
Médecine du Maghreb n°27
1- Hypertrophie et/ou dilatation
Le coeur sportif apparaît à la fois hypertrophié dans sa
musculature et dilaté dans ses cavités, quel que soit le sport
pratiqué d’endurance ou de résistance. On admet généra-
lement que l’hypertrophie, donc la masse myocardique,
prédomine dans les sports de résistance et la dilatation dans
les sports d’endurance. On tend à admettre aussi que
l’hypertrophie est le plus souvent symétrique bien qu’elle
puisse être asymétrique dans certains cas. On doit souli-
gner que l’hypertrophie myocardique du sportif est
réversible en 3 à 6 mois après l’arrêt de l’activité sportive.
La dilatation nous a paru plutôt excentrique dans les sports
d’endurance et concentrique dans les sports de résistance.
2- Fonction ventriculaire gauche
Evaluée au repos on note que la fonction systolique (fonc-
tion pompe et contractile) est en général non modifiée. Une
diminution de la fonction pompe chez les endurants est
controversée dans la littérature. Nous avons aussi observé
une réduction de la vitesse de raccourcissement des fibres.
Point important, on a observé ces dernières années que la
fonction diastolique des sportifs était également normale
malgré l’augmentation de la masse myocardique traduisant
une compliance ventriculaire normale. Ceci diff é r e n c i e
l’hypertrophie du sportif des hypertrophies pathologiques
observées chez l’hypertendu ou dans les myocardiopathies.
On a réalisé des tracés échocardiographiques d’effort sur
c y c l o - e rgomètre avec enregistrement de la consommation
d’oxygène. Il a été noté que, pour des efforts modérés,
l’augmentation du volume d’éjection systolique chez le
sportif est liée à la dilatation ventriculaire plutôt qu’à
l’augmentation de la fraction d’éjection. Aux niveaux
d’effort élevés, l’augmentation du débit dépend surtout de
la fréquence cardiaque et à un moindre degré, de la dilation
ventriculaire et de l’augmentation de la fraction éjectée.
3- Prolapsus de la valve mitrale
Il est observé dans des proportions variables allant de 22 %
à 0 % ! Ceci dépend évidemment des critères retenus. Ceux-
ci doivent être recherchés surtout en bi-dimensionnel.
4- Coeur normal
Il convient de souligner qu’on peut être sportif avec un
coeur normal. Ceci se voit surtout pour des niveaux
d’entraînement modéré inférieurs à 10 H de pratique de
haut niveau par semaine. Mais nous avons aussi observé un
coeur normal chez des sportifs de haut niveau.
5- On peut conclure à partir des données échographiques
que le sportif subissant un entraînement de haut niveau
dispose d’une réserve de muscle (hypertrophie), d’une
réserve de débit (dilatation, tachycardie) et d’une réserve
contractile (fraction d’éjection, raccourcissement des fibres
circonférentielles). Ces différentes réserves dépendent
probablement du type d’entraînement pratiqué.
DONNEES PHONOMECANOGRAPHIQUES
Elles sont intéressantes et fiables pour mesurer la perfor-
mance myocardique en particulier le rapport temps de pré
éjection/temps d’éjection chez le sportif. Selon nous ce
rapport très reproductible pourrait être plus employé pour
évaluer l’entraînement.
CONCLUSION
On peut observer chez le sportif très entraîné des modifi-
cations, notamment, ECG et échographiques témoignant de
l’adaptation du coeur au surcroît de travail qui lui est
demandé pour ravitailler les muscles en oxygène et en
sucre. Mais on peut noter aussi chez la plupart des sportifs
de détente, voire chez des sportifs de haut niveau, un coeur
strictement normal.
Lorsqu’il y a modifications, elles peuvent parfois poser des
problèmes de diagnostic.
Ainsi des anomalies ECG à type d’ondes T inversées et/ou
de surélévation de ST, peuvent conduire à des examens
invasifs pour éliminer myocardiopathie ou coronaropathie.
Ainsi certains troubles du rythme et de la conduction
peuvent nécessiter un examen Holter. Ainsi certains
aspects échographiques évoquant par exemple une myocar-
diopathie hypertrophique, nécessitent des précisions hémo-
dynamiques.
Mais dans la plupart des cas un examen clinique, ECG et
échographique bien conduits suffisent à la surveillance
cardiologique des sportifs.
LE COEUR DU SPORTIF 17