Le musée fait preuve d’un tel professionnalisme pour l’époque, et remporte un tel succès, qu’en 1900
ses administrateurs, M. Lemaire en tête, obtiennent du ministre de l’Instruction publique l’attribution
des collections d’ethnographie asiatique qui, retirées du Musée du Trocadéro faute d’un espace
approprié pour les recevoir, sont entreposées dans les caves du tout récent Musée Guimet. Ces
collections, réparties dans 80 caisses et reçues à Bordeaux en janvier 1901, seront suivies de trois
autres transferts :
- en 1904 (objets précolombiens, asiatiques, océaniens et africains),
- en 1906 (objets africains),
- en 1908 (objets d’Amérique du sud).
Dans le même temps, dons et achats continuent à affluer, tandis que des collectes systématiques visant
à combler les manques sont demandées aux étudiants et aux correspondants, complétées des
informations scientifiques disponibles sur place.
Nous savons par une notice dactylographiée (Vivez, 1977) qu’en 1903 trois galeries sont ouvertes au
1er étage, ainsi que des salles du rez-de-chaussée et des salles en préparation au second. Dès 1904, des
salles du troisième étage regroupent les collections d’histoire naturelle (géologie, minéralogie,
ichtyologie, conchiliologie ; la grande galerie du deuxième étage présente les collections d’Afrique,
d’Amérique et d’Océanie, prolongée par différentes salles thématiques (un enterrement coréen est
reconstitué à l’aide de mannequins par exemple) ; au premier étage, trois galeries présentent la
collection asiatique. Un diorama représentant « un groupe d’auriculteurs annamites » est monté à cette
époque, suivi, en 1907, d’un diorama figurant une fumerie d’opium (cf. Baudrimont cité dans Vivez,
1977 et Mériot, 1995).
Lorsque M. Lemaire quitte son poste, en 1914, le musée a acquis une grande réputation. Il est ouvert
sur rendez-vous aux étudiants et aux professeurs ainsi qu’au public intéressé. Pourtant, le musée ne
survit pas à ce départ et aux troubles de la guerre.
En 1914, plusieurs salles sont démontées pour faire place au ministère des Finances qui s’installe à
Bordeaux. Ces collections ne retrouveront jamais leur allocation initiale. De même, en 1940, des salles
supplémentaires sont libérées au profit du ministère de l’Intérieur. Seules, deux galeries du deuxième
étage et une du quatrième restent en place jusqu’en 1996, date de la réfection générale de cette aile du
bâtiment. Les autres objets ont été mis en caisses et entreposés sans soin dans les caves ou les combles
avoisinants. Certains, encore, sont dispersés dans les laboratoires.
Renaissance du musée d’ethnographie
En 1953, une chaire d’ethnologie est créée à Bordeaux. En 1968/70 son détenteur, le professeur
Métais, tient à ce que les collections d’ethnographie mises en caisses suivent le département dans son
déménagement, cours Pasteur (dans les locaux de l’actuel Musée d’Aquitaine). A cette occasion, les
collections sont rassemblées et sélectionnées : l’ethnographie est regroupée et transportée. Les objets
trop détériorés et les autres collections (dont l’histoire naturelle) sont détruits ou rendus au Domaine.
Restent dans les locaux de la faculté de médecine quarante-quatre vitrines dans des couloirs de
circulation, la plupart des archives et des livres (entreposés dans les combles et les caves) ainsi que les
objets dispersés dans les laboratoires.
En 1976, un conseil d’administration est mis en place pour le musée d’ethnographie exotique rebaptisé
« Musée d’ethnographie de l’université ». Au Pr. Moretti, médecin qui en est nommé directeur,
succède en 1978 Ch. Mériot, directeur du Département d’anthropologie sociale et culturelle. À partir
de cette époque, le musée (qui n’a pourtant plus rien du faste et des moyens qui firent autrefois sa
renommée) mène, avec le soutien des présidents successifs de l’Université Bordeaux-II, une politique
active dans le domaine de la pédagogie et de la diffusion des connaissances : 21 expositions
temporaires sont organisées entre 1979 et 2001 (généralement dans des salles du département), la
plupart pour une durée de quelques semaines et avec des moyens très réduits. Elles sont accompagnées
d’un catalogue présentant la thématique retenue et les objets exposés. A partir de 1990, un programme
d’étude et de valorisation est financé par le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.