Papillons de Maurienne Et des vallées de Suse et Sangone

Papillons de Maurienne
Et des vallées de Suse et Sangone
L’évolution des idées de Lamarck à Darwin
Les feuillets d’information
des Papillons de Maurienne et des vallées de Suse et Sangone
La Dauphinelle (Association loi 1901)
22 avenue Jean Jaurès 73500 Modane – 04 79 20 58 81
Courriel : [email protected]
Directeur de publication : Guido Meeus
Ces feuillets assurent le suivi du projet et l’information entomologique.
Ont participé à ce numéro : Sylvie Besnard, Gilles Besnard,
Guido Meeus et Sylvie Ries – Photos : Guido Meeus sauf précision
Remerciements à nos partenaires financiers 2014.
Les grands porte-queues :
2 - le flambé
Feuillet d’information
Numéro 10 - Avril 2015
Lorsque Lamarck meurt à 85 ans en 1829, Charles Darwin (1809-1882) n’a que 20 ans et
n’a pas encore fait son voyage à bord du Beagle (1831 à 1836). Le livre il relatera son
expédition autour du monde ne sera publié que 10 ans après la mort de Lamarck.
Statue de Darwin au British Natural History Museum de Londres!
Son célèbre livre « De l’origine des espèces » publié
30 ans après la disparition de Lamarck, en 1859, ne le
sera que parce qu’un autre naturaliste anglais, Alfred
Russel Wallace (1823-1913) , lui a écrit et exposé le
résultat de ses réflexions qui aboutissent aux mêmes
conclusions sur l’évolution des espèces.
Wallace contribua au développement des idées
évolutionnistes qui aboutirent à la classification
phylogénétique du vivant (seconde moitié du XXe
siècle).
Ainsi, voyons-nous maintenant ces excroissances des
ailes postérieures des porte-queues comme une
innovation, qui, à un moment donné, a permis aux
imagos qui en étaient pourvus d’être moins attrapés
par les prédateurs. Génétiquement, ils contribuèrent
plus souvent aux descendances de leur espèce. Ce
n’est donc pas de leur volonté, mais du résultat de leur
moindre prédation qu’ils contribuèrent à la présence
de ces excroissances.
Un autre grand voilier, le flambé, il podalirio
Iphiclides podalirion (L.innaeus, 1758)
Ci-dessus la localisation, fin 2014, des observations d’imagos
de flambé. Elles sont localisées en fond de vallée, pour la
plupart en-dessous de 1500m d’altitude.
Ci-contre :
le nombre
d’observations
tout les 500m
de dénivelé.
Ci-dessous, à droite, un imago vient pomper de l’eau et des sels
minéraux ; à droite, une chenille (Photo d’Abrahami sur le site
wikipedia à l’article sur le flambé sous licence Creative Commons)
Le graphe ci-dessous présente les 440 observations suivant la
date et l’altitude en Maurienne et dans les vallées de Suse et
Sangone.
Y a-t-il deux générations en fond de vallées et une seule plus
haut ? Nous allons continuer les observer pour vérifier ou infirmer
cette hypothèse.
Les chenilles de flambé se nourrissent de prunellier, appelé
également épine noire (Prunus spinosa) et de cerisier de Sainte
Lucie (Prunus mahaleb). D’autres plantes de la famille des
Rosaceae sont citées : prunier, pêcher, amandier, etc.
Tout d’abord noires et semblables à une déjection, ces
chenilles deviennent vertes comme les feuilles du prunelier. Elles
sont homochromiques (de la même couleur que leur support).
Les suisses ont montré qu’il peut y avoir deux générations de
flambé en fonction de la latitude.
La chrysalide de la génération estivale se fixe dans le
feuillage, tandis que celle qui passe l’hiver se trouve souvent au
pied de l’arbuste.
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L’histoire du papillon
qui volait à l’envers !
Je réalisais à l’époque des animations pour la classe de La
Chapelle en Valgaudemar (Hautes-Alpes). Nous observions la
nature au fil des saisons.
Au printemps, un élève d’une dizaine d’années me dit
« Guido, j’ai vu un papillon qui volait à l’envers ! ».
Éclat de rire général, stupeur de l’institutrice, et surprise de
ma part. En effet, dite telle quelle, la phrase était, pour le
moins, saugrenue.
Je le pris au sérieux car j’avais appris que notre cerveau
d’humain, lorsqu’il n’arrive pas à donner une explication
rationnelle, nous transmet ce qui est le plus approchant. Je lui
demandai donc de me décrire en détail ce qu’il avait vu.
Bon observateur, il me décrivit un grand imago (adulte) de
papillon dans les tons blanc-jaunâtre avec de grandes rayures
noires. Il m’expliqua qu’il avait vu les yeux et les antennes.
Mais là où cela ne collait plus était que les yeux et les
antennes étaient à l’arrière du papillon qui volait.
Il en avait donc conclu que le papillon volait à l’envers !
Je reconnus rapidement le flambé (Iphiclides podalirius) qui
a la particularité d’avoir sur les ailes postérieures deux grandes
ocelles et deux extensions fines semblables à de grandes
antennes !
Ces leurres dont les individus qui en étaient pourvus furent
moins que d’autres mangés par les prédateurs ont perduré dans
l’espèce. En effet, un jeune oiseau inexpérimenté fait la même
analyse que notre élève et se précipite pour attraper la tête de
l’insecte…. Et repart avec uniquement deux bouts d’ailes !
L’imago, l’adulte de papillon a perdu une partie de ses ailes
mais est resté en vie.
Cette évolution est visible chez de nombreuses espèces, le
machaon, plusieurs espèces de thècles, l’azuré de la luzerne et
le bien nommé azuré porte-queue.
Guido Meeus
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