14 Diffraction des rayons X sur échantillons polycristallins
Par analogie avec les caractéristiques du rayonnement électronique, de
nombreux auteurs vont imaginer que les rayons X correspondent eux aussi à la
propagation de particules. Ce débat sur la nature corpusculaire ou ondulatoire des
rayonnements électromagnétiques ne sera clos qu’avec l’avènement de la physique
quantique. A la suite des travaux de J.J. Thomson, plusieurs auteurs comparent donc
les propriétés respectives des rayons X et des électrons [LEN 97, RIT 98, WAL 98].
P. Lenard [THO 97] montre d’une part que l’irradiation de plaques photographiques
par des rayons X induit un effet beaucoup plus faible que celui observé lorsque les
mêmes plaques sont irradiées par un faisceau électronique et d’autre part que les
deux types de rayonnement diffèrent notablement en ce qui concerne leurs
propriétés électriques. J. Ritter von Geitler [RIT 98] irradie des écrans métalliques
plats par des faisceaux de rayons X afin de mettre en évidence une éventuelle charge
électrique portée par ces particules. Il n’observe pas de signal électrique, mais ne
conclut pas vraiment que les particules ne sont pas chargées. Dans le même numéro
des Annalen der Physik und Chemie, B. Walter [WAL 98] est plus affirmatif et
considère que les particules associées aux rayons X n’ont pas de charge électrique.
De plus, en considérant le caractère très pénétrant des rayons X, il réfute une théorie
alors en vigueur où l’on imaginait que les rayons X pouvaient être les électrons
incidents sur l’anode qui auraient perdu leur charge électrique lors de cet impact
[VOS 97].
Ainsi, avant le début du
XXe
siècle, il est admis que la nature des rayons X est
très différente de celle du rayonnement électronique qui leur a donné naissance. On
sait que s’il s’agit de particules, celles-ci ne sont pas chargées car elles ne sont pas
déviées par un champ magnétique [STR 00] et les travaux théoriques de
J.J. Thomson lient la propagation des rayons X à un phénomène ondulatoire dont la
longueur d’onde est très faible. De plus, ces rayons X semblent ne pas être réfléchis
ou réfractés sous les conditions habituellement utilisées pour observer ces
phénomènes avec la lumière visible. Parallèlement à ces travaux tendant à établir la
nature des rayons X, d’autres auteurs, parfois les mêmes, étudient l’influence du
passage d’un faisceau X dans des gaz.
En 1896, J.J. Thomson et E. Rutherford [RUT 97, THO 96c] montrent que
l’irradiation d’un gaz par un faisceau de rayons X induit la formation d’un courant
électrique au sein du gaz. Ils établissent que l’intensité de ce courant dépend d’une
part de la différence de potentiel appliquée entre les deux bornes de la chambre
contenant le gaz et d’autre part de la nature du gaz. E. Rutherford [RUT 97] établit
de plus que la décroissance d’intensité du faisceau de rayons X par absorption par le
gaz suit une loi exponentielle qui dépend d’un coefficient propre à chaque gaz. A
partir de cette constatation, E. Rutherford mesure le coefficient d’absorption linéaire
de plusieurs gaz et établit une corrélation entre ce coefficient et l’intensité du
courant électrique produit par l’interaction entre ce gaz et les rayons X. Dans un
commentaire de l’article de Rutherford, J.J. Thomson [THO 97c] remarque que les