Brigitte Lestrade L’année 2015 a été fortement marquée en Allemagne par un afflux considérable de réfugiés. En ce début de l’année 2016, l’actualité reste dominée par le problème des migrants, mais sous des auspices radicalement changés. Aux soucis de logistique – comment les loger, les nourrir, les former, les intégrer – se sont substituées des considérations plus politiques qui tendent à envenimer le climat tant au sein du gouvernement fédéral qu’à celui des instances régionales et locales. Suite aux blocages d’un nombre croissant de pays de transit sur la route des Balkans et aux tractations entre l’Europe et la Turquie, le nombre de réfugiés arrivant en Allemagne a considérablement chuté, au point qu’un nombre important de foyers d’accueil construits en prévision de l’arrivée de centaines de milliers d’arrivants supplémentaires se retrouvent vides d’occupants, au désarroi de certains maires de communes, notamment rurales. Au lieu de permettre un certain apaisement de la situation, cette nouvelle donne sème le trouble au gouvernement et dans la population, car le pacte entre l’Europe et la Turquie sur le retour des migrants dont Mme Merkel est l’architecte apparaît comme un marché de dupes à la plupart des Allemands. Si, sur le plan politique, la situation est confuse, avec un gouvernement qui a du mal à cacher ses clivages internes et un Actualité sociale avril 2016 parti d’extrême droite qui, aux élections régionales, engrange les bénéfices de la discorde, sur le front socio-économique, toutefois, tout se présente bien, pour les Allemands du moins. Car pour sa voisine d’outre-Rhin, c’est autre chose : la France perd sa place de premier partenaire économique de l’Allemagne, détrônée, de peu certes, mais quand même, par les ÉtatsUnis. Les autres thématiques sont également réjouissantes : les seniors bénéficient d’une augmentation record des retraites, tout comme les actifs qui, après des années de modération salariale, engrangent des hausses de salaire confortables, surtout dans un contexte d’inflation proche de zéro. Autre sujet de satisfaction : le maintien du budget fédéral à l’équilibre. Cette préoccupation principale de M. Schäuble, ministre fédéral des Finances, si elle chagrine certains par sa négligence de la nécessité d’investir davantage dans les infrastructures, permet au pays de réduire progressivement son niveau d’endettement afin de rentrer, enfin, dans les clous de Bruxelles. Le pacte entre l’Europe et la Turquie sur le retour des migrants Pour des raisons politiques – le retournement de l’opinion publique en Allemagne, la montée de mouvements extrémistes, le blocage de la route des Balkans, pour ne citer que quelques aspects – le gouvernement allemand a été contraint de trouver Actualité sociale 63 une solution radicale afin de réduire l’afflux de réfugiés, le pays n’étant pas en mesure de faire face à une vague de même ampleur que celle affrontée en 2015. Contrairement à l’époque du début des migrations de masse, où la Chancelière a ouvert les frontières en grand sans solliciter auparavant l’opinion des autres pays européens, le gouvernement a fait appel à l’UE afin de concevoir un plan d’ensemble susceptible de contenir ces mouvements de masse. L’accord du 18 mars entre l’UE et la Turquie, signé par les 28 pays de l’Union, porte la marque du gouvernement allemand. Applicable dès le 20 mars, il prévoit que la Turquie reprenne sur son sol tous les réfugiés arrivés illégalement de Grèce. Pour chaque réfugié syrien illégal repris, l’UE accepte d’accueillir légalement un réfugié syrien sur son sol. Aux termes de l’accord, 72 000 réfugiés de la guerre civile syrienne peuvent dans un premier temps être légalement accueillis en Europe. Afin d’adoucir le contraste saisissant entre la culture de l’accueil qui a prévalu en 2015 et la fermeture brutale des frontières, le pacte Merkel/Davutoglu a prévu de se conformer aux normes internationales : tous les réfugiés gardent le droit de demander l’asile, toute demande sera traitée de façon individuelle. Mais si, après examen de la demande, celle-ci paraît infondée, les demandeurs d’asile