Pour les précipitations, les incertitudes sont
grandes et les projections varient selon les
modèles utilisés et les zones géographiques. Une
tendance à la diminution des pluies estivales se
dégage cependant dans notre région comme dans
tout le bassin méditerranéen. On estime en effet
que la longueur des épisodes secs supérieurs à un
mois aurait une probabilité supérieure à 95%
pour le scénario pessimiste. Cela
s’accompagnerait d’une diminution drastique
des réserves en eau des sols, due à
l’augmentation de l’évaporation liée à
l’élévation des températures. En montagne, la
couverture neigeuse a déjà diminué et ce
phénomène devrait s’amplifier dans le futur.
Les événements extrêmes comme les épisodes
pluvieux intenses et les inondations qui en
découlent souvent touchent régulièrement le sud
de la France. Il est encore difficile de dire s’il y
a recrudescence de ces événements, car il faut
de longues séries climatiques pour se prononcer
avec une certaine confiance statistique et
l’étude des séries passées sur la seconde moitié
du 20ème siècle ne montre pas d’évolution, ni en
fréquence, ni en intensité des pluies extrêmes. Si
les projections du GIEC pour le 21ème siècle à
l’échelle planétaire vont dans le sens d’une
augmentation globale de la fréquence et de
l’intensité des fortes pluies, cela reste à
confirmer à l’échelle régionale. Mais même à
pluie constante, on peut craindre une
aggravation des impacts due à l’urbanisation
galopante et au coût des dégâts induits par
l’augmentation de la population dans les zones
vulnérables.
La mer Méditerranée connaîtrait un
réchauffement de sa température de surface
de 1,7 à 3°C à la fin du 21ème siècle. Elle est
déjà touchée par un phénomène d’acidification
croissante. Ce dernier est lié à l’augmentation
de la concentration de CO2 dans l’atmosphère et
sa dissolution dans l’eau de mer. On prévoit une
augmentation de l’acidité de la mer de +150% à
l’horizon 2100, ce qui aurait une forte incidence
sur la biodiversité marine. L’élévation du niveau
des océans, évaluée par le GIEC entre 26 et 82
centimètres d’ici la fin du siècle, pourrait être
encore plus forte en Méditerranée et notre
région se situerait dans la fourchette haute.
Cette augmentation atteint déjà 20 cm en
Camargue et devrait se poursuivre avec un
rythme de 2 à 4 mm par an.
Une région particulièrement vulnérable
Si le changement climatique ne se limite pas au
fameux seuil de 2°C fixé par les scientifiques, les
conséquences seront nombreuses sur les
écosystèmes terrestres et marins comme sur nos
sociétés, nos activités économiques et notre
santé.
La pression sur la ressource en eau devrait
s’aggraver. Le refroidissement des centrales
électriques, par exemple, pourrait en pâtir.
L’agriculture serait également impactée. Les
vendanges qui se font en moyenne trois semaines
plus tôt qu’au milieu du siècle dernier illustrent
le changement en cours. Par exemple, à
Châteauneuf-du-Pape, la date des vendanges est
en moyenne avancée de 20 jours. Cela se traduit
pas un degré d’alcool du vin supérieur à 14°C et
une diminution de l’acidité. En premier lieu, on
peut envisager l’adaptation des techniques
culturales, ainsi qu’un déplacement des
parcelles viticoles qui devra être évalué avec
précision pour maintenir, si possible, les
caractéristiques des terroirs, tout en gardant en
réserve, si besoin, l’introduction de nouveaux
cépages.
Les forêts méditerranéennes, subissant à la
fois la sécheresse et une recrudescence
d’incendies, pourraient connaître des impacts
irréversibles. En effet, la canicule de l’été 2003,
qui correspondrait à un été banal, voire plutôt
frais à la fin du siècle, avait provoqué
d’importants incendies qui avaient ravagé de
vastes surfaces. On constate d’ores et déjà un
dépérissement des espèces en montagne comme
l’épicéa et le sapin, mais également des espèces
en basse altitude comme le pin d’Alep, même s’il
est un peu plus résistant.
Dans les grandes métropoles de la région, les
fortes chaleurs estivales poseront des
problèmes de confort, mais également de
santé publique. Les risques sanitaires et
allergiques pourraient s’aggraver avec, par
exemple, l’allongement de la saison pollinique
ou des conditions favorables de développement
de virus exotiques (paludisme, dengue,