Optimisation d`un faisceau d`électrons de haute brillance

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Optimisation d’un faisceau d’électrons de haute
brillance
Par Thomas Audet
Stage réalisé au département accélérateurs du Laboratoire de l’Accélérateur Linéaire sous la tutelle
de Christelle Bruni et Pierre Lepercq.
Rapport de stage
Master 1 Physique Appliquée et Mécanique
Avril-Juin 2012
Remerciements
Je tiens d’abord à remercier Alessandro Variola, directeur du département accélérateur pour m’avoir
accepté dans son laboratoire.
Je remercie ensuite particulièrement mes tuteurs, Christelle Bruni et Pierre Lepercq pour leur
disponibilité, leurs explications, leurs conseils avisés, leur sympathie ainsi que l’aide qu’il m’ont
apporté pour la rédaction de ce rapport et tout au long de ce stage.
Je remercie Delphine Monnier Ragaigne, responsable de l’expérience de fluorescence pour ses
explications sur les rayons cosmiques ainsi que sur toute l’expérience.
Je remercie également Hugues Monard et Raphaël Roux pour toutes leurs explications sur le contrôle
de PHIL ainsi que sur la dynamique faisceau.
Merci aussi à Emilienne Ngo-Mandag et son stagiaire Songkai Song pour le dépouillement des images
expérimentales ainsi que Julien Brossard pour son aide sur les simulations.
Je tiens finalement à remercier toute l’équipe du département accélérateur pour sa bonne humeur
et son accueil au sein de l’équipe.
I.
Introduction ................................................................................................................ 1
II.
Contexte du stage ................................................................................................ 2
1. Mesure du rendement de fluorescence de l’azote ................................. 2
a. La sphère intégrante ................................................................................................................. 2
b. Compatibilité de Phil avec l’expérience .............................................................................. 3
2. La ligne de PHIL ......................................................................................................... 3
a.
b.
c.
d.
e.
III.
Description générale de la ligne ........................................................................................... 3
Le photo-injecteur PHIN .......................................................................................................... 4
Les solénoïdes .............................................................................................................................. 4
Les diagnostics ............................................................................................................................ 5
Positionnement de l’expérience de fluorescence ............................................................. 6
Le photo-injecteur PHIN........................................................................... 7
1. Champ électrique...................................................................................................... 7
2. Force de charge d’espace ..................................................................................... 8
IV.
1.
2.
V.
1.
2.
3.
Effets des solénoïdes................................................................................... 11
Modélisation....................................................................................................................... 11
Comparaison avec les mesures ........................................................................... 18
Fenêtre de sortie de l’accélérateur........................................ 21
Modélisation....................................................................................................................... 21
Mesures .................................................................................................................................. 23
Comparaisons ................................................................................................................... 24
VI. Conclusions................................................................................................................. 26
VII. Annexes ............................................................................................................................ 27
I.
Introduction
L’expérience présentée ici de mesure de rendement de fluorescence de l’azote s’inscrit dans le
cadre de la physique des rayons cosmiques. En effet, il existe des rayons cosmiques, appelés Rayons
Cosmiques d’Ultra-Hautes Energies (RCUHE) dont l’énergie est très grande (de l’ordre de 1018eV),
même plus grande que l’énergie accessible dans les accélérateurs de particules. La mesure précise de
leur énergie pourrait permettre de mieux comprendre les processus de leur génération.
Pour cela on peut, à l’aide d’un télescope, visualiser la lumière émise lors de leur passage. En effet
lorsqu’une particule d’ultra-haute énergie arrive dans l’atmosphère, elle va créer ce que l’on appelle
une gerbe atmosphérique, c’est-à-dire une réaction en cascade de génération de particules
secondaires. Dans cette gerbe atmosphérique, des électrons secondaires sont émis et, en excitant
l’azote de l’atmosphère, lui permettent d’émettre de la lumière par fluorescence, lumière que l’on
veut visualiser. La figure 1 représente le schéma de principe de la mesure de l’énergie des RCUHE.
Fig. 1 : Schéma de principe de mesure de l’énergie des RCUHE par la fluorescence de l’azote.
Les mesures s’appuient sur des simulations pour reproduire les effets atmosphériques. La mesure
de l’énergie du RCUHE est ainsi obtenue avec une précision de 22 %, le rendement de fluorescence
étant l’incertitude la plus grande avec 14%. Le passage de 14 % à 5% sur la précision du rendement
de fluorescence ferait passer la précision sur la mesure de l’énergie des RCUHE à l’observatoire
Pierre Auger de 22% à 17%.
Le point clé pour améliorer cette précision est la maitrise du volume fiduciel ainsi que des
conditions atmosphériques.
On définit le volume fiduciel comme la zone d’espace où toute la lumière de fluorescence a été
émise. Le volume fiduciel dépend de la pression, en effet, en augmentant la pression, on diminue le
libre parcours moyen des électrons. Les électrons vont donc perdre leur énergie, jusqu’à ne plus
pouvoir initier de fluorescence, et ce, dans un volume plus petit puisqu’ils subissent plus de collisions
[2].
Les conditions atmosphériques telles que la pression, la composition de l’atmosphère (humidité,
pourcentage d’azote, d’oxygène…) ainsi que la température sont les paramètres jouant le plus grand
rôle sur la mesure. Comme expliqué précédemment, la pression joue un rôle sur le volume fiduciel
tandis que la composition du gaz joue un rôle sur le rayonnement émis. Car plus il y a d’azote plus il y
aura de lumière de fluorescence mais elle peut éventuellement être atténué par d’autres éléments.
Pour cela, une expérience de mesure de fluorescence par des électrons issus d’un accélérateur est
adaptée, on pourra alors maitriser les conditions de l’expérience et ainsi améliorer la précision de la
mesure.
1
II.
Contexte du stage
1. Mesure du rendement de fluorescence de l’azote.
a. La sphère intégrante
La figure 2 illustre une des sphères intégrantes qui sera utilisée pour l’expérience. Les électrons
issus de l’accélérateur PHIL arrivent dans la sphère après avoir traversé une fenêtre en aluminium. Ils
excitent ainsi l’azote contenu dans la sphère qui émet un rayonnement de fluorescence.
Ces sphères ont une fenêtre d’entrée et une de sortie pour le passage des électrons, deux
ouvertures d’entrée/sortie du gaz pour contrôler les conditions atmosphérique. Il y a aussi une
ouverture où sera placée une photodiode servant à la calibration et une autre d’où sortiront des
fibres optiques reliées à un photomultiplicateur (PMT) et un spectromètre dont la sortie sera reliée à
un PMT pour sa calibration et une caméra CCD. Le spectromètre et la caméra CCD serviront à
mesurer le nombre de photons de fluorescence pour la mesure du rendement. La sphère garde son
caractère intégrant du fait que la surface de ces ouvertures est faible devant la surface totale (<5%).
Fig. 2 : Schéma de principe de l’expérience.