seront renvoyés. Les renvois, commencés le 4 avril, exigent une augmentation considérable du nombre des forces de l’ordre, qui devraient passer de 1 500 à 4 000 personnes, dont des officiers de police, des militaires, mais aussi des juges, des interprètes et des logisticiens. Ne pouvant laisser cette charge à la seule Grèce, vingt pays européens ont proposé leurs services, dont l’Allemagne et la France, qui envoient chacune 200 policiers à Frontex et 100 fonctionnaires à l’Agence d’immigration European Asylum Support Office (EASO). Les cinq hot spots grecs, ces centres d’accueil sur le sol grec qui accueillaient les candidats à un asile légal en Europe, sont transformés en centres d’hébergement fermés, pour éviter un contournement de la nouvelle règlementation. La Chancelière estime que cet accord est un pas très important vers une solution durable, qu’il permettra de mettre un terme aux agissements des passeurs et qu’il pourra mieux protéger les frontières extérieures de l’UE. Mais qu’apporte cet accord à la Turquie ? Le Premier ministre, Ahmed Davutoglu, fin négociateur, a obtenu des avantages considérables, tant financiers que politiques. L’UE a porté à 6 milliards d’euros la somme allouée à la Turquie pour financer l’accueil des deux millions et demi de réfugiés ayant fui la guerre civile en Syrie, soit 3 milliards de plus que la somme initialement promise en 2015. De plus, mesure symbolique importante pour la Turquie, la Commission de Bruxelles a promis une levée accélérée du régime des visas pour les Turcs d’ici à la fin du mois de juin. L’exemption de visas devait à l’origine entrer en vigueur au mois d’octobre 2016, mais, sous la pression d’Ankara, la date a été avancée, sous condition que la Turquie remplisse tous les critères exigés par la Commission qui en a identifié 72. Ankara a par ailleurs obtenu une accélération du processus d’adhésion à l’UE avec l’ouverture d’un nouveau chapitre de négociation, le 33e, sur les dispositions budgétaires. Si un certain soulagement est perceptible dans les commentaires en Europe, en dépit des énormes obstacles qui se dressent sur la réalisation de cet accord, le malaise est grand notamment en raison de ses modalités, mais aussi pour ce que représente la Turquie actuellement en termes de démocratie. Nombre de commentateurs considèrent que l’accord est un marché de dupes, la Turquie recevant beaucoup et donnant très peu. Ce déséquilibre ne serait pas aussi mal perçu si le régime politique turc n’avait pas la réputation d’être autocratique et tenant les droits de l’homme pour quantité négligeable. Aux yeux des Allemands, ce pays qui souhaite intégrer l’UE ne semble pas adhérer aux valeurs qui la caractérisent, notamment la liberté d’opinion. Le dernier incident 64 Brigitte Lestrade entre l’Allemagne et la Turquie en est un exemple. Si la satire virulente du président turc diffusé fin mars par l’humoriste Jan Böhmermann a choqué l’opinion publique, l’exigence juridique d’Ankara d’entamer des poursuites pénales contre lui, et surtout le fait que la Chancelière y ait donné suite, contre l’avis des sociaux-démocrates, sont très mal perçus. Mais l’Allemagne a besoin de la Turquie, et celle-ci en profite (voir aussi dans ce même numéro la chronique de JeanJacques Alcandre sur la crise migratoire en Allemagne). La France perd sa place de premier partenaire économique de l’Allemagne Depuis le 2 mars, c’est officiel : la France n’est plus le premier partenaire commercial de l’Allemagne. Destatis, l’Office fédéral des statistiques outre-Rhin l’a confirmé en publiant les chiffres du commerce extérieur allemand pour 2015. Ce sont les États-Unis qui ont pris cette place que la France avait occupée sans interruption pendant une quarantaine d’années. C’est la fin d’une ère pendant laquelle la France était sans conteste le plus important client de l’Allemagne. Le changement est intervenu très rapidement. En 2014 encore, les États-Unis n’étaient que le quatrième partenaire de l’Allemagne, derrière la France, les PaysBas et la Chine. Mais pendant l’année dernière, les exportations vers les ÉtatsUnis se sont