Fr. PRÊTEUX Cours n°1 Savoirs grecs CYCLE DE CONFERENCES "Les savoirs grecs" Cours du 20 février 2017 : Le premier savoir : l'invention de l'écriture grecque Sur MOODLE cours n°72, Les savoirs grecs - FPrêteux http://moodle23.paris-sorbonne.fr/course/view.php?id=5437 documents de support des cours, présentations powerpoint, liens vers des articles ou des documentaires vidéo PROPOSITIONS BIBLIOGRAPHIQUES : DETIENNE, Marcel, Les savoirs de l'écriture en Grèce ancienne, 1988, 2ème édition 1992 PEBARTHE Christophe, Cité, Démocratie et Écriture. Histoire de l’alphabétisation d’Athènes à l’époque classique. Paris, De Boccard, 2006 I/ AUX ORIGINES DE L'ALPHABET GREC Doc. 1 : Homère, Iliade, VI, 168-170 (version mise par écrit vers 750 av. J.-C.). Trad. Paul Mazon « Mais [Prœtos] envoya Bellérophon en Lycie, en lui remettant des signes funestes. Sur des tablettes repliées il avait tracé maint trait meurtrier ; il lui donna l’ordre de les montrer à son beau-père, afin qu’ils fussent sa mort. » Doc. 2 : Hérodote, Enquêtes, V, 58-59 (texte écrit vers 450-440 av. J. -C.) LVIII. Pendant le séjour que tirent en ce pays les Phéniciens qui avaient accompagné Cadmus, et du nombre desquels étaient les Géphyréens (originaires d'Erétrie en Eubée), ils introduisirent en Grèce plusieurs connaissances, et entre autres des lettres qui étaient, à mon avis, inconnues auparavant dans ce pays. Ils les employèrent d'abord de la même manière que tous les Phéniciens. Mais, dans la suite des temps, ces lettres changèrent avec la langue, et prirent une autre forme. Les pays circonvoisins étant alors occupés par les Ioniens, ceux-ci adoptèrent ces lettres, dont les Phéniciens les avaient instruits, mais ils y firent quelques légers changements. Ils convenaient de bonne foi, et comme le voulait la justice, qu'on leur avait donné le nom de lettres phéniciennes parce que les Phéniciens les avaient introduites en Grèce. Les Ioniens appellent aussi, par une ancienne coutume, les livres des diphthrères, parce qu'autrefois, dans le temps que le biblos (le papyrus) était rare, on écrivait sur des peaux de chèvre et de mouton ; et, encore à présent, il y a beaucoup de Barbares qui écrivent sur ces sortes de peaux. LIX. Moi-même j'ai vu aussi, à Thèbes en Béotie, des lettres cadméennes dans le temple d'Apollon Isménien. Elles sont gravées sur des trépieds, et ressemblent beaucoup aux lettres ioniennes. Sur un de ces trépieds on voit cette inscription : « Amphitryon m'a dédié à son retour de chez les Téléboens. » Cette inscription pourrait être du temps de Laïus, fils de Labdacus, dont le père était Polydore, fils de Cadmus. Doc 3 : tableau de comparaison des systèmes d'écriture phénicien et grec 1 Fr. PRÊTEUX Cours n°1 Savoirs grecs Doc. 4 : Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, V (résumé de l'histoire du monde grec mis par écrit vers 30 av. J.-C.) Certains attribuent l'invention des lettres aux Syriens, desquels les Phéniciens les apprirent. Ils les communiquèrent aux Grecs lorsqu'ils vinrent en Europe avec Cadmos; de là vient que les Grecs les appelèrent "lettres phéniciennes". Aux tenants de cette opinion, on répond que les Phéniciens ne furent pas les premiers à inventer les lettres, mais qu'ils en changèrent seulement la forme pour former d'autres caractères, qui ensuite devinrent communs sous le nom de "caractères phéniciens" II/ LES USAGE DE L'ECRIT DANS LES CITES DE GRECE ANTIQUE Doc 5 : Inscription privée sur la coupe de Nestor. Vase des années 725-700, découvert à Ischia, près de Naples Doc 6 : Athéna à la tablette. Amphore attique à figures rouges du Ve siècle. Collection du duc De Luynes. Bibliothèque Nationale Paris. Doc 7 : CONTRAT AVEC LE SCRIBE SPENSITHIOS Texte gravé sur une mitra (couvre-ventre) de bronze, provenant sans doute d’un sanctuaire de la cité d’Arcades, en Crète Date : vers 550 Dieux ! Les Dataleis ont décidé et nous, la cité, à raison de cinq par tribu, avons promis à Spensithios le vivre et l’exemption de toute taxe pour lui et sa famille, en tant qu’il serait pour la cité, dans les affaires publiques tant religieuses que profanes, le scribe et le mnamôn. Aucun autre ne sera le scribe ou le mnamôn pour la cité dans les affaires publiques tant religieurses que profanes, sinon Spensithios et sa famille, à moins d’une initiative expresse de Spensithios ou de sa famille, c’està-dire de la majorité de ses fils adultes. Il sera fourni comme salaire annuel au scribe cinquante cruches de moût et des (affaires, vêtements ?) pour vingt drachmes ou un … Le moût sera fourni dans le cru où il voudra le prendre (…) Le scribe recevra part égale ; pour les affaires tant religieuses que profanes, le scribe sera présent et participera lui aussi dans tous les cas où le cosme y sera. Et pour tous les dieux où il n’y a pas de prêtre particulier, le scribe accomplira les sacrifices à frais publics et aura le profit des domaines sacrés. Il n’y aura pas de prises de gages ou de représailles contre le scribe. Si le scribe a une affaire en justice de l’une ou de l’autre espèce, l’affaire sera réglée pour lui comme on en use avec les autres cosmes. Autrement il n’y aura rien. Comme droit à l’andreion, il fournira dix « double haches » de viandes, quand les autres offrent les prémices, ainsi que le sacrifice annuel, mais il ramassera le laksion ( ?). Rien d’autre ne sera obligatoire pour lui, s’il ne veut pas le donner. Les affaires sacrées reviendront au plus ancien. H. van Effenterre, F. Ruzé, Nomima, I, n° 22 2