différents, la transition se fait brusquement. Il dit que les précipitations se situent à la frontière air chaud
air froid.
Dans les années 1890, MARGULES étudie précisément les zones de discontinuité. Il tire ses
conclusions d’un réseau d’observations dense et de ballons de mesures. Il remarque qu’au cours d’un
réchauffement, l’air se réchauffe d’abord en altitude puis au sol, et que pendant un refroidissement,
l’air se refroidit d’abord brutalement au sol puis en altitude. Selon lui, la poussée d’air froid est
comparable à un mur incliné de plusieurs centaines de mètres de hauteur qui se déplace.
Le document de LEMPFERT et SHAW en 1906 note aussi le changement brusque de direction et de
force du vent, ainsi que des variations rapides de la température et de la pression. Ils soutiennent ainsi
l’idée d’une frontière bien marquée entre les masses d’air. LEMPFERT et CORLESS en 1910
décrivent le contact des deux masses d’air!: «!Un courant d’air chaud et humide du sud est envahi par
un courant froid et plus dense qui le soulève!».
En 1911 FICKER publie des études sur l’avancée d’air froid et d’air chaud en Europe dans lesquelles
il note le soulèvement de l’air chaud par l’air froid à l’arrière des dépressions le long de la frontière de
rencontre. Il constate que c’est ce soulèvement de l’air chaud qui provoque la condensation et la
formation de nuages. Ces hypothèses sont confirmées par HAWLICK en 1911. Celui-ci indique
qu’une dépression doit se former par la rencontre d’un courant chaud et humide du sud, et d’un
courant froid du nord. Il démontre aussi que la surface de séparation est inclinée, et que l’air froid
pousse sur l’air chaud à la manière d’un coin.
Le concept de l’air froid soulevant l’air chaud est donc bien établi avant la conception du modèle
frontal norvégien, et cette idée y sera complètement reprise.
Modèle frontal norvégien!:
Le groupe de Bergen souhaitant pouvoir consulter un grand nombre de données, il constitue un réseau
d’observation dix fois plus dense que la moyenne de l’époque. Les chercheurs peuvent également
recueillir des données en altitude à l’aide de ballon ou les déduire de méthodes reposant sur
l’observation des nuages, des températures et des pressions de surface. Ils regroupent toutes les
données obtenues (directes et indirectes) sur des mêmes cartes, ce qui permet une interprétation plus
facile des mécanismes en jeu. Malgré la quantité de données recueillies, ils constatent que c’est
insuffisant pour utiliser les équations diagnostiques, l’un des premiers buts de V.BJERKNESS.
Mais l’observation des cartes permet de mettre au point une méthode pour prévoir la pluie. Ils
remarquent une zone de convergence des vents qui semble être une caractéristique essentielle de la
dépression, ils observent aussi la structure thermique asymétrique, constituée d’une langue d’air chaud
bornée par de l’air plus froid. La zone de précipitation semble liée à la position de la convergence, alors
qu’avant on la croyait au centre de la dépression.
Jacob BJERKNESS (fils de Vielhelm) résume ces découvertes en énonçant le fameux modèle frontal
d’une dépression des latitudes moyennes à 21 ans (1919). La caractéristique principale de ce modèle
est la présence de deux lignes convergentes qui séparent les différentes zones de température et qui
prendront ensuite les noms de front froid et de front chaud. Les deux lignes se rejoignent au centre de
la dépression qui se trouve à la pointe nord de la langue d’air chaud. L’air froid et l’air chaud qui entre
dans la dépression sont séparés par des surfaces touchant le sol terrestre le long des lignes dirigeantes
et de grains. Dans la dernière partie de son article, il déclare qu’une perturbation qui se déplace est
constituée par une opposition de deux courants. Le courant froid s’enroule sous le courant chaud
tandis que le courant chaud s’enroule au-dessus du courant froid.