l’Être humain est libre et liberté, la volonté humaine n’est donc pas subordonnée à
des causes ou à des normes et encore moins à quelques idées de la nature humaine
(Sartre, 1943). D’un point de vue éthique, Sartre ne cautionne aucun déterminisme
du type kantien ou de type utilitariste. Par exemple, la morale kantienne est critiquée
pour son formalisme lorsqu’il prend l’exemple d’un jeune homme en France
occupée qui hésite de choisir entre s’occuper de sa mère malade ou de rentrer dans la
résistance pour venger son frère tué plus tôt par les Allemands. Dans ce cas de figure,
la morale de Kant n’offre pas de solution dans un conflit de devoirs (devoir filial ou
devoir civique). Sartre admet que l’homme peut nier son libre arbitre. On ne peut
jamais échapper à cette liberté et cette prise de conscience est pesante et angoissante.
Ce refus d’assumer sa liberté provoque un processus d’aliénation, c’est-à-dire que
les gens vont devenir étrangers à eux même en intégrant - et en se désintégrant - aux
normes attendues des autres ou des institutions (Daigle, 2010 et Stal, 2010).
Authenticité et Mauvaise Foi
Si l’individu n’est mû par aucun déterminisme alors son comportement doit être
cohérent avec sa pensée. L’authenticité détient une place fondamentale dans la
vie des personnes. À l’instar de la liberté, l’authenticité semble apparaître autant
comme condition et valeur fondamentale de l’éthique que la condition de l’existence
humaine. Bien que le choix de l’authenticité comme valeur suprême ne soit pas très
bien expliqué par l’auteur, « la bonne foi » ou l’authenticité, c’est selon, est une
attitude de stricte cohérence entre nos croyances et nos comportements. L’authenticité
résulte des choix d’une personne à agir en tout état de cause. Ces choix n’ont pour but
que l’application de la liberté elle-même : « cela veut dire simplement que les actes
des hommes de bonne foi ont comme ultime signification la recherche de la liberté
en tant que telle » (Sartre, 1963, p. 69). Il existe une relation intime de réciprocité
entre la liberté et l’authenticité qui se complètent mutuellement. L’authenticité est
le moteur de la liberté. Sartre admet que la conscience de sa propre liberté ne soit
pas aisée à assumer. Car, si nous sommes libres continuellement, le poids de nos
diverses responsabilités devient lourd, voire insupportable (Warnock, 1967). Alors,
il arrive que pour éviter le lourd fardeau de la liberté, nous usions de « mauvaise
foi ». C’est une façon de nous libérer de nos actions et de refuser nos responsabilités.
L’angoisse représente de ce fait l’échec de la conscience à être autrement que libre.
Cette attitude d’abandon, c’est ce que Sartre nomme la mauvaise foi : « Si nous
avons défini la situation de l’homme comme un choix libre, sans excuse et sans
secours, tout homme qui se réfugie derrière l’excuse de ses passions, tout homme qui
invente un déterminisme est un homme de mauvaise foi. » (Sartre, 1963, p. 68). Face
à ces divers choix, il n’y a pas de déterminisme d’une valeur suprême. La mauvaise
foi consiste à prétendre que nous ne sommes pas libres et c’est une idée constante qui
revient souvent chez les existentialistes (Warnock, 1967). Cette liberté ontologique
ne doit être interprétée comme une licence pour tout faire et son comporter n’importe
comment. Elle est liée avec un ensemble de devoir et de responsabilités.
Engagement et Responsabilité
L’engagement doit être considéré comme une version politique de l’authenticité
(Heller, 2006). Sartre affirmait que l’engagement devait être une vertu dirigée vers
l’Autre, c’est-à-dire une vertu civique (Sartre, 1948 et Heller, 2006). La littérature