200 ans d`agriculture en Valais

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TERRE
VALAISANNE
PAG E
D E
L’AG R I C U LT U R E
200
ans
d’agriculture
a famine ravage le pays.
C’est au début du XIXe
siècle. Le Valais vient
d’être rattaché à la Suisse.
L’agriculture valaisanne n’est
pas en mesure de satisfaire les
besoins essentiels; elle est affaiblie par un archaïsme récurrent
et une plaine du Rhône régulièrement inondée.
Les paysans sont livrés à euxmêmes, dans une société où règne l’apathie, faute de réelle volonté politique, faute de moyens
et, surtout, faute d’instruction.
Le Valais ne vit pas, il survit.
Conséquence, cette époque
marque le début des émigrations
vers le continent américain,
nord et sud, jusqu’à la fin du
XIXe siècle.
A l’origine des civilisations
«…les historiens ont toujours minimisé le travail têtu des paysans
qui avaient modelé le paysage et nourri ceux qui pouvaient se
consacrer à d’autres tâches plus visibles et plus prestigieuses.
C’étaient eux, les hommes attachés à la terre, qui avaient sustenté
les rois et les empereurs, qui avaient permis à Charlemagne ou à
Napoléon de manger à leur faim…»
Extrait du roman «Le milieu de l’horizon» de Roland Buti, qui célèbre le paysan à l’origine des
civilisations et de la Suisse (Agri, 31 juillet 2015)
En 1955, le 61% des exploitations
(13145) était géré à titre principal.
Cette proportion a chuté jusqu’en
1969 (17%) puis a augmenté
jusqu’à près de 45% en 2014.
PHOTO VALAIS-WALLIS PROMOTION
NFOGRAPHIE NF
La mémoire
collective
a zappé la
famine, ce n’est
pas une raison
pour tuer le
paysan.
VA L A I S A N N E
L
Isolement rompu,
le paysan relève
la tête
Deux événements majeurs
vont modifier en profondeur la
vie socio-économique du canton
dont 76% des travailleurs sont
occupés dans le secteur primaire: l’arrivée du chemin de fer
entre 1850 et 1878 et la première correction du Rhône dès
1864.
Le chemin de fer permet de
rompre l’isolement et d’amorcer
une politique d’échanges. Quant
à la correction du Rhône, tout en
assurant la viabilité du chemin
de fer, elle donne plus de 6000
hectares à l’agriculture.
L’économie rurale se développe et le monde paysan s’organise. Dès 1868, des sociétés
d’agriculture se mettent progressivement en place dans tout
le canton. Le verger et la vigne
prennent le pas sur les céréales.
En 1891 est créée la première
école d’agriculture, à Ecône.
Progrès techniques, structures
professionnelles, formation et
essor commercial permettent
de lutter contre la sinistrose
ambiante amplifiée par des
guerres, des épidémies, des catastrophes naturelles, puis plus
tard le phylloxéra et, surtout,
l’extrême morcellement des terres.
Maurice Troillet
ou la révolution
agricole
Il faut cependant attendre l’arrivée de Maurice Troillet au gouvernement (1913 – 1953) pour
Les conditions de travail et
d’existence ont drastiquement
changé pour les familles paysannes
(XIXe et XXIe siècles). Par contre,
ce qui n’a pas changé, c’est que la
population dans son ensemble a
besoin des agriculteurs tous les
jours, trois fois par jour.
CHARLES KREBSER, MÉDIATHÈQUE VALAIS
- MARTIGNY
ÉCLAIRAGE
PIERRE-YVES FELLEY
DIRECTEUR DE LA CHAMBRE
VALAISANNE
D’AGRICULTURE
L’indispensable
paysan
que la révolution agricole se
mette en marche.
Ses objectifs sont d’une limpidité évidente: «intensifier les travaux d’améliorations foncières,
réaliser le remaniement parcellaire, promouvoir l’enseignement
professionnel et structurer le
monde agricole».
Il donne les impulsions indispensables pour moderniser l’agriculture, augmenter les surfaces
cultivables, diversifier et rentabiliser la production, améliorer la
qualité des produits et organiser
leur écoulement.
Le Valais va enfin émerger de sa
pauvreté ancestrale. Le fait qu’une
bonne partie des habitants sont à
la fois paysan et ouvrier est également bénéfique à l’économie.
Revers
de la médaille,
trois décennies
d’affrontement
Dans ce Valais nouveau à forte
progression industrielle, les familles d’agriculteurs vivent
mieux. La terre produit plus mais
la concurrence étrangère compromet l’écoulement des produits
indigènes.