considérablement accrues, atteignant 114 milliards d’euros, ce qui correspond à une augmentation de près de 19 % en un an, qui inclut un effet de change euro/dollar important. Les exportations vers la France, par contre, n’ont augmenté que de 2,5 % pour atteindre 103 milliards d’euros. Du coup, avec un total des échanges France-Allemagne de 170,1 milliards d’euros comparé à 173,2 milliards pour les États-Unis-Allemagne, la France n’est plus que troisième importateur derrière la Chine et les Pays Bas et deuxième exportateur derrière les États-Unis, comme le montrent les chiffres de Destatis ci-dessous. Les plus importants partenaires commerciaux de l’Allemagne 2015 Exportations Importations États-Unis 114 Chine 92 France 103 Pays Bas 88 Royaume-Uni 89 France 67 Pays-Bas 80 États-Unis 59 Chine 71 Italie 49 Italie 58 Pologne 44 Autriche 58 Suisse 43 Pologne 52 République tchèque 39 (en milliards d’euros) Les instituts économiques allemands, tels que le DIW (Deutsches Institut für Wirtschaftsforschung) de Berlin estiment que cette inversion, loin d’être un feu de paille, s’inscrit dans la durée. Les raisons en sont multiples, notamment le différentiel de dynamisme économique et l’affaiblissement de l’euro par rapport au dollar. La croissance économique des États-Unis était de 2,4 % l’année dernière comparée à 1,1 % en France. En 2016, l’écart ne se réduira que de peu, avec des prévisions de l’OCDE concernant la progression du PIB de 2,0 % pour les États-Unis et de 1,2 % pour la France. Par ailleurs, l’affaiblissement de l’euro par rapport au billet vert, de 20 % en deux ans, facilite les exportations hors de la zone euro. Si la pertinence de ces chiffres bruts est limitée en raison de la réimportation de produits semi-finis qui les gonflent artificiellement, ce tableau permet de voir l’énorme déséquilibre qui existe dans les échanges entre l’Allemagne et ses partenaires : une balance déficitaire avec la Chine ainsi que, plus légèrement, avec les Pays Bas, et très excédentaire avec la plupart des autres pays, notamment la France. Il montre aussi la réorientation des échanges vers les États-Unis et la Chine, au détriment de ses partenaires européens, notamment la France. Serait-ce un signe de Actualité sociale 65 plus du relâchement des liens politiques et économiques entre les deux pays ? Augmentation record des retraites… À partir du 1er juillet 2016, les 20,6 millions de retraités allemands – un quart de la population totale – profiteront d’une bonne nouvelle : ils verront leur pension augmenter considérablement, de 4,25 % à l’Ouest et de 5,95 % à l’Est. Sur la base d’une retraite brute de 900 € par mois, ce qui correspond à ce que touche la majorité des retraités, elle rapporte environ 38 € de plus dans les anciens Länder et 54 € dans les nouveaux. Cette augmentation, la plus importante depuis plus de vingt ans, est d’autant plus précieuse qu’elle ne sera pas amoindrie par l’inflation qui, cette année, ne dépassera guère les 0,1 %. La différence entre les hausses à l’Ouest et à l’Est aura pour effet de réduire l’écart entre le niveau des retraites qui n’est pas encore complètement absorbé. Dorénavant, les pensions des retraités habitant les Länder orientaux atteindront 94,1 % de celles des retraités à l’Ouest contre 92,6 % actuellement. Cette hausse importante n’est pas une surprise pour les initiés, car elle résulte mécaniquement de l’augmentation du niveau des salaires en Allemagne. Le salaire brut qui sert de référence au calcul des retraites a en effet augmenté de 3,78 % dans les anciens Länder et de 5,48 % dans les nouveaux. La différence entre les augmentations des salaires et celles des retraites résultent d’effets statistiques qui rentrent dans les calculs. L’autre bonne nouvelle pour les retraités est que cette hausse ne s’accompagne pas d’une augmentation du niveau des cotisations qui restera fixé à 18,7 % pour les années à venir. Ce niveau de progression des retraites risque toutefois de rester l’exception. Si elles continuent à augmenter dans les années à venir, elles le feront de façon plus modérée et partiellement déconnectée de la hausse