.A.) s'effectue un important rifting par basculement de blocs et injection de dykes, aboutissant à un amincissement et une transformation de la croûte continentale. • Pendant le Pliocène, l'histoire des 3 systèmes de rift se différencie (Fig. 9) : - le rift "éthiopien" végète à un stade subcontinental et reste localisé (ouverture très lente accompagnée d'un volcanisme siliceux) - le rift "Mer Rouge" dont le système affectait toute la région comprise entre les Plateaux Ethiopiens et Yéménites (exceptés les Alpes danakils), s'éteint au Sud des Iles Hanish. L'ouverture reprend par contre en Afar central - le rift "Golfe d'Aden" accélère son océanisation et poursuit sa progression en coin vers l'Ouest depuis la dorsale de Carlsberg. Le rifting du Golfe de Tadjoura s'accompagne d'un abondant volcanisme (coulées du Dalha) entre 9 et 4 M.A. • Au Quaternaire : - la situation du rift éthiopien reste inchangée - l'océanisation du rift Afar se concentre au niveau de chaînes volcaniques bien individualisées. Le taux d'ac- 17 Localisation dt» »pictntr«« p»u profonds Dortaltt medio -ocia ni out« FIG. 9 ESQUISSE DES TROIS GRANDS SYSTEMES TECTONIQUES AFFECTANT L'AFRIQUE ORIENTALE ET LA PENINSULE ARABIQUE (d'après LAUGHTON ,1967) 18 crétion augmente du Nord vers le Sud ; des alignements volcaniques transverses signalent l'émergence de sys- tèmes transformants. Un tel système formé par un ensemble de failles normales joue entre le rift Afar et le rift "Aden-Asal" - le "rifting" atteint la région d'Asal entre 4 et 1 M.A. après l'océanisation du Ghoubbat. L'orientation E-W des segments du rift "Aden-Tadjoura" est modifiée par le champ de contraintes de l'Afar Central. La zone de rifting est délocalisée : simultanément à la zone d'effondrement NW-SE d'Asal-Ghoubbat se forment les grab ens NW-SE de Der Ela, Gaggade, Hanle, et E-W de Gob a'ad dont l'océanisation avorte. Depuis 1 M.A., l'océanisation se concentre dans le segment de rift "Asal- Ghoubbat". L'histoire tectonique de l'Afar donne des exemples de formation de rifts continentaux et d'évolution de certains d'entre eux vers des dorsales océaniques. L'étude de ces régions a ainsi permis : - de préciser le processus d'extension/amincissement crus- tal des zones de rifting - de mettre en évidence notamment les phénomènes de saut de dorsale, de rotation de l'axe d'expansion, d'émergence progressive de zones transformantes, la non rigidité des frontières de plaques, la délocalisation de la zone de rifting, l'apparition de microplaques et la progression en coin d'une ouverture océanique au sein d'une croûte continentale transformée et amincie. (Varet, 1973 ; BARBERI et VARET, 1975, 1977, 1978). 1.2.2. Les mécani£mesd^£Cj^é^iondii jrift"Aden-Asal/': 1.2.2.1. Le processus d'écartement : Le déplacement en coin de la déchirure lithosphérique (COURTILLOT, 1980) vers l'Ouest s'effectue vraisemblablement de façon discontinue dans l'espace et dans le temps (Fig. 10). Tout d'abord, l'orientation change : au niveau d'Obock, les segments de dorsale sont E-W et la direction de pénétration de l'ouverture ENE-WSW ; I"". .1 L ' V - H vallées axiales V/////A transformantes failles FIG. 10 : Frontières de plaques actuelles de la zone Asal - Golfe d'Aden (d'après les données géophysiques) 2U 1000 m 11 3 km FUSION FIG.11 PROCESSUS D'ECARTEMENT DU RIFT ASAL-QHOUBBET ( d'après B. ROBINEAU ,1979) 21 FIG. 12 COUPES SCHEMATIQUES INTERPRETATIVES DES RIFTS D'AFAR cl D'ISLANDE AFARS 6,5 km/s ISLANDE 6,5 km/s 6.5 km : vitesse des ondes sismiques 22 à partir du Ghoubbat la dorsale devient NW-SE comme la déchirure. Le processus s'initie â partir d'une croûte continentale déjà amincie et injectée de dykes depuis le Miocène ; un premier épisode d'effondrement se produit accompagné d'importantes émissions basaltiques phase de "calme" volcanotectonique suit généralement (type Dalha). Une cet épisode et se traduit par la différenciation des magmas (émission de rhyolites de type Ribta, RICHARD, 1979). Cet épisode n'est pas toujours nécessairement localisé en un seul rift (Fig. 11). La déchirure progresse alors dans la zone de plus grande faiblesse par un effondrement accentué et l'émission de basaltes tholéiitiques. L'essentiel de l'extension est ici contrairement au rift islandais pris en compte par le jeu des failles normales (basculement de blocs) (Fig. 12) : les épanchements volcaniques ne compensent jamais ni la remontée isostatique liée à l'étirement de la lithosphère, ni, corollairement, la subsidence liée au basculement des blocs. Le mouvement différentiel des segments de dorsale est assumé par des failles transformantes. Cependant entre la dorsale et les zones en cours de rifting (qui la précède à l'ouest) le mouvement transformant peut prendre la forme soit d'un décrochement net 1979) soit s'exprimer par un système de (comme à Arta) (ROBINEAU, failles normales (type Mak'Arassou). (VARET et TAPPONIER, 1974) (Fig. 13). 1.2.2.2. Aspects quantitatifs : Si l'on s'en tient à des mesures moyennes, la vitesse d'ouverture du rift d'Asal-Ghoùbbat est de l'ordre de 1 à 2 cm/an (DELIBRLAS et al, 1974) ; celle du Golfe de Tadjoura est de 1 cm/an et celle du Golfe d'Aden de 3 cm/an. La vitesse de propagation de la déchirure vers le NW est estimée quant à elle â 3 cm/an. Lors de la dernière période (197378) des mesures précises ont été effectuées sur le segment Asal-Ghoubbat (Fig. 14) : la crise de 1978 s'est traduite par une extension de 2,40 m au niveau du Ghoubbat et un effondrement de 70 cm sur une zone de 2 km de large et 10 km de long dans le plancher interne. Les bordures du rift ont subi une contraction et un exhaussement de 18 cm (KASSER. et al. 1979). Le volume de lave émis s'est élevé à 0,016 knH. Le temps de récurrence entre deux crises sismotectoniques est de l'ordre du siècle. Bien que la dernière crise soit située dans la partie en cours d'océanisation Ghoubbat), elle a également affecté le Golfe de Tadjoura. (Asal- ZONE DE MAK'ARASSOU N3 10 km FIG 13-DONNEES GEOCHRONOLOGIQ.UES SUR L E FOND G E O L O G I Q U E S I M P L I F I E (alentours d u Rift d ' A S A L et du G O L F E D E T A D J O U R A ^ f TOies g é o l o g i q u e s sont celles d e la carte d e l ' A f a r du S u d - E s t . C N R - C N R S , 1 9 7 5 , r e v i s i o n s m i n e u r e s d e 0 . R I C H A R D , 1 9 7 9 . DVolcanisme axial d'ASAL (indifférencié) 2)Unités basaltiques initiales des bordures 3)Serie stratoide de l'Afar «^Intrusions rhyolitiques de Ribta 5)Serie basaltique du Dalha 6)Rhyolites de Mabla 7)Sens des coulées pour les unités initiales 8)Points d'échantillonnage et age en millions d'années 9)Sédiments quaternaires 24 115 cm SW ' t ' 35cn ,5 30 40 20 20/ ,0 / i ,3 40 1- 2Oa3O «i \ 1Ä' UHJ A" V.. mm 5a X)a 10 io w in I10 "i» i» T P M ^ K ) •S 155 cm 5M. ; « \ •. : •. •• ' _1 ' > 80cm Coupes topographiques avec les failles actives x \^Ocm Quantité de rejeu récent Effondrements cumulés FIG. 14 : MOUVEMENTS DU PLANCHER DU RIFT D'ASAL LORS DE I_A CRISE DE 1978 25 1.2.3. 1.2.3.1. Méthodes d'études : La région de Djibouti fait l'objet de considérations tectoniques vers 1930 au cours d'expéditions de Lamare et Teilhard de Chardin. Vers 1945 sort la première carte géologique (au 1/400.00e) de H. Besairie. Il faudra attendre 1967 et la grande campagne CNRCNRS pour qu'une étude tectonique de la zone "Asal-Ghoubbat" (entre autres) soit entreprise. A partir des données de terrain, des photos aériennes (et du satellite ERTS) et d'un lien avec d'autres disciplines des sciences de la Terre une carte générale géologique de l'Afar au 1/500.000e est éditée en 1975. Parallèlement, le lancement de l'exploration géothermique de la région d'Asal par le B.R.G.M. en 1970 a suscité un premier lever géologique au 1/100.000e en 1975 par le C.E.G.D. Dès 1973, un premier réseau géodésique s'est installé. Diverses campagnes de géophysique, bathymétrie et draguage d'échantillons montrent incontestablement la nature de dorsale émergée du segment de rift Asal-Ghoubbat (années 1970 à 76). Une étude de modélisation tectonique conduit à une caractérisation la zone de Mak'arassou (VARET, TAPP0NIER, 1974). La crise sismo-volcanique de Novembre 1978 a été l'occasion de réactiver l'étude du rift d'Asal-Ghoubbat : des mesures géodésiques sont effectuées (KASSER et al, 1979), une étude des effets tectoniques (R0BINEAU, 1979), des études minéralogiques (BIZOUARD et RICHARD, 1979) et pétrologiques (DEMANGE, VARET, 1979 ; CLOCCHIATTI, 1979), la géochronologie isotopique ou micropaléontologique (GASSE, 1980 ; RICHARD, 1980), les données sismologiques (RUEGG, 1980) et le lever aéromagnétique (COURTILLOT, 1980) permettent de préciser les connaissances du processus de rifting ou des structures du rift "Asal-Ghoubbat". La décision de développer le champ d'Asal en 1980 amène une nouvelle campagne (gravimétrie, diverses M.T d'exploration où les méthodes géophysiques ) apportent des données nouvelles pour la connaissance des structures du rift. SW NE ZONE -100 J m 0J -"Petit AXIALE Rift" Haut Central l#xff&l Détritique B B | Laves aériennes subactuelles |ji ji ¡i| Calcaire lacustre - Diatomite ON A A [ A l Laves sous.aquatiques récentes I»'I'll Hyoloclastile | FIG. 15 : COUPE TRANSVERSALE DU RIFT D'ASAL - GHOUBBET I Série "stratoïde " alcaline 27 1.2.3.2. Résultats : Le segment de rift "Asal-Ghoubbat" long de 55 km est au coeur d'une structure dissymétrique allant des Monts Dir-Dir à 37 km au Sud de l'axe du rift aux Monts Gouda à 8 km au Nord. L'axe du rift est donc nettement déplacé vers le NE. La zone émergée qui nous intéresse plus particulièrement sépare le lac Àsal (-150 m sous le niveau de la mer) du Ghoubbat Al-kharab par un seuil de 12 km de long. Le "plancher interne" (ou "zone axiale") situé entre les murs antithétiques des grandes failles NW-SE est large de 5 à 7 km. Le rejet cumulé des grandes failles bordières atteint 600 m. Morphologiquement, le plancher interne s'apparente â celui d'une dorsale océanique avec un "Haut Central" (Fig. 15), des fissures ouvertes évoluant latéralement en failles normales,... La zone axiale concentre l'essentiel du processus d'extension ; néanmoins un petit rift situé au NE est encore le siège d'une tectonique active et les murs bordiers montrent une activité intense. Le Haut Central placé lui-même au Nord de l'axe du rift est le siège principal du volcanisme et de la fis- suration. Outre le bombement "transversal" matérialisé par le "Haut Central" (attribué à la compensation isostatique liée à l'écartement) un bombement longitudinal de 300 m d'amplitude affecte également la zone axiale (Fig. 16). Son apex traverse le rift à 1 km des rives du Ghoubbat. Ce bombement correspond à une structure profonde bien marquée par la géophysique (arrêt et concentration des séismes à son niveau (Fig. 17), signaux M.T. et gravimétrique nets...), mais aussi par la tectonique (infléchissement sensible des accidents bordiers et amortissement des rejets de faille à son niveau). Ce bombement correspondrait au comportement d'un axe d'accrétion entre 2 transformantes (R0B1NEAU, 1979). La position et la direction (NS) de ce bombement coïncide assez bien avec le système de Mak'Arassou (qui lui-même emprunte d'anciennes fractures) : il s'agit donc probablement d'une frontière tectonique majeure. Le champ géothermique d'Asal se situe à l'intersection de cet axe et des fractures principales qui forment la limite sud du rift. 28 axe du bombement rx. dernière« couleei de lovei ^* autour de laxe du bombement ttns d'écoulement de lo lave O GHOUBBAT AL KHARAB FIG 16 : BOMBEMENT LONGITUDINAL DU RIFT D'ASAL ». e « -12°N s o e i a i 42so r H2so U2HO U2SO F1G.17 : MICROSISMICITE DU GOLFE DE TADJOURA ET DES REGIONS AVOISINANTES DE 1974 A 1977 LES STATIONS DU RESEAU SISMOLOGIQ.UE DE L'OBSERVATOIRE GEOPHYSIQUE D'ARTA SONT INDIQUEES PAR DES GRANDS CARRES PLEINS ET PAR LEUR SIGLE. 