L’expérience devra se dérouler en plusieurs étapes. Il faut, en premier lieu, calibrer les PMT car la
précision sur leur efficacité donnée par le constructeur est de 15 à 20%, ce qui ne permettrait pas
une mesure précise du rendement de fluorescence. La calibration des PMT se fait avec les
photodiodes NIST dont l’efficacité est connue avec une précision de 1,5%. On utilise d’abord une LED
et deux NIST, la deuxième NIST ayant le même facteur de réduction que le PMT. Puis on remplace
cette deuxième NIST par le PMT et on calibre le PMT par rapport au NIST avec le facteur de réduction
calculé auparavant. Le PMT calibré est ensuite utilisé pour calibrer le spectromètre et la caméra CCD
à l’aide de la LED, donc avec la même efficacité.
On peut ensuite valider la méthode à des conditions standards de pression et de température
avant de commencer les mesures.
2
b. Compatibilité de PHIL avec l’expérience
PHIL est un accélérateur d’électrons qui produit des électrons par un photo-injecteur. Les
électrons sont produits par paquets d’une durée de quelques ps à une cadence de 5Hz. L’énergie des
électrons est comprise entre 2 et 5MeV et la charge, c’est-à-dire le nombre d’électrons composant le
paquet est variable selon les conditions expérimentales entre 50 et 300 pC.
•
Charge
C’est le paramètre le plus important, la mesure du rendement dépend directement de la charge
du faisceau pour déterminer le nombre d’électrons arrivant dans la sphère. Le paquet devra avoir
une charge comprise entre 50pC et 300pC. Cette charge doit être connue à 2% car cette incertitude
est sommée quadratiquement dans l’incertitude de la mesure de rendement de fluorescence. Les
valeurs de charge ainsi que leur mesure sont donc bien adaptés à PHIL.
•
Dimensions transverses
Les dimensions transverses du paquet d’électrons sont très importantes pour l’expérience de
fluorescence. Elles doivent être suffisamment faibles pour que le paquet puisse entrer, se propager
et sortir de la sphère sans perdre d’électron sur les parois. C’est sur ce point que l’on va se focaliser
dans ce rapport afin de déterminer si d’éventuelles modifications de la ligne sont nécessaires.
2. La ligne de PHIL
a. Description générale de la ligne
Le but d’un photo-injecteur est de créer un paquet d’électrons, de l’accélérer à l’aide de champs
électriques et de le maintenir en forme à l’aide de champs magnétiques. L’accélérateur PHIL a
notamment pour objectif de conditionner et de caractériser des canons à électrons HF et de fournir
du faisceau d’électrons à des utilisateurs.
Le premier élément d’un photo-injecteur est la cathode. C’est elle qui est à l’origine de la
génération du paquet d’électrons. Pour cela, elle est éclairée par un laser dont la longueur d’onde est
réglée pour que l’énergie des photons incidents corresponde avec le travail de sortie photoélectrique
des électrons de la cathode.
Les électrons ainsi générés sont ensuite accélérés à l’aide d’un canon HF autour duquel se
trouvent des bobines (B1 et B3). Une bobine est située à la sortie du canon (B3) et une deuxième est
située juste avant la cathode (B1) comme on peut le voir sur la figure 3.
Le long de la ligne, le faisceau se propage dans un vide de 10-9 mbar et passe également par de
petits dipôles magnétiques afin de corriger les éventuels défauts d’alignement. Après être sorti du
canon, il va passer par un deuxième solénoïde (B5) permettant de le focaliser. Il y a ensuite deux
possibilités de propagation, la ligne directe et la ligne déviée.
Les 2 lignes servent à mesurer certaines propriétés du faisceau comme ses dimensions, sa charge
ou son énergie (cf. I.2.d.). L’expérience de fluorescence est disposée sur la ligne directe.
Fig. 3 : Représentation schématique de la ligne de PHIN.
3
b. Le photo-injecteur PHIN
La figure 4 illustre le schéma mécanique du canon PHIN qui est actuellement installé sur la ligne
de PHIL.
Fig. 4 : Schéma du canon PHIN.
A l’intérieur des cavités du photo-injecteur, il réside un champ électrique stationnaire, de
fréquence 2,998 550 GHz amené par des guides d’ondes. Ce champ est caractérisé par son gradient
maximum théorique (environ 60MV) bien que lors des expériences, la valeur du champ soit souvent
plus faible car limitée par les claquages dans la cavité même après conditionnement du canon. La
taille ainsi que la forme de la cavité influent sur la fréquence de résonnance du champ. Pour cette
raison, ainsi que pour diminuer les pertes d’énergie par effet Joule, la cavité doit être usinée avec
précision, ainsi, on s’assure qu’un maximum d’énergie est disponible pour accélérer les électrons (la
température de la cavité est à prendre en compte car elle la fait se dilater). Le nombre de cellules
composant la cavité est important et doit être choisi afin que les électrons ne voient pas un champ
nul lors de leur émission (cf. I.2.a).
c. Les solénoïdes
La ligne de PHIL est composée de plusieurs solénoïdes (cf. Fig.3) à plusieurs emplacements et
ayant des rôles différents.
Le solénoïde B1 est situé juste avant le canon PHIN et a pour but de maintenir un champ magnétique
nul sur la cathode afin de ne pas faire éclater le paquet d’électrons.
Le solénoïde B3 est à la sortie du canon et permet de maintenir le paquet d’électron en forme. On
s’en sert notamment en expérience pour focaliser le faisceau sur l’écran YAG1 ou associé à B5 pour
propager le faisceau plus loin sans perdre d’électron sur les parois du tube à vide.
4
Le solénoïde B5 est situé environ au milieu de la ligne, associé à B3, il permet de focaliser le faisceau
sur YAG2, YAG3, YAG4, la fenêtre de sortie ou l’écran LANEX (cf. I.2.d).
d. Les diagnostics
Il existe différents diagnostics sur la ligne de PHIL qui donnent des informations sur les
caractéristiques du faisceau.
•
Les écrans YAG
Les écrans YAG (grenat d'yttrium et d'aluminium) sont des écrans scintillants lorsqu’ils sont
excités, dans notre cas par le faisceau d’électrons. Associé à un système optique (lentille
convergente) et à une caméra CCD ainsi qu’à des logiciels d’acquisition et de traitement d’images,
ils permettent d’obtenir la distribution transverse du faisceau.
•
L’écran LANEX
L’écran LANEX est un autre écran scintillateur, composé de plusieurs couches de matériaux
différents. Il a été placé à 4 cm de la sortie de l’accélérateur, à l’air, soit approximativement au
centre de la sphère. Il nous renseigne sur la distribution transverse du faisceau à l’emplacement
de la sphère et sous pression atmosphérique donc dans des conditions semblables à celles de
l’expérience de fluorescence.
•
La ligne déviée
On peut dévier le faisceau grâce au dipôle magnétique situé sur la ligne de PHIL. Cette déviation
donne des informations sur l’énergie et la distribution en énergie du faisceau.
