Le service d’hémato-oncologie compte
26 chambres. Parmi celles-ci, dix, dites "isolements
protecteurs", sont des chambres à pression posi-
tive prévues pour la prévention des risques aériens
lors de la prise en charge, par exemple, de patients
immunodéprimés comme les patients atteints de
leucémie ou greffés de moelle. Il faut y ajouter six
autres chambres d’isolements plus adaptés pour
la prise en charge de personnes dépendantes rele-
vant souvent de soins palliatifs ou de fin de vie,
et, enfin, dix chambres doubles dont 6 peuvent
encore être des isolements. La capacité d’accueil
est en effet de 30 patients, 23 pour l’hématologie
clinique, 7 pour l’oncologie médicale.
Depuis plus de trente ans, vous avez tissé des relations particulières
avec le Pr. Georges Fillet qui vous rend hommage à travers ce numéro
consacré au nursing oncologique.
Fernand Courtois: En effet, nos relations remontent à
longtemps. Toute la profession que je représente ici lui
sait gré de l’hommage qu’il lui rend. Si tout au long de
sa carrière, le Pr. Fillet nous a reconnus au sein de son
secteur, cette gratitude est aussi présente dans le chef du
Pr. Yves Beguin, son successeur. L’un comme l’autre savent
que cette équipe infirmière est rigoureuse, curieuse, sou-
cieuse d’approfondir ses connaissances et de les dévelop-
per et en recherche permanente de la qualité et de la
sécurité au bénéfice des patients et de leurs proches.
Cette somme de qualités, en plus de l’esprit d’équipe, n’est-elle pas
aussi un facteur d’attrait pour votre service ?
F. C.: Bien sûr. Depuis que je suis dans le service d’héma-
tologie, nous n’avons jamais connu de difficulté particu-
lière pour recruter du personnel. Certes, on constate un
turn over, comme dans tous les services hospitaliers. Cela
étant, bon nombre d’infirmiers ayant travaillé dans ce ser-
vice ont partagé – et partagent toujours – leur expérience
en s’engageant au sein de l’hôpital de jour, en intégrant
le service de radiothérapie ou encore en devenant infir-
miers de liaison tout en restant au CHU. Tous ont démontré
que leur passage en hémato-oncologie apporte une valeur
ajoutée. On pourrait parler de transfert de connaissances
et de compétences.
Quel regard portez-vous sur l’évolution du nursing oncologique ?
F. C. : Le CHU de Liège, en particulier son service d’hé-
mato-oncologie, a été précurseur en termes de prise en
charge holistique du patient, avec un intérêt tout parti-
culier pour l’aspect psycho-oncologique. Depuis 1990, je
m’intéresse aux moyens de renforcer les connaissances
et compétences du personnel infirmier afin d’accompa-
gner au mieux le patient et ses proches confrontés à la
maladie grave. Nous avons pu bénéficier de formations
spécifiques en psycho-oncologie. Des outils ad hoc ont
été développés : la consultation infirmière pré-greffe, les
réunions de parole.
Très tôt, nous avons cru au bien-fondé de l’assistance psy-
chologique au bénéfice du patient, de ses proches et du
personnel soignant. Grâce à l’intervention du Télévie et
avec l’aide du Pr. Fillet, une psychologue a été engagée
il y a déjà 22 ans. Autre innovation du secteur: la mise en
place des infirmières de liaison, chargées entre autres de
l’information et de l’éducation à la santé tout au long du
parcours de soins des patients.
Ce sont autant de "solutions" que le CHU développe à
destination des patients.
Il faut aussi souligner l’évolution technologique du sec-
teur : la recherche de pointe et ses applications se déve-
loppent chaque jour au bénéfice du malade. Les progrès
de la médecine sont réels. Les besoins en soins infirmiers
de qualité suivent la même courbe, de même que les at-
tentes de la patientèle. De plus en plus de jeunes infir-
mières se dirigent, après leur baccalauréat, vers la spécia-
lisation en soins oncologiques.