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valoir que le taux de détection du cancer dans un sextant tumoral
est multiplié par 2,6 quand plusieurs prélèvements sont réalisés
dans le sextant ciblé, ce que seul le produit de contraste permet de
faire. Ils montrent par ailleurs que le score de Gleason des cancers
détectés par les biopsies dirigées dans les sextants hypervasculai-
res est significativement plus élevé que celui des cancers détectés
par les biopsies systématisés, ajoutant donc une valeur pronos-
tique à la valeur diagnostique de l’examen.
-Au moins deux autres études [16, 17] ont également rapporté
l'augmentation significative de la sensibilité dans la détection de
zones suspectes, en utilisant le Levovist en perfusion et le Doppler
couleur ou puissance. Dans l'une d'elles [17], la sensibilité passe
de 38% sans le produit de contraste à 85% avec l'injection en per-
fusion de Levovist. La sensibilité devient même supérieure à celle
de l'échographie en mode B, car en l'absence de nodule hypo-
échogène, un rehaussement focal a pu être détecté, correspondant
àla moitié des cas à un cancer. La spécificité n'est pas affectée par
le produit de contraste et se maintient à 80% avant comme après
contraste.
L’utilisation de microbulles de deuxième génération est venue
confirmer la sensibilité supérieure de l’échographie de contraste
par rapport aux modes B et couleur pour détecter le cancer de
prostate.
-Une étude porte sur 60 patients [18] sans anomalie palpable pour
la majorité d’entre eux, chez qui 37 sextants tumoraux ont été
détectés chez 20 patients. Un sextant était considéré comme
suspect sur l’échographie avant contraste s’il était hypoéchogène
et/ou spontanément hypervasculaire en Doppler couleur. Après
contraste, tous les sextants qui se rehaussaient étaient considérés
comme suspects. Six biopsies en sextant étaient réalisées latérale-
ment (en dehors du plan médio-lobaire) dans la ZP en cas d’écho-
graphie négative et des biopsies supplémentaires étaient réalisées
dans tous les sextants suspects après contraste. La sensibilité de
l’échographie avant contraste était de 38% (14/37 sextants tumo-
raux) et celle de l’échographie de contraste de 65% (24/37 sex-
tants tumoraux). Les spécificités respectives étaient de 83%
(267/323 sextants bénins) et de 80% (257/323 sextants bénins).
L’étude spécifie que 10 sextants non suspects avant contraste (c'est
àdire isoéchogènes et hypovasculaires) se rehaussent après
contraste, illustrant la possibilité de détecter des cancers posté-
rieurs stade T1c.
-Ces résultats ont été confirmés par le même groupe sur une série
de 12 pièces de prostatectomie radicale [19]. Trente et un foyers
tumoraux ont été recensés. Pour la zone périphérique, la sensibili-
té de l'échographie de contraste était de 48% (10/21 tumeurs
détectées) contre 24% (5/21 tumeurs détectés) avant contraste.
Pour la zone de transition, seuls trois cancers antérieurs (3/10) ont
été détectés, tous visibles sur l’échographie avant contraste. Le
produit de contraste, injecté en perfusion dans cette étude, entraî-
ne un rehaussement diffus et intense de la zone de transition qui
empêche de déceler un rehaussement tumoral spécifique.
-La plus large étude avec le seul produit disponible en Europe
(Sonovue, Bracco) est autrichienne [5] et a été réalisée par le
même groupe que celui de l’étude de FRAUSCHER [4]. Les 380
patients de cette deuxième étude ont été enrôlés dans le program-
me de dépistage du cancer de prostate dans la région du Tyrol. Les
valeurs du PSA sont comprises entre 4 et 10 ng/ml (moyenne :
6,2). Le toucher rectal ne fait pas partie des critères de sélection.
Le volume prostatique moyen est de 35cc (extrêmes 18-175).
L’âge moyen des patients est de 60,7 ans (extrêmes 41-77). Le
protocole est le même que celui utilisé par FRAUSCHER [4] en rem-
plaçant le Levovist en perfusion par le Sonovue injecté en bolus.
Les biopsies dirigées détectent autant de cancers (27%) que les
biopsies systématiques, mais le taux passe à 37,6% si les deux
techniques sont utilisées. On arrive donc à la notion de complé-
mentarité et pas à la notion de substitution des biopsies systéma-
tiques par les biopsies dirigées par le produit de contraste, comme
l’avaient initialement suggéré les auteurs [4]. Le taux de positivi-
té d’une biopsie dans un sextant qui se rehausse étant trois fois
plus élevé que celui d’une biopsie systématique, les auteurs
recommandent fortement la réalisation de la première série de
biopsies avec ce protocole.
Depuis l’utilisation des microbulles, on assiste à un développe-
ment de logiciels d’échographie qui cherchent à améliorer la fia-
bilité des produits de contraste échographique. Des procédés de
soustraction des tissus pour ne laisser apparents que les vaisseaux
(comme en angiographie conventionnelle) et des séquences d’ima-
gerie dites harmoniques pour la réception du maximum de signal en
provenance des bulles quand elles passent sous le faisceau d’ultra-
sons sont en train d’être mis au point. Notre expérience personnel-
le repose sur une centaine d’échographies avec biopsie réalisées
après injection de Sonovue en utilisation un programme développé
spécifiquement pour l’échographie de contraste (ESAOTE, France).
On attend de ces nouveaux logiciels une sensibilité bien supérieure
àcelle du Doppler-couleur pour la détection d’une microvasculari-
sation tumorale.
-Il existe des contraintes d'utilisation du Sonovue. Les microbulles
forment une émulsion instable. Pour pouvoir l’utiliser en perfu-
sion, il faut disposer d’un injecteur qui agite en permanence l’é-
mulsion pendant la perfusion du produit. Il existe par ailleurs des
contraintes spécifiques à la prostate. La glande est vascularisée
F. Cornud et coll.Progrès en Urologie (2006), 16, 275-280
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Figure 4. Cancer stade T2 non palpable de la zone périphérique.
Patient de 62 ans. Prostate souple au toucher rectal. PSA : 7,9 ng/ml.
Score 7 de Gleason sur deux sextants gauches (base et partie moyen-
ne). (A) : avant injection, aspect globalement hypoéchogène de la pro-
state. Le nodule (flèche) n'est pratiquement pas visible. (B) : rehaus-
sement synchrone (7s) des macrovaisseaux visibles dans le nodule
(flèche) et dans la zone de transition (tête de flèche). (C) pic du
rehaussement (15s) dans le nodule (flèche) presque identique à celui
des macrovaisseaux de l'HBP (tête de flèche). (D) : lavage précoce du
nodule (flèche), et persistance de plusieurs macro-vaisseaux dans la
zone de transition (têtes de flèche). Rehaussement minime (*C,D) de
la zone périphérique.