Collège de Genève Economie 4ème HISTOIRE DE LA PENSÉE ECONOMIQUE ADAM SMITH Présenté par Homa MOKHTARZADA et Silke WIJESIRI Cours OS4EC Janvier 2002 (Complété et corrigé par TF) Adam Smith Page 2/4 Adam Smith (1723-1790) BIOGRAPHIE : 1723 Naissance à Kirkcaldy, Ecosse. 1737 – 1740 Fréquente l’université de Glasgow 1748 – 1751 Donne des cours de littérature, jurisprudence et de philosophie à Edimbourg. 1751 Est nommé professeur de logique. 1752 Est nommé professeur de philosophie moral à l’université de Glasgow 1763 Démissionne de son poste de professeur pour accompagner le duc de Buccleuch dans un voyage de dix-huit mois en France et en Suisse en qualité de précepteur. 1766-1776 Il vit à Kirkcaldy où il travaille à son ouvrage fondamental, La Richesse des Nations. 1778 Il est nommé commissaire des douanes à Edimbourg, poste qu’il occupa jusqu’à sa mort. 1790 Meurt à Edimbourg, Ecosse. LES ŒUVRES ÉCRITES : 1759 – Théorie des sentiments moraux. 1776 – Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations. PRÉSENTATION DE LA PENSÉE : Le contexte : Adam SMITH a vécu durant le siècle des lumières sous le règne de Louis XV. Sa vie et ses œuvres furent influencées par le cadre historique de l’industrialisation et le progrès technique. Tous ces phénomènes ont remplacé peu à peu l’artisanat, les premières esquisses du capital. De plus, à cette époque, la philosophie anglaise recherchait, quant à elle, comment la poursuite de l'intérêt individuel pouvait déboucher sur un effet bénéfique pour l'ensemble de la communauté. Adam Smith Page 3/4 Théorie générale et les idées maîtresses Nous sommes au XVIIIè siècle. Après d'autres, Smith se demande d'où vient la richesse d'une nation. De l'accumulation de métaux, disaient les mercantilistes; de l'agriculture, seule productive, disaient les physiocrates. Elle vient du travail productif qui fabrique des biens et du capital (qui est une accumulation de biens qui peut rapporter un revenu ou un profit), répond Smith. Puis, avant Taylor ou Ford, il souligne que la division du travail est utile car elle accroît la productivité. Voyez cette usine d'épingles, dit Smith: la spécialisation des tâches en 18 opérations augmente 240 fois sa production! Une nation s'enrichit donc en fabriquant des produits et en les transportant pour les échanger: vivent donc l'industrie et le commerce. C'est cette réponse qui fait de Smith le premier économiste moderne. D'autant reconnu comme tel qu'il ajoute: vive la liberté. Car Smith avance aussi que la Providence a fait ce miracle qu'en l'absence de réglementation, chacun, œuvrant à son intérêt, travaille aussi, à son insu, au bien public. "En cela, comme en beaucoup d'autre cas, il est conduit par une main invisible à remplir une fin qui n'entre nullement dans ses intentions". Voici l'Homo Economicus, doté de rationalité économique, calculateur manœuvrant entre offre et demande. Vive le marché libre, alors? Non, du moins pas sans réserves ou précisons. Car Smith est un libéral authentique et pas une des ces caricatures se réclamant de lui qui pullulent aujourd'hui et qui l'auraient horrifié. Si on le lit vraiment, on trouve en fait ceci. Smith considère que dans des conditions de parfaite liberté, les marchés engendreraient l'égalité. Ce partisan du libre-échange pousse de poignants cris anticolonialistes et déplore "la barbarie et l'injustice des Européens", coupables des "destructions et calamités" sur des "innocents et simples habitants" qui les avaient pourtant accueillis "avec bonté et hospitalité". Il clame son dégoût pour ce qu'il nomme "l'infâme maxime des maîtres: tout pour nous et rien pour tous les autres" et sa crainte de ces maîtres dont il précise qu'ils sont "incapables de se réunir sans comploter contre le reste de la société". Il dit son inquiétude et son indignation devant la montée, qu'il pressent, de leur redoutable puissance: "Les ouvriers désirent gagner le plus possible; les maîtres donner le moins qu'ils peuvent. Il n'est pas difficile de prévoir lequel des deux partis, dans toutes les circonstances ordinaires, doit avoir l'avantage dans le débat". Il rappelle encore que par la division du travail, certes économiquement rentable, l'ouvrier "devient, en général, aussi stupide et aussi ignorant qu'il est possible à une créature humaine de le devenir". D'où, pour finir, son insistance sur l'obligation qui incombe à tout Etat de fournir des institutions publiques d'éducation, en accordant justement la priorité "aux gens du peuple". Le raisonnement d’Adam SMITH sur le rôle de chaque individu qui, en poursuivant ses objectifs propres, participe au bien général s’applique également aux nations. Adam SMITH, dans sa Théorie des sentiments moraux, met le patriotisme au premier rang des valeurs civiques. Il condamne sans appel le cosmopolitisme. Il appartient à Dieu de se préoccuper de toute l’humanité. L’homme, ayant des lumières plus modestes, doit se préoccuper en priorité de ses proches, de sa famille et de sa nation. Pour Adam SMITH, la nation est tout particulièrement importante dans l’ordre de la morale naturelle, car notre sécurité et notre prospérité dépendent directement de la sécurité et de la prospérité de la patrie. On ne peut pas être libre sous occupation étrangère. Adam