3-1- Les conséquences en surface de la collision
Après la disparition de l'océan alpin, la convergence des plaques s'est maintenue. Une partie de la croûte
continentale a bien commencé à disparaître dans le manteau mais, comme les deux plaques qui bordaient l'océan
alpin ont toutes deux la même densité, le phénomène de subduction s'est bloqué provoquant la collision des deux
lithosphères continentales. La compression tectonique se poursuivant, la lithosphère a été contrainte de
s'adapter :
- dans les zones profondes où la température était importante, les roches se sont déformées de manière souple
et se sont plissées (on dit qu'elles ont eu un comportement plastique) ;
- dans les zones plus superficielles et donc plus froides, les roches ont eu un comportement plus cassant et se
sont fracturées au niveau de failles inverses (le compartiment supérieur à la faille chevauchant le compartiment
inférieur, ces failles traduisent ainsi un raccourcissement global de la croûte).
Au cours du temps, la collision se poursuivant, ce phénomène s'est accentué. On trouve ainsi, dans la plupart des
massifs des contacts anormaux dans les séries sédimentaires : les roches n'y sont plus en position normale. Par
exemple, des roches plus anciennes recouvrent des terrains plus jeunes et leur contact est marqué par des
roches très déformées. Ces contacts anormaux s'interprètent par des mouvements de grande ampleur amenant
en superposition des roches initialement éloignées. Sous l'effet de la convergence, les roches se fracturent et
glissent sur des couches plus plastiques (dans les Alpes, il s'agit le plus souvent du gypse du Trias) ; elles
peuvent ainsi se déplacer sur plusieurs kilomètres et venir recouvrir d'autres séries sédimentaires. On qualifie
de nappes de charriage ces formations géologiques « voyageuses ».
3-2- Les conséquences en profondeur de la collision
En provoquant des explosions ou des vibrations mécaniques en surface, et en étudiant la propagation des ondes
sismiques induites, les géologues peuvent avoir accès à la structure profonde de la chaîne alpine. Ces études
montrent que, sous la chaîne de montagnes, la profondeur du Moho peut atteindre plus de 50 km (contre 30 km
dans une zone de bassin sédimentaire) : on qualifie cette croûte continentale beaucoup plus épaisse
de « racine crustale ». De plus, les profils
sismiques montrent que les
chevauchements visibles en surface se
retrouvent en profondeur. D'immenses
nappes de roches sont ainsi empilées les
unes sur les autres et forment un prisme
de collision qui augmente l'épaisseur de la
croûte; celle-ci s'enfonce donc dans le
manteau.
En surface comme en profondeur, la
réponse de la lithosphère à la convergence
qui pousse deux plaques à s'affronter est
donc la même : elle se raccourcit et
s'épaissit. Elle « absorbe » ainsi les
énormes contraintes compressives. Les
reliefs créés en sont la conséquence : ce
mécanisme est qualifié d'orogenèse.
3-3- L'évolution tardive de la chaîne
Dès leur formation, les reliefs sont soumis à une altération et une érosion intense. Les produits de cette érosion
sont repris par les glaciers et les eaux de ruissellement qui les entraînent vers les vallées. Ce déblaiement
aboutit en quelques dizaines de millions d'années à la destruction des reliefs.
La croûte continentale flottant sur l'asthénosphère, l'allègement considérable de toute la région entraîne une
remontée progressive de la racine : c'est ainsi que des roches formées en profondeur sont ramenées vers la
surface. Parmi elles, des roches magmatiques plutoniques (granites) témoignent qu'à l'intérieur de la racine, des
phénomènes de fusion partielle de la croûte sont intervenus.
Les reliefs spectaculaires de la chaîne ont ainsi une origine complexe : empilement des nappes de charriage sous
l'effet des contraintes compressives, érosion qui dissèque les reliefs, remontée de la croûte suite au
déblaiement des matériaux érodés.