MAURITANIE
2016
www.africaneconomicoutlook.org
Marcellin NDONG NTAH / m.ndongntah@afdb.org
Isiyaka SABO / isiyaka.s[email protected]
Selma CHEIKH MALAININE / selma.cheikh.malainine@undp.org
Mauritanie
Mauritanie
2Perspectives économiques en Afrique © BAfD, OCDE, PNUD 2016
MAURITANIE
• LéconomiedelaMauritanieaenregistréunralentissementdelacroissanceréelle
duPIB,avecuntauxdecroissancede3.1%en2015contre6.6%en2014,enraison
essentiellement de la baisse des prix du minerai de fer, son principal produit
d’exportation.
• Lesperspectives économiquesdemeurentnéanmoinsprometteusesà courtterme,
notammentgrâceàlamiseenexploitationdugisementdeGuelbII,nouveauchamp
minier,àlarelancedesactivitésmanufacturièresetàl’intensicationdesréformes
structurelles.
• La transformation des villes mauritaniennes en véritables moteurs de croissance
tardedufaitd’uneurbanisationnonplaniéeetnonencoremaîtrisée,cequiaun
impactnégatifsurledéveloppementlocal.
Vue d’ensemble
Du fait notamment de la baisse continue des cours mondiaux du fer, l’économie mauritanienne
est sortie en 2015 de son sentier de croissance forte, avec un taux de croissance du produit intérieur
brut (PIB) estimé à 3.1 %, après 6.6 % en 2014. La contribution des industries extractives au PIB a
ainsi significativement baissé en 2015 pour se situer à 7.4 % (12.8 % en 2014). Le ralentissement
de la croissance s’explique également par la baisse de l’investissement brut. Les perspectives
économiques demeurent toutefois prometteuses à court terme, notamment grâce à l’ente en
exploitation du gisement de Guelb II, nouveau champ minier de fer, à la relance des activités
manufacturières et à l’intensification des réformes structurelles.
L’année 2015 a été marquée par une consolidation des acquis macroéconomiques du pays.
Ainsi, l’inflation a été contenue à 1.5 % (3.5 % en 2014), sous l’effet notamment de la baisse des
cours internationaux des produis alimentaires. La position budgétaire demeure viable, avec un
déficit gérable du solde budgétaire global de 2.9 % du PIB (3.7 % en 2014). Les réserves officielles
avaient un niveau confortable fin 2015, estimé à 809 millions de dollars US (USD), soit 6.8 % des
importations non extractives (5.5 mois d’importations), contre 639.1 millions USD soit 4.7 mois
d’importations en 2014. Le secteur tertiaire a confirmé son essor, avec une contribution au PIB
au plus haut, de 44.8 %. Le déficit courant est resté sur sa dynamique de redressement progressif
pour se situer à 22.2 % du PIB (30 % en 2014). Il est prévu que cette dynamique prévale jusquen
2017.
Les résultats encourageants de l’Enquête permanente sur les conditions de vie des ménages
(EPCVM) de 2014, publs en 2015, révèlent des progrès significatifs en matière de réduction
de la pauvreté. En effet, la pauvreté a reculé de 42 % en 2008, à 31 %. Avec un score de 0.506,
le classement IDH (Indicateur de Développement Humain) 2015 du Programme des Nations
Unies pour le développement (PNUD) situe la Mauritanie au 156e rang, soit une amélioration de
5 places par rapport au classement 2014. Par ailleurs, plusieurs autres indicateurs sociaux se sont
redressés. Toutefois, en dépit des progs enregists, la performance sociale reste globalement
mitigée. Le pays demeure en effet dans la catégorie des pays à IDH faible. Le premier Objectif
du Millénaire pour le développement (OMD), consistant à ramener le taux de pauvreté à 28 %
à fin 2015, n’a pas pu être atteint. Malgré le niveau relativement peu élevé du chômage (12.8 %
en 2014), le marché du travail maintient un niveau élevé de précarité et d’informalité, avec un
taux d’emploi vulnérable de 54.62 %.
Parmi les défis majeurs de développement du pays figurent notamment la maîtrise de
l’urbanisation (avec une forte croissance de la population urbaine, qui représente 48.3 % de la
population totale), la persistance des quartiers à habitat précaire, la gestion foncière à améliorer,
Mauritanie
Mauritanie
32 Perspectives économiques en Afrique
© BAfD, OCDE, PNUD 2016
une meilleure application de la fiscalité ainsi qu’une réduction de la vulnérabilité au changement
climatique. Dans ce contexte, la perspective d’une urbanisation bien encadrée et orientée apparaît
comme une donnée essentielle du développement local.
