Le traitement pharmacologique de l`anxiété généralisée

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THÉRAPEUTIQUE
Le traitement pharmacologique de l’anxiété généralisée :
utilisation rationnelle et limitations
J.-P. BOULENGER (1), D. CAPDEVIELLE (2)
Pharmacological treatment of generalized anxiety disorders : rationale and limitations
Summary. The rational use of pharmacological treatment in generalized anxiety disorders is still a matter of debate due
to the uncertainties concerning the nature, diagnostic criteria and target-symptoms of this frequent and potentially invalidating disorder. If benzodiazepines may still be prescribed for a limited amount of time (i.e. 6 to 12 weeks) due to the
fluctuating nature of generalized anxiety, the chronic evolution of this disorder in most patients often justifies the longterm prescription of serotoninergic (5-HT) or dual-action (5HT-NA) antidepressants and sometimes of 5HT-la partial
agonists like buspirone. Imipramine, a tricyclic antidepressant was the first to demonstrate its efficacy in carefully selected
patients ; however, due to the side-effects of this molecule recent guidelines based on controlled clinical trials, suggest
to use either serotonergic antidepressants (SSRIs) or venlafaxine as a first-line treatment of generalized anxiety disorders. Because of its pharmacological profile buspirone remains however a useful option in patients with cognitive or
addictive problems, especially alcoholics. If most SSRIs have demonstrated efficacy over placebo, head to head comparisons remain limited except for escitalopram which appear better tolerated than paroxétine in this indication. More
recently, an anticonvulsant, pregabaline also demonstrated its efficacy in several clinical trials but the symptomatic profile
of generalized anxiety patients likely to respond to this GABA analog compared to other psychotropic treatments remain
to be established. The traditional use of other psychotropic agents such as hydroxyzine, an H1 histaminergic receptor
antagonist, is only supported by limited scientific data ; this is also the case of sedative typical antipsychotics which
benefit/risk ratio should be carefully evaluated before beeing prescribed to generalized anxiety patients resistant to other
psychotropic agents. However, the possible use of atypical antipsychotics with a better tolerance profile than the typical
ones in this indication is presently under investigation in several countries. At last it is important to realize that most
clinical trials in this field only include patients with non-comorbid generalized anxiety and that their conclusion may not
always be generalizable to most psychiatric patients who are usually characterized by a high rate of comorbidity. In this
population the indication of specific pharmacological treatments should rely on a careful evaluation of the patients drug
treatment history, of the duration, evolution and functional consequences of their symptoms and of the nature of their
possible comorbidity. The treatment of resistant generalized anxiety disorders remains a question for future research
but the use of imipramine or sedative antipsychotics could be an option when other treatments have failed to induce
any improvement.
Key words : Antidepressants ; Benzodiazepines ;Generalized anxiety.
(1) Professeur de Psychiatrie Adulte, Service Universitaire de Psychiatrie Adulte et INSERM U-888, CHU de Montpellier (Université
Montpellier 1) : Hôpital La Colombière, 39, avenue Charles Flahault, 34295 Montpellier cedex 5..
(2) Chef de Clinique Assistant, Service Universitaire de Psychiatrie Adulte et INSERM U-888, CHU de Montpellier (Université Montpellier 1) :
Hôpital La Colombière, 39, avenue Charles Flahault, 34295 Montpellier cedex 5.
Travail reçu le 6 février 2006 et accepté le 7 août 2006.
Tirés à part : J.-P. Boulenger (à l’adresse ci-dessus).
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L’Encéphale, 33 : 2007, Janvier-Février
L’Encéphale, 2007 ; 33 : 84-94
Le traitement pharmacologique de l’anxiété généralisée : utilisation rationnelle et limitations
Résumé. Le traitement pharmacologique du trouble anxieux
généralisé reste difficile à codifier du fait des incertitudes
pesant encore sur la nature, les critères diagnostiques et les
symptômes-cibles de cette affection fréquente et potentiellement invalidante. Si les benzodiazépines ont encore leur
place dans le traitement à court terme de ce trouble, la chronicité habituelle de ses symptômes impose souvent une stratégie thérapeutique à plus long terme qui jusqu’à maintenant
a principalement reposé sur les antidépresseurs sérotoninergiques ou mixtes et plus accessoirement sur les agonistes
partiels des récepteurs à la sérotonine de type 1a. Si les antidépresseurs tricycliques furent les premiers à démontrer leur
efficacité à long terme dans l’anxiété généralisée les essais
cliniques plus récents supportent l’efficacité par rapport au
placebo de la plupart des ISRS ainsi que celle de la venlafaxine et justifient leur utilisation comme traitement pharmacologique de première intention dans cette indication. Cependant, aucun essai contrôlé comparatif ne permet de savoir à
l’heure actuelle si certains de ces antdépresseurs sont plus
efficaces que d’autres ou susceptibles d’être plus adaptés à
des profils cliniques particuliers. Plus récemment, un anticonvulsivant, la prégabaline, a également démontré son efficacité dans cette indication mais le profil des patients susceptibles de répondre préférentiellement à ce type de
molécule par rapport aux molécules existantes reste encore
largement à préciser. L’utilisation traditionnelle d’autres
molécules dans l’anxiété généralisée ne repose que sur des
arguments scientifiques limités ou contradictoires ; c’est
notamment le cas des neuroleptiques typiques de type sédatif dont le profil bénéfice/risque devrait être très soigneusement pesé dans cette indication. L’utilisation possible des
neuroleptiques atypiques fait actuellement l’objet d’études
spécifiques. Enfin, il est important de réaliser que l’ensemble
des essais cliniques publiés dans cette pathologie porte sur
des cas d’anxiété généralisée non comorbide et que leurs
résultats ne sont peut-être pas toujours généralisables aux
populations comorbides vues par la plupart des psychiatres.
Des éléments de réflexion concernant la stratégie du traitement pharmacologique de l’anxiété généralisée complètent
cette revue générale.
Mots clés : Antidépresseurs ; Anxiété généralisée ; Benzodiazépines.
INTRODUCTION
L’utilisation rationnelle des médicaments psychotropes
dans le traitement du trouble anxieux généralisé (TAG) est
une préoccupation relativement récente pour les cliniciens
qui ont à prendre en charge ce trouble fréquent et souvent
invalidant (36). L’individualisation du TAG remonte en
effet à la publication du DSM IV (7) qui, par ses critères,
a transformé ce qui était jusque-là considéré comme un
diagnostic d’élimination, en un syndrome spécifique basé
sur l’association de ruminations anxieuses répétitives et
incontrôlables et d’un état physiologique d’hypervigilance
(59) qui se caractérise au niveau psychopathologique par
une intolérance à l’incertitude et des inquiétudes envahissantes portant sur les faits de la vie courante (15, 50). Seul
un nombre limité d’essais cliniques contrôlés répond donc
actuellement à ces critères et ceux réalisés antérieurement recouvrent très probablement des populations plus
hétérogènes tant par la nature des symptômes anxieux
présentés que par les pathologies comorbides associées.
