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niveau des salaires a également augmenté
de façon considérable, un fait qui a été
révélé au mois de février par l’Agence
fédérale de statistique Destatis. Sans être
aussi considérable que celle des retraites,
la progression des rémunérations, de
2,8 %, est la plus importante enregistrée
depuis 2008 pour l’ensemble des salariés
allemands. Compte tenu de la faiblesse
de l’ination, de 0,3% seulement l’année
dernière, la hausse du salaire réel est de
2,5 %. C’est d’autant plus remarquable
qu’en 2014 le salaire réel n’avait progressé
que de 1,7 %, après avoir même reculé
de 0,1% en 2013. Plusieurs facteurs sont
cités pour expliquer cette performance :
après des années de modération salariale,
une retenue portée aussi par les syndicats
qui craignaient une perte de compétitivité
de l’économie allemande, les entreprises
peuvent se permettre des mesures de rattra-
page. Ainsi, le puissant syndicat IG Metall
a obtenu l’année dernière une augmenta-
tion de 3,4% pour les plus de 3,5 % de
salariés du secteur de la métallurgie et de la
construction électrique. De plus, l’introduc-
tion d’un salaire minimum, de 8,50euros
depuis le début de l’année 2015, a pu
peser, bien qu’il soit encore trop tôt pour
mesurer l’impact précis de cette mesure.
En raison du ralentissement de l’économie
mondiale, notamment de celle de la Chine
et du Brésil, sans compter les difcultés de
bon nombre de pays européens, c’est la
consommation des ménages, dopée par
la progression des salaires, qui a soutenu
la croissance en Allemagne. Les dépenses
privées et publiques ont en effet contribué à
hauteur de 1,5% à la croissance de 1,7%
que l’Allemagne a enregistrée en 2015.
Les économistes ne s’attendant pas à une
reprise notable du commerce extérieur pour
cette année, ce sera encore à la demande
intérieure de servir de moteur à la croissance
en Allemagne. C’est apparemment aussi
la vision de IG Metall qui envisage de
réclamer une hausse des salaires proche
de 5% en 2016 an, selon son président,
de stimuler les dépenses des ménages pour
le grand bien de l’économie allemande.
Si la progression importante des salaires
enregistrée en 2015 et celle programmée
pour 2016 ne seront pas sufsantes pour
compenser plus d’une dizaine d’années
de modération salariale, ces mesures de
rattrapage sont néanmoins une bonne
nouvelle pour la zone euro, car elles
constituent autant de signes de convergence
dans un domaine où l’écart s’était par trop
creusé dans le passé.
Maintien à l’équilibre du budget fédéral
Les orientations budgétaires pour l’exer-
cice 2017 et les années suivantes jusqu’en
2020, adoptées au mois de mars par le
Conseil des ministres, restent dèles au
crédo du ministre des Finances Wolfgang
Schäuble, pour lequel die schwarze Null,
le décit zéro, est l’objectif principal de
sa politique budgétaire. Depuis quatre ans
déjà, l’Allemagne connaît un budget proche
de l’équilibre. En 2015, le gouvernement
fédéral est même parvenu à dégager un
excédent de plus de 12milliards d’euros,
deux fois plus que les 6,1milliards anticipés
au mois de novembre, grâce notamment à
des rentrées scales en hausse, tirées par la
vitalité de son économie et l’accroissement
du nombre d’actifs subséquent. Pour 2017,
le budget fédéral prévoit 325,5 milliards
d’euros de dépenses, soit 8,6milliards de
plus que cette année. En 2020, ce chiffre
atteindra 347,8 milliards d’euros d’après
les prévisions budgétaires, à savoir un
accroissement de 30,9milliards par rapport
à 2016.
En raison du coût de l’afux de réfugiés
en 2015, le budget pour 2017 prévoit près
de 10 milliards d’euros supplémentaires
qui serviront notamment à nancer la
construction de logements sociaux –
une nouveauté pour l’Allemagne où le
parc de HLM est réduit – et des mesures
d’intégration sur le marché de l’emploi. Le
nombre de familles étant assez élevé parmi
les migrants, des dépenses pour l’éducation
ainsi que pour la politique familiale sont
également prévues. Si l’accroissement des
dépenses pour l’accueil des réfugiés a capté
l’attention des médias, d’autres priorités ont
été mises en exergue par le gouvernement,
notamment dans le domaine des dépenses