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PARTAGE DE COMPÉTENCES
41 N°104 • mars 2015 •
nouveaux traitements, par exemple après
une hospitalisation. Aujourd’hui, c’est le
pharmacien qui livre le matériel au domi-
cile de son patient. La logistique est assu-
rée par la coordination territoriale d’ap-
pui (CTA), une sorte de chef d’orchestre
des parcours Paerpa. « Lorsque le méde-
cin traitant propose un pilulier dans un
PPS, nous contactons le pharmacien pour
lui proposer de participer à l’expérimen-
tation si ce n’est pas déjà le cas », explique
Amina Benyahia, inrmière coordonna-
trice de la CTA.
L’arrivée du « pharmacien traitant »
Une centaine de piluliers devraient être
prescrits et distribués dans les prochaines
semaines. L’expérimentation est prévue
pour 18 mois. Il est plus facile de s’ins-
crire dans la démarche pour les ofcines
de quartier qui connaissent bien leur pa-
tientèle âgée que pour les grandes phar-
macies de centre-ville ou de zone com-
merciale. Pharmagest estime à 500 000 le
nombre de patients âgés et/ou chroniques
qui seraient susceptibles d’utiliser un pilu-
lier électronique dans toute la France. « Le
pilulier électronique ne se substitue pas
nécessairement au pilulier classique et il
n’est pas utile à tout le monde, relativise
Christophe Wilcke. Cependant, on peut
imaginer qu’une ofcine puisse gérer au
maximum entre 10 et 15 piluliers élec-
troniques à la fois. D’où l’intérêt de cette
expérimentation pour déterminer à qui et
comment ils sont utiles. En cas de géné-
ralisation, c’est aussi à la question du mo-
dèle économique qu’il faudra répondre. »
Pour réaliser cette mission, le pharmacien
est rémunéré actuellement 1,30 euro par
jour et par patient, en plus de sa rémuné-
ration de 30 euros lorsqu’il participe, le
cas échéant, à l’écriture d’un plan per-
sonnalisé de soins avec le médecin trai-
tant et l’inrmière. « Avec le Paerpa, on
attend aussi du pharmacien qu’il joue un
rôle de repérage de la fragilité du patient
âgé, il est ainsi une porte d’entrée dans
le dispositif complémentaire au médecin
traitant », souligne Philippe Romac.
D’autres projets d’actions impliquant le
pharmacien sont aujourd’hui dans les
tuyaux à Nancy, en particulier la « conci-
liation médicamenteuse ». Cette expéri-
mentation sera une adaptation à la ville
de ce qui a déjà été testé au Centre hos-
pitalier (CH) de Lunéville. Elle consiste
à reconstituer la liste de tous les médica-
ments que prend réellement un patient.
Au CH, lorsque la question est posée lors
d’une entrée aux urgences, les informa-
tions données par le patient sont confron-
tées par le pharmacien hospitalier avec
celle du DP, auquel l’établissement a au-
jourd’hui accès, et aux ordonnances du
médecin traitant. Sur les 2 000 patients
passés aux urgences en un an, le pharma-
cien a relevé une erreur signicative par
jour et une erreur potentiellement grave
par semaine, comme un patient qui ne dit
pas qu’il est sous AVK. « On est en train
de rééchir à un dispositif similaire pour
la ville sous la houlette du pharmacien
d’ofcine, explique Christophe Wilcke. Il
serait en situation, en croisant plusieurs
sources, d’établir la liste complète des
médicaments pris par un patient et pres-
crits par le généraliste et les spécialistes,
en ajoutant l’automédication. La liste
pourra ensuite être transmise au méde-
cin traitant et le pharmacien, à chaque
dispensation de médicaments, sera en
mesure de vérier qu’il n’y a pas de di-
vergence avec cette liste. » Sont aussi
prévus, à terme, des ateliers d’éducation
thérapeutique dédiés à l’observance mé-
dicamenteuse des patients âgés, initiés à
l’hôpital et prolongés en ville. Dans tous
les cas, les pharmaciens de la capitale lor-
raine semblent aujourd’hui très intéressés
par la démarche Paerpa, qui fait d’eux,
en quelque sorte, des « pharmaciens trai-
tants » de leurs patients âgés. Comme une
préguration de l’évolution du métier du
pharmacien. n
« Le pharmacien joue aussi un rôle
de repérage de la fragilité du sujet âgé »
Philippe Romac