Les premiers signes de crise interviennent en 1946 déjà, les tomates et les poires s’écoulent difficilement. Le marasme atteint son
paroxysme en 1950 et les paysans
déterrent la hache de guerre. La
résistance musclée durera trois
décennies. Les principaux coups
d’éclat: la marche sur Berne en
1950, les émeutes de Saxon en
1953, les vignes maudites en
1961, les tomates au Rhône à Fully
en 1967, la «Guerre du fluor» de
1963 à 1983 et le dynamitage des
pylônes du coteau en 1980, l’af-
La question qui tue
Invité dans le cadre de l’Exposition universelle de Milan à
s’exprimer sur «Comment garantir à l’humanité entière une
alimentation saine, suffisante et durable?», l’entomologiste et
biologiste valaisan, Hans Rudolf Herren («Suisse de l’année»
en 2014), a osé la question qui tue: «Pourquoi les
agriculteurs ne gagneraient-ils pas plus qu’un avocat
ou un ingénieur car leur travail est assurément plus
important puisque la nourriture est vitale pour tout
un chacun?»
«Il faut valoriser le travail des paysans afin qu’ils puissent
sortir de la pauvreté. Et cela n’est pas uniquement valable
dans les pays du Sud», argumente le créateur de la
Fondation Biovision. «En Suisse également, de nombreux
paysans ont du mal à s’en sortir et abandonnent leur
exploitation. Les prix des produits alimentaires ne
correspondent pas à leur valeur réelle.»
faire des pêches du Grand-SaintBernard en 1976.
Mutation sociale
Durant cette période mouvementée, les autorités réagissent.
A partir de 1951, le système des
trois phases permet de réglementer les importations en fonction
de la production indigène. En
1952 est institué l’Office de propagande pour l’agriculture valaisanne (OPAV), puis en 1974 naît
la Chambre valaisanne d’agriculture.
La mutation sociale s’accélère. A
une société profondément rurale
se substitue une société socioprofessionnelle plus diversifiée,
encore accentuée par une nouvelle révolution, le boom immobilier touristique dès le milieu des
années 60.
Nouvelle ère
agricole, nouveau
souffle
En 1994, le nouvel accord général sur les tarifs douaniers et le
commerce (GATT) va profondément modifier la politique agricole fédérale.
La Confédération abandonne
progressivement le soutien aux
prix des produits pour passer à
une politique basée sur les paiements directs. Ceux-ci sont versés
pour des prestations écologiques,
Rendement
et revenus
Le rendement brut de
l’agriculture valaisanne
s’est élevé à 320 millions
de francs en 2013, soit
moins de 2% de PIB
cantonal (17 milliards
de francs).
Quant aux revenus de
l’agriculture, ils sont bien
plus faibles que les
salaires payés dans les
autres branches
économiques.
En plaine, ils dépassent à
peine 50 000 francs pour
un salaire de référence
de 72 000 francs. En
montagne, la situation est
encore plus douloureuse
puisque le salaire atteint
à peine 30 000 francs,
soit 30 000 de moins que
le salaire de référence,
paiements directs compris.
impliquant des activités plus respectueuses de l’environnement.
Loin d’être un privilège accordé
aux agriculteurs, les paiements directs constituent une part indispensable de leur salaire. Sans eux,
les produits de l’agriculture seraient plus onéreux car il faut bien
reconnaître que le labeur agricole
n’est pas rémunéré à sa juste vaRoland Puippe/CVA
leur.
Source: «Valais économique d’hier, d’aujourd’hui et de
demain – 200 ans d’histoire économique», Editions Valais
Valeur Ajoutée, publié dans le cadre du 200e anniversaire de l’entrée du Valais dans la Confédération.
En deux siècles, le nombre
d’agriculteurs et le nombre
d’exploitations ont fortement
diminué suite à des restructurations intelligentes, tout en
maintenant une capacité de
production couvrant la moitié
des besoins alimentaires de la
population du pays. L’agriculture s’est énormément diversifiée et a réussi des mues positives.
Aujourd’hui, le monde paysan reste une des professions
les moins rémunérées de ce
pays alors que c’est celle qui
apporte à chacun d’entre nous
les aliments nécessaires à l’accomplissement de nos tâches.
Comprenne qui pourra! Mais
attention, la politique agricole
actuelle qui a tendance à trop
privilégier l’entretien paysager au détriment de la production pourrait entraîner une
désagrégation
hautement
dommageable de la société rurale. Le monde politique doit
être beaucoup plus attentif à
ce danger qui guette l’agriculture suisse en général et valaisanne en particulier.
La mémoire collective a zappé la famine, ce n’est pas une
raison pour tuer le paysan.
POUR PLUS D’INFOS:
Chambre valaisanne d’agriculture
Tél. 027 345 40 10 | www.agrivalais.ch
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