1er juillet 2012 - jurisassociations 462 33
1. Ndlr : voir JA n° 457/2012, p. 16.
2. Ndlr : voir JA n° 445/2011, p. 19.
3. H. Sibille, « La voie de l’innovation so-
ciale », 26 janvier 2012 ; http://lelabo-ess.org
> « Échanger » > « Les tribunes du Labo ».
Innov’ESS, destinée à apporter des capi-
taux « patients » à des entreprises sociales
porteuses d’un projet socialement innovant.
Toutefois, les contraintes de liquidité et de
risque des systèmes basés sur l’épargne soli-
daire ne permettent pas le nancement de
la partie concernant la recherche et le déve-
loppement. Les nancements d’OSEO,
opérateur nancier de l’État, sont quant à
eux limités à l’innovation technologique.
Sans doute y a-t-il lieu de croiser l’expertise
sectorielle des opérateurs spécialisés et la
capacité d’intervention des circuits de droit
commun du nancement de l’économie
classique.
Concernant le changement d’échelle, on
assiste depuis quelques années à un mouve-
ment de concentration des entreprises de
l’ESS, notamment dans le secteur social.
Ces concentrations génèrent des besoins
de nancement pouvant atteindre des
montants unitaires de plusieurs millions
d’euros.
pour renforcer l’assise nancière, sous forme
d’apport remboursable, des entreprises de
l’économie solidaire qui créent ou consoli-
dent des emplois.
Le développement de ces outils nanciers
pendant les 10 dernières années traduit le
fort besoin de nancement de l’économie
solidaire ainsi que sa reconnaissance par un
public d’épargnants de plus en plus large.
Les pouvoirs publics participent également
à ce développement: les collectivités terri-
toriales nancent l’accompagnement des
projets, sécurisant ainsi les nancements.
De son côté, l’État a réservé une enveloppe
du programme d’investissement d’avenir
(ex-grand emprunt) de 100 millions d’euros
pour co nancer les projets de développe-
ment de l’économie solidaire.
ENJEUX : FINANCEMENT
DE L’INNOVATION SOCIALE
ET CONCENTRATION
Les acteurs de la nance solidaire devront
une fois encore démontrer leur capa-
cité d’innovation pour accompagner les
nouveaux dé s auxquels l’ESS doit faire
face: le nancement de l’innovation sociale
et le changement d’échelle des entreprises
de l’ESS.
L’innovation sociale3, dont fait tradition-
nellement preuve le secteur, demande des
investissements immatériels importants et
peu de réponses sont aujourd’hui appor-
tées. Citons l’initiative de la SIFA, qui a
créé, en 2011, une ligne de nancement en
fonds propres dotée de 2 millions d’euros,
les opérations de crédit long terme (7 à
25 ans), qui sont généralement utilisées
pour des acquisitions immobilières ou les
gros travaux de rénovation du bâti. Ainsi, les
résultats de l’enquête menée par la CPCA
et France Active (CNAR Financement)1
montraient que seules les associations les
plus importantes, c’est-à-dire à partir de
2millions d’euros de budget, béné ciaient
de crédits long terme;
les opérations de crédit moyen terme (2à
7 ans), destinées à nancer des investisse-
ments matériels (acquisition d’un bien)
ou immatériels (innovation, recherche
et développement, etc.). Par manque de
garantie et de visibilité, les crédits pour des
investissements immatériels ou de fonds de
roulement sont particulièrement dif ciles à
obtenir.
Face à ces dif cultés, les acteurs de la
nance solidaire combinent deux types de
solution:
la création de fonds de garantie spécialisés
tels que Sogama ou France Active pour faci-
liter l’accès au crédit bancaire;
la création de circuits de nancement
propre, qui s’appuient sur la mobilisation
d’une épargne solidaire et qui permettent
de couvrir les besoins que les acteurs nan-
ciers classiques ne prennent pas en compte.
La Foncière Terre de liens est un outil d’in-
vestissement solidaire destiné à collecter
l’épargne et à acquérir des terres pour
installer ou maintenir des porteurs de projets
agricoles respectant la charte de Terre de
liens2. La Société d’investissement France
Active (SIFA) mobilise l’épargne salariale
AUTEUR Fanny Gérôme
TITRE Chargée de mission,
France Active – CNAR Financement
Cet article a été rédigé avec le concours
de France Active et du CNAR Financement.
Les pouvoirs publics participent également au
développement des outils fi nanciers : les collectivités
territoriales fi nancent l’accompagnement des
projets, sécurisant ainsi les fi nancements. De son côté, l’État
a réservé une enveloppe du programme
d’investissement d’avenir de
100 millions d’euros
pour cofi nancer les projets de
développement de l’économie solidaire.
Article extrait de jurisassociations n° 462 du 1er juillet 2012. Reproduction interdite sans l’autorisation de Juris Éditions © Éditions Dalloz – www.juriseditions.fr