29 1.3. - SYNTHESE SUR LA TECTONIQUE DES ZONES DE KRAFIA ET D'ASAL Evolution géodynamique Rift Nord Islandais Rift Asal-Ghoubbat Développé à partir d'une dorsale océanique préexistante. Développé dans l'avancée d'une dorsale parmi une croûte continentale amincie et transformée, (position intermédiaire) Large zone affectée par le rifting à la suite de la délocalisation, saut, rotation de l'axe d'expansion et de sa convergence passée ou présente avec d'autres rifts. Processus d'extension Contrôlé par l'intrusion de magma. Contrôlé par une tectonique d'ouverture (fissuration, basculement de blocs... Zones d'accretion Quelques faisceaux en échelon dans un rift peu accentué. Ces faisceaux sont centrés sur des appareils volcaniques qui focalisent la plus grande partie de l'activité tectonique et magmatique. Zone axiale essentielle dans un rift très marquée Dans les 2 cas la déformation est non cylindrique (champs de contraintes hétérogènes). Zones transformantes Mal localisées, système de failles normales. Idem, mais interfère avec la zone de rift. Position du champ géothermique Intersection d'un faisceau (intrusion + fissures) et d'une caldeira. Intersection de 2 structures majeures : mur bordier et accident transformant profond. Vitesse d'expansion Age 1 à 2 cm/an. Une crise par siècle. Formations plus jeunes qu'l M.A. 30 FICHE 2 : GEOLOGIE Géochimie Pétrologie Volcanologie 31 2.1. - LE VOLCANISME ISLANDAIS ET SES PRODUITS L'Islande se caractérise, on l'a vu, par une exceptionnelle production magmatique. Celle-ci, essentiellement constituée par des laves basaltiques (90 %) est concentrée dans les diverses zones de rifting à travers des faisceaux d'intrusions, la plupart du temps surmontés d'un appareil central, lieu d'émissions volcaniques récentes tant dans les formations volcaniques siliceuses. Les tertiaires de études l'Islande (projet IRDP) que dans la zone néovolcanique, confirment la permanence de ce processus de formation d'une croûte océanique particulière au niveau de 1'Islande. 2.1.1. Les formations géologiques d'Islande se décomposent suivant leur âge en 3 groupes (Fig. 4) ; ceux-ci correspondent également â des ensembles géographiques et morphologiques. - Les formations néovolcaniques (jusqu'à -700.000 ans) sont pour l'essentiel réparties dans les zones de rifting du centre de l'Ile. Certaines se situent localement sur l'axe EW de Snaefellsnes. Ceci tient compte à la fois des faisceaux de dykes et des volcans centraux (environ 200 dont 30 ayant eu des éruptions historiques). - Les formations sous-glaciaires du Plio-pleistocène (0,7 à 3 M.A.) se répartissent de part et d'autre du rift actuel. Elles sont dominées par des hyaloclastites qu'accompagnent des pillow-lavas, tufs et formations volcano-sédimentaires. Une morphologie tabulaire caractérise ces terrains. - Les formations volcaniques tertiaires ou "de plateau" occupent le reste de l'île, s'empilant sur des épaisseurs considérables (jusqu'à 10 km). Elles sont constituées par une série de volcans centraux, coalescents, centrés sur des faisceaux de dykes volcaniques et plutoniques, où sont confinés les produits acides et intermédiaires. 32 2.1.2. La_dua_li_t_é_"_f_ai_S£ea_u_de_ _dyk_es_ L'association des deux types de volcanisme (fissurai pour les dykes, "central" pour les appareils centraux) se vérifie dans l'espace et dans le temps ; le faisceau de dykes et son volcan central migrent de la même façon et ont la même durée de vie (entre 0,5 et 1 M.A.) durant laquelle ils émettent entre 200 et 600 km^ de lave et produits pyroclastiques. La proportion de dykes sous les volcans centraux peut atteindre 50 % des formations encaissantes. Ces intrusions s'installent pendant et sans doute même après les derniers épanchements de lave de l'édifice. Contrairement au modèle jusqu'ici en vigueur, il a été montré que les dykes se mettaient en place latéralement (comme à Krafla) et non verticalement. La densité d'intrusions n'augmente pas avec la profondeur (au moins jusqu'à 3,6 k m ) . Quant aux coulées basaltiques, toutes subaériennes, elles se caractérisent par leur faible épaisseur et par l'importance des zones de brèches supérieure et inférieure. Elles sont parfois séparées les unes des autres par de fines couches pyroclastiques acides, ce qui suppose un lien entre les deux types de lave. Les produits acides et intermédiaires (10 % du volume émis) se répartissent en intrusions (50 % ) , pyroclastes (ignimb rites, retombées de cendres ..., 40 %) et laves (10 %) (WALKER 1960). 2.1.3. Tous les types de basaltes se rencontrent en Islande sauf les basaltes alcalins sous-saturés. Les tholeiites sont dominantes et leur nature varie en fonction du degré de fusion du matériel mantellique : - tholeiites à quartz au niveau des volcans centraux et de la zone centrale des faisceaux de dykes (degré de fusion élevé) 33 - tholeiites "primitives" à olivine aux extrémités des réseaux de fissures - basaltes alcalins dans les zones à fracturation profonde de la croûte. L'Islande possède une proportion plus grande de roches évoluées que les autres R.M.O. Les roches intermédiaires (icelandites, ...) et acides (rhyolites, comendites ...) se cantonnent au niveau des appareils centraux qui, eux-mêmes, surmontent des réservoirs magmatiques intra-crustaux où s'effectue une différenciation. L'épaisseur anormalement épaisse de la croûte islandaise peut expliquer une tendance du magma à y séjourner, et par conséquent à se différencier davantage que sur les autres R.M.O. Le processus de différenciation est controversé .: soit cristallisation fractionnée progressive (CARMICHAEL, 1964 ; WOOD 1976, 1978), soit refusion partielle de la croûte inférieure (0'NIONS et PANKHURST, 1973). Il semble cependant exclu qu'un processus de mélange magmatique intervienne de façon dominante. La relative abondance de basaltes porphyriques à bytownites par rapport aux laves plus évoluées suggère que les phénomènes de fractionnement massifs de plagioclases interviennent dans les réservoirs ; mais ils seraient fréquemment interrompus par de nouvelles arrivées de magma profond. 2.1.4. Jiep£oblème jtel^jri¿ined^sbjisaltes : Les hypothèses du Hot Spot (MORGAN,) puis du Mantle Blob (SCHILLING) ont été les plus souvent avancées. Indépendamment des argu- ments géodynamiques avancés pour les justifier, c'est surtout sur la composition et l'abondance des magmas que se fondent les partisans du "Mantle Blob". Deux types de magmas sont distingués : - des tholeiites appauvries en LIL, typiques des R.M.O. (MORB) issues du manteau supérieur anormal, - des tholeiites enrichies en LIL (Fe, Ti, K, P) rencontrées sur d'autres Hot Spots océaniques (Hawaï) remontés du manteau inférieur par un "panache". 34 Ce modèle est critiqué (TREUIL & JORON, 197 5 ; BARBERI et al, 1982) au profit d'un processus de fusion partielle de degré croissant le long de la dorsale d'Islande, éventuellement couplé à des hétérogénéités du manteau. 2.1.5. Les_ formations_d¿ IÇraf¿a_: 2.1.5.1. Méthodes d'étude : L'étude conjointe des autres portions de dorsale océanique d'une part et des formations volcaniques tertiaires d'Islande d'autre part, ont permis de grandes avancées dans la compréhension du volcanisme du rift Nord et de la région de Krafla en particulier. Ces études réactivées par des campagnes de forages (IRDP) ou de dragage (IPOD, FAMOUS) ont beaucoup utilisé la géochimie des roches (REE, isotopes, ...) sans négliger l'observation et la cartographie géologique (IRDP) comme la pétrographie et la minéralogie. A Krafla proprement dit, les travaux sur le risque et le dynamisme volcanique se sont intégrés à l'étude tectonique du rifting : les deux phénomènes étant indissociables. Parallèlement, l'exploration géothermique de surface et de subsurface (2 forages d'exploration de 1 100 m ont été percés en 1974) conduisait aussi les géologues à préciser les volumes de magma mis en jeu lors des éruptions récentes, le chimisme des laves et ses variations, la minéralogie des produits émis et enfin le modèle d'évolution des magmas de Krafla (GRÖNWOLD et MÄKIPÄA, 1978). 2.1.5.2. JjjB volcanisjne Le volcan de Krafla est associé à l'un des cinq faisceaux de dykes du rift Nord Islandais. Sa caldeira s'est formée durant la dernière période interglaciaire (-120 à -100.000 ans). *Dans la période post-glaciaire, le volcan a connu deux phases majeures d'éruption : l'une vers 6 000 ans avec 13 éruptions â Krafla et 8 à Namafjall, l'autre à 2 900 ans avec 7 éruptions à Krafla et 7 à Namafjall. Ces éruptions se 15. *i AI 2 O 3 f + 12 - CaO 4- 13 - 11 - 10 — 2,5 15 Na 2 O 2,00.4- 14 - 13 0,3K2O 0,20,3- 12 11 0,2— MnO 0,1- 2,5 - TiO2 0,2- U 1.5 - 4- P2O5 0,1- i 6,0 5,0 7,0 o (wr-%) M 7!o MgO MgO (wt-%) 8,0 (wf-%) ^7 DECEMBRE 1975 + SEPTEMBRE 1977 - ECHANTILLON • AVRIL 1977 *• SEPTEMBRE 1977 - MOYENNES DE LAVES • SEPTEMBRE 1977 - DE LAVE FORAGE FIG. 18 : EVOLUTION DES LAVES ACTUELLES DE LA ZONE DE KRAFLA 36 », ^ J . *• i (bouche d eruption) HVERAGIL (fissure emissive) M T KRAFLA LEIRHNJUKUR (cratère) CHAMBRE MAGMATIQUE FIG. 19 SCHEMA DU VOLCAN CENTRAL DE KRAFLA ET DE LA CHAMBRE MAGMATIQUE SOUS-JACENTE 37 sont réparties surtout vers le Sud de la caldeira (pas au-delà de 5 km au Nord. La majorité des produits est évidemment basaltique mais les roches intermédiaires sont présentes sous forme de coulées (Fig. 18). Des éruptions sous-glaciaires siliceuses ont donné de larges dômes dans et autour de la caldeira. Des cratères de mars sont également signalés. Actuellement, au moins un réservoir situé à 3 km (Fig. 19) sous la caldeira stocke le magma qui arrive à la vitesse de 5 m^/sec. Jusqu'à présent, 3,9 x 10^ m^ de magma ont pénétré le système de failles N-S de Krafla ; "seulement" 2,4 x lO^m^ ont été produit au cours des trois éruptions. Les intrusions profondes (plus de 1 000 m) sont souvent de nature plutonique (diabases, dolérites, granophyres, •••) comme en témoignent les sondages (Fig. 20). Ces intrusions forment l'ensemble des terrains jusqu'à 1 500 - 1 600 m de profondeur. Vers 1 100 - 1 300 m un sill multiple est signalé tandis que les dykes demeurent fréquents jusqu'à -400 m. En-dessous de 800 - 900 m, les terrains sont formés de laves aériennes et au-dessus, le substratum du volcan est principalement constitué de hyaloclastites. Les laves produites par ces éruptions récentes sont très vitreuses et de composition assez variable (7,4 ¿ MgO ÏS 5,2 % ) . La température du magma varie entre 1 150 et 1 200°C avec une fÛ2 de 10-8,^7. 