Colloque CES des 20 et 21 février 2007
L’emploi dans une économie sobre en carbone.
Mon intervention portera sur 4 points :
1) Le réchauffement climatique ;
2) La compétitivité économique ;
3) L’innovation technologique ;
4) L’innovation sociale
5) Conclusion.
1) Le rapport des scientifiques du GIEC (GIEC 1) est clair, nous sommes dans un siècle qui
connaîtra un réchauffement climatique (très vraisemblable, 90 % de probabilité) lié aux
activités des hommes.
Cette base scientifique bouleverse le triangle de la commission, Lisbonne, Moscou et Kyoto.
Le réchauffement climatique surdétermine les stratégies d’action.
Les données fiables du GIEC nous laisse, néanmoins des marges de manœuvre pour
limiter cette hausse à la température au bas de la fourchette envisagée (de l’ordre de 2
degré sur notre siècle). Si nous laissons nos pratiques en état nous irons vers les 6
degrés. Un tel scénario est celui de la catastrophe. Même le plus ferme défenseur de
DARWIN ne peut garantir à l’homme une évolution supportable avec une telle élévation de
température.
Il faut donc agir. Agir pour réduire les émissions de GES, de tous les GES.
Il est étrange de voir le silence qui règne sur le méthane et le protoxyde d’azote.
L’agriculture a un côté « vache sacrée » qui ne pourra tenir face aux efforts que l’on
demande à certains secteurs.
Mais aujourd’hui notre débat porte sur le CO2.
2) IL est parfois étrange de voir des entreprises reconnaître les dangers du réchauffement
climatique et de se plaindre des mécanismes mis en place surtout lorsqu’ils ont été
demandés par les organisations patronales. Car le marché du carbone, que certains ONG
appellent marché des permis à polluer, est bien le résultat des exigences des employeurs
et de choix liés à une économie de marché.
Nous acceptons cette logique, mais elle doit montrer son efficacité. Dans la période
2005-2007, ce marché n’a pas fonctionné. Il a même produit des rentiers.
La réaction des entreprises se fait sur la deuxième vague 2008-2012. Le PNAQ II est
plus restrictif, c’est nécessaire, même si de la négociation sociale sur les quotas aurait
permis des règles moins arithmétiques en fonction de la compétitivité des entreprises.
Dans des marchés de marchandises partiellement mondialisés.
Cette compétitivité est indispensable, elle est nécessaire pour la sauvegarde des emplois
voir la création d’emplois. C’est ici que l’Europe politique doit jouer son rôle.
L’Europe que nous voulons doit affirmer auprès de l’OMC que les règles de concurrence
doivent intégrer le climat comme « bien universel ».
Kyoto est un progrès, le post Kyoto doit intégrer l’ensemble des nations. Dès aujourd’hui
l’Europe doit annoncer qu’elle marquera les produits importés selon le respect ou non de
réduction de GES. Les règles économiques d’une telle régulation doivent faire l’objet de
discussion, mais pas d’angélisme dans une mondialisation de compétition.
3) Les deux études (Sidérurgie et Ciment) ont montré que seule l’économie de la
connaissance (stratégie de Lisbonne) pouvait permettre de répondre aux défis de la
mondialisation.
Ce n’est pas par la menace de délocalisation (de GES aussi !!!) que l’on répondra à la
question des avantages comparatifs (référence à l’économiste Ricardo), mais c’est par de
la R et D. Hors force est de constater que nos deux secteurs sont bien peu dynamiques.
Alors investissez dans la R et D, construisez des programmes européens et l’avenir sera
plus dégagé.
4) Cette démarche offensive suppose aussi de l’innovation sociale pour le traitement des
problèmes posés par le réchauffement climatique. Il faut dépasser l’illusion techniciste.
La technique ne suffira pas. C’est la solution américaine. Il faut de la technologie, mais
maîtrisée socialement. Si l’on prend la séquestration du carbone, il faut travailler sur son
acceptabilité sociétale.
Il faut que la Responsabilité Sociale des Entreprises prenne tout son sens. Chacun doit
participer à la construction d’un contrat social. Chefs d’entreprise, syndicats, ONG.
Mais les Etats doivent aussi s’impliquer en construisant avec les partenaires sociaux de
nouvelles garanties permettant les transitions professionnelles dans les secteurs où il y
aura des changements.
Nous attendons beaucoup de l’Europe. Il faut qu’elle homogénéise pour éviter les
concurrences inutiles au sein de l’espace économique européen.
En conclusion, je dirais qu’il est possible, indispensable de relever le défi du changement
climatique. Mais cessons de reporter sur l’autre nos responsabilités.
Nous avons besoin d’entreprises compétitives, innovantes.
Nous sommes prêts à assumer nos responsabilités, mais dans le cadre d’un dialogue social
rénové.
C’est à ces conditions que la stratégie de développement durable prendra un sens sociétal
fort et démocratique.
Jean-Pierre BOMPARD
Délégué à l’énergie, à l’environnement et
au développement durable.
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