De plus, de nombreuses inconnues et certains problèmes
méthodologiques rendent encore difficile l’interprétation et
la généralisation des essais des cliniques touchant cette
pathologie :
1. Bien que certains auteurs soutiennent que le TAG
puisse être une entité indépendante (45) des incertitudes
demeurent quant à son statut psychopathologique précis.
La chronicité de ce trouble, sa comorbidité importante
avec les autres troubles anxieux et ses liens étroits avec
la dépression majeure suggèrent que ce syndrome puisse
en fait refléter des traits de personnalité pathologiques
rendant compte d’une vulnérabilité particulière au développement ultérieur de pathologies anxio-dépressives
(55). De ce fait, les symptômes-cibles des interventions
pharmacologiques dans le TAG demeurent encore largement hypothétiques et même si les études de ces 10 dernières années permettent de penser que les benzodiazépines (BZD) exerceraient une activité préférentielle sur les
symptômes physiques de l’anxiété alors que les antidépresseurs auraient une activité préférentielle sur ses
symptômes psychiques (39, 65), la nature précise des
mécanismes psychopathologiques sur lesquels s’exercent ces effets psychotropes est encore inconnue. De ce
fait l’évaluation de nouveaux traitements du TAG reste
donc essentiellement basée sur des échelles anciennes
qui, comme l’échelle d’anxiété de Hamilton (HARS), couvrent un nombre important d’items supposés refléter les
aspects variés de la symptomatologie anxieuse en général plutôt que les manifestations spécifiques d’une entité
clinique particulière.
2. Les essais contrôlés récents réalisés dans le TAG
mettent en évidence un taux de réponse placebo au moins
aussi important que celui observé dans la dépression (43,
74) ; ce taux élevé (30-50 %) est lié, entre autres, aux fluctuations fréquentes de la symptomatologie anxieuse, à sa
sensibilité aux modifications relationnelles ou environnementales mais aussi à l’alourdissement constant des procédures des essais cliniques qui impliquent une augmentation croissante du temps d’interaction avec les soignants
source d’effets thérapeutiques non spécifiques et exigent
l’élimination systématique des cas comorbides qui sont en
général les cas les plus sévères et donc les moins sensibles à l’effet placebo (74). D’autre part, l’influence de traitements antérieurs par les BZD sur l’efficacité de psychotropes nouveaux est rarement prise en compte alors qu’elle
risque d’influencer les attentes des patients traités et donc
leur évaluation de médicaments aux effets plus progressifs
(27). La combinaison de ces facteurs rend compte en
grande partie de l’échec du développement clinique de plusieurs catégories thérapeutiques prometteuses au cours
des 10 dernières années qu’il s’agisse des agonistes partiels des récepteurs à la sérotonine (5 HT) de type 5-HT1a,
des antagonistes des récepteurs 5-HT2 et 5-HT3 ou des
agonistes partiels des récepteurs aux BZD (17).
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Dans cette revue nous aborderons les différentes
approches pharmacologiques actuellement validées dans
le traitement du TAG avant de proposer quelques éléments cliniques permettant d’esquisser une stratégie thérapeutique, guidée notamment par le caractère chronique
de ce trouble dont l’évolution se compte habituellement
en années.
LES BENZODIAZÉPINES ONT-ELLES ENCORE
UNE PLACE AU SEIN DES TRAITEMENTS
DE L’ANXIÉTÉ GÉNÉRALISÉE ?
Cinquante ans après le début de leur utilisation, les BZD
continuent à faire l’objet d’une importante controverse
concernant leur usage et particulièrement leur usage au
long cours. Paradoxalement, les BZD sont tout à la fois
les psychotropes les plus prescrits en France et dans le
monde et ceux dont la prescription soulève encore le plus
de critiques. En raison de leur efficacité rapide, de leur rapport bénéfice/risque favorable et de la sensation de bienêtre qu’elles sont susceptibles d’induire rapidement chez
les sujets anxieux elles ont progressivement remplacé les
barbituriques et les carbamates qui présentent les mêmes
propriétés thérapeutiques mais au prix d’effets secondaires et toxiques inacceptables en l’état actuel de notre arsenal thérapeutique. Leur prescription a cependant été
réglementée dans le sens d’une limitation de durée du fait
d’une évidente surconsommation et des risques de
dépendance liés à leur usage prolongé révélés plus de
20 ans après leur introduction (18). Or, en dépit de son
caractère chronique, le TAG, tout comme la plupart des
autres troubles anxieux, pourrait représenter dans certains cas une indication potentielle pour un traitement
limité dans le temps par les BZD.
L’utilisation des BZD en France est actuellement limitée
par les indications de la commission d’AMM au
« Traitement symptomatique des manifestations anxieuses sévères et/ou invalidantes » et par les limites temporelles imposées par les Références Médicales Opposables (RMO) soit 12 semaines au maximum pour le
traitement des troubles anxieux. Bien que ne faisant plus
l’objet de développements cliniques dans des indications
spécifiques certaines BZD ont néanmoins démontré leur
efficacité dans des essais contrôlés récents où elles
étaient utilisées à titre de comparateur et où le diagnostic
de TAG était porté suivant les critères DSM III-R ou
DSM IV (53, 67, 68). L’amélioration apportée par les BZD
est habituellement nette chez environ 35 % des patients
traités et modérée pour 40 % (11) ; elle apparaît plus précocement que celle entraînée par l’administration de buspirone ou d’antidépresseurs, les scores d’anxiété étant
significativement améliorés dès la première semaine dans
la plupart des études. Par rapport aux antidépresseurs et
à la buspirone plusieurs études ont aussi démontré leur
plus grande efficacité sur les symptômes physiques et/ou
d’activation autonome que sur les symptômes psychiques
de l’anxiété (65). Dans le TAG certains des auteurs américains considérés comme des experts dans le domaine
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de la pharmacologie de l’anxiété s’avèrent favorables à
l’utilisation intermittente de BZD pour des traitements à
court terme (6 à 12 semaines) en se basant sur les résultats de plusieurs études prospectives démontrant qu’une
telle stratégie est susceptible d’entraîner une rémission
des symptômes de plusieurs mois chez un nombre non
négligeable de patients sans nécessité de remplacement
par un autre traitement psychotrope (63). Dans cette indication, il est recommandé de rechercher la posologie minimale efficace de la BZD utilisée puis de procéder dès que
possible et au plus tard après la 4e semaine à une diminution très progressive du traitement sur 4 à 8 semaines
(11) soit une durée maximale de prescription de
12 semaines conformément aux recommandations des
RMO.