En effet si on écrit l’équation du mouvement d’une particule dans un champ magnétique constant
on obtient :
�⃗
Or : 𝑣⃗ ┴ 𝐵
𝑑𝑃�⃗
𝑑𝑡
�⃗
= 𝐹⃗ = 𝑞𝑣
���⃗ x 𝐵
�⃗
𝑑𝑣
Si on prend comme hypothèse que le mouvement est circulaire uniforme on a : 𝑑𝑡 =
ρ le rayon du cercle décrit par la particule.
En remplaçant, on obtient :
𝐵𝜌 =
𝑣2
𝜌
𝑒���⃗𝑟 avec
𝑃
𝑞
Ainsi, une particule avec une énergie cinétique plus grande sera moins déviée qu’une particule de
plus faible énergie cinétique.
La ligne déviée permet donc de transformer la distribution en énergie en distribution spatiale,
bien que la taille transversale du paquet soit à prendre en compte pour une mesure plus précise.
L’écran YAG4 associée à une caméra CCD nous permet d’observer cette distribution en énergie, et
donc d’avoir accès à la dispersion en énergie, qui est définie comme la largeur rms de la
distribution en énergie.
5
e. Positionnement de l’expérience de fluorescence
Les sphères intégrantes de l’expérience de fluorescence seront placées en bout de ligne directe, à
5,6385 m de la cathode, séparées de l’accélérateur par deux fenêtre en aluminium (une en entré,
l’autre à la sortie de la sphère) afin que les électrons puissent traverser la sphère.
Fig. 5 : Schéma de la sphère de mesure implantée sur la ligne de PHIL.
6
III. Le photo-injecteur
1. Champ électrique
Le champ électrique stationnaire qui réside dans le photo-injecteur est de forme sinusoïdale et
comporte 1,25 période, ainsi la cathode se situe sur une crête, s’il y avait 1,5 période il régnerait un
champ nul sur la cathode et ce quelle que soit la phase. Ainsi, la phase entre l’impulsion laser sur la
cathode et le champ électrique est un paramètre primordial, car c’est la phase qui détermine le
champ vu par les électrons. Il faut s’assurer que la phase est réglée afin que les électrons voient un
champ accélérateur lors de leur propagation dans la cavité et gagnent ainsi l’énergie souhaitée. Le
champ électrique dans le photo-injecteur est représenté sur la figure 6.
Fig. 6 : Champ électrique longitudinal dans la cavité.
On peut calculer l’énergie cinétique des électrons en calculant le travail de la force Coulombienne
du champ électrique sur les électrons : 𝐹⃗ = 𝑞𝐸�⃗ . Ce travail étant égal à l’énergie cédée par le champ
aux électrons.
2𝜋𝑓𝑧
Si on prend le champ de la forme : 𝐸�⃗ = 𝐴𝑚𝑎𝑥 cos(
+ 𝛷)𝑒
���⃗𝑧
𝑐
Avec : 𝐴𝑚𝑎𝑥 : Le gradient maximum
f : La fréquence du champ
𝛷 : La phase entre l’impact du laser sur la cathode et le champ électrique.
Le travail s’écrit après intégration : W =
−q 𝐴𝑚𝑎𝑥 𝑐
2𝜋𝑓
2𝜋𝑓𝑧𝑚𝑎𝑥
𝑐
�sin �
+ 𝛷� − sin(𝛷)�
Avec : 𝑧𝑚𝑎𝑥 = 1,25 𝑇. 𝑐 = 0,125 𝑚 et T= 1/f la période temporelle du champ.
L’énergie des électrons varie donc avec la phase ϕ, paramètre que l’on peut contrôler en expérience
grâce à des déphaseurs (cf. Annexe 1).
L’énergie moyenne des électrons du paquet en fonction de la phase est représentée sur la figure
7. La simulation a été effectuée pour le canon PHIN, un gradient maximum de 60MV/m et pour un
ensemble de 10000 électrons 3 mm après la sortie du canon PHIN en négligeant les interactions
entre électrons.
7
Fig. 7 : Énergie extraite en fonction de la phase pour un gradient maximum dans le canon de
60MV/m, σx= σy =0,5 mm et une charge totale de 0,1nC.
On voit sur la figure 7 un pic vers 300° (il ne sera pas considéré dans la suite de ce rapport) qui est
causé par la perte des électrons périphériques et modifie donc l’énergie moyenne, ce pic n’est donc
pas physique et ne sera plus considéré dans la suite de ce rapport. On peut remarquer que l’énergie
est nulle jusqu’à une phase de 160°, ce qui s’explique par le fait qu’on n’extrait aucun électron, puis
est constante jusqu’à 180° environ. Entre 200° et environ 260° l’énergie dépend sinusoïdalement de
la phase, ce qui est prévu par le modèle analytique ci-dessus. On obtient une phase où l’énergie est
maximale à 225° et une énergie cinétique moyenne de 3,8 MeV.
2. Force de charge d’espace
Nous allons maintenant nous intéresser à l’effet de la charge d’espace (CE) sur les propriétés du
faisceau. D’une façon générale, la répulsion Coulombienne liée à la charge d’espace, c’est-à-dire la
charge négative du paquet d’électrons, a tendance à dégrader les propriétés du faisceau. C’est cette
force qui limite la compression spatiale du faisceau.
Chaque particule du faisceau est définie par ses coordonnées x, y, z et px, py, pz. On peut alors
définir x’=px/pz et y’=py/pz comme les divergences transverses des particules (le faisceau se
propageant selon la direction z). Le faisceau est, lui, définit par les dimensions rms des distributions
des particules. Par exemple 𝜎𝑥 est la dimension selon x du faisceau et est égale à l’écart-type de la
distribution en x des particules. On peut définir de la même façon 𝜎𝑦 𝜎𝑥′ et 𝜎′𝑦 , respectivement la
dimension du faisceau selon y et la divergence du faisceau selon x et selon y.
J’ai utilisé ASTRA qui est un code permettant de faire du tracking de particules au travers de
champ. Ce code fonctionne en coordonnées cylindriques, calcule les forces s’appliquant aux
particules et modifie alors leurs coordonnées. On peut générer des distributions de particules ou lui
en soumettre, simuler les ouvertures dues la chambre à vide, le canon et les différents éléments
magnétiques.
Les simulations ASTRA présentées ici ont été effectuées avec un gradient maximum de 60MV/m
pour 10000 macroparticules et 0,1nC de charge à 3mm de la sortie du canon PHIN.
•
8.
Dimensions transverses
Les variations des dimensions transverses en fonction de la phase sont représentées sur la figure
8
Fig. 8 : Dimensions transverses en fonction de la phase (à gauche sans CE, à droite avec CE).