Graphique 1. TauxdecroissanceduPIBréel
-2
0
2
4
6
8
10
12
14
2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015(e) 2016(p)2017(p)
Taux de croissance du PIB réel (%) Afrique du Nord Afrique (%)
%
Source: BAfD, Département Statistique PEA. Estimations (e) ; prévisions (p).
Tableau 1. Indicateursmacroéconomiques
2014 2015(e) 2016(p) 2017(p)
Croissance du PIB réel 6.6 3.1 3.5 4.5
Croissance du PIB réel par habitant 4.1 0.7 1.0 2.2
Inflation 3.5 1.5 6.7 6.1
Solde budtaire (% PIB) -3.7 -2.9 -2.4 -2.2
Compte courant (% PIB) -30.0 -22.2 -20.3 -19.3
Source : Dones des administrations nationales; calculs des auteurs pour les estimations (e) et les prévisions (p).
Développements récents et perspectives
Du fait essentiellement de la baisse des prix du minerai de fer, principal produit d’exportation,
la Mauritanie a connu en 2015 un ralentissement de sa croissance économique, avec un taux
estimé de 3.1 % contre 6.6 % en 2014. Les industries extractives ont ainsi enregistré un recul
d’environ cinq points de pourcentage en termes de parts dans le PIB, pour se situer à 7.4 % contre
12.8 % en 2014 (voir tableau 2). Plus précisément, les parts dans le PIB des industries de fer et des
produits pétroliers ont chuté respectivement de 4.4 points et de 1.2 point. Le ralentissement de la
croissance économique en 2015 trouve également ses origines dans la baisse de l’investissement
brut. Lannée 2015 a par ailleurs enregistré une hausse de l’activité dans l’agriculture, l’élevage et
la pêche – dont les parts conjuguées dans le PIB sont passées de 22.4 % en 2014 à 24.2 % en 2015 –,
ainsi que dans la branche « autres services » du secteur tertiaire – dont la part dans le PIB est
passée de 16.6 % en 2014 à 18.2 % en 2015.
Avec une part dans le PIB sans cesse croissante depuis 2013 pour se situer à 24.2 % en 2015,
le secteur primaire demeure un pilier majeur de l’économie. Ce secteur est tiré par l’élevage,
l’agriculture et la pêche. Contrairement au secteur primaire, la part dans le PIB du secteur
Mauritanie
Mauritanie
4Perspectives économiques en Afrique © BAfD, OCDE, PNUD 2016
secondaire n’a cessé de décroître depuis 2013, pour s’établir à 25.6 % en 2015. Bien quayant
conservé sa place de 2e grand secteur dans le PIB, le secteur secondaire voit aujourd’hui son poids
très proche de celui du secteur primaire alors qu’il était quasiment le double de celui-ci il y a
deux ans (voir tableau 2). La diminution vertigineuse du poids du secteur secondaire s’explique
par la chute drastique de ses principales branches depuis 2013, à savoir les industries minières
et pétrolières, sous l’effet de la baisse des cours mondiaux pour ces deux industries, mais aussi
d’une baisse du volume des exportations pour le pétrole. Le secteur tertiaire, pour sa part, est
resté sur son sentier de croissance et a conservé en 2015 la place de plus gros contributeur à la
formation du PIB, avec un apport de 44.8 % contre 41.1 % en 2014.
Du côté de la demande globale, le principal facteur de ralentissement de la croissance est le
fléchissement de l’investissement brut en 2015, en raison de l’arrivée à terme de grands projets
d’investissement public tels que la construction du nouvel aéroport international de Nouakchott.
L’investissement brut est en effet est passé de 47.2 % du PIB en 2014 à 33.3 % en 2015. Cette tendance
à la baisse devrait se poursuivre en 2016, avec une valeur projetée de 29.5 % du PIB. Toutefois,
afin de maîtriser la gestion des investissements, le gouvernement a mis en place un programme
d’investissement public assorti d’un cadre de dépenses sur le moyen terme (2016-18), en appui
aux outils de programmation et de suivi des investissements, et en conformité avec les objectifs
de développement et les stratégies sectorielles.
Malgré l’inflexion de la croissance en 2015, les perspectives économiques demeurent
prometteuses à court terme, notamment grâce à la mise en exploitation du gisement de Guelb II,
nouveau champ minier qui relèvera la production annuelle de la Société Nationale Industrielle
et Minière (SNIM) à 16 millions de tonnes (après 13 millions de tonnes en 2015), mais aussi grâce
à la relance des activités manufacturières et à l’intensification des réformes structurelles. Ainsi,
un léger relèvement du taux de croissance est attendu en 2016, à 3.5 %. Par ailleurs, en dépit
d’une conjoncture internationale morose caractérie par une baisse drastique des prix du fer, la
SNIM a maintenu son projet de développement et de modernisation qui vise à atteindre le seuil
de production de 40 millions de tonnes à l’horizon 2025, contre 13 millions en 2015. La SNIM a
également noué un partenariat avec la société saoudienne SABEQ pour l’exploitation du gisement
d’Atoumay, projet dont une partie des revenus sera allouée au renforcement des capacités dans le
secteur. À noter en termes de perspectives favorables également, la découverte du gaz de Banda,
dont lexploitation permettra d’accroître l’offre nationale d’électricité mais aussi d’exporter de
l’électricité au Sénégal et au Mali.
