2 • Traitement de l’amblyopie et du strabisme + Divers
psychiatrique avérée ou de déficits neurosensoriels
auditifs ou visuels sévères.
La dyslexie est une des causes des difficultés de
lecture rencontrées chez l’enfant : elle se carac-
térise plus précisément par une difficulté à lire
rapidement et/ou de manière exacte des mots
écrits, associée le plus souvent à un déficit dans
la transcription de ces mêmes mots. Un trouble de
la compréhension du langage écrit peut en décou-
ler mais la difficulté initiale se situe au niveau de
l’identification de mots isolés (ou décodage).
L’identification des mots écrits selon le modèle
de lecture à double voie postule l’existence de
deux procédures de lecture qui peuvent être
en échec chez l’enfant dyslexique. Au début de
l’apprentissage de la lecture, l’enfant va devoir
apprendre à mettre en relation une lettre écrite (ou
graphème) et un son (ou phonème). Chez l’enfant
sans trouble de l’apprentissage, on observe une
automatisation progressive de la procédure de
conversion grapho- phonémique (ou assemblage),
automatisation qui va faire défaut chez le sujet
dyslexique. La seconde procédure de lecture met
en jeu un accès direct à la représentation ortho-
graphique du mot stockée en mémoire (ou adres-
sage). Ce lexique orthographique se constitue
progressivement au cours de l’apprentissage de la
lecture mais si la procédure d’assemblage précède
l’adressage du point de vue développemental, les
deux procédures sont en interaction permanente.
La majorité des enfants dyslexiques présentent
des difficultés pour lire ou écrire des mots inven-
tés ou logatomes, qui mobilisent la procédure de
lecture par assemblage. Un nombre plus limité
d’enfants présentent des difficultés uniquement
pour la procédure d’adressage.
Théorie phonologique
De nombreux travaux scientifiques, depuis la fin
des années 1970, ont permis de poser de manière
robuste l’hypothèse d’un trouble du langage à
l’origine de ces difficultés (théorie phonologique) [4].
La dyslexie concernerait la composante phonolo-
gique du langage et ces enfants pourraient présen-
ter une altération des processus phonologiques en
lien avec un déficit au niveau des représentations
phonologiques ou de l’accès à ces représenta-
tions. Au niveau clinique, le déficit phonologique
se caractérise par trois symptômes clés compre-
nant une réduction des capacités de conscience
phonologique, une limitation des capacités de
mémoire verbale à court terme, et un déficit
dans les épreuves de dénomination rapide. La
conscience phonologique est la capacité pour un
individu à reconnaître et à manipuler consciem-
ment les unités sous- lexicales qui constituent le
mot lors d’épreuves de comptage, d’inversion
ou de suppression de syllabes ou de phonèmes.
Dans cette théorie, c’est l’altération des processus
phonologiques qui empêche l’enfant de mettre
en place une procédure de conversion grapho-
phonémique efficace à l’origine d’une identifica-
tion du mot lente et/ou erronée.
Les études longitudinales montrent que les
capacités phonologiques avant l’acquisition de
la lecture sont prédictives du niveau de lecture
ultérieur. La complexité ou la transparence de
l’orthographe dans laquelle l’enfant apprend à lire
influence l’acquisition de la lecture et l’expression
de la dyslexie, néanmoins les études translinguis-
tiques comme l’étude européenne Neurodys [5]
concernant plus de 2000 enfants montrent que
quels que soient la langue et son degré de trans-
parence, les processus phonologiques (notamment
la conscience phonémique et la dénomination
rapide) sont de forts prédicteurs de survenue de
la dyslexie dans ces différentes langues (finlan-
dais, hongrois, allemand, hollandais, français,
anglais).
Au niveau cérébral, la théorie phonologique
est appuyée par les résultats d’études structu-
relles et fonctionnelles qui rapportent des anoma-
lies concernant les aires du langage le long de
la scissure de Sylvius de l’hémisphère gauche,
comprenant notamment un défaut d’activa-
tion des deux régions postérieures temporo-
occipitale et temporo- pariétale hémisphériques
gauches, et une activation anormale au niveau
de la région antérieure frontale inférieure gauche.
Deux récentes méta- analyses [6, 7] confirment le
défaut d’activation des régions temporo- pariétales
gauches qui sous- tendrait le déficit des proces-
sus phonologiques, et le défaut d’activation des
régions temporo- occipitales gauches qui serait
impliqué dans la lecture des mots par adressage.
Des anomalies dans la connectivité de ces diffé-
rentes régions sont également rapportées : soit
en montrant des anomalies dans l’orientation des
fibres de substance blanche de la région temporo-
pariétale gauche lors d’étude en tenseur de diffu-
sion (connectivité anatomique), soit en montrant
une connectivité altérée entre la région temporo-
occipitale gauche et les aires du langage (temporo-
pariétale ou frontale) lorsqu’on compare des
dyslexiques et des normo- lecteurs (connectivité
fonctionnelle). Les études en imagerie fonction-
nelle ayant contrôlé le niveau d’expérience pour la
lecture ou ayant étudié des jeunes enfants à risque
de dyslexie compte tenu des antécédents chez
leurs parents montrent que le défaut d’activation
des régions temporo- pariétales gauches apparaît
comme facteur causal, préexistant à l’apprentis-