On voit sur la figure 8 dans le cas où on ne prend pas en compte la charge d’espace que les
dimensions transverses dans la zone de phase où l’on transmet toute la charge sont d’abord
minimales puis subissent une augmentation. Lorsqu’on prend la charge d’espace en compte, le
comportement est inversé, en effet les dimensions sont d’abord maximales puis subissent une
diminution.
Cela s’explique par le fait que la phase minimale où on transmet toute la charge est la phase où
les électrons voient le plus grand champ accélérateur au niveau de la cathode (cela ne correspond
pas à l’énergie maximale car le paquet gagnera moins d’énergie dans les cellules du canon suivantes).
Le champ longitudinal à la cathode est alors très supérieur au champ transverse et si on ne prend pas
la force de charge d’espace en compte le paquet est alors légèrement focalisé taille. Lorsque la
charge d’espace est prise en compte, cette taille faible au début du canon induit une grosse
augmentation à cause de la force de charge d’espace, c’est pourquoi les comportements des deux
courbes sont inversés.
•
Emittance transverse
L’émittance est un paramètre défini comme le produit des dimensions transverses par la
divergence du faisceau. C’est un paramètre particulièrement important pour l’expérience de
fluorescence car il faut que l’émittance soit faible pour que le faisceau puisse traverser la sphère
d’interaction sans perdre d’électrons sur les parois (cf. IV). L’émittance correspond à l’aire de l’ellipse
dans le plan (x,x’) ou (y,y’) comme représentée sur la figure 9.
Fig. 9 : Exemple de représentation du faisceau dans le plan (x,x’)
9
La taille du laser sur la cathode est un autre paramètre important car l’émittance du paquet
d’électrons lorsqu’il est généré est égale à l’émittance thermique (c’est-à-dire l’émittance donnée
par la génération d’électrons par effet photoélectrique), qui varie linéairement avec le rayon du
laser. La forme de la distribution du laser, sa durée ainsi que son angle d’incidence influent sur le
nombre de charges extraites et l‘émittance transverse du paquet. Le nombre de charges extraites, en
augmentant la force de charge d’espace, joue un rôle sur la taille et l’émittance du paquet.
Fig. 10 : Emittance transverse en fonction de la phase (à gauche sans CE, à droite avec CE).
Lors des simulations sans prendre en compte la charge d’espace, on obtient une émittance
inférieure à 0,5 πmm mrad dans les valeurs de phase où on maximise l’énergie, avec un minimum
inférieur à 0,1 πmm mrad pour 225° (la phase qui maximise l’énergie), et encore une augmentation
jusqu’à une valeur d’environ 850 πmm mrad pour 295°. Lorsque la charge d’espace est prise en
compte, on trouve des valeurs d’émittance transverse d’environ 2 πmm mrad dans la zone où on
maximise l’énergie avec un minimum obtenu pour une phase de 220°.
On constate donc que l’émittance est beaucoup plus grande lorsque l’on prend en compte la
charge d’espace mais dans les deux cas, le minimum d’émittance est obtenu pour la phase qui
maximise l’énergie. Ce résultat était prévisible car à la phase où l’énergie est maximale, le faisceau
subit plus d’influence du champ longitudinal qui domine le champ radial. De plus, lorsqu’on prend en
compte la charge d’espace, ce minimum s’explique aussi par le fait que la force de charge d’espace
est proportionnelle à 1/𝛾² (𝛾 : facteur de Lorentz) [1]. Ainsi, plus l’énergie des électrons, et donc
leur vitesse est grande, plus la force de charge d’espace qu’ils subissent est faible et l’émittance
également.
D’un point de vue général, on peut dire que la force de charge d’espace tend à faire éclater le
paquet, ce qui augmente l’émittance et les dimensions du paquet. Il est donc important de contrôler
la phase pour se placer à l’énergie désirée et minimiser la taille du faisceau dans le cas de
l’expérience de fluorescence.
10
IV.
Effets des solénoïdes
1. Modélisation
•
Matrices de transfert
Comme en optique géométrique, il est possible de formaliser le transport des particules dans
l’accélérateur par des matrices de transfert correspondants aux différents éléments rencontrés par
𝑥
𝑥′
les particules. Il suffira alors de multiplier la matrice de l’élément M et le vecteur V1=� 𝑦 �
𝑦′
correspondant aux coordonnées de la particule pour obtenir le vecteur caractérisant la particule
après qu’elle ait rencontré l’élément considéré V2.
Ainsi, la matrice de transfert correspondante à un espace de glissement de longueur d est :
1 𝑑
�0 1
0 0
0 0
0
0
1
0
0
0�
𝑑
1
La matrice de transfert correspondante à un solénoïde est :
𝑐2
⎡
⎢−𝐾𝑠𝑐
⎢ −𝑠𝑐
⎣ 𝐾𝑠²
Avec : 𝑐 = cos(𝐾𝐿), 𝑠 = sin(𝐾𝐿), 𝐾 =
𝐿=
𝑠𝑐/𝐾
𝑐²
−𝑠 2 /𝐾
−𝑠𝑐
𝐵𝑚𝑎𝑥
2𝐵𝜌
𝑠𝑐 𝑠²/𝐾
⎤
−𝐾𝑠² 𝑠𝑐 ⎥
𝑐² 𝑠𝑐/𝐾 ⎥
−𝐾𝑠𝑐 𝑐²⎦
et L la longueur magnétique du solénoïde, définie par
∫ 𝐵0 (𝑧)𝑑𝑧
, ce qui correspond à l’intégrale sur la direction z du champ magnétique normalisé,
𝐵𝑚𝑎𝑥
soit l’aire en grise sous la courbe de la figure 11 (le champ représenté étant normalisé).
Fig. 11 : Représentation du champ magnétique au niveau de l’axe d’une bobine.
Par exemple si le faisceau passe par un espace de glissement puis un solénoïde la matrice de
transfert totale sera :
Mtot = MsolénoïdeMglissement
•
Espace des phases
Lorsque l’on représente l’espace des phases (x,x’) ou (y,y’) pour chaque particule, la figure
obtenue est une ellipse comme représentée sur la figure 9.
11
L’équation de l’ellipse obtenue est alors :
𝛾𝑥 𝑥² + 2𝛼𝑥 𝑥𝑥 ′ + 𝛽𝑥 𝑥 ′2 =
𝜀𝑥
𝜋
Avec 𝛾𝑥 , 𝛼𝑥 , 𝛽𝑥 les paramètres de Twiss aussi appelés paramètres faisceau. [3]
Et
𝜀𝑥
𝜋
l’émittance du faisceau.
•
Matrice faisceau
On peut alors introduire la matrice faisceau, donnant les caractéristiques du faisceau et
définie comme ci-dessous :
𝜀
𝑀𝑥 =
𝜀𝑥 𝛽𝑥
�
𝜋 −𝛼𝑥
𝜎²𝑥
−𝛼𝑥
�= �
𝛾𝑥
−𝜀𝑔𝛾
−𝜀𝑔𝛾
�
𝜎′²𝑥
Donc 𝜎𝑥 = � 𝜋𝑥 𝛽𝑥 , les paramètres de Twiss définissent la taille du faisceau.