SMITH précise bien « Nous n’aimons pas notre pays seulement comme une part de l’humanité. Nous l’aimons en soi, indépendamment de ce genre de considération. » Dans les relations internationales, Adam SMITH estime que si chaque nation défend son propre intérêt, elle participera mieux à la prospérité du tout que si elle prétend gérer directement les intérêts de l’humanité. Adam SMITH reproche aux hommes de système de vouloir diriger les hommes comme des pièces sur un jeu d’échec. Les hommes comme les nations sont les mieux aptes à savoir ce qui est bon pour eux ou pour elles. Les cosmopolites, comme les planificateurs, ont le plus haut degré de l’arrogance. Car ils croient savoir ce qui est bon pour eux. L’homme est naturellement attaché à sa famille et à sa nation. Il faut donc le laisser en priorité s’occuper de ses enfants : il le fera mieux que l’Etat. il faut aussi le laisser être patriote. C’est en aidant à la prospérité et à la sûreté de sa partie qu’il aidera le plus sûrement l’humanité. Adam Smith Page 4/4 Il a par ailleurs une approche sociologique du marché puisqu’il pense que le marché crée des liens même si l’individu est dominé par l’égoïsme (Les Sentiments moraux 1759). Il a une approche individualiste de l’économie de marché car tout le monde réagira différemment face à une situation donnée. Il développe ainsi le principe de « la main invisible » selon lequel, chacun agit dans son intérêt et cherche à satisfaire au mieux les autres afin d’en tirer un bénéfice maximum. La main invisible conduit les entreprises à produire les marchandises que recherchent les consommateurs et à les produire au meilleur prix. Il se crée donc un lien entre les personnes sur le marché pour parvenir à la satisfaction de chacun. L’économie politique smithienne est le projet d’une société organisée par et à travers le marché. Le marché devient donc le fondement de la société. Maintenant on peut parler de son célèbre traité Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations. Son œuvre constitue le premier essai traitant de l’histoire de la science économique qui considère l’économie politique comme une discipline autonome, distincte de la science politique, de l’éthique et de la jurisprudence. SMITH y propose une analyse du processus de production et de répartition de la richesse, et démontre que les sources principales de tout revenu, c’est-à-dire les formes fondamentales dans lesquelles la richesse est distribuée, sont les rentes, les salaires et les profits. La Richesse des nations affirme contre les physiocrates le principe selon lequel le travail est la source de toute richesse, et présente le développement de l’industrie comme une source d’accroissement de la production. Pour SMITH, théoricien du capitalisme libéral, le progrès économique et moral procède de la concurrence, la production et les échanges de biens ne pouvant être stimulés, et en conséquence le niveau de vie général amélioré, que lorsque les gouvernements régulent et contrôlent au minimum les activités industrielles et commerciales individuelles. Smith lègue encore deux choses qu’on doit souligner. La première, c'est d'avoir posé les premières pierres qui permettront, un peu plus tard, d'aboutir à un traitement mathématique (sophistiqué) du marché, de ses acteurs, de l'offre et la demande, etc. …La deuxième, c'est une formulation précise de la distinction entre valeur d'usage ("l'utilité d'un objet particulier") et valeur d'échange ("la faculté que donne la possession d'un objet d'en acheter d'autres marchandises"). Se posera alors la question de savoir ce qui fait la valeur d'une produit du travail humain (le travail? l'utilité? la rareté?). Smith, il me semble, était plutôt indécis, làdessus; ou alors confus. Mais il n'est pas interdit de penser, avec Oscar Wilde, que les économistes sont justement des gens qui, connaissant le prix de tout, ne connaissent la valeur de rien. CRITIQUE DE LA PENSÉE SMITHIENNE : La place de Smith dans la pensée économique a toujours conjugué deux dimensions car il est considéré comme le fondateur de l’économie politique mais aussi comme un pionnier du courant libéral. En effet, étant anglais, il a pu profité de la révolution industrielle précoce en Angleterre qui lui a permis de comprendre le capitalisme et le fonctionnement d’économie de marché. Il faudra attendre David Ricardo et la théorie de l'avantage comparatif pour que la théorie classique du commerce international soit parachevée. Dès ce moment, il apparaît évident que tous les pays ont intérêt à commercer, y compris s'ils ne disposent pas d'un avantage absolu, car cela accroît tout de même leur richesse. En fait, les pays auront toujours intérêt à se spécialiser dans la production pour laquelle ils subissent un désavantage moindre car leur richesse s'en trouvera accrue. Encore une fois, le libre-échange s'affirme comme plus efficient que l'apparente cohérence des théories protectionnistes. SOURCES DOCUMENTAIRES : http://www.ao.qc.ca/autodidactique/lectures/econo/smith/smith.html http://www.infomaniak.ch/~aschlaefli/Smith.htlm http://www.chez.com/nominoe/documents/smith.htm http://www.ac-bordeaux.fr/Etablissement/SudMedoc/ses/2000/aSmith.htm http://fr.encyclopedia.yahoo.com/articles/jb/jb_2394_p0.html