Rapport de stage Titre : Étude de l’impact de prédation du zooplancton gélatineux sur les communautés planctoniques lors des proliférations explosives estivales de méduses en mer intérieure du Japon Introduction Depuis ma maitrise, et maintenant mon projet doctoral, j’étudie la composition et le rôle du zooplancton marin arctique dans le transfert d’énergie au sein des écosystèmes pélagiques de l’Arctique canadien. Des composantes de ce zooplancton, représentées par les méduses et autres organismes gélatineux fragiles, restent cependant mal documentées en raison de la grande difficulté à les échantillonner par les méthodes traditionnelles qui les détruisent en grande partie. Or de plus en plus de régions à travers le monde (Mer de Chine, Mer du Japon, Mer noire, Baltique, fjords norvégiens, etc…) sont confrontées à des problèmes de proliférations explosives de méduses, provoquant des bouleversements dans les réseaux trophiques marins et aussi des pertes financières dramatiques pour les pêcheries et les industries touristiques. Les éléments déclenchant ces phénomènes de production exponentielle de populations de méduses ne sont pas précisément cernés mais des indices pointant vers des causes d’origine anthropique comme la surexploitation d’espèces prédatrices de méduses, le réchauffement climatique et l’eutrophication des régions de reproduction des méduses ne cessent d’être relevés. Les chercheurs japonais sont les pionniers de la recherche sur la problématique des proliférations de méduses. Ils ont ainsi développé une expertise de pointe dans l’étude de ces organismes extrêmement efficaces et simples mais dont une bonne partie du cycle vital demeure mystérieuse. C’est avec l’objectif d’acquérir de bons outils d’investigation des méduses, notamment des techniques d’échantillonnage efficaces de ces organismes, que j’ai réussi à intégrer le laboratoire du professeur Shin-Ichi Uye (Graduate School of Biosphere Science, Hiroshima University), chef de file japonais de la recherche sur les méduses, pour un stage de deux mois avec l’appui financier du programme de stages internationaux du FQRNT. Réalisations Nous avions défini, avec mon hôte, un projet visant à étudier l’impact de prédation de la méduse géante, Nemopilema birulai, sur les assemblages de zooplancton dans le détroit de Corée. Seulement, la production printanière de méduses géantes fut exceptionnellement faible au début de l’été 2010, probablement en raison des pluies torrentielles tombées sur les côtes chinoises, et j’ai appris à mon arrivée à l’Université d’Hiroshima que je n’aurai pas eu le matériel nécessaire pour mener le projet initial. À la place, j’ai participé pendant dix jours à une mission d’échantillonnage et d’étude de la reproduction de la méduse commune, Aurelia aurita dans la baie d’Hakata. À cet effet, nous avons bénéficié de l’expertise de l’équipage, l’équipement et les laboratoires du navire de recherche Toyoshio Maru de l’université d’Hiroshima. L’échantillonnage s’est fait à l’aide de filets adaptés au zooplancton gélatineux et aussi grâce à un système sophistiqué de caméra acoustique DIDSON permettant de visualiser les méduses dans leur environnement. J’ai participé activement au déploiement de ces instruments afin d’en comprendre les principes de fonctionnement. J’ai aidé à la réalisation d’expériences de mesure de la pression de prédation d’organismes filtreurs sessiles (moules et huitres) sur les stades larvaires de méduses en quête de sites de fixation. Mon rôle était de choisir et de préparer les filtreurs pour les expériences. J’ai également échantillonné des méduses gravides et appris à en extraire les larves planula incubées par la suite en présence des prédateurs. Au retour de la mission, nous avons également réalisé un monitorage de certains groupes de dinoflagellées responsables des phénomènes de marées rouges. Ces derniers sont extrêmement dommageables pour les fermes de poissons abritées dans plusieurs baies de l’île de Kyushu. Cela m’a permis de comprendre cette problématique en collaborant au travail fait sous la supervision du professeur Kazuhiko Koike. Ce jeune professeur très dynamique et ses étudiants m’ont également initié à leurs investigations au sujet du blanchiment des coraux dans le sud de l’archipel japonais. J’ai beaucoup apprécié cette approche de recherche appliquée que je ne connaissais pas tant avant mon intégration au sein de leur équipe. J’ai également accompagné le professeur Uye dans une enquête sur la pêche commerciale à la méduse comestible en mer d’Ariake. En dépit de l’annulation d’une sortie en mer liée au passage d’un typhon, cette expérience de terrain fut fort enrichissante en me faisant connaitre l’industrie de l’exploitation de la méduse comestible. J’ai aussi été invité à participer à un atelier de travail du réseau interinstitutionnel STOPJELLY dirigé par mon hôte et regroupant des chercheurs universitaires et d’agences gouvernementales. Cela m’a permis de mieux appréhender l’ampleur du réseau mis en place à l’échelle nationale pour traiter la problématique des méduses au Japon. Au lendemain de cette rencontre, j’ai aussi été convié à un congrès international sur la modélisation des écosystèmes marins organisé par l’université de Matsuyama sur l’île de Shikoku. Pendant mon stage, j’ai eu l’opportunité de présenter des aspects de ma recherche doctorale au cours d’une présentation orale devant la faculté des sciences de la biosphère de l’Université d’Hiroshima. Cette occasion m’a permis de représenter Québec-Océan et d’échanger avec des chercheurs impliqués dans d’autres domaines de l’océanographie. Je pense m’être bien intégré à l’équipe du professeur Uye pendant mon séjour de deux mois. J’ai notamment aidé à la correction de l’anglais de certains manuscrits d’étudiants et j’ai aussi partagé mon expertise sur les analyses multivariables afin d’aider une étudiante au doctorat. Portée du stage Bien que le projet initialement posé n’ait pu être mené comme prévu, je considère que mon stage au Japon a été bénéfique à tout point de vue. Ainsi, j’ai quand même pu acquérir les connaissances que je recherchais sur les méthodes d’échantillonnage du zooplancton gélatineux. J’ai aussi pu m’imprégner d’une autre culture scientifique, une expérience hautement enrichissante pour l’esprit. J’ai fait mieux connaitre Québec-Océan et ses axes de recherche en océanographie à des chercheurs japonais. Il m’a en outre semblé que les étudiants japonais rencontrés pendant mon séjour enviaient l’existence du programme de stages internationaux mis en place par le FQRNT. Je pense aussi avoir noué des liens importants que je tâcherai de maintenir avec les équipes de l’Université d’Hiroshima. J’aurai d’ailleurs la chance de rencontrer à nouveau le professeur Uye lors du « 5th International Zooplankton Production Symposium » qui aura lieu au Chili en mars 2011.