D’autre part, le rapport du groupe de travail de l’Association Américaine de Psychiatrie publié en 1990 (6) ainsi
que plusieurs recommandations internationales récentes
(10, 11) mentionnent que la prescription prolongée de
BZD peut encore être envisagée en dernier recours après
échec des autres thérapeutiques psychotropes disponibles pour le traitement du TAG et/ou en cas d’inefficacité
des mesures psychothérapiques entreprises, notamment
si les troubles sont à l’origine d’une invalidité importante
ou entraînent des conséquences socioprofessionnelles
notables. Le risque de dépendance et d’abus devra dans
ces cas être étroitement surveillé de même que celui
d’apparition de troubles cognitifs. Des altérations cognitives et/ou psychomotrices ont en effet été rapportées chez
des consommateurs à long terme de BZD : bien que plusieurs études suggèrent que celles-ci puissent disparaître
après arrêt du traitement (47, 66) d’autres suggèrent
qu’elles pourraient persister (79) ou même représenter un
facteur de risque possible vers une évolution démentielle
(80). Une prudence toute particulière reste nécessaire
chez les sujets âgés chez lesquels des modifications pharmacocinétiques et pharmacodynamiques liées au vieillissement s’associent pour potentialiser les effets nocifs des
BZD et notamment les risques de chute (78).
L’UTILISATION DES ANTIDÉPRESSEURS
DANS LE TRAITEMENT DE L’ANXIÉTÉ
GÉNÉRALISÉE
Aspects historiques
La première mention d’une efficacité potentielle des
antidépresseurs dans les troubles anxieux remonte aux
essais réalisés dès 1959 en Grande-Bretagne par West
et Dally avec les inhibiteurs de la monoamine oxydase
(IMAO) chez des patients névrotiques, essais dans lesquels ils furent les premiers à souligner l’efficacité de ces
psychotropes sur les symptômes phobiques et les attaques de panique (Pour revue, cf. 16). Ces travaux furent
bientôt suivis par la démonstration dès 1962 aux ÉtatsUnis par Klein et Fink des effets sur ces symptômes d’un
antidépresseur tricyclique, l’imipramine, chez des patients
initialement diagnostiqués comme schizophrènes mais
secondairement identifiés comme agoraphobes. Dans les
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Le traitement pharmacologique de l’anxiété généralisée : utilisation rationnelle et limitations
années qui suivirent, les premiers essais contrôlés contre
placebo devaient clairement démontrer à la fois l’efficacité
de l’imipramine et celle de la phénelzine chez des patients
agoraphobes et/ou phobiques sociaux. Dès 1973 Tyrer
soulignait d’ailleurs que l’efficacité de ces traitements
n’était probablement pas liée à leur efficacité antidépressive, opinion qui fit l’objet d’une longue polémique qui
opposa par la suite Donald Klein et Isaac Marks, mais qui
fut finalement clairement démontrée par l’analyse des
données de Marks par les chercheurs du NIMH intervenus
en tant qu’arbitres. La pertinence des hypothèses de Klein
fut cependant prise en défaut lorsqu’il émit l’idée d’une
dissection possible de la pathologie anxieuse à l’aide des
traitements psychotropes existants, le trouble panique,
sensible à l’imipramine, se distinguant de l’anxiété généralisée, sensible aux BZD. En effet, dès le début des
années 1980, deux études suggérant une efficacité des
antidépresseurs dans le TAG, celle de Johnstone et al.
(41) en Grande-Bretagne et celle de Kahn et al. (42) aux
États-Unis étaient publiées. Ces études contrôlées contre
placebo ont toutes deux été réalisées chez des patients
qualifiés à cette époque de « névrotiques » et présentant
une symptomatologie mixte, anxiodépressive ; dans les
deux cas, une stratification des patients réalisée
a posteriori afin d’isoler ceux ayant une symptomatologie
anxieuse prévalente, devait démontrer dans ce dernier
groupe une efficacité de l’amitriptyline et du diazépam
supérieure à celle du placebo (41) et une efficacité de l’imipramine supérieure à la fois à celle du chlordiazépoxide
et à celle du placebo (42). À l’issue d’une discussion
méthodologique concernant différents aspects critiques
de leur étude, Kahn et al. (42) mentionnaient : « Nous ne
pouvons échapper à la conclusion que l’imipramine possède une puissante activité anxiolytique dans les troubles
anxieux ». Ces travaux ouvraient la voie au développement de nouvelles indications pour les antidépresseurs et
notamment pour les différentes molécules de la famille
nouvelle des inhibiteurs spécifiques de la recapture de la
sérotonine (ISRS) qui devaient, en une dizaine d’années,
faire la preuve de leur efficacité dans la plupart des troubles anxieux à l’exception des phobies simples et de l’agoraphobie sans troubles paniques.
Premiers essais contrôlés des antidépresseurs
tricycliques dans l’anxiété généralisée
Parallèlement, dans le but de confirmer les résultats
suggérés par son étude de 1986, l’équipe de Rickels et
Kahn à Philadelphie entreprit de refaire une étude similaire
en sélectionnant cette fois-ci un groupe de patients répondant strictement aux critères de TAG du DSM III, mais en
y ajoutant un critère de durée d’au moins 3 mois et en
excluant les patients ayant subi un stress significatif au
cours des 6 derniers mois de manière à exclure toute possibilité de pathologie réactionnelle susceptible d’une évolution spontanément favorable. Les patients n’étaient
d’autre part inclus que s’ils ne présentaient pas de diagnostic comorbide d’état dépressif majeur, de trouble
panique, d’agoraphobie avec attaque de panique, d’alcoo-
lisme ou de psychose (65). Après une semaine de washout sous placebo en simple aveugle, 230 patients présentant un score d’au moins 18 à l’HARS et de 8 à l’échelle
de Covi furent randomisés dans l’un des 4 groupes suivants pour un traitement de 8 semaines : 1) placebo ; 2)
diazépam ; 3) imipramine ; 4) trazodone. Alors qu’au
cours des deux premières semaines le diazépam s’avéra
le traitement le plus efficace, notamment sur les symptômes somatiques de l’anxiété, de la semaine 3 à la semaine
8 l’imipramine, et à un moindre degré la trazodone, se
révélèrent les plus efficaces notamment sur les symptômes tels que la tension, l’appréhension et les inquiétudes.
Ces effets « anxiolytiques » de l’imipramine n’étaient pas
liés aux scores initiaux de dépression qui, par contre,
étaient prédictifs d’une mauvaise réponse au diazépam.