38 NW KG-8 KG-IO KJ-II KJ-7KJ-9 KW-I 0(480 Uli Forage Lave basaltique altérée | T T T ) Lave basaltique " ' " fraîche t\V-'.l Hyaloclastite ^.','Tj Brèche riche en basalte |+ +| Dolente jjf^l Granophyre > PROFONDEUR EN m. Dykes FIG. 20 COUPE GEOLOGIQUE DE LA ZONE DE FORAGE DE KRAFLA ( d'après KRISTMANNSDOTTIR 1978) 39 2.2. - LE VOLCANISME DE L'AFAR L'évolution du contexte géodynamique de l'Afar est jalonné par un volcanisme varié étroitement lié aux épisodes et aux structures tectoniques (Fig. 21). 2.2.1. Les trapps éthiopiens et yéménites émis durant l'Eocène et l'Oligocène ont une composition variable : alcaline ou tholéiitique, basaltique ou différenciée (rhyolite ou phonolite). Leur dynamisme demeurait fissurai. • Les rhyolites miocènes (épisode Mabla) affleurent au Sud du Ghoubbat et dans les Monts Goudda. De chimisme siliceux hyperalcalin ou alcalin, elles sont produites par cristallisation fractionnée dans des réservoirs magmatiques oblongs de faible profondeur. Leur mode d'éruption est fissurai et elles se présentent sous forme de nappes d'ignimbrite ou de dômes-coulée. De rares coulées basaltiques y sont intercalées. A la même période (entre -25 et 10 M.A.) des stocks granitiques se mettent en place dans le même contexte et avec un chimisme identique. . Les basaltes du Dalha (8 à 3 M.A.) forment surtout des entablements de coulées, très épais ("trapps"), de part et d'autre du Golfe de Tadjoura et jusque dans la zone Nord Ghoubbat. De nature plus alcaline, ces basaltes sont entrecoupés de nappes de ponces et roches différenciées. Cet épisode se clôt par la formation de plusieurs dômes rhyolitiques ("Ribta") à la croisée de structures tectoniques. . Le volcanisme stratoïde (de 3 à -1 M.A) forme l'ensemble le plus volumineux de l'Afar Central. C'est lui qui constitue le substratum des séries du rift à Asal (forages). Son chimisrae souvent transitionnel trahit l'apparition d'une croûte océanique dans cette région. Ses produits sont souvent différenciés formant des dômes rhyolitiques imposants (Egeraleyta, Unda-Hemed au SW du Ghoubbat). 40 FIG. 21 : CARTE GEOLOGIQUE SIMPLIFIEE DE L'AFAR (d'après BARBERI et al 1975) a) Chaînes axiales b) Centres marginaux c) Structure transverse d) Serie stratoide e) Basaltes du Dalha f) Rhyolites miocènes g) Granites miocènes h) Socle i) Zones étudiées 41 . Les basaltes de bordure du Golfe se mettent en place lors de l'ouverture du Golfe de Tadjoura entre -4 et -1 M.A. (leurs âges suivent la progression de la déchirure depuis la zone d'Oboc à celle du Ghoubbat Nord). Ce sont des basaltes pauvres en K2O à affinité tholéiitique. A mesure que l'on se déplace vers l'ouest, les basaltes sont de plus en plus primitifs. Ce que l'on peut traduire comme une accélération du phénomène d'expansion vers l'ouest. Le degré d'évolution des magmas de cette série se limite aux ferrobasaltes : les conditions de stockage sont donc intermédiaires entres les rides océaniques classiques et les chaînes axiales (cf. infra) (BIZOUARD, RICHARD, 1980). La minéralogie confirme la nature transitionnelle de ces roches et la cristallisation dans des conditions superficielles. . Les chaînes volcaniques axiales de l'Afar Central traduisent l'océanisation de certaines zones du rift. Ces volcans initialement fissuraux évoluent en appareils centraux ("boucliers"), la plupart du temps avec des séries complètes de différenciation ("basalte transitionnels-pantellerite). Cela suppose l'individualisation de chambres magmatiques peu profondes (- 3 km). L'étude isotopique laisse penser que le matériel originel du manteau n'est pas homogène. . Les alignements volcaniques transverses soulignent par leur chimisme alcalin et leur origine profonde des tendances transformantes. . Les centres siliceux marginaux traduisent quant à eux un volcanisme de type rift continental (toujours actif dans le rift éthiopien) sur les marges mêmes du rift Afar. Des contrastes apparaissent dans ce volcanisme : - le caractère fissurai largement dormant - l'abondance des produits appartenant â la lignée des basaltes transitionnels (ou faiblement alcalins ou de tendance tholéiitique) - l'abondance relative des produits différenciés siliceux (pour une zone d'ouverture). Cela traduit un régime global de fusion du manteau assez stable (avec des variations locales ou momentanées) lié à un processus d'ouverture lente. L'hypothèse d'un "Hot Spot" a ici aussi été émise. Cependant, des arguments tant tectoniques (la progression en coin vers l'ouest de la dorsale Aden-Asal par exemple) que géochimiques l'exclue. (C'est à l'aplomb de ceprésumé "Hot Spot" que se trouvent les laves les plus appauvries en éléments traceurs de panache mantellique). 2.2.2. Les 2.2.2.1. Méthodes d'investigation : Après les premières observations géologiques (1930, 1945) de nombreux travaux de minéralogie, de pétrologie, de sédimentologie, devolcanologie, de géochronologie, et de géochimie furent entrepris par les équipes francoitaliennes (CNR-CNRS) entre 1967 et 1978. Lors de la réalisation de la carte géo- logique, le B.R.G.M. d'abord (1970) puis le C.E.G.D. entreprirent quelques analyses et datations. La crise de 1978 fût là aussi l'occasion de réactiver les études fondamentales sous l'égide du P.I.R.P.S.E.V. de géochimie (R.E.E., isotopes, ...) et minéralogie (microsonde, inclusions vitreuses ...) notamment. 2.2.2.2. Résultats : L'ouverture du rift Ghoubbat-Asal date de 1 M.A. Le volca nisme y est essentiellement fissurai (alignement de "spattercones") même si certains appareils sont d'une taille notable (Bourile Bahari). Néanmoins, les appareils alignés sont décalés de plusieurs mètres par rapport à la faille normale la plus proche. Le basculement des blocs contraint le magma à suivre une autre voie que celle du miroir de faille. Le caractère immergé de certaines zones durift explique la présence de cônes de hyaloclastites de type guyot (Ginni-koma) et cra tères d'éruption phréatique. Les formations se caractérisent d'ailleurs par leur mode d'émission : - subaquatique dans un premier temps (hyaloclastites et laves en pavés) et donc sur les marges du rift. - subaériennes au-dessus des sédiments lacustres (diatomites et calcaires coquilliers datés entre 8 500 et 5 300 B.P.) et vers l'axe du rift. Dans cette dernière période, seules 5 ou 6 coulées ont été émises ; elles font apparaître une migration des centres émissifs vers le Nord (le "Haut Central" et le "petit rift") et depuis le Ghoubbat vers le Lac Asal. Quatre types de lave sont représentés dans le rift AsalGhoubbat. - Les basaltes picritiques sur les marges externes du rift. - Les basaltes s.s. parfois enrichis en phénocristaux de plagioclase sur les marges du rift. - Les basaltes â andésine les plus abondants dans le rift. - Les ferrobasaltes issus des dernières coulées des marges internes et de la zone axiale du rift. Il existe donc un début d'évolution par cristallisation fractionnée de pyroxene, d'olivine et surtout de plagioclase, sous faible fo£ et haute température (1 200° C ) , des magmas basaltiques transitionnels d'Asal (Fig. 22). La durée de cette différenciation est d'au plus 5 000 ans. Le sommet du réservoir est le lieu d'accumulation d'une mousse à plagioclase (STIELTJES et al, 1976). La dernière éruption de l'Ardoukôba a produit un magma de même type que les précédents mais issu d'un réservoir indépendant réalimenté par un magma d'origine moins profonde. Cette régénération est confirmée par la géochimie des traces (JORON et al, 1980). • Laves aphyriqun o Laves à phénoenstau« FIG. 22 EVOLUTION DES LAVES DU RIF ASAL-GHOUBBET DANS LE DIAGRAMME AFM Les basaltes d'Asal se situent entre les tholeiites franches de la dorsale d1Aden-Tadjoura et les basaltes transitionnels des chaînes axiales qui n'ont pas atteint le régime permanent des dorsales océaniques (BIZOUARD et RICHARD, 1980). La faible profondeur du réservoir (3 km ? ) , la haute température du matériel fréquemment réalimenté, la largeur de la zone affectée sont autant de conditions favorables à un flux géothermique élevé en surface. 2.3. - SYNTHESE SUR LE VOLCANISME DES DEUX RIFTS Nord-Islande Dynamisme Asal-Ghoubbat Volcanisme fissurai associé à Fissurai pur. volcanisme central à caldeira. Chimisme Tholeiite à olivine à ferrobasalte. Différenciation rhyolite. Magma primaire Basalte picritique à à la limite entre le basalte des dorsales (M.O.R.B.) et le basalte transitionnel Volume d'une éruption (la dernière) 0,0024 km 3 (+ 0,39 km sous forme 0,016 k m 3 d'intrusion) Réservoir Toit à 3 km de profondeur environ 3 km magmatique température entre 1 150 et de profondeur 1 200° C. fo 2 = 10" 8 » 47 Périodicités 35 éruptions en 6 000 ans à 1 200° C 5 (ou 6) en 5 000 ans. FICHE 3 : HYDROTHERMALISME 3.1. - LE CONTEXTE HYDROTHERMAL ISLANDAIS 3.1.1. Leflux En tant que segment de R.M.O., l'Islande connaît un flux géothermique exceptionnel (56 MW/km) qui peut se décomposer en 3 composantes : (Fig. 23) - qv chaleur transportée par le volcanisme (21 MW/km) - qe chaleur dissipée par conduction (21 MW/km) - qu chaleur apportée par l'activité hydrothermale (14 MW/ Km) (PALMASON, 1973). Ce flux n'est pas réparti uniformément : il se concentre dans la zone de rifting et plus précisément dans quelques zones de haute température (dix-sept) coïncidant avec des volcans centraux à produits siliceux (Fig. 24) Le flux varie ainsi 80 mW/m 2 (Islande Orientale) à 300 mW/m 2 (dans la zone active Reykjanes-Langjökull). L'extension lithosphérique par injection de dykes est le processus dominant invoqué pour expliquer cette anomalie thermique au niveau de la dorsale islandaise. L'élévation du gradient dans la zone active est, quant à elle, due à la circulation hydrothermale jusqu'à une profondeur de 3 km au moins. 