La matrice faisceau complète étant :
𝑀= �
𝑀𝑥
0 0
0 0
0
0
0
0�
𝑀𝑦
On étudie alors le transport du faisceau dans son ensemble et non pas des particules. Ainsi, si
la matrice faisceau est M0 avant une propagation, la matrice faisceau après la propagation sera :
•
M=Mtot M0 Mtott
Espace réel
On peut également représenter le faisceau dans l’espace réel, c’est-à-dire selon ses
coordonnées réelles. On s’intéressera notamment ici à la distribution dans le plan (x,y) accessible en
expérience grâce aux écrans YAG et LANEX.
Avec la méthode des matrices de transfert, j’ai codé un programme Matlab permettant de
modifier les coordonnées des particules à travers les solénoïdes de la ligne de PHIL. On peut alors
observer la distribution des particules dans le plan transverse à la propagation en fonction des
champs appliqués par les solénoïdes. On s’intéresse aux effets de couplage induits par les solénoïdes.
La figure 12 a été obtenue en introduisant un faisceau asymétrique avec σx=0,4 mm et σy=0,2mm
et σx’ =σy’=3,5.10-3 rad.m et 91A injectés dans B3 pour la colonne de gauche. On observe le faisceau
au niveau de l’écran LANEX au centre de la sphère et on voit que la focalisation à l’aide de B5 fait
également tourner le faisceau ce qui est imputable aux termes de couplages de la matrice de
transfert d’un solénoïde c’est-à-dire les termes de la matrices qui lient les coordonnées en x, x’, y et
y’, encadrés ci-dessous. La colonne de droite donne des images expérimentales obtenues en
injectant 80A dans B3 et, de haut en bas 18, 20 et 22A dans B5.
𝑐2
⎡
⎢−𝐾𝑠𝑐
⎢ −𝑠𝑐
⎣ 𝐾𝑠²
𝑠𝑐/𝐾
𝑐²
−𝑠 2 /𝐾
−𝑠𝑐
𝑠𝑐 𝑠²/𝐾 𝑥
⎤
−𝐾𝑠² 𝑠𝑐 ⎥ 𝑥′
� �
𝑐² 𝑠𝑐/𝐾 ⎥ 𝑦
𝑦′
−𝐾𝑠𝑐 𝑐²⎦
12
Fig. 12 : Mise en évidence de la rotation causé par B5. A gauche : simulations Matlab pour B5 de
haut en bas 0,04T, 0,05T, 0,06T, B3=0,13T et 5000 électrons. A droite : images expérimentales pour
B5 de haut en bas 0,06T, 0,065T, 0,075T, B3=0,12T et 80pC de charge. Taille des images
expérimentales : 28,4mm en horizontal et 21,3mm en vertical.
13
Pour comparer les résultats de ces simulations et les résultats donnés par ASTRA, j’ai codé un
programme Matlab permettant d’observer les distributions des électrons calculés par ASTRA au
niveau des écrans YAG1, YAG2 et YAG3 (respectivement à 1,9816m, 3,3928m et 5,1715m de la
cathode). On observe alors que le faisceau ne tourne pas mais se désaxe pendant la focalisation
comme on peut le voir sur la figure 13, obtenue pour B3=0,24T et B5=0,16T en prenant comme
précédemment σx=0,4 mm, σy=0,2mm et σx =σy’=3,5.10-3 rad.m. Ce désaxage est tout à fait
surprenant et vient probablement de la méthode de calcul d’ASTRA, une explication est encore
recherchée.
Fig. 13 : Profil transverse du faisceau au niveau de YAG 2 avec B3=0,24T (205A) et B5=0,16T (49A)
•
Effet d’un désaxage
J’ai également observé l’effet d’un désaxage du paquet. C’est-à-dire que la distribution des
particules dans le plan transverse à la propagation n’est pas centrée sur l’axe magnétique de la ligne.
J’ai créé des distributions centrée sur x=3*σx=1,2mm ou x=5*σx=2mm avec σx=σy=0,3mm et je les ai
faites se propager avec ASTRA. Les résultats de cette simulation sont représentés sur la figure 14.
14
Fig. 14 : Evolution de la distribution transverse le long de la ligne pour un désaxage de 5*σx
=1,2mm, avec B3=82A et B5=30A.
Fig. 15 : Image du faisceau sur YAG3, avec B3=110A et B5=25A. Taille de l’image : 39,5mm en
horizontal et 30,6mm en vertical.
15
Les images de la figure 14, notamment les observations sur YAG2 et YAG3 sont à rapprocher de
l’image expérimentale de la figure 15. On voit qu’un désaxage du paquet d’électron crée, dans les
simulations, un paquet plutôt homogène sur YAG1 tandis que sur YAG2 cela crée un centroïde plus
intense entouré d’un halo, plus intense d’un côté. Sur YAG3, on voit un point intense centré sur l’axe
magnétique de la ligne avec un halo partant vers les x et y négatifs. On voit donc qu’un paquet
désaxé peut expliquer la forme du faisceau sur certaines images expérimentales comme celle
représentée sur la figure 15 où on voit un faisceau déformé avec un halo.
•
Simulation du transport
Afin de connaître les dimensions du faisceau à la fin de l’accélérateur, c’est-à-dire avant la fenêtre
de sortie, j’ai codé un programme Matlab qui permet de simuler la propagation du faisceau le long
de l’accélérateur. L’effet de la fenêtre de sortie sera ensuite étudié au chapitre IV. Ce programme
s’appuie sur la méthode de la matrice faisceau, on n’aura donc pas accès aux coordonnées de chaque
particule, mais uniquement aux 𝜎𝑥 , 𝜎′𝑥 , 𝜎𝑦 et 𝜎′𝑦 .
On récupère les coefficients α, β et ε grâce au programme LINEPLOT associé à ASTRA à la sortie du
canon. On calcule 𝛾 grâce à la relation 𝛾 =
1+𝛼²
𝛽
et on construit alors la matrice faisceau M0 avant la
propagation. Les éléments rencontrés par le faisceau sont :
• Un solénoïde (B3) mais seulement une partie du champ est pris en compte car le début est
pris en compte dans ASTRA, puisque les électrons subissent le champ de B3 dans le canon.
• Un espace de glissement de longueur d2 ≈ 1,90m
• Un solénoïde (B5)
• Un espace de glissement de longueur d3 ≈ 3,74m
Fig. 16 : Schéma de la propagation imposée au faisceau.
On peut alors calculer la taille du faisceau (σx) ainsi que sa divergence (σx’) au niveau de la fenêtre
de sortie en fonction des champs B3 et B5 appliqués. Les directions x et y étant équivalentes par
symétrie cylindrique, on choisit de n’étudier que les propriétés du faisceau selon x. La figure 17
expose d’abord le comportement de σx et de σx’ en fonction d’un seul solénoïde (B3) avec B5=0,04T.
Fig. 17 : Variations de σx et de σx’ en fonction de B3.
16
On voit sur la figure 17 que σx et σx’ ont le même comportement, une diminution relativement
lente jusqu’à un minimum puis une augmentation beaucoup plus rapide, bien que leurs minimums
ne soient pas obtenus exactement pour la même valeur de champ. Si on couple ces comportements
avec des drifts (qui jouent sur la taille du faisceau via la divergence) et un deuxième solénoïde, on
peut alors tracer, pour la ligne présentée, l’évolution des dimensions et de la divergence en fonction
de B3 et de B5. Les résultats sont résumés sur les figures 18 et 19.
Fig. 18 : σx en fonction des champs B3 et B5.
Le minimum de σx vaut 0,1236 mm et il est obtenu pour B3 = 0,13 T et B5 = 0,10 T (ce qui
correspond à des courants dans les bobines de respectivement 91,18 A et 30,44 A). Pour ces valeurs
de champs, on obtient une divergence de 1,3 mrad.
Fig. 19 : σx‘ en fonction des champs B3 et B5.
17
Le minimum de σx‘ vaut 1,27.10 - 2mrad et est obtenu pour B3 = 0,08 T et B5 = 0,08 T (ce qui
correspond à des courants dans les bobines de respectivement 48,71 A et 24 ,32 A). Pour ces valeurs
de champ, on obtient une dimension du faisceau σx = 5,6 mm.
2. Comparaison avec les mesures
•
Objectif
Pour la préparation de la mesure du rendement de fluorescence, des mesures de la taille
minimale du faisceau au niveau de la sphère de mesure ont été réalisées. Je comparerai ces mesures
avec les simulations. Pour cela, un écran LANEX a été placé à l’endroit du centre de la sphère, dans
l’air, à pression atmosphérique orienté à 45° par rapport à l’axe de propagation et par rapport à la
caméra l’observant, ainsi l’image obtenue est uniquement inversée gauche-droite mais ne subit pas
de dilatation.
•
Protocole des mesures
Nous avons d’abord effectué une prise d’ « images du LANEX » en faisant varier le courant injecté
dans B5 en injectant 80A dans B3, c’est-à-dire une valeur proche de celle donnée par les simulations
pour avoir le minimum de dimension. On s’est ensuite placé à la valeur de courant dans B5 tel que les
dimensions du faisceau sur le LANEX soient minimales et on a fait varier le courant injecté dans B3,
en effet, selon les simulations la valeur de courant que l’on doit injecter dans B5 pour avoir le
minimum de taille ne dépend pas du courant injecté dans B3. Nous avons ensuite fait varier le
courant injecté dans B5 pour vérifier que le minimum de taille est bien à la valeur de courant dans B5
précédemment mesurée.
On a ensuite observé le faisceau sur YAG3 en faisant varier B5 ce qui permettra d’observer l’effet
de la fenêtre en aluminium de l’accélérateur en comparant les mesure avant et après la fenêtre. Il
faut, pour chaque set de mesure s’assurer que la charge mesurée à l’ICT n’a pas changé. Il faut
également dévier le faisceau afin de vérifier que l’énergie n’est pas modifiée par une dérive de phase
ou un éventuel saut de phase.
•
Résultats
La configuration lors des mesures était :
•
•
•
•
62µJ d’énergie dans le laser
Champ maximum dans le canon : 43MV/m
Energie du faisceau : 2,7 MeV
80pC de charge, mesurée avec l’ICT1
La figure 20 récapitule les résultats obtenus par les mesures sur le LANEX en faisant varier B5 pour
B3=80A.
18
Dimension du faisceau sur le LANEX enfonction de B5
7.5
Taille (mm)
6.5
Dimension x
5.5
Dimension y
Moyenne
4.5
3.5
2.5
8
13
18
23
Courant injecté dans B5 (A)
28
Fig. 20 : Dimensions du paquet au centre de la sphère en fonction de B5 pour B3=80A (0,118T)
Le minimum de taille selon x est obtenu pour B5=22A tandis que le minimum selon y est obtenu
pour B5=18 A. Cela montre qu’il existe deux distances focales différentes, une pour la dimension en x
et une pour la dimension en y.
Lorsque l’on fait la moyenne des tailles selon x et selon y, on obtient une zone entre 14A et 24A
où la taille est relativement constante et vaut environ 4mm.
On s’est alors placé à B5=20A pour effectuer les mêmes mesures en faisant varier B3. Les résultats
de ces mesures sont donnés par la figure 21.
Dimension du faisceau sur le LANEX en fonction de B3
4.5
Taille (mm)
4
Dimension x
3.5
Dimension y
Moyenne
3
2.5
75
80
85
90
95
100
105
Courant injecté dans B3 (A)
110
115
Fig. 21 : Dimensions du paquet au centre de la sphère en fonction de B3 pour B5=20A (~0,065T)
19
On voit sur la figure 21 que l’on conserve deux distances focales différentes en x et en y, le
minimum de taille en x étant obtenue pour B3=96A, et celui en y pour B3=100A. Le minimum pour la
moyenne des deux dimensions est obtenu pour B3=100A mais c’est pour B3=98A que le faisceau est
le plus rond. On trouve donc un minimum de taille plus petite (2,7mm) qu’avec les mesures
précédentes, on a donc optimisé B3 pour la taille du faisceau. On a ensuite refait les mesures pour
B3=98A en faisant varier B5 pour vérifier que la valeur de B5 qui donne le minimum de taille est
restée la même.
Enfin, j’ai pu comparer les résultats des mesures aux simulations introduite au III.1.Simulation du
transport, pour rappel ces simulations sont basées sur le formalisme des matrices de transfert et ne
prend pas en compte les forces de charge d’espace.
Comparaison de la taille entre simulation et mesure sur YAG3
10
Taille rms (mm)
8
6
Moyenne
simulations
4
Moyenne
mesures
2
0
14
16
18
20
22
24
26
28
Courant injecté dans B5 (A)
Fig. 22 : Dimensions du paquet sur YAG3 en fonction de B5 avec B3=98A (~0,14T)
On observe sur la figure 22 que les dimensions minimales sont obtenues pour la même valeur de
courant dans mes simulations et selon les mesures. La valeur du minimum est, elle, différente, elle
vaut 0,4mm pour les resultats expérimentaux et 1,6mm pour les simulations. Cet écart peut provenir
d’une différence entre les conditions initiales simulées et expérimentales, d’une coupure du faisceau
sur la chambre à vide, ou bien encore d’un décalage qui a été constaté entre la modélisation de B3 et
ses valeurs expérimentales.
On voit donc que pour l’expérience de fluorescence, il est nécessaire de réduire encore la taille du
faisceau, par exemple en installant des collimateurs avant l’entrée de la sphère afin de ne garder que
le centre du faisceau. Cela permettrait d’avoir un faisceau plus petit, bien rond et de dimension
constante. On peut également travailler avec un faisceau de plus faible charge ce qui réduirait
l’émittance et donc les dimensions transverses.
20
V.
Fenêtre de sortie de l’accélérateur
1. Modélisation
Une fenêtre entre l’accélérateur et la sphère de mesure est nécessaire pour maintenir le vide
dans l’accélérateur. Il faut déterminer l’épaisseur de cette fenêtre de sortie de l’accélérateur, elle
devra pouvoir résister à la pression atmosphérique mais avoir une épaisseur la plus petite possible
pour avoir l’influence la plus faible possible sur le faisceau.
Des essais de mise sous pression ont été effectués et ont montrés qu’une fenêtre de diamètre
16mm et d’épaisseur 18µm en aluminium pur à 99% résiste à la pression. Le choix de l’aluminium est
justifié par sa grande longueur de radiation X0 = 8,897cm.
La traversée de la fenêtre par les électrons induit une augmentation de la divergence du faisceau
mais on peut considérer que la taille du faisceau reste la même car la fenêtre est mince. Pour la
même raison, on considère que l’énergie des électrons n’est pas modifiée par la traversée de la
fenêtre.
Pour limiter l’augmentation de la divergence à la traversée de la fenêtre, il faut se rapprocher
d’une divergence nulle au niveau de la fenêtre, avoir un waist sur la fenêtre.
Fig. 23 : Photo de la fenêtre en aluminium montée sur PHIL.
Pour simuler l’effet de diffusion de la fenêtre, j’ai codé un programme qui calcule la diffusion due
à la traversée de la fenêtre.
La distribution angulaire induite par la diffusion dans la feuille d’aluminium est représentée par une
distribution gaussienne, d’écart-type : 𝜎 =
15
𝐸
𝑒
�𝑋
0
avec E l’énergie de la particule (en MeV), e
l’épaisseur de la fenêtre (ici 18μm) et X0 la longueur de radiation (pour l’aluminium, X0 = 8,897cm)
[4]. On crée donc une distribution gaussienne avec ces paramètres. On crée également une
distribution gaussienne pour les particules, dont les caractéristiques (𝜎𝑥 , 𝜎′𝑥 , 𝜎𝑧 ) sont tiré du
programme de transport précédent. On modifie alors les coordonnés des particules avec la
distribution angulaire et on représente l’espace des phase (x,x’).
21
Si on utilise les valeurs précédentes des champs magnétiques qui minimisent les dimensions
transverses, on obtient les résultats de la figure 24 :
Fig. 24 : Effet de la fenêtre de sortie sur l’espace des phases (x,x’) en minimisant la taille du faisceau
(avant la fenêtre en rouge ,après la fenêtre en bleu).
Si on utilise les valeurs précédentes qui minimisent la divergence avant la fenêtre, on obtient la
figure 25 :
Fig. 25 : Effet de la fenêtre de sortie sur l’espace des phases (x,x’) en minimisant la divergence du
faisceau (avant la fenêtre en rouge ,après la fenêtre en bleu).
On voit sur les figures 24 et 25 que les ellipses après le passage de la fenêtre sont très similaires
au niveau de la divergence, ce qui s’explique par le fait que cette divergence est dominée par l’effet
de la fenêtre et non par la divergence initiale du faisceau. Cependant, la taille du faisceau est
beaucoup plus petite lorsque l’on choisit de minimiser la taille plutôt que la divergence.
Cette solution est donc à privilégier pour l’expérience afin d’éviter que des électrons soient
absorbés par la sphère intégrante, ce qui poserait de nombreux problème, notamment de mesure de
la charge ainsi que de dégazage de la sphère ce qui modifierait la composition du gaz de la sphère.
22
Fig. 26 : Effet de la feuille d’aluminium et de l’air de la sphère sur l’espace des phases (x,x’), en
rouge : distribution après passage de la fenêtre, en bleu : distribution après passage de la fenêtre et
propagation dans l’air de la sphère.
On voit sur la figure 26 que l’effet de l’air sur la divergence reste assez faible (longueur de
radiation de l’air : X0=30390cm), mais la propagation du faisceau dans l’air après la traversée de la
feuille d’aluminium fait augmenter sa taille à cause de sa divergence. La fenêtre de sortie ayant un
diamètre de 25mm, si cette simulation est valide, les dimensions du faisceau devraient être
suffisamment petites pour que les électrons ne soient pas absorbés par la sphère.
2. Mesures
La configuration lors des mesures était :
• 62µJ d’énergie dans le laser
• Champ maximum dans le canon : 43MV/m
• Energie du faisceau : 2,7 MeV
• 80pC de charge, mesurée avec l’ICT1
Ces mesures ont été effectués avec le LANEX après la fenêtre de sortie avec 98A injectés dans B3
(c’est-à-dire la valeur qui donne la taille de faisceau la plus petite) et sont récapitulées sur la figure
27.
23
Dimension du faisceau sur le LANEX en fonction de B5
11.5
10.5
9.5
Taille (mm)
8.5
7.5
Dimension x
6.5
5.5
Dimension y
4.5
Moyenne
3.5
2.5
14
16
18
20
22
Courant injecté dans B5 (A)
24
26
28
Fig. 27 : Courbes expérimentales des dimensions du faisceau sur le LANEX en fonction du courant
injecté dans B5.
On voit sur la figure 27 qu’il y a, ici aussi, deux distances focales différentes selon x ou y, le
minimum de taille en x étant obtenu pour 22A tandis que le minimum pour y est obtenu pour 19A.
Cependant, si on fait la moyenne selon x et y le minimum de taille du faisceau est obtenu pour 20A
injectés dans B5.
3. Comparaisons
On s’est placé à B3=98A et on a fait varier le courant injecté dans B5 en observant le faisceau sur
YAG3 et sur le LANEX.
Diamêtre moyen du faisceau en fonction du courant injecté
dans B5
8
7
Taille (mm)
6
5
LANEX
4
YAG3
3
2
1
0
14
16
18
20
22
Courant injecté dans B5 (A)
24
26
28
Fig. 28 : Dimensions du paquet sur le LANEX et sur YAG3 en fonction de B5 avec B3=98A
(~0,14T).
24
La figure 28 montre que le faisceau subit une augmentation de sa taille entre YAG3 et le LANEX,
ce qui est cohérent avec la théorie. Les minimums de taille sont bien obtenus pour la même valeur
de courant mais il est inférieur à 1mm sur le YAG3 et vaut environ 2,7mm sur le LANEX. Cette taille
de faisceau sur le LANEX est trop importante pour que le faisceau puisse sortir de la sphère sans
perte de charge.
De plus, les dimensions obtenues en expérience sont peut être sous-estimées, en effet les gains
des caméras sont réglés afin de ne pas saturer les images mais cela coupe peut-être les queues des
distributions transverses.
25
VI.
Conclusions
Dans ce rapport, on a vu que la phase entre le laser et le champ du canon HF est un paramètre
primordial dont dépendent l’énergie mais également les dimensions transverses et l’émittance du
faisceau. La force de charge d’espace joue également un grand rôle, surtout lors de l’accélération des
électrons sur les caractéristiques du faisceau, elle doit donc être prise en compte le plus souvent
possible bien que son influence soit minimisée à faible charge.
On a également pu observer que la considération des termes de couplage des solénoïdes n’est
pas négligeable par rapport aux termes de focalisation et qu’ils permettent d’expliquer la rotation du
faisceau et certaines de ses formes observées en expérience.
On rappelle aussi que la fenêtre de sortie de l’accélérateur nécessaire pour l’expérience de
fluorescence induit une augmentation très importance de la divergence du faisceau ce qui nuit aux
dimensions transverses à cause de la propagation du faisceau.
Ainsi, on peut dire que la plus grosse difficulté à l’expérience de fluorescence reste les dimensions
transversales du faisceau d’électrons. Selon les simulations, en optimisant au maximum le faisceau,
l’expérience aurait pu être effectuée en l’état. Cependant les résultats expérimentaux ont montrés
une difficulté à avoir des dimensions suffisamment faibles pour ne pas perdre de charge sur les
parois. Plusieurs aménagements de la ligne sont envisagés, comme l’ajout d’un collimateur avant
l’entrée du faisceau dans la sphère afin d’avoir un faisceau de taille plus faible et fixe, mais cette
solution inclut des difficultés techniques et donc un temps de réalisation important. On pourrait
également travailler avec un faisceau de charge moindre ce qui permettrait de diminuer la force de
charge d’espace et d’obtenir un faisceau plus petit mais pourrait augmenter l’erreur sur la mesure de
la charge.
26
VII. Annexes
Annexe 1 : Calcul analytique de l‘énergie gagnée par les électrons.
On dérive l’expression du travail de la force coulombienne pour chercher la phase où l’énergie est
maximale :
𝜕𝑊
−q 𝐴𝑚𝑎𝑥 𝑐
2𝜋𝑓𝑧𝑚𝑎𝑥
=
� − cos(𝛷)�
�cos �𝛷 +
𝜕𝛷
𝑐
2𝜋𝑓
L’annulation de cette dérivée donne 𝛷 +
Ce qui donne : 𝛷 = −
𝜋𝑓𝑧𝑚𝑎𝑥
𝑐
[𝜋]
2𝜋𝑓𝑧𝑚𝑎𝑥
𝑐
= −𝛷 [2𝜋]
La dérivée s’annule donc pour 𝛷 = −225° ou 𝛷 = −45°.
En injectant ces valeurs de phase dans le calcul du travail on trouve :
W = -1,349 MeV pour 𝛷 = −225° c’est un minimum (dans ce cas, aucun électron n’est extrait de la
cathode), et W = 1,349 MeV pour 𝛷 = −45° qui est le maximum d’énergie extraite. On trace alors la
figure 10 représentant l’énergie en fonction de la phase, toutes les énergies négatives ne sont pas
prises en compte car elles correspondent à des phases où l’on extrait aucun électron.
Energie = f(phase)
1.6
1.4
1.2
Energie (MeV)
1
0.8
0.6
0.4
0.2
0
-230
-180
-130
-80
-30
-0.2
20
70
120
Phase (degrés)
Fig. A1 : Énergie extraite en fonction de la phase (calcul analytique).
27
Annexe 2 : Courant d’obscurité.
Il faut considérer le problème du courant d’obscurité observé dans l’accélérateur, en effet même
lorsque le laser n’est pas en état de marche, il y a émission d’électrons par effet de champ. Ce
courant d’obscurité est créé par effet de pointe à cause de la rugosité des différents éléments qui
« voient » le champ électrique, les lignes de champs se resserrent et cela crée un champ électrique
très intense. Ce champ électrique localement très intense abaisse la barrière de potentiel des
électrons (voir schéma ci-dessous) qui ont alors une probabilité non nulle de passer la barrière par
effet tunnel.
Fig. A2 : Schéma de la barrière de potentiel des électrons.
Le courant d’obscurité peut parfois avoir une charge plus grande que les photoélectrons émis par
la cathode (surtout lorsque l’on veut maximiser l’énergie des photoélectrons, le champ électrique
étant alors très fort) il n’est donc pas négligeable. Il sera mesuré à chaque changement d’énergie du
faisceau et soustrait de la charge. Une autre méthode consisterait à utiliser deux dipôles l’un après
l’autre avec une bobine de focalisation entre eux. Le courant d’obscurité ayant une dispersion en
énergie bien plus importante que le faisceau de photoélectrons, on pourra sélectionner uniquement
la gamme d’énergie correspondant au faisceau et une petite partie du courant d’obscurité.
Dans la pratique, on pourra faire une mesure de la lumière de fluorescence uniquement avec le
courant d’obscurité afin de voir la lumière qu’il faut lui attribuer.
28
Index des figures
Figure 1 : création personnelle
Figure 2 : Présentation D. Monnier Ragaigne 28 juin 2011
Figure 3 : création personnelle
Figure 4 : plans mécaniques de PHIL
Figure 5 : plans mécaniques de PHIL
Figure 6 : ASTRA
Figure 7 : ASTRA
Figure 8 : ASTRA
Figure 9 : création personnelle (MATLAB)
Figure10 : ASTRA
Figure11 : création personnelle (MATLAB)
Figure12 : création personnelle (MATLAB et images experimentales)
Figure 13 : création personnelle (ASTRA puis visualisation MATLAB)
Figure 14 : création personnelle (ASTRA puis visualisation MATLAB)
Figure 15 : image expérimentale
Figure 16 : Création personnelle
Figure 16 : Thèse G. LEFEUVRE
Figure 17 : création personnelle (MATLAB)
Figure 18 : création personnelle (MATLAB)
Figure 19 : création personnelle (MATLAB)
Figure 20 : création personnelle (Excel)
Figure 21 : création personnelle (Excel)
Figure 22 : création personnelle (Excel)
Figure 23 : Photo fenêtre
Figure 24 : création personnelle (MATLAB)
Figure 25 : création personnelle (MATLAB)
Figure 26 : création personnelle (MATLAB)
Figure 27 : création personnelle (Excel)
Figure 28 : création personnelle (Excel)
Figure A1 : création personnelle (Excel)
Figure A2 : création personnelle
29
Références bibliographiques
[1] : Thèse G. DEVANZ
[2] : Présentation D. Monnier Ragaigne 28 juin 2011
[3] : S. M’Garrech : Etude de la mesure des émittances transverse d’un faisceau par la méthode des
gradients. Application au cas d’une focalisation par solénoïde (2002).
[4] : B. Rossi, K. Greisen, Rev. Mod. Phys. 13 (1941) 240
V. L. Highland, Nucl. Inst. Meth. 129 (1975) 497, Nucl. Inst. Meth. 161 (1979) 171
30
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