Les posologies quotidiennes moyennes utilisées au cours
de cette étude étaient de 143 mg pour l’imipramine,
255 mg pour la trazodone et 26 mg pour le diazépam et
équivalentes à celles utilisées dans l’étude princeps de
Kahn et al., (42).
Le fait que les antidépresseurs agissent préférentiellement sur les aspects psychiques de la symptomatologie
anxieuse, alors que les benzodiazépines agissent préférentiellement sur ses aspects somatiques, a été également rapporté par Hoehn-Saric et al. (39). Ces derniers
ont en effet réalisé une étude randomisée en double-aveugle et groupes parallèles comparant alprazolam et imipramine chez 60 patients répondant aux critères diagnostiques DSM III de TAG, critères auxquels était ajoutée une
durée des troubles d’au moins 6 mois conformément aux
propositions du DSM III-R, alors en cours d’élaboration.
Bien que non contrôlée par l’administration d’un placebo
cette étude devait également mettre en évidence une efficacité supérieure de la benzodiazépine utilisée (dose
moyenne : 2,2 mg/j) sur les symptômes somatiques du
TAG (notamment cardiovasculaires et respiratoires) alors
que l’imipramine (91 mg/j) s’avérait supérieure sur les
symptômes psychiques tels que la dysphorie ou l’anxiété
anticipatoire. Cette différence, qui n’était pas liée à une
augmentation des symptômes somatiques sous imipramine, devenait significative au cours de la deuxième
semaine de traitement et se reflétait notamment dans
l’évolution des scores des facteurs de dépression,
d’obsessionnalité et de sensitivité interpersonnelle de la
Hopkins Symptom Check-List, une échelle d’auto-évaluation de la symptomatologie « névrotique » de 90 items
jamais utilisée depuis dans les essais cliniques.
Essais contrôlés des antidépresseurs inhibiteurs
du recaptage de la sérotonine et de la noradrénaline
dans l’anxiété généralisée
Ces premiers essais contrôlés furent répliqués dès
l’arrivée sur le marché de nouveaux antidépresseurs inhibiteurs mixtes de la recapture de la sérotonine et de la
noradrénaline comme la venlafaxine qui fut le premier antidépresseur à obtenir en France une AMM dans le TAG.
Dans un essai comparant les effets à dose fixe de la venlafaxine à libération prolongée (75 ou 150 mg/j), de la bus87
J.-P. Boulenger, D. Capdevielle
pirone (30 mg/j) et d’un placebo chez 405 patients répondant aux critères diagnostiques DSM IV de TAG et
présentant un score supérieur ou égal à 18 à l’échelle
HARS, Davidson et al. (23) démontraient une différence
statistiquement significative en faveur des deux dosages
de venlafaxine par rapport au placebo aux semaines 3, 4,
6 et 8 alors que le même résultat n’était obtenu qu’aux
semaines 6 et 8 pour la buspirone ; sur le score d’anxiété
psychique de l’échelle HARS, la venlafaxine apparaissait
à la fois significativement plus efficace que le placebo et
que la buspirone de la semaine 2 à la semaine 8. Dans
deux études utilisant une méthodologie similaire et comparant pendant 8 semaines des posologies quotidiennes
fixes de 75 mg, 150 mg et 225 mg de venlafaxine à libération prolongée chez 377 patients dans un cas (68) et de
37,5 mg, 75 mg et 150 mg chez 541 patients dans un
autre cas (2), une relation dose-effet a pu être mise en
évidence, notamment sur les scores d’anxiété psychique
de l’échelle HARS. Cette relation similaire à celle observée avec la venlafaxine dans la dépression, semble débuter dès la dose de 37,5 mg sur certaines mesures pour se
compléter avec les doses supérieures, notamment celles
de 150 et 225 mg. Dans la deuxième de ces études, où
l’administration de venlafaxine et de placebo était prolongée au-delà de 8 semaines, les effets thérapeutiques des
deux doses les plus importantes du produit actif (75 et
150 mg) se sont maintenus au cours du temps, restant statistiquement significatifs par rapport au placebo jusqu’à la
24e semaine de l’essai. Cette amélioration s’accompagne
d’une diminution parallèle du handicap social, souvent
important, dans le TAG lorsque ce dernier est évalué par
l’échelle de Weissman (20). Un maintien des bénéfices
thérapeutiques avec le temps a également été rapporté
dans une étude comparant la venlafaxine à doses flexibles
(75-225 mg/j) et un placebo chez 251 patients traités pendant 28 semaines, la plupart avec des posologies quotidiennes de 100 à 200 mg (33).
Essais contrôlés des antidépresseurs inhibiteurs
spécifiques de la recapture de la sérotonine
dans l’anxiété généralisée
Malgré le nombre important d’antidépresseurs ISRS
actuellement sur le marché et leur efficacité reconnue
dans plusieurs troubles anxieux les essais contrôlés concernant le traitement du TAG restent limités en nombre et
seule la paroxétine et le escitalopram bénéficient à l’heure
actuelle d’une AMM dans cette indication. Les premiers
essais cliniques d’un ISRS dans le TAG concernent la
paroxétine : Rocca et al. (71) ont rapporté les résultats
d’une étude randomisée en double aveugle de
8 semaines comportant 3 groupes parallèles recevant de
la paroxétine (dose moyenne : 20 mg/j), de l’imipramine
(75 mg/j) ou du chlordesméthyldiazépam (4,2 mg/j). Quatre-vingt-un patients répondant aux critères DSM IV de
TAG et présentant un score d’au moins 18 à l’échelle
HARS ont été inclus : à l’issue des 8 semaines aucune différence significative n’était relevée entre les traitements
qui tous entraînaient un effet favorable sur les scores
88
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d’anxiété. Comme dans les études précédentes la BZD
était responsable d’une meilleure amélioration des symptômes somatiques après deux semaines de traitement
alors que les antidépresseurs démontraient une supériorité à 8 semaines sur les symptômes psychiques de
l’anxiété. Plusieurs essais contrôlés contre placebo (61,
69) sont venus depuis confirmer cette efficacité anxiolytique de la paroxétine dans le TAG ainsi que son maintien
lors de traitements prolongés jusqu’à 6 mois (77).
Le escitalopram, l’enanthiomère responsable de l’activité pharmacologique du citalopram sur la recapture de la
5-HT, a fait l’objet de 3 études de 8 semaines contre placebo dans le TAG, une posologie de 10 mg/j entraînant
dans cette indication une amélioration statistiquement
significative dès la première ou la seconde semaine de
traitement (Pour revue, cf. Goodman et al., 34). Malgré la
possibilité d’augmenter à 20 mg/j la posologie du traitement après la 4e semaine plus du 1/3 des patients traités
voient leur bénéfice thérapeutique maintenu à la dose initiale de 10 mg (24). Le suivi sur 24 semaines d’une proportion importante des patients de ces études démontre
la poursuite d’une amélioration de leur état clinique (25).