3.1.2. A.s_p_ec_ts_ t^yd_rog^ol_ L'origine des eaux géothermales islandaises est généralement météorique (ARNORSSON, 1976) à l'exception de la zone de Reykjanes. Les abondantes précipitations que reçoivent les montagnes de l'intérieur de l'île en sont à l'origine. Les eaux sont conduites le long des horizons stratiformes et/ou des failles et dykes. Les aquifères se localisent surtout au contact de 2 ou plusieurs unités lithologiques (laves + hyaloclas Flux advectif du á l'activité de l'eau á basse température Flux advectif du à l'activité thermique de l'eau s haute température Flux de conduction Volcanisme Puissance mécanique Capacité therm ¡ que Transfert -de chaleur magmatique pour le mouvement de la pla'qiï aqûTl Zone d'activité hydrothermale 15 1 •Intrusions \ Chaleur provenant de la désintégration radioactive dans la croûte et le manteau supérieur Fluxadvectif du au magma 23 Flux conductif et advectif provenant de la montée de la phase solide SCHEMA DU FLUX ENERGETIQUE POUR L'ISLANDE 24. l 18* 22» i -66* 66°. ¿ AKRAFLA\ NÁMAFJAI r\ X AKUREYRI v ^ A -65 i XW • ASKJ/lA í REYKJAVIK^JT ^s. v i VATNA JÖKULL / - ^ v y ^ TORFAJOK REYKJANES * ^ | — w A v , SVARTSENGI 1 , KRISUVIK ¿y 24" 22« i 1 IvW^I | VESTMANNAEYJAR i Laves dépassant 0.7M.A. [ Zone néovolcanique A Champ géothermique de haute température FIG. 24 : REPARTITION DES CHAMPS GEOTHERMIQUES DE HAUTE ENERGIE EN ISLANDE 50 tites notamment) (TOMASSON et al, 1975). La circulation hydrothermale provoque l'auto-colmatage de certaines formations ; le métamorphisme d'en- fouissement ou de contact (à proximité d'une intrusion) peut également jouer ce rôle "minéralisateur". 3.1.3. L'histoire hydrothermale de l'Islande est particulièrement bien développée : le volcanisme s'est toujours accompagné d'une abondante minéralisation secondaire. Celle-ci a permis d'enregistrer les différents événements thermiques dans l'espace et dans le temps. Ces réservoirs hydrothermaux associés aux volcans centraux tertiaires, ont atteint jusqu'à 1 000 km-^. La durée de vie d'un système convectif a été estimé à 10^ voire 2 x 10^ ans 3.2. - L'HYDROTHERMALISME DU CHAMP DE KRAFLA 3.2.1. Méthode d. ' ëtuçte : Dès 1960, G.P.L. WALKER mettait en évidence le métamorphisme d'enfouissement que subissait les coulées anciennes, au moyen d'une zonéographie minéralogique des zeolites de surface. Le développement de l'exploration géothermique et, parfois même avant, le développement de certains champs, ont apporté de nouvelles données. Une campagne de forages de gradient (100 m a l 500 m) a été menée vers 1970 assez systématiquement à travers l'Islande. Pour préciser le flux régional, des études de conductivité des formations ont été réalisées par K0N0N0V et al ; PALMAS0N et al (1979) ont obtenu des résultats de mesure du flux thermique, proches des courbes théoriques concernant les dorsales océaniques. 51 Les premiers forages profonds de Krafla (et de 6 autres zones) ont permis, grâce à l'équilibre trouvé entre la température et les minéralisations in situ, d'avancer une zonation minérale type des aires de haute température en Islande (KRISTMANNDÖTTIR, 1975). Les argiles (smectites, chlorite), les zeolites et l'épidote sont les cibles traditionnelles de ces analyses. En 1978, plus de 120 forages d'une profondeur supérieure à 1 000 m avaient été effectués dans la croûte islandaise. A Krafla, 23 trous ont été forés entre 1974 et 1983. 3.2.2. Les gradients exceptionnellement élevés que l'on trouve à Krafla (la plus haute température jamais enregistrée dans un forage islandais y a été trouvée : 345° C à 2 km de profondeur) sont dûs à la grande activité volcanique de cette zone. Les roches de la formation de hyaloclastites (pillow-lavas, tuffs, ...) sont entièrement recristallisées et les laves très altérées : une zonation des minéralisations apparaît (cf. KRISTMANNDÖTTIR, 1975) ; vers 800 m se produit la transition d'un métamorphisme à faciès "zéolite" au faciès "schiste verts" (Fig. 25). Les principales manifestations de surface (sources chaudes, fumerolles, cratères d'explosion) sont localisées au centre de la caldeira (Leirhnjukur) et dans sa partie SE (gorge de Hveragill). La zone marquée par les manifestations hydrothermales couvre une surface de 35 km^ et se situe dans la zone d'extension reconnue du champ. Leur cartographie détaillée montre qu'elles sont clairement reliées à des réseaux de failles et de fissures ouvertes qui jalonnent la caldeira. 52 FIG. 25 : DONNEES DU LOG N° 10 A KRAFLA CL *3 O" p 5i ^ 200 <I — 300 50 400 v> 100 O MU Je m . b: cfife ¡les mix' rife ote note ai ai OÍ (_ uo IVI .2 jz rs a. Lj (V E 3 1 2 31er •ofond 1 1 * • 20 ii Q- 500- !iiJT \ ) \ l'l 1u [ m 1i i • — 4 \ 1 N \\ 1 \ i i • 1 i • • i i i "S- 1 \ i I1 | 500 t üil il! 1000- 1 • '•$£ i • j,. fl 2000 ai 0 c_ 3 CU 1500- D'ALTERATIONL, cu ai ifes Proporf de roch to ai inrrusivi emperar ure °C • féres s. géologiq [¡fié ai 3 PRINCIPAUX MINERAUX cz o Suscepfiibiütf 1 KRAFLA.Forage Ne 10 v \ / (\ ) /( \ 1000 1500 i i \ • | 1 | i j J • • \ / .— I 2OO0 53 FIG. 26 MODELE SIMPLIFIE DU CHAMP GEOTHERMIQUE DE KRAFLA CIRCULATION DES FLUIDES GEOTHERMAUX PROFIL DE TEMPERATURE 100 ISO 200 250 i i i i 500 S50»C i i -500 -0 -500 -1000 --1000 -1500 - -2000- -1500 . ' ' " V a p e u r y Eau , magmatique degazee 250 500 750 m -2000 Le champ de Krafla comporte deux aquifères productifs (Fig. 26) - le premier de 200 jusqu'à 1 100 m est "à eau dominante" à environ 200° C - le second entre 1 100 - 1 300 m et au moins 2 200 m à fluide mixte (eau - vapeur - CO2) à des températures allant de 300 à 350° C. Ces deux aquifères communiquent. La production actuelle s'effectue à partir du deuxième réservoir dont l'eau est moins chargée et qui peut donner après un certain temps de la vapeur sèche. 3.3. - LE CONTEXTE HYDROTHERMAL DU S.E. DE L'AFAR : L'étude des différents aspects liés à l1hydrothermalisme en Afar s'est surtout réalisée en liaison avec l'exploration géothermique ; c'est pourquoi nous nous limiterons à la République de Djibouti. 3.3.1. Les mesures du flux géothermique ont débuté par 17 forages de gradient allant de 50 à 180 m lors de la campagne de 1972-73. Pour des raisons d'accessibilité, seule la partie SW du rift fût explorée. Un survol de radiométrie infrarouge a été effectué en 1969 et 1971 dans les zones du Ghoubbat, d'Asal, de Garabaïs et du Lac Abhe en République de Djibouti. La campagne CNR-CNRS s'est également intéressée aux manifestations géothermales de l'Afar central (Dalhol, Lac Giulietti, Plaine de Sardo-Tendaho, ...) entre 1968 et 1970. 55 L'étude des sources chaudes et fumerolles des environs du Lac Asal a été entreprise en 1973-74 (LOPOUKHINE, 1973) puis reprise en y incluant la zone Nord Ghoubbat en 1981. La cartographie des dépôts de travertin hydrothermaux a été entreprise en 1970 (STIELTJES, 1970) et reprise en 1981 (FABRIOL et al, 1981). La réalisation des 2 forages en 1974-75 a permis une connaissance directe du réservoir géothermique. L'étude approfondie du fluide géothermal et de son comportement en production a été faite en 1981. Enfin, l'étude des minéralisations hydrothermales du forage d'Asal-2 a été réalisée en 1982 (ROCHER, 1982). 3.3.2. Résultat^ : . Gradient géothermique : la zone d'Asal-Ghoubbat comme d'autres portions de l'Afar central présente une anomalie thermique importante du même type que celles des dorsales océaniques voisines. Les valeurs du flux obtenues dans le Golfe d'Aden sont de 2 3,9 Mcal/cm /s et pour la Mer Rouge de 3,4 Mcal/cm2/s. Le gradient obtenu dans le champ d'Asal est de 25°/100 m (contre 12° dans le graben de Hanle et 3°/100 m comme moyenne mondiale). Dans la moitié SW du rift, les valeurs les plus élevées du gradient superficiel se situaient au pied de l'escarpement sud (gradient de 2,9 à 5,9° C/lOm). Le centre du rift est parcouru par de l'eau de mer circulant dans les fractures et abaissant le gradient superficiel. . Hydrothermalisme actif (cf. fiche Géochimie) : les sources chaudes se répartissent sur le pourtour Est du Lac Asal (aux points d'émergence de la circulation d'eau de mer du Ghoubbat), SE et NE (où les eaux météoriques des hauteurs participent au mélange hydrothermal). 56 • Caractéristiques du réservoir : localisé entre 1 000 et 2000 m dans des laves de la série stratoïde, le réservoir géothermique couvre une superficie d'environ 15 km . La température mesurée au fond est de 2 58°C à 1 037 m, le taux de minéralisation de 110 g/1. Cela donne pour la production du puit Asal 1 un d-ébit total (eau + vapeur) de 135 tonnes/heure avec 15O-16O°C pour 6 bars et 220° pour 15 bars. On estime atteindre 20 MW en puissance installée avec une durée de vie de 25 ans. Le potentiel total du champ serait d'environ 300 MW. Il est envisagé d'obtenir de la vapeur sèche dans la partie centrale du réservoir, les forages réalisés n'atteignant que la marge sud du gisement (Fig. 27). Un autre aquifère à 150° C se situe au-dessus de ce réservoir entre - 400 et - 500 m dans les rhyolites "stratoîdes" . L'activité fumerollienne se concentre dans des zones de "horst" : au sein du rift sur l'axe du bombement NS et dans la zone Nord Ghoubbat au bord sud du horst de Moudou'oud. Ces zones fumerolliennes coïncident bien avec d'autres anomalies et signalent la surface des circulations profondes de haute température. Les fumerolles du rift se situent pour l'essentiel sur le flanc sud du Haut Central et à la limite Nord du champ géothermique : elles marquent le début d'une zone de fuites du réservoir. . Hydrothermalisme fossile : les minéralisations sont rares à l'affleurement. Hormis la zone Nord Ghoubbat où existent des dépôts de travertin, le rift d'Asal-Ghoubbat contient peu de traces d'hydrothermalismé ancien. L'étude des cuttings et carottes du forage Asal 2 souligne l'intérêt des argiles comme traceurs thermiques (Fig. 28). La présence de certains couples de minéraux permet de définir assez précisément des intervalles de température (hématite-dolomite pour 170° C et albite-épidote pour 240- 250° C ) . Les zeolites sont absentes. 57 - _- A S A L j Zone o vapeur domíname possible jzone â vopeur dominante probable J Zone a" eou(saumures) dommonte COUPE A O _ Nnaav statiguc (•ou M mar) .1000m FIG. 27 : MODELE DE CHAMP GEOTHERMIQUE A ASAL ^>*v>s>^ ^^^v^.