Rémi Caucanas – 07-12-12
millions, soit 3,7% de la population, 58,4% des Allemands estimeraient qu’il fallait
considérablement restreindre la pratique de l’islam sur le territoire allemand et 55,4%
diraient comprendre que, « pour certaines personnes, les Arabes soient désagréables ».
En 2010, le débat sur la présence et l’intégration des musulmans y avait pris un tour
polémique à cause de la publication du pamphlet de Thilo Sarrazin, L’Allemagne se
détruit. Cet ancien responsable de la Bundesbank, membre du SPD, y accuse l’
« invasion » islamique d’être à l’origine d’un proche déclin de l’Allemagne.
Un autre paramètre d’observation de l’augmentation de l’islamophobie en Europe
est celui des résultats de partis politiques tenants de discours xénophobes et anti-
musulman. En octobre 2010, Le Monde titre « Europe : l’extrême dopée à
l’islamophobie ». En Autriche, où les musulmans représentent environ 340 000
personnes, soit 4,1% de la population, près d’un cinquième de l’électorat a été séduit par
le discours du Parti libéral autrichien (FPÖ) qui dénonce l’ « islamisation » de la société
autrichienne. En octobre 2010, partant de ce cas autrichien, le journal Le Monde
s’inquiète de cette extrême droite européenne « dopée à l’islamophobie » :
"Vienne la Rouge" se teinte à nouveau de brun. Dans la capitale autrichienne, avec 27 % des
voix, l'extrême droite a retrouvé, dimanche 10 octobre, à l'occasion d'élections
provinciales, le niveau auquel l'avait hissée feu Jörg Haider en 1996 (27,9 %). A la fois
berceau et place forte électorale, depuis 1919, de la social-démocratie centre-européenne
(à l'exclusion de la période austro-fasciste et nazie entre 1933 et 1945), Vienne est
aujourd'hui un nouveau jalon dans la progression de l'extrême droite dans une bonne
partie de l'Europe.
Car l’extrême droite, dite « populiste » fait une percée dans plusieurs pays d’Europe.
Toujours selon La Croix : en Suède où vivent 300 000 musulmans, soit 3% de la
population, le Parti des démocrates suédois a fait son entrée au Parlement en
remportant 5,7% des voix aux élections législatives de septembre 2010, à l’issue d’une
campagne pour la réduction de l’immigration. En Italie où vivent un peu plus de 800 000
musulmans, soit 1,4% de la population, les partis xénophobes ont repris une certaine
vigueur en jouant sur la peur de l’islam. En mars 2010, la Ligue du Nord remportait ainsi
plusieurs élections régionales, cumulant près de 13% des suffrages au plan national, soit
deux fois plus que lors des précédentes élections régionales. Berlusconi gouverne alors
avec elle. Au même moment, au Danemark, le gouvernement libéral-conservateur
cherche le soutien du Parti du peuple danois. Aux Pays-Bas, les libéraux et les chrétiens-
démocrates constituent une majorité avec Geert Wilders, fondateur du Parti de la
Le Monde, Europe : l’extrême droite dopée à l’islamophobie, 11 octobre 2010.