Dans une étude de prévention de rechute contre placebo
de 24 à 76 semaines après un traitement ouvert de
12 semaines par 20 mg de escitalopram, le risque de
rechute sous placebo (56 %) était 4 fois plus important
que sous escitalopram (16 %) un résultat hautement significatif sur le plan statistique (5). Dans un des rares essais
comparant entre eux des ISRS, le escitalopram (1020 mg/j) administré à dose flexible pendant 24 semaines
s’est avéré aussi efficace que la paroxétine (20-50 mg/j)
mais mieux toléré, la paroxétine entraînant significativement plus de sorties d’essai pour effets secondaires (23 %
vs 7 %) mais aussi une moins bonne tolérance en cours
de traitement et après arrêt (13).
Enfin, un essai récent (4) démontre également l’efficacité de la sertraline (50-150 mg/j) administrée pendant
12 semaines dans le TAG par rapport au placebo avec
notamment des différences statistiquement significatives
à partir de la quatrième semaine et jusqu’à la douzième
semaine de traitement. Un second essai sur 10 semaines
confirme cette efficacité mais avec des différences moins
importantes entre sertraline et placebo (21). Pour le
moment la sertraline n’a cependant pas l’AMM pour le traitement du TAG en France.
Conclusion
L’efficacité des antidépresseurs dans le TAG est maintenant bien démontrée et confirmée par les méta-analyses
(44). Cette efficacité ne nécessite pas la présence de
symptômes dépressifs et se développe de façon progressive n’atteignant le plus souvent son maximum qu’après
6 à 8 semaines de traitement. Les antidépresseurs ayant
fait jusqu’alors la preuve de leur efficacité dans le TAG,
sont pour l’instant soit ceux ayant une activité mixte portant
à la fois sur les systèmes sérotoninergiques et noradrénergiques (imipramine et venlafaxine), soit ceux apparte-
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Le traitement pharmacologique de l’anxiété généralisée : utilisation rationnelle et limitations
nant à la famille des ISRS (paroxétine, sertraline et escitalopram), une constatation compatible avec la mise en
évidence récente d’une modification de l’impact émotionnel de certains stimuli après administration prolongée
d’antidépresseurs qu’ils soient à potentialité noradrénergique ou sérotoninergique (37). Le mode d’action des traitements antidépresseurs dans le TAG reste cependant à
préciser : les essais cliniques réalisés dans cette indication suggèrent que leur délai d’action est similaire à celui
observé dans le traitement des états dépressifs majeurs
et que leurs posologies optimales dans les deux types de
troubles sont voisines voire identiques, ce qui suggère que
des mécanismes communs puissent rendre compte de
leur activité anxiolytique et antidépressive (22, 40)
ALTERNATIVES PHARMACOLOGIQUES POSSIBLES
DANS LE TRAITEMENT DE L’ANXIÉTÉ
GÉNÉRALISÉE
Outre les BZD et les antidépresseurs, d’autres classes
médicamenteuses ont été étudiées dans le traitement du
TAG dans l’espoir de découvrir des molécules anxiolytiques sans risque d’intolérance ou de dépendance et
n’exposant pas les patients au risque de voir resurgir des
symptômes en cas d’arrêt brutal de leur traitement. La plus
récente de ces classes est celle des analogues du GABA
dont un représentant, la prégabaline, est en voie d’obtenir
l’AMM en Europe dans cette indication. La buspirone, un
agoniste partiel des récepteurs 5-HT1A est, en dehors des
antidépresseurs précédemment cités, le seul produit original bénéficiant d’une AMM. dans le TAG. D’autres classes médicamenteuses sont largement prescrites dans
cette indication notamment un antihistaminique l’hydroxyzine, ou les neuroleptiques, sans que des études cliniques
sérieuses viennent cependant étayer de façon certaine
leur utilisation. Enfin, rappelons que certaines classes thérapeutiques n’ont plus lieu d’être utilisées dans le TAG,
du fait d’un rapport bénéfice/risque défavorable notamment celles des carbamates et les barbituriques.
La prégabaline, un analogue du GABA
La prégabaline est une molécule dont la structure chimique est proche de celle du GABA mais dont l’activité
pharmacologique est distincte de celle de cet acide aminé
inhibiteur largement répandu dans le SNC. Comme la
gabapentine elle agit au niveau de la sous unité alpha2delta de bas voltage qui module l’activité des canaux calciques transmembrannaires et contribue ainsi à la diminution de l’excitabilité cellulaire. Même si les conséquences de cette activité sont loin d’être totalement élucidées,
il semble néanmoins que cette dernière contribue à diminuer la libération de certains neurotransmetteurs (noradrénaline, substance P) sans affecter pour autant le fonctionnement des récepteurs GABAergiques. Le mode
d’action de la prégabaline se distinguerait donc clairement
de ceux des psychotropes utilisés jusque-là dans le trai-
tement du TAG. Les études de pharmacologie animale
suggèrent que cette molécule possède à la fois des propriétés antalgiques, anticonvulsivantes et anxiolytiques
qui ont d’ailleurs chacune donné lieu à un développement
clinique spécifique. Cependant les effets cognitifs de cette
molécule diffèrent notablement de ceux observés sous
BZD chez le volontaire sain (38). Dans le TAG plusieurs
essais cliniques contrôlés ont comparé sur 4 semaines
l’efficacité de posologies fixes de prégabaline allant de
150 à 600 mg/jour à un traitement standard par une BZD
soit le lorazépam à dose de 6 mg/j (30, 58) ou le triazolam
à dose de 1,5 mg/jour (70). Dans l’ensemble ces essais
cliniques démontrent une efficacité identique de la plupart
des doses de prégabaline à celle du traitement de comparaison avec en général plus de sorties d’essai pour problèmes dus à des effets secondaires dans les groupes
soumis aux traitements par BZD. Dans la plupart des
essais l’efficacité de la prégabaline se fait sentir dès la première semaine de traitement et l’efficacité du produit semble porter autant sur les aspects psychiques que somatiques de l’anxiété telle que mesurée par l’échelle HARS.