^^ ^ - » ^ ^ linéraux hydro thermaux Températures de 50 60 70 80 90 100 110 120 130 140 150 160 170 180 190 200 210 220 230 240 250 stabilité en °C ^^^«^^^ ^^^^ Montmorillonite mel.int.montm.illites illites pyrite, chalcopyrite hématite dolomite • • épidotes albite FIG.28 : DOMAINES DE STABILITE THERMIQUE DES PRINCIPAUX MINERAUX HYDROTHERMAUX DANS LE CHAMP GEOTHERMIQUE D'ASAL (données du forage d'Asal 2) 00 59 3.4. - SYNTHESE SUR LES CONDITIONS HYDROTHERMALES DES DEUX RIFTS Nord-Islande Flux-gradient Origine 200 à 300 mW/m2 Météorique Asal-Ghoubbat 25°C/1OO m Marine + météorique Nature Vapeur dominante + Eau dominante fluide eau dominante (+ vapeur dominante ?) Minéraux Zeolites + épidotes Argiles + épidotes traceurs ther- abondants plus rares Manifestations Abondantes sources chaudes Sources et fumerolles hydrothermales et fumerolles localisées à plus rares. l'extension du champ Sources localisées au miques en forage niveau hydrostatique (Asal et fumerolles à la limite du champ et de la zone active. Réservoir géothermique Laves + hyaloclastites Laves fracturées 60 FICHE A - METHODOLOGIE DE L'EXPLORATION - Gravimétrie - Magnétisme - Méthodes électriques - Sismique GEOPHYSIQUE 61 6«'_ -64 LEGENDE ! Laves plus anciennes que 0,7 M.A. Tone néovolcanique champ géothermique de haute température Figure 29 - Carte générale de l'anomalie de Bouguer de l'Islande, modifiée d'après MAKRIS (1975) et STEFANSSON (1981) W •"•Mr-; (MIAMCf M KLOMlUMt f.Hi f>Mi . • L 1 I« Ui H—|SS + 2 p 3 / I' l-l.l \e DONNEES SISMIQUES 1)Pálmason,1971 2)Bott etal.j1971 3)Casten, 1974 Figure 30 - Modèle de densité crustale et mantellique, de la zone Islande-Faerve, d'après MAKRIS (1975) O 1 2 3 km Figure 31 - Anomalie de Bouguerà Krafla (D = 2.3), d'après KARLSDOTTIR et al. (1978) Légende : 1 - limite du réservoir géothermique de Krafla 2 - bordure de la caldera de Krafla 3 - intervalle des courbes : 1 mgal 585000- Mynd 6.2 0RKUST0FNUN ¿in , T S54 Krollo F 16 838 Figure 32 - Carte résiduelle de l'anomalie de Bouguer, d'après KARLSDOTTIR et al. (1978) Champ régional choisi : 18 + 0.5 y ; intervalle des courbes : 1 mgal 1 - bordure de la caldera ; 2 - limites du réservoir géothermique 4.1. EXPLORATION GRAVIMETRIQUE A KRAFLA METHODES 1. - Approche générale de l'île (1954 à 1974) : mise en évidence d'une anomalie négative centrale (-30 mgal), attribuée à une hétérogénéité du manteau supérieur, siège de fusion partielle. (EINARSSON, 1954 ; MAKRIS, 1975, fig. 29 et 30). 2. - Approche régionale du Nord de l'Islande (1964 à 1974) : mise en évidence d'une anomalie négative régionale (5 mgal) au niveau de la partie centrale de la zone volcanique de Krafla. (SCHLENSENER, 1974 ; SCHLENSENEP et al, 1976). 3. - Approche locale du champ de Krafla (depuis 1975) : approche spécifiquement champ de destinée Krafla à (environ l'exploration 120 géothermique km ) , et réalisée du par LORKUSTOFNUN. Parallèlement, elle a également servi au suivi de l'épisode de rifting lié â la crise volcanique qui a débuté en 1975. (STEFANSSON, 1981). INTERPRETATION La carte d'anomalies de Bouguer (Fig. 31) met en évidence la juxtaposition de petites anomalies lourdes et légères à l'intérieur de la caldeira de Krafla. Si l'on s'intéresse uniquement à l'anomalie résiduelle, on remarque une série de petites anomalies lourdes (Fig. 32) : - soulignant les rebords de la caldeira - correspondant assez bien à l'extension du réservoir géothermique. Ces anomalies lourdes sont généralement attribuables à deux phénomènes : - une densité maximum d'intrusions magmatiques - un colmatage des pores par des minéralisations hydrothermales . Les données de forages montrent que ces deux phénomènes coexistent largement dans le champ de Krafla. Les mesures gravimétriques ont également permis de suivre en détail les épisodes successifs d'inflation et de déflation de la caldeira de Krafla. L'intégration des données géodésiques et gravimétriques suggère que l'inflation et la déflation de la caldeira sont contrôlées directement par les arrivées et fuites périodiques de magma dans une chambre magmatique relativement superficielle (3 à 7 km). 65 36* 18.34" 16 38* ¿O* 42' «V Niveau de référence H = 0 m Densité utilisée pour°les f corrections p = 2,67 g/çm?. corrections topoçraphiques et de Bouguer sphériques corrections topographiques utilisant les zones de/ Hayford 1 à 0 2 / champ normal de gravi/té calculé avec Four. Itfit. Grav. 1930 o : stations gravimétriques établies par*\ l'Institut de Géopht/sique (Uni. Hambourg) H A : stations graviméjtriques de .11D..¿ sources variées f\ isoliques en [TngaT| U 100 0 200 km i projection polyconigue Préparée par - J. MAKRIS, ¡, J. ZWME ZW1MERNAR0N Inst. de Géophysique Un. de Hambpurg-^ - P. GOUIN Observatoire Géophysique de l'Univ. 12 \y Ababa 10' 8* 6* 34* i Computed: Rechenzentrum Uni. Hamburg 36* Drawn M. Eiters 38* 40* 42* Figure 33 - Carte de l'anomalie de Bouguer du Nord de l'Ethiopie tirée de MAKRIS (1975) 6* a* Figure 34 - Carte gravimétrique du rift d'Asal tirée de CORREIA et al. (1983) 1 - faille ; 2 - zone à nombreuses anomalies locales ; 3 - limite de compartiment ; 4 - emplacement des forages Asal 1 et Asal 2 61 4.2. EXPLORATION GRAVIMETRIQUE A ASAL METHODES Approche générale de Djibouti : lever gravimétrique général de l'Afar (MAKRIS, 1975 ; Fig. 33). Approche régionale Asal-Ghoubbat : lever réalisé par l'INAG (DELATTRE, 1973) dans le but de mieux cerner la structure générale du rift Asal-Ghoubbat dans le cadre géodynamique régional ; nouvelle campagne gravimétrique (réitération) après l'éruption de l'Ardoukoba en 1978. Approche géothermique locale : lever gravimétrique détaillé de la zone prospectée, réalisé par le BRGM (BARTHES et al, 1980): environ 800 points de mesure sur une surface de 120 km , définie à partir des résultats de l'approche générale et régionale. INTERPRETATION La cartographie de l'anomalie de Bouguer (Fig. 34) montre une anomalie légèrement négative (-30 à -40 mgal) sur l'ensemble de la zone Asal- Ghoubbat (environ 120 k m 2 ) . La direction principale des anomalies est contrôlée par les grandes directions tectoniques du rift NW.SE. Elle confirme l'extension en profondeur des grands axes de fracturation observés en surface. La région centrale du rift, correspondant à la zone principale d'injection magmatique et de volcanisme récent, se caractérise par des anomalies moins légères que dans les autres parties du rift. Cette cartographie met en évidence une zone allongée (15 km^), caractérisée par une concentration de nombreuses anomalies lourdes et légères, de faible amplitude. Cette concentration signifie une complexité structurale importante et le caractère superficiel des sources responsables ; ceci peut s'interpréter comme la coexistence de nombreuses petites unités structurales indépendantes, résultant d'un système de fracturation très dense. D'un point de vue géothermique, cette zone semble donc â priori la plus favorable. t N Myvotn 4 km CHAMP MAGNETIQUE EN KILOGAMMA intervalle entre les contours 0.5 Kilogamma Bord de la caldera Limife du réservoir géothermique Figure 35 - Carte aéromagnétique des champs géothermiques de Krafla et Namfjall, d'après PALMASSON (1975) 69 4.3. EXPLORATION MAGNETIQUE A KRAFLA METHODES Approche générale et régionale (196 5 à 1973) : mise en évidence d'une importante anomalie positive régionale correspondant à l'axe néovolcanique actuel. Au sein de cette zone néovolcanique, des anomalies négatives de courte longueur d'onde (1 km) correspondent en surface à des zones d'émergences haute température et de dépôts hydrothermaux (SERSON et al, 1968 ; BECKER, 1980). Approche locale des champs de Krafla et Namajfall (1970) : lever aéromagnétique sur une surface de 180 km^, réalisé par l'Université des Sciences Islandaises. INTERPRETATION Mise en évidence d'anomalies négatives très prononcées dans la caldeira de Krafla, définissant une orientation NW-SE. qui coïncide exactement avec l'extension du champ géothermique (Fig. 35 )• Le champ de Namajfall est également caractérisé par des anomalies négatives prononcées. Ces anomalies négatives sont interprétées comme résultant de l'altération hydrothermale des minéraux magnétiques (démagnétisation) sous l'action des fluides haute tempéra- ture. Ces anomalies négatives sont bien connues dans d'autres champs géothermiques (KARLSDOTTIR et al, 1978 ; STEFANSSON, 1981). 70 Figure 36 - Carte des anomalies magnétiques en République de Djibouti et en Ethiopie. La frontière de plaques est indiquée pntre 44°E et 40°20'E. La zone de Mak'arrasou est indiquée par une ligne interrompue. La limite entre zone magnétique océanique et zone magnétique calme est figurée par une ligne sinueuse épaisse. Les deux panneaux du levé correspondent respectivement à une altitude de 2 000 m (Ouest-Terre) et 600 m (Est-Mer). D'après COURTILLOT et al. (1980). m \ fW o Figure 37 - Carte du champ magnétique réduit au pôle du rift d'Asal-Ghoubbet. 1 - intervalle en kilogamma ; 2 - possible zone de fracturation transverse ; 3 - axe principal du rift ; 4 - emplacement des forages Asal 1 et Asal 2 ; 5 - faille 72 h.h. EXPLORATION MAGNETIQUE A ASAL METHODES Approche générale et régionale : premier lever aéromagnêtique général de la région, réalisé par l'Université de Newcastle (GIRDLER et al, 1970) ; second lever plus détaillé réalisé en 78 par la CGG, pour le compte de l'IPGP et du BRGM : altitude de vol 2 000 m, espacement des lignes de vol 5 km, superficie couverte supérieure à 40 000 km 2 (COURTILLOT et al, 1980 ; BARTHES et al, 1980). Approche locale de la zone Asal-Ghoubbat : interprétation des données du lever aéromagnétique général, non destiné spécifiquement à l'exploration géothermique. INTERPRETATION Compréhension du cadre géodynamique régional : structure et extension du failles rift océanique jusqu'au lac transformantes, détermination Asal, mise du taux en évidence de d'expansion moyen 1 cm/an), ... (fig. 36). Mise en évidence du plancher interne du rift et des flancs externes du rift, c'est-à-dire des zones hors des injections magmatiques et de l'activité sismique importante. Une forte anomalie positive centrale définit l'axe principal de remontée magmatique ou la concentration d'intrusions est maximum (fig. 37). Un décalage de l'axe de cette anomalie centrale suggère l'existence d'une possible zone de fracturation transverse, perpendiculaire au rift, et coïncidant avec une zone d'anomalies gravimétriques. 