NW Science Article 18
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Descartes était-il schizophrène ?
1. Dualisme & croyances cartésiennes… métaphysiques !
- De l’omnipotence du monisme à la tolérance du pluralisme
- Descartes et son dualisme… intellectuel voire mystique
- Conséquences sur notre pensée contemporaine.
2. Dualité & postulats : habitudes, craintes et intolérances culturelles.
- Une croyance symptomatique : la « dualité onde-corpuscule »
- Le règne des postulats, axiomes et autres conjectures
- Conséquences sur notre culture scientifique et sociale.
3. Sortir de la pensée statique, pour une vie plus consciente.
- Comment avons-nous réussi à penser le monde en 3D ?
- Toutes les expériences vivent de mémoire et de matière
- Rien à « croire », mais tout à vivre : une psychologie du « réel ».
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Notre mode de pensée occidental, devenu très largement majoritaire pour l’ensemble de
l’espèce humaine, a été fortement modelé par le travail et les idées de René Descartes. Certes,
de nombreux scientifiques, philosophes et intellectuels ont apporté depuis leurs propres
hypothèses et affirmations sur ce qu’il est bon de penser, ou non. Cependant, tous ces
successeurs de Descartes se sont inspirés de ses travaux et de ses méthodes réputées
scientifiques, pour avancer chacun dans leurs propres spécialités. C’est ainsi que depuis le
18ème siècle aucun domaine de vie n’échappe aux fondations cartésiennes : la « logique », les
sciences expérimentales en général, leurs applications technologiques, la philosophie, et l’idée
même de nos pensées et comportements sociaux.
Les prédispositions cartésiennes de notre pensée sont tellement établies, que la simple
question de les remettre en cause… ne se pose pas. Cette question pourtant s’est posée pour
NW Science, qui vérifie ici que Descartes, tel un dictateur de la pensée, a largement participé à
encourager notre civilisation vers la voie des croyances,… une voix qui s’assombrit de plus en
plus. Son travail a certes stigmatisé de nombreuses réflexions philosophiques et surtout
métaphysiques, tout comme celui d’Aristote à son époque. Cependant, ce qui fut retenu
comme fondation de notre science moderne, son Discours de la méthode (en particulier la
quatrième partie, « Fondements de la métaphysique »), repose en fait sur la source dormante… de
notre rive psychologique ! Une dérive a priori géniale, car métaphysique, mais d’une
dynamique mentale plutôt souterraine et agressive, d’apparence ouverte mais au fond… en
repli vers elle-même. Qui plus est, une dérive qui a fourni depuis une caution indéniable aux…
intellectuels ! (Notons que Fernand Hallyn avait mis le doigt sur ce dédoublement mental de
Descartes, dans le cadre de son essai « Descartes : dissimulation et ironie » - Librairie Droz, 2006).
Notre but n’est absolument pas de faire un procès à Descartes car, au même titre qu’Aristote,
il restera une figure essentielle des fondements de la science dite moderne et de ses concepts.
Ce qui nous semble le plus important durant les prochaines pages, est de mettre en lumière les
énormes erreurs d’orientation qu’il a induites, concernant en particulier les notions de pensée
et d’esprit, de raisonnement scientifique et dexpérience. Nos explications ne pourront laisser
personne indifférent, du lecteur simplement motivé pour mieux comprendre sa vie, ou de
l’élite scientifique non résignée… aux mystères cultivés par notre société. Seul le visiteur
hostile à l’évolution des idées acquises poursuivra sa route sans se sentir inquiété. Pour ce
dernier, nous ne pouvons que lui laisser ses propres certitudes… provenant de son héritage.
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Nota : de nombreux liens hypertextes sont proposés, tant vers wikipédia que vers nos précédentes
publications. Etant donné le contenu totalement inédit de notre exposé, il nous semble important que
vous ayez à pore de main les ingrédients principaux étayant nos propos.
1) Dualisme & croyances cartésiennes… métaphysiques !
Comprendre la nature même de « l’esprit » humain et des processus qui le sous-tendent
constitue une quête ancestrale. Nous pouvons même dire que cette recherche coïncide avec le
développement de la philosophie, donc celui de la science occidentale et de sa métaphysique.
Anaximandre fut probablement le premier à proposer une explication sur la relation entre la
nature de la vie et l’idée que nous nous en faisons (Cf. article 16). Essayons maintenant de situer
notre esprit dans le contexte dynamique… de notre temps (issu de notre mémoire) et de l’espace
(porté par sa matière).
. De l’omnipotence du monisme à la tolérance du pluralisme.
Que nous soyons physicien, astrophysicien, physiologiste, psy ou qui que ce soit d’autre, notre
regard sur le monde du vivant dépend du point de vue que nous utilisons pour le… regarder.
Un des regards les plus répandu sur le monde se résume par la philosophie du monisme. Sa
nature est empreinte d’un ésotérisme ambiant, plus encore depuis le développement
généralisé de la culture occidentale. Pourtant le monisme provenait à l’origine d’une véritable
quête métaphysique, que ce soit en Orient (taoïsme, bouddhisme, soufisme, …), ou en
Occident (kabbale, holisme, …). Ce mouvement de pensée
collective, pour ne pas dire cette doctrine, définit « le monde »
comme un « grand tout » qui existe ainsi par et en lui-même !
Rappelons-nous que la notion d’Apeiron, développée par
Anaximandre, sous-tend la prééminence et l’omnipotence de ce
grand tout, une sorte d’atmosphère composée d’une seule
« substance ».