En ce qui concerne les effets secondaires ceux-ci sont
dominés par la survenue possible d’effets sédatifs ou de
sensations vertigineuses ; dans quelques cas il est également rapporté une prise de poids modérée. Il est intéressant de noter que l’efficacité anxiolytique de la prégabaline utilisée entre 200 et 450 mg/j ne semble dépendre
ni de la dose utilisée ni de la fréquence, bi ou tri-quotidienne d’administration (60). Lors de l’arrêt du traitement
les doses de prégabaline de 150 à 450 mg/jour n’entraînent pas ou peu de symptômes de sevrage contrairement
à la dose de 600 mg pour laquelle ces symptômes sont
identiques à ceux observés après BZD. Dans un autre
essai comparant la prégabaline à doses fixes de 400 ou
600 mg/jour avec la venlafaxine à doses de 75 mg/jour sur
5 semaines le traitement a entraîné une amélioration statistiquement significative par rapport au placebo dès la
première semaine pour la prégabaline mais seulement
dès la deuxième semaine pour la venlafaxine. En ce qui
concerne la tolérance, les sorties d’essai pour effets
secondaires ont été plus fréquentes sous venlafaxine ; les
symptômes à l’arrêt ont aussi été plus importants et plus
fréquents sous venlafaxine que sous prégabaline 600 mg/
jour, ceux observés après l’arrêt de la prégabaline
400 mg/jour n’étant pas différents de ceux observés sous
placebo (56).
La buspirone, chef de file des agonistes partiels
des récepteurs 5-HT1A
La buspirone est un agoniste partiel des récepteurs
5-HT1A de la famille des azapirones. Elle n’a pas les effets
secondaires sédatifs ou psychomoteurs des BZD (19)
n’interagit pas avec l’alcool, mais peut entraîner des sensations vertigineuses et parfois un effet stimulant qui peuvent compromettre le développement de son effet anxiolytique. Les autres azapirones arrivées jusqu’au stade de
développement clinique (essais de phase II ou III) sont
l’ipsapirone, le flézinoxan, la gépirone et le lesopitron,
89
J.-P. Boulenger, D. Capdevielle
molécules qui malgré un profil d’effets secondaires plus
avantageux, n’ont jamais obtenu d’AMM pour le traitement
du TAG.
La buspirone a un effet anxiolytique démontré par de
nombreuses études contrôlées contre placebo dans le
TAG, mais en pratique ses effets secondaires en début de
traitement, et de moins bons résultats chez les patients jusque-là traités par BZD en ont limité l’usage (Pour revue, cf.
Khalid-Khan et al., 46). De Martinis et al. (27) ont évalué
dans une étude rétrospective sur une population importante de patients (n = 735) présentant les critères d’un TAG
selon le DSM III, l’efficacité de la buspirone en fonction de
la prise antérieure d’une BZD : la buspirone était significativement moins bien tolérée et moins efficace sur l’anxiété
dans le groupe de patients récemment traités par BZD.
Cette constatation pourrait être due au fait que les effets
initiaux du traitement par cette molécule aient pu être confondus par certains prescripteurs avec ceux du sevrage du
traitement antérieur par les BZD et ce notamment quand
la fenêtre thérapeutique n’est pas suffisamment longue
pour permettre quelques jours sans exposition médicamenteuse une fois la BZD complètement éliminée de
l’organisme. Cette constatation pourrait aussi être due à
des modifications neurobiologiques consécutives à l’administration prolongée de BZD qui viendraient atténuer l’efficacité thérapeutique de la buspirone. Enfin, les attentes
d’une anxiolyse rapide chez les patients antérieurement
traités par BZD ne pouvant pas être remplies par le mode
d’action progressif de la buspirone, ces derniers évaluent
probablement de façon négative l’efficacité du produit, du
moins lors des premières semaines d’administration.
Dans une étude à long terme (6 mois) comparant les
effets de la buspirone et du clorazépate dans le TAG Rickels et al. (64) ont mis en évidence une efficacité plus
rapide avec la BZD qu’avec la buspirone mais des résultats thérapeutiques globaux identiques pour les deux produits, avec cependant une absence de manifestations cliniques lors de l’arrêt de la buspirone alors qu’une anxiétérebond était observée après BZD. À l’occasion du suivi à
plus long terme de cette cohorte (40 mois), 30 % des
patients antérieurement traités par le clorazépate, mais
aucun de ceux traités par buspirone, avaient de nouveau
dû avoir recours aux BZD. Au total, la buspirone, à dose
supérieure ou égale à 30 mg/j s’avère un traitement efficace du TAG, utilisable notamment chez les patients âgés
(absence d’effets cognitifs), alcooliques (absence d’interaction avec l’alcool) ou présentant des symptômes
dépressifs associés, mais la survenue possible d’effets
secondaires subjectifs exige chez la plupart des patients
une augmentation très progressive des doses (46).
Un anti-histaminique utilisé comme anxiolytique :
l’hydroxyzine
L’hydroxyzine est commercialisée en France depuis
1955 : ce dérivé de la pipérazine est un antagoniste très
spécifique des récepteurs H1 qui n’a pas d’AMM dans le
TAG mais dans les « manifestations mineures de
90
L’Encéphale, 2007 ; 33 : 84-94
l’anxiété » et dont le principal métabolite, la cétirizine, est
commercialisé depuis peu avec l’indication AMM de
« rhinite allergique ».
Peu d’essais contrôlés ont été réalisés avec l’hydroxyzine dans le TAG. Dans une première étude de quatre
semaines utilisant les critères du DSM III-R, Ferreri et al.
(31) mettent en évidence une efficacité statistiquement
supérieure au placebo à dose de 50 mg/j mais uniquement
à la fin de la première semaine de traitement. Dans une
deuxième analyse du même essai, l’hydroxyzine s’avère
supérieure au placebo à la première et à la quatrième
semaine de traitement sans que ces différences par rapport à l’étude originale soient clairement explicitées (32).
D’autre part, Lader et Scotto (49) ont comparé dans un
essai contrôlé multicentrique, réalisé chez des patients
répondant aux critères du DSM IV du TAG, l’hydroxyzine
(50 mg/j), la buspirone (20 mg/j) et un placebo : contrairement à la buspirone (utilisée à une posologie infrathérapeutique) l’hydroxyzine y entraîne une amélioration
significative des scores de l’échelle HARS par rapport au
placebo mais seulement après quatre semaines de traitement. Cette action retardée est également rapportée par
Llorca et al. (52) qui, dans un essai contrôlé hydroxyzine
(50 mg/j) contre bromazépam (6 mg/j) utilisant les critères
du DSM IV, mettent en évidence une amélioration statistiquement significative des scores de l’échelle HARS par
rapport au placebo uniquement à la 12e semaine pour
l’hydroxyzine, mais aux 3e, 6e, 9e et 12e semaine pour le
bromazépam. À cette posologie quotidienne de 50 mg,
l’hydroxyzine est parfois susceptible d’entraîner des effets
secondaires de type sédatif ; cependant, dans un essai
contrôlé sur des sujets sains, comparant les effets cognitifs de la prise de 50 mg d’hydroxyzine à ceux de 2 mg de
lorazépam de Brabander et Deberdt (26), n’ont pas mis
en évidence l’altération de la mémoire, de l’attention ou
des performances cognitives observée sous BZD. Dans
un essai contrôlé utilisant les critères du DSM III-R,
Samuelian et al. (73) ont également évalué les conséquences cognitives de l’administration de 100 mg/j
d’hydroxyzine, versus lorazépam (4 mg/j) et placebo,
dans le TAG : à 28 jours, il existait une amélioration significativement plus importante des fonctions cognitives avec
l’hydroxyzine qu’avec le lorazépam. Enfin, Lemoine et al.