73 SHMBS zone des trapp s "cb ballte ¿one de naute terperature M= SH zone , „ T néoc volcanique zcre ces trapps de basalte 7 station tellurique T station macpétotellurique i riEsurs de dipôle Ohm Les narbres sont; des rásistivités en Sin ( l'échelle horizontale est la mare que l'échelle de proiundeur sous 1 km Figure 38 - Schéma de répartition des résistivités au niveau du champ géothermique de Namafjall selon une section perpendiculaire à la zone volcanique basé sur des données de sondages Schlumberger, dipôle et magnétotellurique ; tirée de PALMASON (1975) CHAMP GEOTHERMIQUE DE KRAFLA RESISTIUITE A 600 m DE PROFONDEUR tN ooo LEGENDE Zone de faible résistivité Résistivité inférieure à 10 On Résistivité par sondages Schlinfcerger résistivité en Un Bord de la caldera 3 km Figure 39 - Carte de résistivités à 600 m de profondeur du champ géothermique de KRAFLA, tirée de STEFANSSON (1981) 75 4.5. EXPLORATION ELECTRIQUE AKRAFLA METHODES Approche générale : Depuis 1970, de nombreux sondages électriques et magnétotelluriques, ainsi que des profils tellurique-magnétotelluriques ont été réalisés. Ils ont permis l'étude générale de la structure électrique profonde (croûte et manteau supérieur) en corrélation avec les données thermiques régionales et les modèles sismiques de structure de la croûte et du manteau supérieur. Le principal apport a été la définition d'un modèle thermique de la croûte et du manteau supérieur islandais avec notamment (fig. 38) : - La mise en évidence d'une anomalie thermique â l'échelle régionale, et non seulement locale (liée au volcanisme récent), résultant d'un gradient de température anormalement élevé dans le manteau supérieur. - La faible résistivité (5 à 10 fi .m) à la base de la croûte (6 à 12 km) dans la zone néovolcanique, attribuable à un processus de fusion partielle. - L'importance des variations latérales de la résistivité dans la croûte (entre 3 et 5 km de profondeur), dues aux processus hydro-thermaux. Approche locale : nombreux sondages électriques (quadripole, dri- pole) réalisés dans la zone de prospection de Krafla et de Myvatn (1970-71 et 1976-77) ; environ 50 sondages sur 150 km ¿ environ. INTERPRETATION Existence d'un terrain conducteur (10 .m) de quelques centaines de mètres d'épaisseur, localisé dans la partie centrale de la caldeira, et correspondant bien aux limites du champ géothermique. La carte de résistivité à 600 m de profondeur se córrele très bien avec l'aire d'altération hydrothermale en surface (fig. 39). A des profondeurs plus grandes (au-delà de 800 m ) , l'image de la résistivité devient plus complexe et elle semble augmenter entre 800 et 1 000 m de profondeur. c CD DJIBOUTI ISORESISTIVITES APPARENTES MELOS INCLINAISON I o» n — 03 ¿ Q. = (en Um) 70Hz tí r— CO -C cn C rr CT. c in - "O D GHOUBBET AL KMARAB "--^^ -P ~ 3- 2. Principóles froctuves SondoqfJ DJIBOUTI C CD 4> 1 - Q. CD o (-j rr CD ~J METHODE " RECTANGLE " 0} n rr m lu APPARENTES n CD — i i RES1STIVITES a CD 00 3=" CD — <-> CDs CO Q r-r 03 03 CD 00 'T'n t—l rr CD rr n CD> 2 01 O.-O CD T3 00 03 i-J ex CDD - r^ 3' CD 00 GHOUBBET AL KHARAB CD n rr Q. o >-l t -- D C CL rr 00 Q. tu rr CD 00 03 — l i 00 r*i O cr CD rr CD J> C CD 3 -o Q) i-J rr 1—• 03 CD 3 CD> rr Principals» Petition dti electrodej d ' in;eclôn O a. CD Itoclvrn en n m un I MAGNETOTELLURIQUE 5 EX CONDUCTANCES LONGITUDINALES CD CO » = r_-GHOUBBET AL KHARAB n m o. i-) CD M . n- -h ^-v CD h - 03 VO (—« 00- i-i ne CD tu co CO o •j o. CO --"-- 79 4.6. EXPLORATION ELECTRIQUE A ASAL METHODES Approche locale : différentes méthodes ont été appliquées sur la zone Asal-Ghoubbat (environ 120 k m ¿ ) , essentiellement pour l'exploration géothermique et accessoirement â la suite de l'éruption de l'Ardoukoba en novembre 78 : sondages électromagnétiques MELOS (BRGM, 1972), sondages magnétotelluriques MT5EX (BEICIP, 1981) et MT harmonique (CNRS, 1981), sondages électriques par dispositif rectangle avec électrodes d'injection distantes de 14 km (BRGM, 1981). INTERPRETATION Les sondages MELOS (fig. 40) donnent une image de la répartition des résistivités à quelques centaines de mètres de profondeur ; ce sont eux qui ont guidé l'implantation des forages Asal 1 et Asal 2 dans une zone à faible résistivité (10fi.m) et correspondant à une fracturation importante en surface. La carte de résistivité électriques fait (fig. 41) obtenue à partir des sondages apparaître une zone conductrice présentant des maximums locaux très nets. Asal 1 est situé sur le flanc sud de l'un de ces maximums. Plus au NE, apparaît une autre anomalie très conductrice, correspondant â une région très fracturée en surface. Cette anomalie conductrice épouse le bombement du rift d'Asal, bombement attribué à une remontée de magma vers la surface, responsable du flux thermique élevé. Les sondages magnétotelluriques MT5EX confirment bien l'existence de ces terrains conducteurs en profondeur (fig. 42). Ils fournissent également (MT harmonique) une image de leur répartition géographique, avec en particulier, la mise en évidence d'un niveau résistant épais sous l'anomalie électrique décelée par les sondages électriques et confirmée par la MT5EX et les sondages MELOS (fig. 40). Une interprétation possible de cette distribution de la résistivité est le passage rapide d'un fluide à l'état de vapeur sèche. Elle est cohérente avec les gradients thermiques d'Asal 1 et d'Asal 2, qui laissent présager des températures supérieures à 350° C à partir de 1 500 m. 6S-N44' 1CW48' 0 1 2 3 4 5 o 6 7 8 9 1 0 65 - N3r 16'W5? 12km g 11 • o <° H' «Oo > - CL o 0 o o o° o» o o . 65"N46 16 W467S 0 o o o ° o° o « ° o o ° o o A " 65N37 9 1 , ? . ? . 1 • ? © o fissure értptive 10 It 12 13 M B 15 orage centre de I1inflation 6S"38- 16"55 zone d 'atté^Z nustion des ondes 5 1 I Figure 43 - Activité sismique associée à l'épisode éruptif du volcan KRAFLA, en septembre 1977, tirée de BRANSDOTTIR et ELNARSSON (1979) a - répartition des epicentres dans la région de Krafla-Namafjall ; cercle = epicentre localisé à 0.5-1 km près ; point = epicentre localisé à moins de 0.5 km près b - répartition des epicentres selon une section verticale A-B : a été indiqué le forage géothermique de Namafjall, siège d'une éruption ponceuse mineure QD O 81 4.7. EXPLORATION SISMIQUE AKRAFLA METHODES Approche locale géothermique par sismique réfraction. Approche locale et régionale lors de l'épisode de rifting. INTERPRETATION La sismique réfraction n'a donné aucun résultat probant pour l'exploration géothermique à Krafla. Par contre, les données sismiques obtenues lors de l'épisode de rifting 1975-1978 ont révélé l'existence d'une chambre magmatique située entre 3 et 7 km de profondeur, à l'intérieur de la caldeira (fig. 43). 4.8. EXPLORATION SISMIQUE ASAL METHODES Approche régionale de la sismicité du rift : carte de répartition des epicentres de 1974 à 1977 (LEPINE et al, 1980). INTERPRETATION La répartition des epicentres sismiques selon un axe orienté NS et de 2 km de large, suggère l'existence d'une frontière tectonique majeure et active, recoupant les fractures principales du rift (fig. 17). C'est justement au niveau de cette intersection que se trouve le gisement attendu, résultant donc de la combinaison entre gradient géothermique élevé (apport magmatique) et fracturation élevée (sismicité active). 82 4.9. SYNTHESE ET COMPARAISON DES METHODES D'EXPLORATION GEOPHYSIQUES Avant de comparer les résultats obtenus, il est utile de rappeler brièvement les contextes et objectifs de l'exploration géophysique dans chacun de ces deux champs. KRAFLA : L'objectif était principalement de caractériser la position et l'extension d'un réservoir géothermique hautement probable à l'intérieur d'une cible bien délimitée (caldeira) ; cible qui avait été délimitée d;après son contexte volcanostructural très favorable et d'après l'intensité des manifestations hydrothermales de surface. ASAL : L'objectif était plutôt de prouver l'existence et de déterminer l'extension d'un réservoir géothermique dans une zone à priori favorable ; zone retenue en raison de ces potentialités dues à son contexte structural (proximité d'une structure de rift en extension avec volcanisme associé) A) Méthodes gravimétriques Dans les deux cas, l'exploration gravimétrique réalisée sur des surfaces équivalentes (environ 120 km^), a abouti à la sélection de deux zones de taille équivalente (environ 15 à 20 km), caractérisées par la juxtaposition de petites anomalies lourdes et légères. Cependant, la signification et surtout leur interprétation en terme de probabilité de la ressource géothermique ne sont toutefois pas équivalentes. KRAFLA : Le champ géothermique est associé à un volcan central, caractérisé par une forte densité d'intrusions magmatiques et par le développement d'un système hydrothermal important. 83 Le fait que ces deux phénomènes aient une signature gravimétrique claire a permis la localisation de zone assimilable au réservoir (densité maximum d'intrusion et circulation hydrothermale intense). On constate donc une bonne adéquation entre le contexte géologique et les méthodes d'exploration gravimétriques. A SAL : Le principal résultat de l'exploration gravimétrique a été de souligner l'importance de la tectonique-fracturation dans la zone prospectée, et donc dans le contrôle de la ressource géothermique. Elle a d'autre part abouti à la sélection d'une zone à priori la plus favorable au développement d'un réservoir géothermique en raison de sa complexité structurale et de sa fracturation. B) Méthodes magnétiques Une comparaison sur les résultats apportés dans l'exploration de chacun des champs par les méthodes magnétiques est pratiquement impossible, en raison des divergences d'objectifs et d'échelle de travail. KRAFLA : Destinées spécifiquement à la prospection géothermique et appliquées sur une zone réduite, les méthodes magnétiques ont apporté des informations excellentes, les anomalies négatives cartographiées coïncidant exactement avec l'extension et l'orientation du champ géothermique. Cette excellente signature magnétique du champ résulte de l'intensité des processus d'altération hydrothermale (démagnétisation) . ASAL : Les méthodes magnétiques ont été principalement utilisées comme méthode de reconnaissance géodynamique régionale, et non pour l'exploration géothermique. Et les données générales ont simplement été réinterprétées au niveau local de la zone prospectée. 