Mauritanie
Mauritanie
4Perspectives économiques en Afrique © BAfD, OCDE, PNUD 2016
secondaire n’a cessé de décroître depuis 2013, pour s’établir à 25.6 % en 2015. Bien qu’ayant
conservé sa place de 2e grand secteur dans le PIB, le secteur secondaire voit aujourd’hui son poids
très proche de celui du secteur primaire alors qu’il était quasiment le double de celui-ci il y a
deux ans (voir tableau 2). La diminution vertigineuse du poids du secteur secondaire s’explique
par la chute drastique de ses principales branches depuis 2013, à savoir les industries minières
et pétrolières, sous l’effet de la baisse des cours mondiaux pour ces deux industries, mais aussi
d’une baisse du volume des exportations pour le pétrole. Le secteur tertiaire, pour sa part, est
resté sur son sentier de croissance et a conservé en 2015 la place de plus gros contributeur à la
formation du PIB, avec un apport de 44.8 % contre 41.1 % en 2014.
Du côté de la demande globale, le principal facteur de ralentissement de la croissance est le
fléchissement de l’investissement brut en 2015, en raison de l’arrivée à terme de grands projets
d’investissement public tels que la construction du nouvel aéroport international de Nouakchott.
L’investissement brut est en effet est passé de 47.2 % du PIB en 2014 à 33.3 % en 2015. Cette tendance
à la baisse devrait se poursuivre en 2016, avec une valeur projetée de 29.5 % du PIB. Toutefois,
afin de maîtriser la gestion des investissements, le gouvernement a mis en place un programme
d’investissement public assorti d’un cadre de dépenses sur le moyen terme (2016-18), en appui
aux outils de programmation et de suivi des investissements, et en conformité avec les objectifs
de développement et les stratégies sectorielles.
Malgré l’inflexion de la croissance en 2015, les perspectives économiques demeurent
prometteuses à court terme, notamment grâce à la mise en exploitation du gisement de Guelb II,
nouveau champ minier qui relèvera la production annuelle de la Société Nationale Industrielle
et Minière (SNIM) à 16 millions de tonnes (après 13 millions de tonnes en 2015), mais aussi grâce
à la relance des activités manufacturières et à l’intensification des réformes structurelles. Ainsi,
un léger relèvement du taux de croissance est attendu en 2016, à 3.5 %. Par ailleurs, en dépit
d’une conjoncture internationale morose caractérisée par une baisse drastique des prix du fer, la
SNIM a maintenu son projet de développement et de modernisation qui vise à atteindre le seuil
de production de 40 millions de tonnes à l’horizon 2025, contre 13 millions en 2015. La SNIM a
également noué un partenariat avec la société saoudienne SABEQ pour l’exploitation du gisement
d’Atoumay, projet dont une partie des revenus sera allouée au renforcement des capacités dans le
secteur. À noter en termes de perspectives favorables également, la découverte du gaz de Banda,
dont l’exploitation permettra d’accroître l’offre nationale d’électricité mais aussi d’exporter de
l’électricité au Sénégal et au Mali.
Malgré des perspectives prometteuses à court terme, l’économie mauritanienne demeure
vulnérable aux chocs extérieurs. En cause, sa forte dépendance aux exportations minières, qui
représentent les quatre cinquièmes de l’ensemble des exportations du pays et un tiers des recettes
de l’État. Afin de réduire sa dépendance aux exportations minières, le pays doit explorer toutes les
voies possibles de diversification de son économie. Les secteurs de la pêche, de l’agriculture, de
l’élevage et des transports représentent autant de pistes intéressantes. Le pays devra également
améliorer son cadre budgétaire à moyen terme, afin d’assurer une meilleure gestion des ressources
naturelles et de préserver sa stabilité macroéconomique. La Mauritanie est aussi dépendante
de ses importations en denrées alimentaires, qui couvrent une part importante de ses besoins.
Grâce à la baisse continue des prix internationaux des produits alimentaires, cette dépendance
ne devrait toutefois pas assombrir les perspectives de croissance à court terme du pays.