(51) dans un essai contrôlé versus placebo, comparant
plusieurs modalités de sevrage de patients traités pour
TAG par lorazépam depuis au moins trois mois, ont montré
une amélioration significative de l’anxiété dans les groupes traités par hydroxyzine 25 et 50 mg/j ainsi qu’une
réduction significative du nombre de symptômes de
sevrage dans le groupe hydroxyzine 50 mg/j.
Les principaux effets secondaires de l’hydroxyzine sont
dose-dépendants : somnolence et effets anticholinergiques. Bien que jamais étudiée de manière spécifique la
marge posologique séparant ses effets anxiolytiques de
ses effets sédatifs est probablement beaucoup plus étroite
que celle de la plupart des BZD. Par rapport à ces dernières l’hydroxyzine n’engendrerait pas de dépression respiratoire et n’augmenterait pas le risque de chute et de
fracture chez le sujet âgé. Contrairement aux BZD, les
L’Encéphale, 2007 ; 33 : 84-94
Le traitement pharmacologique de l’anxiété généralisée : utilisation rationnelle et limitations
observations de pharmacovigilance n’ont pas suggéré
d’effets de dépendance ou de détournement d’usage toxicomaniaque liés à l’hydroxyzine. En l’absence d’études
suffisamment démonstratives concernant l’efficacité et le
délai d’action de l’hydroxyzine par rapport aux BZD mais
aussi du fait de l’absence d’étude à long terme de ses
effets thérapeutiques, cette molécule n’a pas reçu jusqu’à
maintenant d’AMM dans le TAG. Du fait de ses effets
sédatifs potentiels, son utilisation comme anxiolytique
n’est en tout cas justifiée qu’aux doses où son rapport
bénéfice/risque a été étudié, c’est-à-dire 50 mg/j.
Le problème des neuroleptiques
Quoique largement utilisés dans le traitement symptomatique de l’anxiété, les neuroleptiques n’ont jamais été
correctement étudiés dans cette indication. Dans une
revue récente de la littérature, El Khayat et Baldwin (28)
concluent non seulement à l’absence de données solides
en faveur de l’efficacité et de la sécurité d’emploi des neuroleptiques dans le TAG, mais rappellent qu’ils sont
déconseillés ou passés sous silence dans cette indication
dans la plupart des ouvrages de référence anglo-saxons.
Ils présentent en effet des effets secondaires nombreux
qui en compromettent l’usage, notamment la possibilité de
dyskinésies tardives irréversibles (dont on sait qu’elles
sont indépendantes des doses administrées) et celle d’un
allongement potentiel de l’espace QT, facteur de risque
de mort subite. Utilisés le plus souvent pour leurs propriétés sédatives les neuroleptiques administrés dans les
TAG devraient être arrêtés dès la survenue d’effets secondaires caractéristiques de cette famille thérapeutique (81).
La plupart des auteurs recommandent, en cas de prescription de neuroleptiques, d’informer le patient sur les risques d’effets secondaires afin d’obtenir un consentement
éclairé. Le développement des neuroleptiques atypiques,
mieux tolérés que leurs prédécesseurs, pourrait néanmoins modifier la stratégie actuelle du traitement du TAG.
Comme dans la dépression résistante certaines données
préliminaires permettent de penser que l’addition de rispéridone (76) ou d’olanzapine (62) puisse potentialiser les
effets d’un traitement insuffisamment efficace par les
ISRS. Cette indication devra bien sûr être étayée par des
études contrôlées ultérieures mais dors et déjà des neuroleptiques atypiques pratiquement dénués d’effets
secondaires neurologiques font l’objet d’essais thérapeutiques en monothérapie contre placebo dans cette indication.
Conclusion
Parmi les alternatives pharmacologiques aux BZD et
aux antidépresseurs seule la buspirone bénéficie actuellement d’une AMM dans le TAG. Elle semble devoir être
utilisée préférentiellement chez les patients naïfs de toute
prise récente de BZD et préalablement informés de la
latence de son effet thérapeutique. Le fait que la buspirone
soit dénuée d’effets secondaires de nature cognitive en
fait un traitement potentiellement intéressant chez le sujet
âgé. De même, l’absence de manifestations cliniques à
l’occasion de l’arrêt du traitement, l’absence d’interaction
avec l’alcool et l’absence de risque de dépendance avec
cette molécule en font un traitement de choix de l’anxiété
des patients alcooliques ou présentant d’autres types de
dépendance ou d’abus.
L’hydroxyzine à dose de 50 mg/j peut également avoir
sa place comme traitement de deuxième intention du TAG
en remplacement des BZD ou de façon plus ponctuelle
dans le traitement des exacerbations anxieuses ; ses
effets mériteraient d’être mieux précisés dans le traitement de longue durée du TAG, où son faible potentiel de
dépendance semblerait plus favorable que celui des BZD,
même si son efficacité à court terme apparaît inférieure.
STRATÉGIE D’UTILISATION DES PSYCHOTROPES
DANS LE TROUBLE ANXIEUX GÉNÉRALISÉ
Les traitements pharmacologiques représentent donc
une option thérapeutique validée mais dont l’utilisation
dans le TAG devra être soigneusement évaluée en fonction des autres traitements classiquement utilisés dans
cette indication : relaxation, thérapies comportementales
et/ou cognitives (TCC), thérapies analytiques. Bien
qu’encore peu disponibles dans certaines régions, les
TCC représentent la principale alternative à l’utilisation
des psychotropes, l’importance de leurs effets thérapeutiques étant globalement similaire à moyen terme à celle
observée avec les antidépresseurs et les BZD dans le
TAG. Dans une méta-analyse regroupant les résultats de
35 études contrôlées, Gould et al. (35) démontrent en particulier des résultats voisins de ceux des psychotropes
pour la relaxation et les traitements cognitifs mais supérieurs (bien que non significatifs du point de vue statistique) en cas d’utilisation conjointe de techniques cognitives et comportementales. L’association de ces thérapies
aux traitements psychotropes n’a cependant pas été suffisamment étudiée jusqu’à maintenant pour permettre de
recommander leur utilisation conjointe (29).