84 Leur apport est surtout d'ordre structural, avec la reconnaissance des zones internes et externes du rift, et d'une zone de fracture transverse d'ampleur régionale. Elles n'apportent par contre aucune information directe sur la localisation et l'extension d'un réservoir géothermique. C) Méthodes électriques Dans chacun des deux champs, un certain nombre de méthodes électriques ont été mises en oeuvre. La cartographie des niveaux conducteurs était destinée principalement à la localisation des zones réservoirs. Elle est également apparue comme un moyen de préciser les caractéristiques du réservoir. KRAFLA : Les anomalies conductrices décelées coïncident bien avec l'extension du champ. Et leur superficie importante avait été interprétée comme le signe d'un potentiel géothermique élevé. Dans le détail, on remarque que la répartition des résistivités est peut être le reflet des caractéristiques du réservoir : les anomalies conductrices sont liées à la présence d'un réservoir supérieur â eau dominante (jusqu'à 800 - 1 000 m) ; à profondeur plus grande, l'augmentation complexe de la résistivité est peut être à relier à l'existence du réservoir inférieur à vapeur dominante. ASAL : De la même façon que pour Krafla, les méthodes électriques ont été utilisées dans un premier temps pour guider l'implantation des forages dans une zone à faible résistivité. Par la suite, de nouvelles campagnes électriques ont permis d'affiner le modèle de répartition des résistivités, et plus particulièrement de préciser l'existence d'un niveau résistant que l'on pourrait interpréter comme le passage d'un fluide à l'état vapeur. (Analogie avec Krafla). 85 Toutefois, il faut noter "un certain manque de symétrie" dans l'exploration électrique, puisque la partie nord du compartiment n'a pas été explorée. Ce manque de symétrie étant préjudiciable dans l'élaboration d'un modèle. D) Méthodes sismiques Les méthodes sismiques -actives et passives- n'ont pratiquement pas été utilisées lors de l'exploration de ces deux champs. (L'emploi de la sismique réfraction n'a donné aucun résultat à Krafla). Les seules informations utilisées ont été fournies indirectement par la répartition des séïsmes naturels, liés à l'activité volcanique et aux épisodes de rifting. 86 FICHE 5 - METHODOLOGIE DE L'EXPLORATION GEOCHIMIQUE - Exploration géochimique de surface - Géochimie des fluides de forage OG-2I gure .égen 0 200 400 600 800 1000 m Légende CL .£• CD i> 1 ON >-) K^ CL CD» CD 1 O 1 CL n eu <i eu eu CD n -a rr r-j •J 70 -n o a CD'lO rr eu 2 o 3> n e D ^. n CD ,.—.. H— -z CD eu i ' XI H^ U1 D — O. eu CD e/i CD :r CD o i-i en CD «*• 2 CO -il rr ri— I - o M CD u<- CO Q . c C rr O 3 CD •a X eu 1 en CD» 3 n 70 CL >-i N M* CD e u cr CCDD e uo (-1X CD (T n MO en CD c i-) l-f 3 tn en CL CD m o Q. N e 3 n z CD ex 3O CL CL >*• i-) eu CD» -J >»• T) VO œ en J3 c 1 i> :r X o o hrr O i O CD •3lO en i-l M* C D -n cr >-i CD o .a n C D 3 >> - c n ri- e 3 CD **• u CD CD n 1 CL C O CD »•• 1 / »J»I <-t- 4 ,—s 5 1—1 6 1 (—1 t-i. O CD CD >-^ CD g CD - . CL >JI 1 CD» i O O -n C }—• c 3 CD CD 3 i-l CD O Z3 h-11 O i-j eu cr CD' i^ CD a n- hCD CD X en • D CD h—' CD -tl eu X en y—' C i_" ,—^t~. 3 C n CL CD 3 Mo en *•—s X 3: lO <c N CD» CD on O i-J CL en • -ii t—* c Q. CD CO 7 t—' o en o • • m m n CD M >-i — i• i i 3 — O 3 Q3' CD» rr ?; • * - ^ n- >-i <-l •1 CD» i-iCD CO eu -fi k-Vœnlegt vinnslusvœôi G-23Q Hrafntinnuhryggur •B 88 n" d'tchantiUjon pfujncApaiix gaz pfiiLient en I nr. co2 H2S H2 G-l KRAG08781078 98.4 0.7 - - G-2 KRAG08781075 98.1 1.4 0.3 0 G-3 KRAG08781072 97.5 1.6 - 0.3 G-4 KRAG07781071 96.2 1.3 2.1 0.7 G-5 KRAG07781063 47.7 4.4 7.0 7.6 G-6 KRAG12771210 31.8 0.4 0.7 G-7 KRAG07781068 98.5 1.1 G-8 KRAG07781064 95.7 G-9 KRAG07781066 G-10 o2 PH4 - concenuiaXAjon dub paz en van co2 H2S 239600 1490 24100 397 50300 702 58100 710 0.9 6742 1121 14.0 - 1820 0.3 - - 84000 863 2.8 1.3 0.2 0.2 39300 . 977 97.2 1.2 0.4 0.6 - 123200 1280 KRAG07781069 98.5 1.1 0.3 - - 89000 804 G-ll KRAG08781074 95.8 2.8 - 0.3 - 64800 1160 G-12 KRAG08781077 97.1 1.8 0.4 0.4 - 125100 1920 54.1 Tableau 1 - Composition des fumerolles de la région de Krafla (voir localisation sur figure 44) ; tirée de GISLASSON et al. (1978) 89 5.1. EXPLORATION GEOCHIMIQUE DE SURFACE A KRAFLA METHODES Etude des manifestations de surface (sources chaudes et fumerolles) dans la zone prospectée, à partir de 1970. (GISLASON et al, 1978 ; ARNOSSON, 1979 ; STEFANSSON, 1981) - Analyses chimiques des fluides. - Analyses des gaz présents dans les fumerolles, et notamment des gaz magmatiques (H2, H2S> CO 2, Rn, ...) dont la présence est à relier â la proximité d'un réservoir magmatique. - Géothermométrie chimique (calcédoine, quartz, Na - K - Ca, Na - K, INTERPRETATION L'interprétation des résultats analytiques récoltés dans la zone de Krafla s'appuie largement sur les connaissances importantes déjà acquis.es sur la géochimie des eaux dans les autres champs géothermiques haute énergie islandais. - Origine météoritique du fluide d'après leur composition chimique et isotopique. - Les températures d'équilibre des fluides (géothermométrie) et la concentration des différents gaz dans les fumerolles ont permis la localisation d'un point chaud dans la région de Hveragil où la température du fluide apparaît maximum : 245 à 285° C (fig. 44, Tab. 1 ) . - La présence de gaz magmatiques dans les fumerolles a mis l'accent sur la présence d'une chambre magmatique superficielle susceptible de fournir un flux thermique élevé. De plus, la cartographie de leurs concentrations a permis de sélectionner les zones les plus favorables à priori. Figure 45 - Localisation des différentes sources et fumerolles du ri ft Asal - Ghoubbat. Les flèches indiquent le sens d'écoulement de l'eau de mer (depuis Ghoubbat vers Asal) et des eaux meteontiques (de l'extérieur vers le centre du rift);in CORREIA et al. (1983) • SOURCE THERMALE • FUMEROLLE A DEPOT OU ALTERATION HYDROTHERMAL 91 MODELE VAL7MEMTATI0N VES SOURCES CHAUVES SW Collapse \ Aciual to subaciual I volcantsm MOVELE P'ALIMENTATÎOW PU LAC ET VES SOURCES FROIPES NW Figure 46 - Modèle d'alimentation des différentes sources du rift Ghoubbat : d'après BOSCH et al. (1977) Asal 92 5.2. EXPLORATION GEOCHIMIQUE DE SURFACE A ASAL METHODES Etude des manifestations de surface (sources chaudes et fumerolles) et des dépôts de travertins associés dans la région prospectée AsalGhoubbat, à partir de 1973. (LOPOUKHINE, 1973 ; BOSCH et al, 1977 ; GADALIA et al, 1982 ; CORREIA et al, 1983). - Analyses chimique et isotopique des fluides. - Geothermométrie chimique classique : (silice, Na - K - Ca, Na - K, Na - Li, . . . ) . INTERPRETATION Le principal résultat attendu de ces études de surface était de comprendre les systèmes de circulation des fluides dans la zone AsalGhoubbat. Les compositions chimique et isotopique des eaux de sources ont permis de différencier deux types de fluide, en relation avec des systèmes d'alimentation différents (fig. 45 et 46 ) : - Un fluide d'origine superficielle (eau de mer) ayant circulé rapidement et en grande quantité à travers de larges fissures. Il est caractéristique des sources de faible température (35°) rencontrées dans la zone axiale du rift. - Un fluide d'origine météoritique continentale, ayant percolé profondément et été réchauffé au contact d'une zone chaude, et lessivé des formations évaporitiques. Les températures d'équilibre profondes oscillent entre 150 et 200° C. Il est caractéristique des sources chaudes très minéralisées (60 - 80°) rencontrées au NE et au SW du lac Asal. Seul, ce second type de fluide indique l'occurence possible d'un réservoir géothermique au sein de la zone prospectée ; le premier semble relié aux phénomènes d'alimentation du lac Asal par l'eau de mer du Ghoubbat. 93 MODELE SIMPLIFIE DU CHAMP GEOTHERMIQUE DE KRAFLA Schéma de circulation HVERAGIL o a: m 500- 100 190 200 290 SOO 390°C g -500 \ zone supériej; 0- Profil de temoérature -0 -500- --500 -1000- --1000 -1500- -1500 -2000- -2000 dégazée O Figure 4/ 250 500 750 m - Modèle simplifié du réservoir géothermique de Krafla, montrant le régime d'écoulement dans les zones inférieure et supérieure, ainsi que le profil de température : d'après STEFANSSON (1981) Puits nombre de jours KG 10 0 KJ 7 1,9 KJ B 5 ,4 KJ 9 9,9 KJ 11 11 ,2 remarque (puits de référence) eau dégazée ii H Tableau 2 - Age relatif du fluide dans différents puits de Krafla, calculé à partir des teneurs en radon. Pour KJ7 et KJ6, on obtient un flux de 185 m/jour : d'après STEFANSSON (1981) 94 TABLEAU 3 COMPOSITION; CHIMIQUE VES TLUIVES VE LA ZONE INFERIEURE VU CHAMP VE KRAFÍ.A KJ B KJ 7 KJ 9 KJ 11 KG 12 pression de l'échantillon Pa 0,98 0,78 1,04 0,22 0,83 enthalpie du flux KJ/kg 1500 1900 1241 1483 2B00 portion de vapeur à Ps 0,37 0,58 0,23 0,44 0,92 8,46/20 7,25/20 9,06/20 9,11/21 6,67/19 13,3 /22 10,2 /21 11,6 /22 10,1 /22 6,6 /21 263 271 269 n° du Puits pH/°c de la phase liquide fim/°C de la phase liquide température de silice °C 279 272 COMPOSITION CHIMIQUE EN MG/KG VU FLt'X TOTAL STEFANSSOH (79g?; co 2 6436 17345 1357 5583 19048 H2S 680 1046 75 199 801 H2 8.1 26 1 .4 1 .1 49 CH^ 0.18 0.17 0.09 0.09 0.04 SiO2 498 303 513 465 66 Na 95 62 156 132 19 K 16 12 18 22 4.8 Ca 0.79 0.98 1.3 0.95 2.1 Mg 0.006 0.008 0.006 0.006 0.01 S0 u 84 74 175 71 10 Cl 20 43 38 21 21 0.84 0.50 0.62 0.51 0.13 < 0.06 0.21 0.13 0.05 0.15 564 962 852 140 F Fe total de solides dissous 831 95 5.3. GEOCHIMIE DES FLUIDES DE FORAGE A KRAFLA METHODES Etude des fluides récoltés durant les forages et les tests de production d'une douzaine de puits. Etude des dépôts dans les puits (STEFANSSON, 1981). - Compositions chimiques des fluides. - Détermination des gaz présents (H2, H2S, CO2, •••) ainsi que des 2 éléments volatils comme le mercure ou le radon. - Mesure des paramètres physiques : T, P, ... - Géothermométrie chimique. - Identification des phases minérales formant dépôts. INTERPRETATION En fonction des caractéristiques géochimiques des fluides (variation importante des compositions chimiques dans les différents puits, enthalpie élevée), les Islandais ont été amenés à proposer un modèle de réservoir géothermique à deux niveaux (fig. 47 et Tab. 3) : - Une zone supérieure à eau dominante ; T = = 200 à 1 100 m. 195 à 215° C ; prof. + les températures d'équilibre profondes (S-j^, Na - K, Na - K - Ca) sont en accord avec les températures mesurées : 200 à 210° C. + la concentration des gaz magmatiques dans les fluides rapports H, / H 2 S , C0 2 /H 2 5) a permis de définir un modèle de circulation des fluides dans cette zone. - Une zone inférieure biphasique eau-vapeur ; T = 300 à 3 50° C ; prof. = 1 100 - 1 300 m à plus de 2 200 m. + la composition des fluides a également permis de définir un modèle de flux dans cette zone + les températures maximales enregistrées correspondent aux zones où le flux de gaz magmatiques en surface est maximum (région de Hveragil) + les teneurs en radon ont permis de définir l'âge du fluide et la vitesse de circulation (Tab. 2 ) . + une connection entre zone inférieure et zone supérieure a été mise en évidence au niveau de Hveragil, à partir des variations de composition chimique et d'enthalpie du fluide géothermal + l'étude des dépôts de colmatage dans la zone inférieure (FeS, FeS2, SÍO2, Fe3Û4) a montré que ceux-ci étaient principalement sous le contrôle des venues magmatiques. 