Bien entendu, le monisme se distingue des philosophies monothéistes, tout en proposant une
démarche mystique assez proche. Par exemple, ces deux représentations du monde se
construisent au travers de cette notion de substance en quelque sorte « universelle ». A
contrario, et concrètement parlant, le monothéisme induit une coexistence (un dieu et « son »
monde), alors que le monisme évoque plutôt un « dieu-monde » unique. Notons également ce
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surprenant paradoxe apparent : nos sociétés occidentales adhèrent de plus en plus à une
vision moniste de la vie,… alors même que l’Extrême Orient évolue de plus en plus vers un
mode de vie occidental (matérialisme, capitalisme, …), cultivant depuis des siècles une
séparation de l’esprit et de la matière ! (Nous y reviendrons dans quelques lignes). Quoiqu’il en soit,
monisme et monothéisme encouragent tous les deux au recueillement, à la contemplation et à
la vénération, à la méditation… et ainsi au repli en soi. Eh oui, une des plus grandes
problématiques de ces deux visions de la vie consiste en leur faible tolérance vis-à-vis des
autres modes de vie et de pensée. Pour trouver des conceptions plus tolérantes dans nos vies
communes, il est nécessaire d’adopter d’autres compréhensions. Dans une certaine mesure, le
polythéisme a été ou est plus tolérant. Mais d’une façon générale, seul le pluralisme des
pratiques et des idées permet d’apporter bien plus d’ouverture et de respect entre les
individus et les groupes d’individus. Quand on passe en revue l’évolution globale des cultures
humaines sur quelques milliers d’années, il en ressort effectivement que le pluralisme est
probablement le mode de cohabitation qui tend à orienter nos civilisations vers le plus de…
démocratie !
. Descartes et son dualisme… intellectuel voire mystique.
" Il y a peu de gens qui osent dire ce qu'ils croient", écrit Descartes dans son Discours de la
méthode : il justifie par cette affirmation que sa pensée serait plus libre
et efficace… que sa parole. Mais c’est ignorer la nature même de la
pensée, c'est-à-dire celle de la « parole à soi-même » ! Nous verrons à
de multiples reprises que ce célèbre scientifique, faisant pourtant
référence, introduit fréquemment dans son discours des affirmations
gratuites, voire contradictoires ou potentiellement dissociées. Par
exemple :
- il annonce aisément comme validé par tous, ce que lui-même élabore mentalement. Or,
les assertions tenues pour évidentes peuvent devenir sources de confusion Je me
plaisais surtout aux mathématiques, à cause de la certitude et de l’évidence de leurs raisons, … »).
- « croire » lui semble une activité mentale très aboutie. Ce qui est faux. Pour NW
Science, « croire » reste une simple hypothèse de pensée, éventuellement un alibi qui
autorise l’individu à ne pas exister mentalement dans le domaine de cette pensée.
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Cette autolimitation mentale a favorisé, et favorise encore, le développement de
nombreuses générations de mystiques,… accompagnés de leurs fans. Nous y
reviendrons plus précisément à la fin de cet article.
- la « méthode » pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences »), qu’il
prétend redéfinir, ne l’empêche nullement de privilégier ses théories plutôt que de se
fier à la réalité des résultats expérimentaux ! Cette attitude mentale reste ainsi de
nature intellectuelle.
La revue exhaustive des croyances cartésiennes mériterait probablement un ouvrage à part
entière. Nous nous limiterons cependant à trois affirmations de Descartes, fondamentales
(métaphysiques, au sens littéral du terme), mais gratuites. Notons que nous pouvons les retrouver
toutes les trois dans les « Fondements de la métaphysique », quatrième partie de son Discours.
a) « cogito, ergo sum » : « je pense donc je suis ».
Descartes, dans un souci de refonder de nouvelles bases d’analyse scientifique, et de sortir de
la pensée scolastique ambiante, émit l’idée de mettre en doute systématiquement les
connaissances officiellement reconnues. Sa démarche correspondait alors à développer, à
juste titre, l’esprit critique. Cependant, il poursuivit cette démarche constructive à l’excès, vers
un doute hyperbolique, à partir duquel plus aucune réalité ne devient envisageable, aucune
expérience de pensée… objectivable !
Mais le plus problématique n’est pas là : la philosophie de Descartes se veut trop analytique, et
le conduit à un manque de vision globale. Par exemple, il considère l’individu humain tel une
« substance pensante », voire une substance intelligente, par opposition à sa « substance
matérielle », de nature physiologique. Ainsi, par le doute systématique (mais ici …non
hyperbolique), Descartes prend conscience de sa pensée, donc de son « être » exclusivement
pensant. Ce faisant, il ignore volontairement toutes ses autres aptitudes conscientes, en
particulier celles fédérées par ses propres fonctions sensorielles du toucher, du goûter, de
l’odorat et de la vue. Cette limitation volontaire de sa conscience de vie est, de fait, issue tout
droit de sa morale religieuse. En soi, elle ne fait que résulter de sa psychologie personnelle, de
ses propres croyances en des « idées innées ». Mais ce qui est plus regrettable est que cette
affirmation autocentrée « je pense donc je suis » a, de par la forte influence culturelle de
Descartes, largement atténué la conscience du corps physique,… un corps à la physiologie
bien vivante ! Au-delà de leur refus extrémiste d’estimer la vie animale (Cf. notion d’animal-
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