La première étape du traitement du TAG consistera en
une évaluation soigneuse des éléments cliniques susceptibles d’orienter le choix des méthodes disponibles notamment l’ancienneté du trouble, ses modalités évolutives,
son retentissement fonctionnel, les comorbidités éventuelles, les tentatives thérapeutiques antérieures et leurs
résultats. La chronicité habituelle des symptômes est ici
un élément majeur qui doit faire privilégier l’utilisation des
monothérapies plutôt que des associations qui risqueraient d’emblée d’épuiser rapidement un arsenal thérapeutique encore limité et de nuire à la compréhension des
phénomènes observés. Dans ce sens, les attentes du
patient devront aussi être évaluées et orienteront d’autant
plus le choix des premiers moyens thérapeutiques qu’on
connaît maintenant leur importance pronostique dans le
succès des traitements entrepris.
L’existence d’une comorbidité actuelle avec un autre
trouble anxieux ou un état dépressif majeur devrait ame91
J.-P. Boulenger, D. Capdevielle
ner à privilégier dans un premier temps le traitement du
trouble associé, l’amélioration de ces troubles étant susceptible à elle seule d’atténuer l’intensité des symptômes
d’anxiété généralisée. Si le tableau du TAG est apparu de
façon contemporaine ou secondaire à celui de l’état
dépressif majeur, sa persistance après disparition du trouble thymique devrait être considérée avant tout comme un
symptôme résiduel et amener le prescripteur à obtenir
d’abord un effet plus complet des médicaments antidépresseurs prescrits plutôt que d’associer à ce stade un
autre psychotrope.
En dehors de comorbidités éventuelles, les caractéristiques évolutives du TAG sont la deuxième caractéristique
clinique à prendre en considération. Certains patients présentent en effet des troubles d’intensité modérée et au
retentissement limité qui vont s’exacerber sous l’effet de
facteurs environnementaux divers alors que d’autre présentent des troubles évoluant sur un mode plus chronique
et dont le retentissement sur les activités sociales et/ou
professionnelles est plus durable et plus invalidant. Dans
le premier cas un traitement limité à quelques semaines
ou quelques mois sera suffisant pour contrôler les symptômes et l’apprentissage de techniques de relaxation ou
la prescription transitoire de BZD pourrait être envisagée.
Les techniques de relaxation progressive ou de relaxation
appliquée ont en effet une efficacité démontrée dans le
TAG (57) et sont plus facilement accessibles que celles
relevant de traitements cognitivo-comportementaux plus
spécifiques. D’autre part la prescription intermittente de
BZD pour des périodes de 6 à 12 semaines n’expose qu’à
un risque limité de dépendance et pourrait être suffisante
chez 30 à 40 % des patients présentant un TAG chez qui
les périodes d’amélioration séparant celles d’exacerbation des symptômes peuvent durer jusqu’à plusieurs mois
(63). Dans les troubles anxieux plus chroniques l’importance des conséquences fonctionnelles du TAG permet
d’envisager la prescription de psychotropes dont l’efficacité se développe de manière plus progressive ou de thérapies cognitivo-comportementales plus élaborées et qui
de ce fait risquent de nécessiter un nombre de séances
plus élevé que celui requis par l’apprentissage de la
relaxation. C’est ici que sera envisagée la prescription
d’un des traitements antidépresseurs mentionnés antérieurement (venlafaxine, escitalopram ou paroxétine) ou
celle de la buspirone, dont l’activité thérapeutique est également progressive. La durée de prescription de ces traitements au long cours sera au minimum de 6 à 8 mois,
période à l’issue de laquelle une diminution progressive
devra être tentée. En l’absence d’études spécifiques la
décision de prolonger le traitement au-delà de cette durée
sera essentiellement basée sur le rapport bénéfice-risque
du traitement entrepris et l’expérience du clinicien (3, 54).
Bien qu’à notre connaissance aucune définition précise
d’un TAG résistant n’ait encore été proposée dans la littérature ces cas sont loin d’être exceptionnels. La conduite
à tenir dans ces cas repose avant tout sur une réévaluation
soigneuse des aspects médicaux, pharmacologiques et
psychiatriques des patients concernés et notamment sur
la recherche d’une comorbidité qui aurait pu jusque-là pas92
L’Encéphale, 2007 ; 33 : 84-94
ser inaperçue. Dans un second temps, le diagnostic de
TAG étant confirmé, une augmentation progressive des
posologies de venlafaxine jusqu’à 300 mg/j pourrait être
envisagée si le patient est traité par cet antidépresseur.
Une telle attitude semble par contre moins appropriée
avec les ISRS (escitalopram, paroxétine) pour lesquels les
essais cliniques n’ont par clairement démontré de relation
effet-dose dans cette indication. L’utilisation d’imipramine
est une autre alternative envisageable à ce stade, de
même que l’association d’approches psychothérapiques
si celles-ci n’ont pas déjà été tentées. Dans ces TAG résistants l’utilisation conjointe d’antidépresseurs et de BZD
pourrait aussi être justifiée et ce, même pour une durée
de temps prolongée, si les troubles revêtent un caractère
invalidant. Enfin, l’utilisation des neuroleptiques atypiques
dans cette indication ouvre des perspectives thérapeutiques actuellement en cours de validation (14).
Malgré les progrès réalisés dans ces approches pharmacologiques du TAG les prescripteurs doivent cependant garder à l’esprit deux limitations importantes de la littérature actuelle qui devraient faire l’objet dans le futur
d’études plus particulières. La première concerne la généralisabilité des essais cliniques dont les populations non
comorbides sont peu représentatives des patients souffrant de TAG. La seconde concerne la nature des critères
d’efficacité utilisés dans ces essais, critères reposant
exclusivement pour l’instant sur la HARS et ses deux facteurs d’anxiété psychique ou somatique. Bien que l’évaluation très globale de la symptomatologie multiforme d’un
trouble comme le TAG reste souhaitable le développement d’outils plus spécifiques, axés sur les cibles thérapeutiques potentielles de ce syndrome (hypervigilance,
aspect incontrôlable des processus cognitifs, intolérance
aux situations d’incertitude, évaluation des stimuli anxiogènes…) devrait être encouragé. Les modifications possibles des critères du TAG dans le DSM V (72) devraient
en tout cas contribuer à mieux spécifier les caractéristiques cliniques de ce trouble fréquent dont le traitement
adéquat devrait contribuer à limiter les conséquences
fonctionnelles qui lui sont associées (20) et à prévenir son
évolution possible vers d’autres troubles psychiatriques,
notamment dépressifs.
Remerciements. Les auteurs remercient F. Jollant et F. Garcia
pour leur contribution à cet article ainsi que N. Sylvain pour son
support secrétarial.
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