des salaires. Car un facteur démographique, dit de durabilité, introduit dans le calcul des retraites permet de moduler leur évolution en fonction du rapport entre le nombre de cotisants et celui des retraités dont on ne peut pas prévoir l’évolution avec précision. Il n’y a toutefois pas lieu de s’alarmer, d’après les informations du dernier rapport du gouvernement sur l’assurance retraite. Si le taux de remplacement, c’est-à-dire le rapport entre le niveau de la retraite et celui du salaire antérieur, est censé reculer de 48 % en 2014 à 45 % en 2029, la limite au-dessous de laquelle il ne doit pas tomber est fixée à 43 % en 2030. Cette revalorisation des retraites est une bonne nouvelle pour tous ceux parmi les actifs actuels qui, comme en France, se disent que leur retraite ne sera en rien comparable à celle des anciens actuels. La parole de l’ancien ministre du Travail Norbert Blüm « Die Rente ist sicher », forgée en 1986 et réitérée lors de la réforme des retraites en 1997, peine à convaincre les salariés actuels. Or l’augmentation décidée par le gouvernement devrait mettre du baume au cœur de bon nombre de retraités actuels et futurs, car ce bond se compare très favorablement au niveau de rémunération qu’ils peuvent espérer tirer de leurs investissements bancaires ou autres. L’importance du timing de cette annonce est également à souligner, en raison de son effet symbolique : à l’heure où une fraction croissante de la population considère que le gouvernement en fait plus pour les réfugiés que pour les Allemands pauvres, dont justement de nombreux retraités, ce geste leur rappelle que le Sozialneid, cette jalousie envers des groupes sociaux supposés mieux traités que d’autres, n’est pas de mise. Si la satisfaction au gouvernement et parmi les récipiendaires de ces largesses est réelle, cette augmentation ne peut constituer qu’une pause dans le recul déjà programmé des retraites d’État sur la durée. La nécessité pour les générations en activité aujourd’hui de se constituer une retraite complémentaire, d’entreprise ou sur le modèle de la Riester Rente, reste d’actualité. … et des salaires Les retraites, dont la progression est liée à celle des salaires, ont fait un bond inédit depuis vingt ans. Cela suppose que le 66 Brigitte Lestrade niveau des salaires a également augmenté de façon considérable, un fait qui a été révélé au mois de février par l’Agence fédérale de statistique Destatis. Sans être aussi considérable que celle des retraites, la progression des rémunérations, de 2,8 %, est la plus importante enregistrée depuis 2008 pour l’ensemble des salariés allemands. Compte tenu de la faiblesse de l’inflation, de 0,3 % seulement l’année dernière, la hausse du salaire réel est de 2,5 %. C’est d’autant plus remarquable qu’en 2014 le salaire réel n’avait progressé que de 1,7 %, après avoir même reculé de 0,1 % en 2013. Plusieurs facteurs sont cités pour expliquer cette performance : après des années de modération salariale, une retenue portée aussi par les syndicats qui craignaient une perte de compétitivité de l’économie allemande, les entreprises peuvent se permettre des mesures de rattrapage. Ainsi, le puissant syndicat IG Metall a obtenu l’année dernière une augmentation de 3,4 % pour les plus de 3,5 % de salariés du secteur de la métallurgie et de la construction électrique. De plus, l’introduction d’un salaire minimum, de 8,50 euros depuis le début de l’année 2015, a pu peser, bien qu’il soit encore trop tôt pour mesurer l’impact précis de cette mesure. En raison du ralentissement de l’économie mondiale, notamment de celle de la Chine et du Brésil, sans compter les difficultés de bon nombre de pays européens, c’est la consommation des ménages, dopée par la progression des salaires, qui a soutenu la croissance en Allemagne. Les dépenses privées et publiques ont en effet contribué à hauteur de 1,5 % à la croissance de 1,7 % que l’Allemagne a enregistrée en 2015. Les économistes ne s’attendant pas à une reprise notable du commerce extérieur pour cette année, ce sera encore à la demande intérieure de servir de moteur à la croissance en