Malgré des perspectives prometteuses à court terme, l’économie mauritanienne demeure
vulnérable aux chocs extérieurs. En cause, sa forte dépendance aux exportations minières, qui
représentent les quatre cinquièmes de l’ensemble des exportations du pays et un tiers des recettes
de l’État. An de réduire sa dépendance aux exportations minières, le pays doit explorer toutes les
voies possibles de diversification de son économie. Les secteurs de la pêche, de l’agriculture, de
l’élevage et des transports représentent autant de pistes intéressantes. Le pays devra également
améliorer son cadre budgétaire à moyen terme, afin d’assurer une meilleure gestion des ressources
naturelles et de préserver sa stabilité macrconomique. La Mauritanie est aussi dépendante
de ses importations en denes alimentaires, qui couvrent une part importante de ses besoins.
Grâce à la baisse continue des prix internationaux des produits alimentaires, cette dépendance
ne devrait toutefois pas assombrir les perspectives de croissance à court terme du pays.
Mauritanie
Mauritanie
54 Perspectives économiques en Afrique
© BAfD, OCDE, PNUD 2016
Tableau 2. PIBparsecteur(enpourcentageduPIB)
2010 2014
Agriculture, foresterie, pêche et chasse 25.8 20.9
Dont pêche 2.5 1.9
Activités extractives 20.2 25.8
Dont extraction de pétrole brut et de gaz naturel
Activités de fabrication 8.6 7.8
Production et distribution d'électricité, de gaz et d'eau 0.6 0.5
Construction 6.0 7.8
Commerce de gros et de détail; réparation de véhicules
automobiles et hôtels et restaurants 9.1 8.4
Dont hôtels et restaurants
Transports, entreposage et communications 4.3 4.6
Intermédiation financière, immobilier, locations et activités de
services aux entreprises 14.7 13.7
Administration publique et défense; sécurité sociale
obligatoire 10.7 10.6
Autres services … …
Produit intérieur brut aux prix de base / au ct des facteurs 100.0 100.0
Source : Données des administrations nationales.
Politiques macroéconomiques
Politiquebudgétaire
Les orientations de la politique budgétaire ont été traduites dans la loi de finances 2015 au
travers de réformes qui ont pour objectif le maintien du solde budgétaire à un niveau soutenable à
moyen et long termes, tout en assurant le financement de projets d’infrastructures économiques
et sociales de base. Lassiette fiscale a ainsi été élargie et le taux de TVA est passé de 14 % à 16 %,
tandis que les dépenses courantes ont été réduites (1.8 % du PIB hors industries extractives).
La poursuite en 2015 d’une politique budgétaire prudente et peu expansionniste a permis
de compenser les pertes de recettes enregistes dans le secteur extractif, et de rendre possible
un fléchissement du déficit budgétaire global : -2.9 % du PIB en 2015 contre -3.7 % en 2014. La
position budgétaire demeure ainsi viable avec un déficit gérable. La couverture de ce déficit est
assurée essentiellement par le recours aux ressources accumulées par le Trésor public auprès de
la Banque centrale de Mauritanie (BCM).
La programmation des dépenses budgétaires pour l’année 2015 a été marquée, notamment,
par la poursuite des efforts de rationalisation des crédits de fonctionnement, et par la légère
augmentation des dépenses d’investissement de l’État (13. 2% du PIB contre 12.9 % en 2014). Le
tableau 3 ci-après montre que les recettes budgétaires demeurent dominées en 2015 par les recettes
fiscales, et les dépenses budgétaires par les dépenses de fonctionnement. Issues essentiellement
de l’application des impôts et taxes, les recettes fiscales ont connu une légère régression à cause
du ralentissement de l’activité économique. Lannée 2015 a été la deuxième année de mise en
œuvre des aménagements fiscaux et douaniers introduits en 2014, dans le cadre de la protection
des petites industries et avec pour objectif de promouvoir le développement de l’appareil productif
national. Ces aménagements portent sur l’introduction d’une taxe de consommation sur les
eaux minérales, le relèvement de la fiscalité sur certains produits laitiers, et aussi l’introduction
d’une taxe de consommation sur le lait UHT. La baisse enregiste au niveau des autres recettes
(notamment non fiscales) reflète les manques à gagner des recettes minières et des dividendes
des entreprises publiques.
1 / 15 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !