Pâturages pseudo-alpins
A. Sur basalte
Le plateau du Moyen-Atlas entre Azrou et Timhadit -est couvert d'im-
menses pâturages ayant l'aspect des pâturages alpins.
Ces pâturages s'étendent sur les coulées basaltiques qui recouvrent
presque partout les calcaires jurassiques, à une altitude variant de 1.800
à 1.950 m. Il est facile de se rendre compte que ces pâturages sont an-
thropo-zoogènes, et que l'assotiation climatique est la cédraie. En effet,
sut bien des points, on retrouve quelques groupes de Cèdres, ou des
souches et troncs morts de Cèdre dans ces pâturages, et presque tous les
pitons volcaniques qui les dominent sont coiffés de cédraies plus ou
moins bien conservées. L'homme a détruit la cédraie dans toutes les par-
ties facilement accessibles et les troupeaux empêchent sa reconstitution.
Nous avons vu plus haut que la cédraie des terrains basaltiques fait
place, dans un premier stade de dégradation, à une brousse élevée à
Cytisus Battandieri, puis à une lande à Cistus laurifolius var. atlanticus
(voir Pl. 14, f. 27), et enfin aux pâturages. Nous avons étudié, avec notre
excellent ami
BRAUN-BLANQUET,
ces formations de buissons, dans le
compte-rendu de la session de la Société Botanique de France en 1921.
Nous n'y reviendrons pas ici, si ce n'est pour faire remarquer que ces
formations exigent à la fois un sol sans calcaire et un climat relativement
humide. Dans le Moyen-Atlas central (vers Timhadit et Bekrit), où le cli-
mat est déjà beaucoup plus sec, elles nous ont paru manquer même sur
les basaltes; cette disparition coïncide avec l'apparition, en mélange avec
le Cèdre, du Juniperus thurifera, qui, dans le Moyen-Atlas oriental, tend
à prédominer sur son compagnon, et qui le remplace complètement dans
le Grand Atlas (à l'Ouest de sa jonction avec le Moyen Atlas).
Nous étudierons donc ici les pâturages, stade ultime de la dégradation
de la cédraie. Ces pâturages présentent deux types bien distincts, suivant
qu'ils reposent sur un sol terreux profond, ou, au contraire, sur un sol
rocailleux. Dans le premier cas, ils sont constitués essentiellement par
une association fermée à Festuca ovina var., dans le second, par une
association plus ou moins ouverte à Adenocarpus Boudyi.
Association A Festuca ovina var.
Nous avons pris dans cette association les relevés suivants, à l'E. de
l'Ari Hebbri, en terrain plat, à 1.900 m. environ.
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