Allemagne. C’est apparemment aussi la vision de IG Metall qui envisage de réclamer une hausse des salaires proche de 5 % en 2016 afin, selon son président, de stimuler les dépenses des ménages pour le grand bien de l’économie allemande. Si la progression importante des salaires enregistrée en 2015 et celle programmée pour 2016 ne seront pas suffisantes pour compenser plus d’une dizaine d’années de modération salariale, ces mesures de rattrapage sont néanmoins une bonne nouvelle pour la zone euro, car elles constituent autant de signes de convergence dans un domaine où l’écart s’était par trop creusé dans le passé. Maintien à l’équilibre du budget fédéral Les orientations budgétaires pour l’exercice 2017 et les années suivantes jusqu’en 2020, adoptées au mois de mars par le Conseil des ministres, restent fidèles au crédo du ministre des Finances Wolfgang Schäuble, pour lequel die schwarze Null, le déficit zéro, est l’objectif principal de sa politique budgétaire. Depuis quatre ans déjà, l’Allemagne connaît un budget proche de l’équilibre. En 2015, le gouvernement fédéral est même parvenu à dégager un excédent de plus de 12 milliards d’euros, deux fois plus que les 6,1 milliards anticipés au mois de novembre, grâce notamment à des rentrées fiscales en hausse, tirées par la vitalité de son économie et l’accroissement du nombre d’actifs subséquent. Pour 2017, le budget fédéral prévoit 325,5 milliards d’euros de dépenses, soit 8,6 milliards de plus que cette année. En 2020, ce chiffre atteindra 347,8 milliards d’euros d’après les prévisions budgétaires, à savoir un accroissement de 30,9 milliards par rapport à 2016. En raison du coût de l’afflux de réfugiés en 2015, le budget pour 2017 prévoit près de 10 milliards d’euros supplémentaires qui serviront notamment à financer la construction de logements sociaux – une nouveauté pour l’Allemagne où le parc de HLM est réduit – et des mesures d’intégration sur le marché de l’emploi. Le nombre de familles étant assez élevé parmi les migrants, des dépenses pour l’éducation ainsi que pour la politique familiale sont également prévues. Si l’accroissement des dépenses pour l’accueil des réfugiés a capté l’attention des médias, d’autres priorités ont été mises en exergue par le gouvernement, notamment dans le domaine des dépenses Actualité sociale 67 d’investissements dont la faiblesse a souvent été critiquée par le passé. Ainsi, 33,7 milliards sont crédités au budget 2017, soit 2,2 milliards de plus qu’en 2016, essentiellement destinés aux infrastructures de transport et aux activités du numérique. Cette progression est toutefois considérée comme insuffisante par bon nombre de spécialistes qui ont noté que la progression des dépenses d’investissement est appelée à se réduire au-delà de 2018. Il est vrai que les orientations budgétaires reflètent les priorités accordées par le gouvernement aux mesures sociales mises en place pendant l’actuelle législature. Ainsi seront augmentées les dépenses pour l’allocation logement, la réforme du congé parental qui implique un accroissement de l’allocation versée aux parents, ainsi que pour la réforme des retraites en faveur des carrières longues et des mères de famille. Le total des dépenses sociales est ainsi prévu de passer de 161 milliards d’euros en 2016 à 171 milliards en 2017, ce qui correspond à une augmentation aussi importante que les dépenses prévues pour l’accueil des réfugiés. De quoi rassurer ceux qui s’inquiètent de la priorité que le gouvernement semble accorder aux migrants. La bonne santé des finances publiques permet également à Berlin de faire revenir la dette publique sous la barre des 60 % du PIB en 2020. Le taux d’endettement de l’État fédéral, des Länder, des communes et des assurances sociales se réduit progressivement : de 71,2 % en 2015, il est prévu de passer à 68,2 cette année et à 65,7 % en 2017. Le contraste avec la France, qui accuse un déficit de 81 milliards d’euros et une dette de 97 % du PIB pour 2015 est saisissant. Il est vrai que, contrairement à Berlin, Paris n’a pas inscrit de frein à l’endettement dans la Constitution. [email protected]