donne à nous à l'occasion du repas pascal (cf. Lc 22, 14-20; 1 Co 11, 23-26), c'est la vie divine tout
entière qui nous rejoint et qui participe à nous sous la forme du Sacrement. Dieu est communion
parfaite d'amour entre le Père, le Fils et l'Esprit Saint. Déjà dans la création l'homme est appelé à
partager d'une certaine manière le souffle vital de Dieu (cf. Gn 2, 7). Mais c'est dans le Christ mort
et ressuscité et dans l'effusion de l'Esprit Saint, donné sans compter (cf. Jn 3, 34), que nous sommes
rendus participants de l'intimité divine.16 Par conséquent, Jésus Christ, qui, « poussé par l'Esprit
éternel, (...) s'est offert lui- même à Dieu comme une victime sans tache » (He 9, 14), nous
communique dans le don eucharistique la vie divine elle-même. Il s'agit d'un don absolument
gratuit, qui répond seulement aux promesses de Dieu, accomplies au-delà de toute mesure. L'Église
accueille, célèbre, adore ce don dans une fidèle obéissance. Le « mystère de la foi » est mystère
d'amour trinitaire, auquel nous sommes appelés à participer par grâce. Nous devons par conséquent
nous aussi nous exclamer avec saint Augustin: « Si tu vois l'amour, tu vois la Trinité ».17
Eucharistie: Jésus véritable Agneau immolé
La nouvelle et éternelle alliance dans le sang de l'Agneau
9. La mission pour laquelle Jésus est venu parmi nous s'accomplit dans le Mystère pascal. Du haut
de la croix, d'où il attire à lui tous les hommes (cf. Jn 12, 32), il dit, avant de « remettre son Esprit
»: « Tout est accompli » (Jn 19, 30). Dans le mystère de son obéissance jusqu'à la mort, et à la mort
de la croix (cf. Ph 2, 8), s'est accomplie la nouvelle et éternelle alliance. La liberté de Dieu et la
liberté de l'homme se sont définitivement rencontrées dans sa chair crucifiée en un pacte
indissoluble, valable pour toujours. Même le péché de l'homme a été expié une fois pour toutes par
le Fils de Dieu (cf. He 7, 27; 1 Jn 2, 2; 4, 10). Comme j'ai déjà eu l'occasion de l'affirmer, « dans sa
mort sur la croix s'accomplit le retournement de Dieu contre lui-même, dans lequel il se donne pour
relever l'homme et le sauver – tel est l'amour dans sa forme la plus radicale ».18 Dans le Mystère
pascal s'est véritablement réalisée notre libération du mal et de la mort. Au cours de l'institution de
l'Eucharistie, Jésus lui-même avait parlé de la « nouvelle et éternelle alliance » scellée dans son
sang versé (cf. Mt 26, 28; Mc 14, 24; Lc 22, 20). Cette fin ultime de sa mission était déjà bien
évidente au début de sa vie publique. En effet, lorsque, sur les rives du Jourdain, Jean le Baptiste
voit Jésus venir à lui, il s'exclame: « Voici l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde » (Jn 1,
29). Il est significatif que la même expression revienne, chaque fois que nous célébrons la Messe,
dans l'invitation faite par le prêtre à s'approcher de l'autel: « Heureux les invités au repas du
Seigneur! Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». Jésus est le véritable agneau
pascal qui s'est spontanément offert lui-même en sacrifice pour nous, réalisant ainsi la nouvelle et
éternelle alliance. L'Eucharistie contient en elle cette nouveauté radicale, qui se propose de nouveau
à nous dans chaque célébration.19
L'institution de l'Eucharistie
10. De cette manière, nous sommes invités à réfléchir sur l'institution de l'Eucharistie au cours de la
dernière Cène. Cela se produit dans le contexte d'un repas rituel qui constituait le mémorial de
l'événement fondateur du peuple d'Israël: la libération de l'esclavage en Égypte. Ce repas rituel, lié à
l'immolation des agneaux (cf. Ex 12, 1-28.43-51), était la mémoire du passé, mais en même temps
cette mémoire était aussi prophétique, c'est-à-dire annonce d'une libération future. En effet, le
peuple avait fait l'expérience du fait que cette libération n'avait pas été définitive, parce que son
histoire était encore trop marquée par l'esclavage et par le péché. Le mémorial de l'antique
libération s'ouvrait ainsi à la question et à l'attente d'une sagesse plus profonde, plus radicale, plus
universelle et plus définitive. C'est dans ce contexte que Jésus introduit la nouveauté de son
offrande. Dans la prière de louange, la Berakah, il ne remercie pas le Père uniquement pour les
événements de l'histoire passée, mais aussi pour son « exaltation ». En instituant le sacrement de