96 Zone ó vapeur dominarte possible Zone S vapeur dominonte probable Zone 5 eou(soumures) dominonte COUPE A _ N N M U »fotioit (•ou 6* n r l Om -lOOOm J *A: ...... x -2000 O I I y Pact* raarrctaue / ] / ^ c la»role(íóiKml/ * lu Cnombr» maçmotiŒJt principale (Set Um ) FIG. A3 : MODELE DE CHAMP GEOTHERMIQUE A ASAL 97 5.4. GEOCFIMIE DES FLUIDES DE FORAGE A ASAL METHODES Etude des fluides récoltés durant le forage et les tests de production d'un seul puits. Etude des dépôts de colmatage. (BARBUT et al, 1982 ; GADALIA et al, 1982 ; CORREIA et al, 1983). - Compositions chimique et isotopique. - Mesures des paramètres physiques et chimiques in situ : T, P, Ph, conductivité, réserve alcaline. - Identification des phases de colmatage. INTERPRETATION Les résultats acquis à partir des données fournies par un seul puit ne sont pas suffisantes pour établir un modèle précis de réservoir (fig. 48). Quelques paramètres ont quand même été précisés : + un réservoir de type eau dominante a été identifié â partir de 1 000 m de profondeur environ, (fond de trou à 1.150 m ) . La température mesurée oscille entre 2 50 et 260° C) + les géothermomètres chimiques (T = 2 50 à 260°) sont en bon accord avec la température mesurée + le modèle hydrogéochimique fait intervenir le mélange d'une eau météoritique avec l'eau de mer, ayant lessivée des formations évaporitiques et interagie avec les roches du réservoir + la nature des dépôts de colmatage (principalement sulfures et silice) semble en relation avec la température. 98 5.5. SYNTHESE ET COMPARAISON DES METHODES D'EXPLORATION GEOCHIMIQUES Les différences au niveau des contextes volcanologiques, de l'importance relative des méthodes géochimiques dans l'exploration, et du degré de développement rendent difficile les comparaisons entre les deux champs. KRAFLA : En raison de l'abondance des manifestations hydrothermales de surface, les méthodes géochimiques ont eu un rôle prépondérant dans les travaux d'exploration. De plus, la spécificité du contexte volcanologique (présence de gaz magmatiques) a été pleinement utilisée par les Islandais pour sélectionner les zones les plus favorables. L'apport de la géochimie des fluides quant à elle, a été fondamentale dans la modélisation du réservoir, tout en confirmant la fiabilité des données récoltées lors de l'exploration de surface. Elle a eu une incidence importante sur le développement du champ, puisque les forages ont été concentrés dans la zone de Hveragil où le flux magmatique apparaît maximum. A S AL : L'exploration géochimique de surface a surtout apporté des renseignements sur la circulation des fluides, sans permettre la localisation de zones d'intérêt majeur. Quant aux données de forage, elles sont trop fragmentaires pour modéliser le réservoir géothermique d'Asal. 99 FICHE 6 - CONCLUSIONS COMPARAISON DES METHODOLOGIES D'EXPLORATION DES CHAMPS GEOTHERMIQUES DE KRAFLA ET D'ASAL 100 6.1. 6.1.1. KRAFLA Aspects techniques de l'exploration L'exploration du champ géothermique de Krafla a été menée essentiellement par des équipes de spécialistes islandais (de dans le cadre de programmes nationaux 1'Orkustofnun) (éventuellement internationaux). Elle s'est donc appuyée sur une compétence certaine, des moyens suffisants et une bonne connaissance du terrain qui ont permis une bonne coordination et continuité des travaux. En raison sans doute de l'abondance des manifestations hydrothermales à Krafla (et en Islande en général) l'accent a été mis sur cet aspect dans l'exploration (hydrogéochimie, étude des minéralisations,...). La crise sismique de 197 5 s'est produite alors que le champ était en cours de développement et a eu pour effet de stimuler et d'affiner les recherches géothermiques sur la zone de Krafla. Ainsi, alors qu'à Namafjall les travaux d'exploration avaient été insignifiants ou presque, le champ de Krafla a bénéficié d'une étude systématique dès le départ. Les problèmes techniques auxquels se sont heurtés les géothermiciens de Krafla n'ont pas altéré leur volonté d'aboutir : que ce soit la corrosion ou les dépôts importants dus aux gaz magmatiques ou la grande complexité du système géothermique. Actuellement 23 puits ont été forés ; la zone de forage s'est déplacée 2 fois depuis le début du développement du champ à Leirbotuar, mais l'extension du réservoir semble encore insuffisante pour faire fonctionner les 60 MWe prévus. Les trois zones fournissent pour l'instant 2 5 MWe. 6.1.2. Aspects économico-politiques II n'est pas indifférent de noter que l'Islande est un petit pays avancé qui a choisi de développer ses propres ressources énergétiques. Disposant d'importantes réserves hydroélectriques, les gouverne- ments islandais n'ont cependant pas négligé les ressources géothermiques ; et cela avant le renchérissement du prix du pétrole et malgré des contraintes d'ordre "écologiques" (protection des parcs naturels volcani- ques) . De plus si cette source d'énergie est extraordinairement abondante en Islande, son exploitation n'est pas à priori rentable rapidement comme le prouve l'exemple de Krafla. 101 6.2. 6.2.1. ASAL Aspects techniques de l'exploration Jusqu'à 1981 au moins, les études à finalité géothermique étaient relativement marginales. L'exploration tournait vers la connaissance fondamentale (processus de genèse des magmas en milieu de rift océanique émergé, d'écartement des plaques lithosphériques ...) ; elles ont eu des retombées sur la géothermie mais celle-ci est restée l'alibi économique de travaux de recherches scientifiques. La délimitation moins évidente du champ d'Asal, due à l'absence de caldeira, la forte salinité du fluide géothermal, et par la suite l'obstruction du seul forage productif nécessitaient pourtant une recherche propre non négligeable et soutenue. Au lieu de cela, l'exploration a tout d'abord été menée en 1973-74 de façon accélérée ; longtemps interrompue (jusqu'en 1981), elle a repris de manière hésitante et parcellisée (zone Nord Ghoubbat, zone des forages) puis est à nouveau stoppée au moment où un modèle de champ était malgré tout proposé. Ce manque de continuité des travaux et de coordination a été préjudiciable. 6.2.2. Aspects politico-économiques Le contexte colonial d'abord puis de sous-développement économique place la République de Djibouti dans des conditions radicalement différentes de celles de l'Islande. Les besoins énergétiques de cette région sont regard de l'extrême immenses même au sous-consommation locale actuelle. L'utilisation de l'énergie géothermique du gisement d'Asal n'allait pourtant pas de soi en raison de l'éloignement des centres de consommation potentiels et de la difficulté d'accès et d'installation du site. 102 Les motivations ensuite ont été diverses : à l'époque coloniale la géothermie devait servir plutôt une image de marque, qu'amener un développement réel du pays. Après l'indépendance, le soucis des nouvelles autorités a été de développer la géothermie d'abord, là elle serait la plus rentable ; d'où l'expectative â Asal en attendant des sites meilleurs. L'absence de compétence locale a été longtemps la cause d'un manque de suivi, voire de sérieux dans les travaux, ce qui a engendré en retour une méfiance des autorités de Djibouti à l'endroit d'oeuvre étrangers en général et français en particulier. des maitres 103 6.3. L'EXPLORATION GEOTHERMIQUE EN CONTEXTE DE RIFT OCEANIQUE EMERGE Les différences au niveau du déroulement de chacune de ces deux explorations sont nombreuses. Elles résultent soit de facteurs économiques et politiques, soit de traditions scientifiques et techniques locales qui amènent à privilégier une méthode d'exploration par rapport aux autres. Et même si dans un cas (Krafla) l'exploration s'est déroulée dans de relativement bonnes conditions, elle ne peut faire figure d'exemple'. En effet, le champ de Krafla est lui-même très particulier de par cette association étroite entre la caldeira et le réseau de fissures, ainsi que par cette dualité au niveau des réservoirs. Ensuite indépendamment du degré de connaissance, il se différencie sur bien des points du champ d'Asal (alimentation en eau des réservoirs, importance des manifestations hydrothermales...). Sur trois points généraux au moins, la similitude des contextes des deux champs a valeur de référence pour les gisements géothermiques de rift océanique émergé et a donc une incidence méthodologique. 1 - La tectonique dominante est une tectonique d'extension. Elle peut prendre des formes diverses - pendage, rejet, relation avec le volcanisme -, être traversée par des structures transformantes diverses là aussi, elle s'exprime toujours par des failles normales suivant une direction dominante. A Krafla la caldeira peut n'être considérée, à la limite, que comme l'expression la plus intense de la fissuration. Le champ géothermique se situe dans la zone de fracturation la plus intense : cela peut correspondre, soit à la zone de rifting maximum soit à l'intersection d'une zone de rifting avec une zone transformante. 104 Dans tous les cas l'analyse tectonique de surface doit une importance majeure dans l'exploration de ce type de zone (de la télédétection, jusqu'à la microtectonique). 2 - Sur le plan géométrique les champs ont à priori une certaine symétrie axiale (l'axe d'expansion) : les méthodes d'exploration géophysique à petite échelle doivent en tenir compte (à Asal, seule une partie du compartiment sud a été explorée). 3 - Sur le plan volcanologique, les produits sont essen- tiellement des laves, voire des hyaloclastites. Les appareils émissifs quant à eux, sont soit de type fissurai, soit des cônes de scories, ce qui accroît l'importance l'éventuelle zone de des analyses géochimiques de laves pour localiser différenciation du magma. L'étude des produits d'éruptions phréatiques est également à recommander dans la caractérisation des interactions eau-magma (profondeur, température, extension géométrique du réservoir...). 105 BIBLIOGRAPHIE DES FICHES "STRUCTURE", "GEOLOGIE" ET "HYDROTHERMALISME". S. ARNORSSON, K. RAGNARS, S. BENEDIKTSSON, G. GISLASON, S. THORALLSSON, S. BJORNSSON, K. GRONVOLD et B. LINDAL. 1975. "Exploitation of saline high temperature water for space heating proceedings, 2nd U.N. Symposium on the development and use of geothermal resources." pp. 2 077-2 082, Lawrence Berkeley Laboratory, University of California. F. BARBERI, G. FERRARA, R. SANTACROCE et J. VARET, 1974. "Structural evolution of the Afar triple junction" in "The Afar depression of Ethiopia". Pilger et Rosier eds, Sweizerbart, Stuttgart pp. 38-54. F. BARBERI et J. VARET, 1979. "The Afar rift junction" in E.R. Neunmann et I.A. Rauberg eds "Petrology and Geochemistry of continental rifts". Reidel, Dordrechts, Holland, pp 55-69. F. 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